L'armée
israélienne a annoncé son retrait du sud de la bande de Gaza. Mais il ne
s’agit en rien d’un cessez-le-feu. Comme l’expliquent Netanyahou et les
hauts gradés, l’armée passe à une nouvelle phase : la préparation de
l’intervention terrestre sur Rafah, ville à la frontière de l’Égypte,
qui concentre deux millions de réfugiés. C’est dire que les Palestiniens
ne sont pas sortis de l’enfer dans lequel ils sont plongés depuis six
mois !
Aux bombardements meurtriers et destructeurs, s’ajoutent
la crise humanitaire et la famine. Les hôpitaux signalent déjà des
enfants morts de malnutrition. Hommes ou enfants abattus alors qu’ils
cherchaient à manger, familles ensevelies sous un bombardement
soi-disant ciblé… chaque jour, une horreur s’ajoute aux autres sans que
cela fasse bouger les dirigeants occidentaux.
Pour qu’ils
s’indignent, il faut que des Occidentaux soient tués, comme cela a été
le cas la semaine dernière pour sept humanitaires qui apportaient de la
nourriture. Mais qui pour dénoncer, par exemple, la destruction totale
de l’hôpital Al Shifa, un des hôpitaux les plus anciens et importants de
la bande de Gaza, qui a sans doute fait des centaines de victimes
civiles ?
Dernièrement, dans un échange téléphonique avec
Netanyahou, Biden aurait menacé de retirer le soutien des États-Unis à
Israël si des mesures immédiates et concrètes n’étaient pas prises pour
protéger les civils. Il aurait aussi réclamé un cessez-le-feu… juste
après lui avoir envoyé des avions de chasse d’une valeur de 18 milliards
de dollars. C’est d’une hypocrisie révoltante !
Pris à partie
par ses propres supporters aux États-Unis, Biden préférerait sans doute
plus de retenue de la part de son allié. D’autant que l’armée
israélienne se permet de bombarder le Sud-Liban pour attaquer le
Hezbollah, et même la Syrie où elle vient de détruire le consulat
iranien à Damas, au risque généraliser encore le conflit.
Mais
mis à part du cinéma, Biden ne fait rien pour retenir le bras de
Netanyahou et arrêter la tragédie à Gaza, ne serait-ce que sur le plan
humanitaire. Les États-Unis seraient impuissants parce qu’ils n’arrivent
pas à raisonner Netanyahou ? C’est se moquer du monde !
Depuis
quand la première puissance mondiale se retient-elle pour débarquer
troupes et vivres si elle veut le faire ? Combien de régimes a-t-elle
mis à l’amende, isolés, marginalisés et même renversés ?
Tous les
moyens d’intervention sont à la portée des États-Unis. Surtout en ce qui
concerne Israël, qui ne pourrait pas exister sans leur soutien
financier et militaire. La réalité est qu’ils ne veulent pas forcer la
main à leur allié israélien et qu’ils se moquent complètement des
Palestiniens, des résolutions de l’ONU, et du droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes qu’ils invoquent si souvent.
Macron compte
moins que Biden, mais à son échelle il a également laissé faire le
massacre de Gaza. Et il n’a de cesse de faire taire ceux qui veulent
dénoncer la politique de l’État israélien en les accusant
d’antisémitisme.
Alors, les hommes, femmes et enfants qui sont
morts à Gaza, 33 000 au bas mot, ne sont pas seulement à mettre au
compte de Netanyahou, mais aussi à celui de ses comparses occidentaux.
N’en
soyons pas surpris ! Depuis 75 ans, les Palestiniens de Gaza et de
Cisjordanie sont sacrifiés sur l’autel de l’impérialisme. Depuis que les
puissances impérialistes ont décidé d’utiliser l’État israélien pour
asseoir leur influence dans cette région du Moyen-Orient, riche en
pétrole et cruciale pour le commerce international, elles couvrent tous
ses crimes. Elles entérinent sa politique de colonisation et
d’apartheid. Et elles font des Palestiniens des réfugiés à vie au Liban,
en Syrie, en Jordanie, à Gaza, en Cisjordanie et en Israël.
Et
ce sont ces dirigeants-là qui gouvernent le monde ! Ce sont eux qui
prétendent nommer le bien et le mal. Eux qui prétendent dire le droit
international et désignent qui est terroriste et qui ne l’est pas. Et ce
sont eux qui parleront de paix, une fois que les cimetières
palestiniens déborderont, et que la puissance oppressive qu’est Israël
fera régner sa loi.
Non, les puissances impérialistes ne sont
pas les colombes de la paix, de la démocratie et de la prospérité. Ni à
Gaza, ni en Ukraine, ni à Haïti, ni à Taïwan. Au Rwanda, on commémore un
génocide qui a fait 800 000 morts avec la complicité active de l’État
français, de son état-major, de ses ministres et de son président !
Par
leur pillage, leur domination et leurs calculs sordides, les maîtres du
monde participent à l’engrenage guerrier. La seule alternative à cette
marche à la guerre est celle que les exploités du monde entier
pourraient représenter en s’attaquant à leurs propres dirigeants et à
l’ordre capitaliste qu’ils incarnent.
Nathalie Arthaud
Le 8 avril 2024