lundi 29 août 2016

Le PS roule à droite, et la droite double sur l'extrême droite

La rentrée a donné le coup d’envoi de la campagne présidentielle. À droite, tous les candidats se sont jetés dans l’arène de la primaire. Les sorties de Fillon contre les « mis en examen » et « ceux qui ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs » visent ouvertement Sarkozy et marquent le début du pugilat.
Les responsables de droite en appellent à s’abstenir de toute attaque personnelle et demandent un débat d’idées. Mais cette primaire ne peut être qu’un combat de coqs puisque sur le fond, ils partagent les mêmes idées.
Ils sont tous d’accord pour reculer encore l’âge de la retraite. D’accord pour considérer que les salariés ne travaillent pas assez et qu’il faut mettre fin aux 35 heures. D’accord pour dire que les fonctionnaires sont trop nombreux, et les chômeurs trop bien traités. D’accord pour baisser les impôts patronaux et faire reculer les services publics.
Leurs différences sont purement tactiques. Juppé parie sur un rassemblement du centre et de la droite. Sarkozy, lui, veut exploiter la peur des attentats, les amalgames et les préjugés contre les musulmans et les immigrés en renchérissant dans les domaines sécuritaire et identitaire.
Pour mieux flatter l’électorat qui lorgne vers le FN, Sarkozy a intégré dans son programme l’intégralité de celui de Le Pen. Il se positionne, entre autres, pour la suspension du regroupement familial, pour la remise en cause du droit du sol, pour l’interdiction du voile dans l’espace public, et même pour une loi contre le burkini. Comme si la lutte contre le terrorisme dépendait de l’interdiction de cette tenue de bain !
Autant dire que les travailleurs n’ont rien de bon à attendre de cette primaire de droite. Il en sortira un candidat ouvertement anti-ouvrier et une atmosphère un peu plus empoisonnée par les préjugés contre les immigrés, les musulmans et les « assistés » que seraient les plus pauvres.
Si Sarkozy ou Juppé peuvent nourrir l'espoir de revenir à l'Élysée malgré leur passif politique, on le doit à la politique de Hollande et au Parti socialiste. Les socialistes se disent choqués par la violence des programmes à droite. Mais la droite ne fait que reprendre le travail là où le laissent Hollande, Valls et Macron.
Si les Sarkozy et Juppé peuvent parler de la retraite à 64 ou 65 ans, c’est que Hollande l’a laissée à 62 ans, malgré ses promesses. S’ils promettent de réduire de 100 milliards les dépenses publiques, c’est qu’Hollande a justifié 50 milliards de coupes. S’ils envisagent de faire sauter les 35 heures, c’est que les lois Macron et El Khomri ont fait sauter nombre de barrières.
Quant à la surenchère anti-immigrés et anti-musulmans, Valls et son gouvernement y auront bien contribué, que ce soit avec la polémique sur la déchéance de nationalité ou celle sur le burkini.
En 2012, Hollande a été élu sur la base du « tout sauf Sarkozy ». Aujourd’hui, Sarkozy et ses compères espèrent profiter du « tout sauf Hollande », quand le FN, lui, mise sur le « tout sauf Hollande et Sarkozy ». Mais la politique qu’ils mèneront en 2017 est celle que Sarkozy a menée de 2007 à 2012 et celle que Hollande a poursuivie depuis 2012.
Ils mèneront, tous, la politique du patronat et des plus riches. Car tous -Front national, frondeurs du PS et Mélenchon compris- sont unanimes : il revient au grand patronat de gérer l’économie. Et la loi du profit et de la compétitivité comme l’exploitation seraient incontestables.
Alors, quel que soit celui qui sortira des urnes, les travailleurs devront continuer de se battre. S’y préparer, c’est continuer de faire de la politique comme les travailleurs en ont fait en s’opposant à la loi El Khomri et en affirmant leurs intérêts de classe contre le patronat.
Les actions prévues le 15 septembre permettront d’affirmer que si la loi travail est passée au Parlement, elle n’est pas passée dans les têtes, et que son application sera combattue. Mais cette conscience de classe, la dignité et les intérêts des travailleurs peuvent et doivent aussi s’exprimer dans la campagne électorale.
Rien n’oblige à entrer dans le jeu consistant à choisir celui qui nous portera les coups à partir de mai 2017. Contre des candidats anti-ouvriers, xénophobes ou chantres du nationalisme, les travailleurs peuvent exprimer leur colère et leurs intérêts vitaux. Ce sera le sens de la présence de la Nathalie Arthaud dans cette élection.

Le 29 août 2016

lundi 22 août 2016

Quand les politiciens ont besoin d'un burkini pour cacher leur impuissance

Il a suffi d'une bagarre sur une plage de Corse, pour un motif tout autre, pour que le monde politique ne parle plus que du burkini, ce costume de bain couvrant tout le corps. Des maires l'ayant interdit, les politiciens de droite ont surenchéri. Et comme si la tenue à adopter sur les plages était devenue la grande question du moment, Valls a dit comprendre cette interdiction.
Le burkini est, comme le voile, le signe d'une soumission imposée aux femmes, en vertu de prétextes religieux qui voudraient qu'elles se couvrent en toutes circonstances sauf devant leur mari, seigneur et maître. Cela fait partie des comportements et des préjugés à combattre, bien plus chez les hommes que chez les femmes, mais cela ne se résout pas à coups d'interdictions sur les plages. Sauf que justement, les droits des femmes ne sont le problème ni de ces maires ni de Valls.
Les principaux candidats, déclarés ou non, à la présidentielle, sont en pleine concurrence. C'est à qui promettra plus de sécurité, plus de "lutte contre le terrorisme", en particulier depuis l'attentat de Nice. Ils n'hésitent pas à laisser entendre que tous les musulmans sont suspects d’autant que l'organisation "État islamique", qui impose sa dictature en Syrie et en Irak, a salué en héros l'auteur de cet attentat odieux.
En réalité, tous ces politiciens n'ont rien dans leur besace. Le terrorisme, c'est la politique de l'État français lui-même qui l'entretient, même s'il n'est pas le seul. Ce sont ses interventions militaires, son appétit pour les richesses de l'Afrique ou du Moyen-Orient, sa collaboration avec les pires dictatures, son mépris des peuples, qui font le terreau où pousse le terrorisme. Ni l'état d'urgence, ni le déploiement policier, ni bien sûr les surenchères ridicules à propos de femmes qui se baignent tout habillées, n'empêcheront cette guerre de se manifester aussi sur le sol français, de façon imprévisible.
Alors, il ne reste plus à tous ces candidats qu'à masquer leur absence d'idées. Les Sarkozy et Le Pen voudraient tirer parti des peurs, approfondir les divisions dans la population, attiser la haine religieuse et raciale. Les Hollande et Valls ne savent rien faire d'autre que leur emboîter le pas pour faire oublier leurs responsabilités et masquer leur impuissance, que ce soit sur le terrorisme ou sur les autres questions.
Pendant ce temps, le chômage continue de sévir, même si le gouvernement pousse des cris de victoire quand, pour une fois, une statistique mensuelle ne fait pas apparaître une hausse. La loi travail, que Valls et Hollande sont si fiers d'avoir imposée envers et contre tout, va augmenter encore la précarité sans créer un emploi de plus. La pauvreté augmente et, alors qu'on célèbre l'anniversaire de l'institution des congés payés, bien des travailleurs n'ont même pas de quoi se payer quelques jours de vacances. Les hôpitaux, les écoles, les services publics vont mal parce que l'État consacre son argent non seulement à mener des guerres sans issue, mais à subventionner les profits patronaux à coups de dizaines de milliards.
Les Hollande et Valls, les Sarkozy et Le Pen n'ont à promettre aux travailleurs que la poursuite et l'aggravation de cette politique. Alors, de Duflot à Montebourg, de Hamon à Mélenchon, on voit se multiplier les candidats disant vouloir ressusciter une "vraie" gauche, qui ne renierait pas ses promesses. Tout en étant d'anciens ministres socialistes, ils voudraient donner une image différente de celle, désastreuse, qu'a laissée Hollande. Ils voudraient nous jouer encore une fois la même pièce déjà vue. Mais ce n'est pas de nouvelles illusions dont les travailleurs ont besoin. Du FN au PS en passant par la droite, tous les candidats défendent une politique au service des capitalistes. Aucun ne saurait être un choix pour les travailleurs.
Lutte ouvrière sera présente dans les prochaines élections avec la candidature de Nathalie Arthaud parce que, face à ces tristes comédiens de la politique, il faut affirmer les exigences de ceux qui produisent toutes les richesses. Il faut montrer que le camp des travailleurs existe, qu'il reprend confiance dans ses forces et qu'il ne se laissera plus bercer de promesses. Il faut affirmer qu'à la place de cette société soumise à la dictature du capital, à ses injustices et à ses guerres, les travailleurs peuvent créer un monde débarrassé de l’exploitation, de la concurrence et de la barbarie qui en découle.

Le 22 août 2016

dimanche 21 août 2016

Barbarie au quotidien, barbarie sociale

Le rejet de la demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage aurait pu passer pour un fait divers parmi bien d’autres si son affaire n’était pas devenue un symbole des violences conjugales. Et bien au-delà, un indice de la situation de la femme dans cette société.
Jacqueline Sauvage, une femme de 68 ans aujourd’hui, a été condamnée à dix ans de prison pour avoir tué son mari. Pendant quarante-sept ans de vie conjugale, elle a subi la violence de ce mari qui battait sa femme, ses enfants et violait ses filles. Jusqu’à ce jour de 10 septembre 2012 où elle prit un fusil, tira sur son mari et le tua.
Alors qu’elle était victime d’un mari au comportement monstrueux, la Cour d’Assises la condamna sans même retenir la légitime défense. La Cour d’Appel confirma le jugement.
Il n’est, bien sûr, pas facile de savoir au juste ce qui se passait dans l’intimité d’un couple et dans l’étroit cercle des relations familiales. Mais justement, le soutien des filles à leur mère et les témoignages des voisins et des proches ont fait sortir l’affaire de ce cercle étroit. Les témoignages ont tous attesté de la brutalité du mari et rendu indéniable le fait que Jacqueline Sauvage a été longtemps une victime avant que, poussée à bout, elle prenne un fusil.
Des collectifs féministes ont vu un cas exemplaire dans celui de Jacqueline Sauvage. Au-delà de la brutalité pathologique du mari, ils ont mis en cause l’hypocrisie sociale qui entoure la violence dont sont victimes des milliers de femmes de la part de leur conjoint. Une hypocrisie dont les institutions juridiques sont les principaux vecteurs. Une hypocrisie destinée à dissimuler le fait que l’égalité proclamée entre hommes et femmes dans nos sociétés de pays riches qui se veulent civilisées est une fausse égalité.
Une pétition pour demander la grâce de Jacqueline Sauvage recueillit 430 000 signatures.
Hollande, seul habilité à accorder la grâce, a fini par réagir mais à sa façon, lâche même sur ce terrain sociétal. Il a pris une décision politique, pour ne pas dire purement électorale, en tentant de plaire à la fois aux milieux féministes qui voulaient au moins raccourcir la peine de Jacqueline Sauvage et aux milieux réactionnaires qui ne voulaient pas en entendre parler. Dans ces milieux, la famille est d’autant plus adulée qu’elle constitue une prison pour la femme, la justification de sa subordination à l’homme. Il faut que la femme reste à sa place, même dans une affaire aussi dramatique que celle d’une mère, soumise à torture pendant des décennies et qui n’a su se défendre qu’en tuant son mari.
Hollande a accordé une grâce… mais partielle qui permet seulement de demander une libération conditionnelle plus tôt que prévue dans la loi. La responsabilité de la décision était ainsi renvoyée au juge d’application des peines. Celui-ci, s’appuyant sur une commission d’experts qui a émis un « avis défavorable », a donc décidé que Jacqueline Sauvage resterait en prison. Dans les attendus de cette décision, la condamnée se voit reprocher « sa part de responsabilité dans le fonctionnement pathologique de son couple » et, plus encore d’être responsable de « l’importante médiatisation de l’affaire ». Femmes battues, souffrez donc, mais acceptez en silence ce que la justice décide !
La famille de Jacqueline Sauvage, une famille d’entrepreneur, n’est pas particulièrement défavorisée. Mais son affaire reflète d’autant plus la dégradation de la condition de la femme.
Charles Fourier, un des premiers socialistes au temps lointain où ce mot avait un sens, affirmait en substance qu’on reconnaissait le degré de civilisation d’une société au degré d’émancipation des femmes. Les démêlés de Jacqueline Sauvage avec la justice témoignent du conservatisme social et du rôle de l’État pour le préserver. Ils témoignent que, dans le domaine des relations entre hommes et femmes comme dans bien d’autres, la société n’est pas sortie de la barbarie.
Mais comment pourrait-il en être autrement ? Comment imaginer, dans quelque domaine que ce soit, des relations d’égalité entre êtres humains tant que perdure et s’approfondit l’inégalité fondamentale entre riches et pauvres, une minorité qui exploite la majorité qui travaille, et vit en parasite sur la société ? Les rapports sociaux du capitalisme pourrissent toutes les relations humaines.
Libérer la société des chaînes de l’exploitation est la condition nécessaire sinon suffisante pour mettre fin à toutes les formes d’oppression. C’est le préalable à l’émancipation de tout le genre humain.
Le 15 août 2016

lundi 8 août 2016

Jeux Olympiques : spectacle, paillettes et réalité sociale

Plus de trois milliards de téléspectateurs auraient assisté à la cérémonie d’ouverture des JO à Rio : paillettes, samba, feu d’artifice, défilé de vedettes. Peu importe aux organisateurs de ce grand cirque médiatique que le Brésil sombre dans une grave crise économique, doublée d’une crise politique. Peu leur importe qu’une majorité de Brésiliens s’oppose aux Jeux et que la torche olympique ait été, par endroit, sifflée dans les rues de Rio. Peu leur importe que des milliers de pauvres des favélas aient été jetés à la rue sans être relogés pour faire place aux stades, aux routes pour les desservir, aux parkings. Peu leur importe que l’État de Rio, déjà en faillite, soit incapable de payer la facture qui sera inévitablement présentée à la population, déjà frappée par la crise économique. Peu leur importe que les policiers et les militaires déployés dans les rues le soient moins pour protéger la population contre un éventuel acte terroriste que pour protéger le cirque médiatique contre la population. Peu leur importe tout cela : que le spectacle continue ! Que les téléspectateurs soient arrosés d’images de ce formidable support de publicité qu’est l’évènement sportif le plus regardé au monde !
Lorsqu’il a été désigné pays organisateur de ces jeux, le Brésil était présenté comme un « pays émergent », un de ces grands pays pauvres qui étaient en croissance et dont on prétendait qu’ils étaient susceptibles de tirer l’économie capitaliste en crise vers la reprise. Mais, depuis, la crise a frappé le Brésil, avec d’autant plus de violence que les taux de croissance spectaculaires n’ont profité qu’à la bourgeoisie locale et surtout aux grandes entreprises multinationales. La croissance n’a que très peu amélioré le sort des classes exploitées, mais l’effondrement les atteint de plein fouet.
Malgré le clinquant de la classe privilégiée, le Brésil reste un pays sous-développé, marqué par les inégalités, miné par la corruption. La vitrine que sont censés être les JO ne montre pas seulement les performances sportives ou des images de carte postale des plages de Copacabana. Elle montre des hébergements insalubres même dans le village olympique, les détritus flottant dans la baie où doivent se dérouler les épreuves nautiques. Combien d’argent détourné par de petits margoulins de la bourgeoisie, combien pour arroser les responsables politiques à différents niveaux ? Et surtout, combien d’encaissé par les entreprises du BTP qui ont construit les stades, le village olympique, le métro et les autoroutes ? Et combien par les banques, les compagnies d’assurance, qui sont derrière ?
C’est le sport et ses performances qui font vendre, mais ce sont des milliers de bourgeois grands et petits qui encaissent. Et la majorité pauvre de la population du Brésil qui payera.
Les discours sur les idéaux qu’incarne le sport olympique ne sont que des discours. Derrière les performances sportives, il y a le tintement des tiroirs-caisses. Les dirigeants politiques se servent depuis longtemps des sports comme terrain de rivalité entre États, pour faire brandir des drapeaux, résonner les hymnes nationaux, pousser au chauvinisme pour obtenir autour d’eux cette unité nationale qu’ils ont si souvent du mal à obtenir autrement. Ce n’est certes pas par amour du sport que Hollande est allé à Rio faire du lobbying avec l’objectif de décrocher pour la France les JO de 2024. Il y va de son intérêt politique et plus encore de l’intérêt bien matériel de ses mandants, les Bouygues, Vivendi, les grands patrons du BTP et des chaînes de télévision.
Les JO, dans ce monde dominé par le capitalisme, sont avant tout de gigantesques foires commerciales. Malgré leurs efforts pour arriver au sommet, malgré leurs rêves, les athlètes qui les animent n’en sont que les petits figurants, indispensables pour faire le spectacle, mais figurants quand même. Dont la valeur aux yeux des sponsors ne s’établit pas en fonction de leurs seules performances mais aussi de leur image comme support publicitaire. À côté d’un Rinner ou d’un Manaudou, combien d’autres, usés dans l’anonymat et broyés par la machinerie commerciale ?
« Rio 2016 : des Jeux pour oublier les crises », titrait un quotidien. Ils n’ont pas ce pouvoir, ni au Brésil, ni ailleurs, dans ce vaste monde qui est abreuvé d’images d’épreuves sportives, y compris là où sévit la crise, s’élargit la pauvreté, monte la barbarie des guerres. Mais il ajoute au capitalisme un aspect odieux de plus, car le sport, ça pourrait être une belle chose, indispensable à l’épanouissement de chaque individu, s’il n’était pourri, comme toutes les activités humaines, par une organisation sociale où l’argent est roi.
Le 8 août 2016

lundi 1 août 2016

Le bal des hypocrites

Les grands partis n’ont pas encore désigné leurs candidats à l’élection présidentielle et leurs porte-parole sont en vacances les pieds dans l’eau, mais l’on sait déjà sur quoi portera leur campagne : prétendre lutter contre le terrorisme en affirmant bruyamment tout et n’importe quoi.
Ils prétendent tous combattre le terrorisme. Mais ils ne le combattent pas, ils le nourrissent. La première réaction de Hollande à l’attentat au camion à Nice a été d’intensifier les bombardements sur la Syrie. Comme si écraser sous des bombes des hommes, des femmes, des enfants en Syrie pouvait empêcher qu’ici, en France, d’autres Nice se reproduisent ailleurs ! La mort semée au Moyen-Orient n’a pas empêché deux jeunes crapules d’égorger un curé à Saint-Étienne-du-Rouvray.
Quel que soit le cheminement individuel de chaque apprenti terroriste, leur violence criminelle se nourrit de la violence à bien plus grande échelle des États, ceux de la région et plus encore des grandes puissances impérialistes rivales, leurs intrigues diplomatiques, leurs interventions armées, ici pour mettre la main sur le pétrole, là sur l’uranium, ailleurs pour piller les richesses d’un pays pauvre et partout pour vendre des armes à des dictateurs contre leur propre peuple.
Tous les hauts serviteurs de la bourgeoisie en compétition pour la présidence de la République, de la gauche gouvernementale à l’extrême droite, se posent en défenseurs de la veuve et de l’orphelin. Ils ne le sont pas. Pas seulement parce qu’au Moyen-Orient, les Mirage envoyés par la France contribuent à faire des veuves et des orphelins. Mais aussi parce qu’ici même, en France, leur démagogie sécuritaire ciblée accroît les tensions entre communautés, installe la suspicion, fait des musulmans, des Arabes et plus généralement des migrants d’hier et d’aujourd’hui des boucs émissaires. Et il ne suffit pas d’inviter des musulmans à une messe catholique ou l’inverse pour que s’arrêtent le racisme, la xénophobie et la méfiance qui pourrissent la vie sociale.
Les dirigeants politiques de la bourgeoisie ne peuvent pas trouver de solution à ce qu’ils appellent « la menace terroriste » parce que ce sont eux qui font problème. Ils se servent de la menace terroriste pour faire diversion, pour faire oublier le reste, la responsabilité du grand patronat dans la montée du chômage, la tombée d’un nombre croissant de travailleurs dans la pauvreté, la menace permanente d’une aggravation de la crise financière. Ne soyons pas dupes.
L’électorat populaire a toutes les raisons de se souvenir que Hollande avait mené sa campagne électorale en se prétendant « l’ennemi de la finance » pour constater aujourd’hui que le grand patronat et la finance ont rarement disposé à l’Élysée d’un serviteur aussi zélé.
Les travailleurs ont toutes les raisons de se souvenir de la promesse « d’inverser la courbe du chômage » alors que toutes les mesures du gouvernement socialiste visent à faciliter les licenciements et à supprimer dans le code du travail le peu qui constitue un frein à l’arbitraire patronal.
Hollande et les siens ne se donneront même pas la peine de faire à l’électorat populaire de fausses promesses auxquelles plus personne ne croirait. La prétendue lutte contre le terrorisme occultera tout. Tous les candidats qui ont une chance d’accéder à la présidence participent à cette escroquerie. L’électorat populaire aura le droit de choisir entre des clones débitant le même discours sur la sécurité. Il faut refuser cette comédie qu’on nous présente comme de la démocratie. Mais pas en se contentant de s’abstenir.
Le mouvement contre la loi Travail a montré qu’une fraction au moins du monde du travail n’attend rien du gouvernement même s’il se prétend de gauche. Cet éveil de la conscience ouvrière est précieux pour l’avenir.
Il faut que cette conscience s’exprime aussi sur le terrain politique, à commencer par les élections présidentielle et législatives qui se préparent. Lutte Ouvrière sera présente pour faire entendre le camp des travailleurs. Pour défendre les exigences matérielles des exploités face à la crise de l’économie capitaliste. Plus encore, pour exprimer la conscience de classe des travailleurs et leur fierté d’être ceux qui font fonctionner toute la société. La conviction aussi que, face à l’organisation capitaliste de la société, les travailleurs sont les seuls à incarner collectivement une autre perspective pour l’humanité : celle d’une société débarrassée de la dictature du grand capital, de l’exploitation, de la concurrence et de la barbarie que tout cela engendre.

Le 1er août 2016