lundi 30 septembre 2019

Lubrizol : quand les capitalistes jouent avec nos vies

Depuis jeudi, les médias enchainent les éditions spéciales pour rendre hommage à Chirac. Leur fascination pour les hommes de pouvoir a fait passer le reste de l’actualité au second plan, y compris l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen.

Il est encore trop tôt pour connaître toutes les conséquences de cet accident chimique sur la santé publique et l’environnement. Rappelons-nous qu’il a fallu trois mois pour réaliser que l’incendie de Notre Dame de Paris avait engendré une pollution au plomb dangereuse pour les riverains, les enfants en particulier.

Mais comme toujours, les autorités minimisent les risques. Pendant l’incendie, le préfet, le maire de Rouen et pas moins de quatre ministres se sont relayés pour rassurer la population.

Tout en expliquant que les fumées n’étaient pas toxiques, ils ont fait fermer les écoles d’une douzaine de communes pendant trois jours. Ils ont demandé aux agriculteurs de suspendre leurs récoltes et à la population de rester confinée. Il y a eu des problèmes respiratoires et des maux de tête. La Seine a été polluée. La suie a recouvert jardins, maisons, champs et animaux. Alors, on comprend l’angoisse des habitants. Et cet énième accident a de quoi tous nous inquiéter.

L’usine Lubrizol, bien que située à 3 km du centre-ville et entourée d’habitations, était répertoriée Seveso « seuil haut ». Elle était donc censée faire l’objet d’une surveillance renforcée et elle s’est avérée être une véritable poudrière.

Il y a en France 705 sites industriels et chimiques classés à ce niveau de dangerosité, eh bien ce sont 705 AZF en puissance ! Car sur le fond, rien n’a changé depuis 2001 et l’explosion de l’usine AZF à Toulouse qui avait fait 31 morts et 2500 blessés.

On sait désormais qu’AZF, la filiale de Total, a explosé suite à une série de négligences. L’explosion a été provoquée par le dépôt accidentel du contenu d'une benne de déchets à un endroit qu’il ne fallait pas. Elle s’explique par le manque de contrôle, de formation et de personnel qui est censé tout faire de plus en plus vite. Toutes choses que l’on peut constater dans nombre d’entreprises aujourd'hui.

Ces usines font courir des risques insensés aux travailleurs et à la population parce que la recherche de profits finit toujours par prendre le pas sur la sécurité.

Les pouvoirs publics forcent-ils les entreprises à être plus transparentes ? Donnent-ils les possibilités légales aux travailleurs de signaler les manquements ? Lèvent-ils le secret industriel ? Pas du tout ! Lorsqu’un incident survient, les responsables politiques, voire la justice, sont toujours très compréhensifs.

L’usine Lubrizol n’en était pas à son premier accident. En 2013, cette usine, qui appartient à un groupe financier propriété du multimilliardaire Warren Buffet, a été à l’origine d’une émission d’un nuage de gaz malodorant senti jusqu’en région parisienne et au sud de l’Angleterre. Elle fut alors condamnée à 4000 euros d’amende pour négligence… Un voleur de scooter pourrait être plus lourdement condamné !

Deux ans plus tard, elle a déversé plusieurs milliers de litres d’huiles dans le réseau d’évacuation des eaux pluviales. Eh bien, cela ne l’a pas empêché de décrocher en 2019 une autorisation d’extension de ses activités !

Du scandale de l’amiante au Dieselgate, en passant par le Mediator des laboratoires Servier et la Dépakine de Sanofi, nous savons que le grand patronat n’a aucun scrupule à prendre le risque de nous empoisonner, du moment que les profits sont là. Et comme l’affaire du Mediator en témoigne, cela se fait souvent avec la complicité des autorités et de ceux censés contrôler industriels et laboratoires.

Alors oui, il y a de quoi se méfier des pouvoirs publics comme du grand patronat. Ils sont tous liés les uns aux autres. Ils sont tous ô combien respectueux des intérêts des grands trusts et de leur image, la planète dût-elle en crever !

Aujourd'hui à Rouen, des habitants et des associations s’organisent pour demander des comptes et ils ont raison. Mais là encore, c’est l’action organisée et collective des travailleurs qui sera décisive.

Notre société utilise la chimie, le gaz, le pétrole, l’énergie nucléaire. Mais ces activités dangereuses ne doivent pas être soumises au profit privé. Les salariés de ces entreprises sont capables de les contrôler et de les dénoncer en association avec la population qui s’en préoccupe et se mobilise.

Oui, en plus de lutter contre le grand patronat pour leurs salaires et leurs conditions de travail, les travailleurs ont à combattre l’irresponsabilité de tout un système qui nous menace en permanence. 
 
Le 30 septembre 2019

dimanche 22 septembre 2019

Mardi 24, tous ensemble contre le saccage de nos retraites !

Samedi dernier, trois manifestations ont traversé Paris : les gilets jaunes, Force ouvrière contre la réforme des retraites, et une marche pour le climat. Deux jours avant, les salariés d’EDF étaient en grève contre le projet de vente à la découpe de leur entreprise. La semaine précédente, les travailleurs de la RATP avaient paralysé les transports parisiens comme jamais depuis 2007. Et cela fait des mois que les services d’urgences hospitalières sont mobilisés.

Toutes ces mobilisations sont légitimes. Mais pour peser sur la politique de Macron et du grand patronat, il faut que ces protestations éparses et catégorielles s’unifient dans un seul et même mouvement conduit par le monde du travail.

Pas plus que ses prédécesseurs, Macron ne sait comment empêcher les crises qui s’annoncent, qu’elles soient climatique, économique ou causée par les multiples tensions internationales. Mais il y a une chose qu’il sait faire : s’attaquer aux travailleurs. C’est un réflexe de classe, le réflexe du grand patronat dans toutes les entreprises. Une incertitude sur les marchés ? La crainte de perdre au jeu de la concurrence ? Eh bien, on fait payer les travailleurs !

Emplois, salaires, conditions de travail : le monde du travail a fait les frais de la crise de 2008. Aujourd'hui, il paye déjà pour la prochaine, et cela continuera tant que les travailleurs n’y mettront pas un coup d’arrêt.

Le gouvernement et le grand patronat ont choisi d’attaquer à nouveau les retraites. Eh bien, c’est le combat qui nous attend !

Mardi 24, la CGT, la FSU et Solidaires appellent à faire grève et à manifester. Saisissons-nous de cette première occasion pour dire notre opposition ensemble, quels que soient notre âge et notre profession, que nous travaillions dans le privé ou dans le public.

Macron programme une sévère baisse des retraites pour tous. En prenant comme base non plus les 25 meilleures années ou les six derniers mois, mais toute la carrière, y compris les périodes de chômage et de revenus précaires, les pensions ne peuvent que chuter.

Quant au système de retraite par points, il s’apparente à un chèque en blanc donné au gouvernement puisque ce dernier pourra modifier chaque année la valeur de ce fameux point.

Au prétexte que l’espérance de vie progresse, le gouvernement veut nous faire travailler tous plus longtemps. Il présente cela comme du bon sens. Mais avant de jouer les prolongations, il faudrait pouvoir travailler tout court ! Et ne pas être mis au chômage ou en invalidité, comme le sont presque la moitié des plus de 55 ans.

Si l’espérance de vie s’est améliorée, c’est un progrès, qui ne doit pas être transformé en recul. Depuis un demi-siècle, la productivité des salariés a été démultipliée. C’est aux travailleurs, pas aux capitalistes, d’en recueillir les fruits.

Il n’y a rien de mathématique dans tous ces choix. Ce sont, comme toujours, des choix de classe. Quelles sont les priorités dans notre société ? Les salaires ou les dividendes ? L'emploi ou les grandes fortunes ? Les retraites de tous ou les sinécures de quelques-uns ?

Le gouvernement parle d’une réforme « juste » parce qu’elle supprimera les régimes spéciaux. Il tente ainsi de présenter les cheminots ou les travailleurs de la RATP comme des privilégiés. Quelle mascarade ! Les vrais privilégiés sont ceux qui n’ont pas besoin de cotiser pour leur retraite : les actionnaires, les boursicoteurs, les capitalistes. C’est à leurs privilèges qu’il faut s’en prendre.

Quand une seule personne, Bernard Arnault, amasse jusqu’à 100 millions par jour, il n’y a aucune raison de perdre deux ou trois années de retraite et 100, 200 ou 300 euros sur une pension mensuelle. Ceux qui vivent du travail des autres, les capitalistes, doivent payer.

Les travailleurs doivent mener ce combat, tout simplement pour survivre dans cette société écrasée par le grand capital. Ils le doivent pour eux-mêmes, pour préserver leurs conditions d’existence. Et ils le doivent pour l’avenir de toute la société

Les travailleurs représentent la seule force capable de se mettre en travers de la classe capitaliste, de sa rapacité et de son irresponsabilité. Et ils en ont la capacité car, ce système, c’est nous, travailleurs, qui le faisons tourner au jour le jour. C’est nous qui lui apportons son carburant en fabriquant les profits. Cela nous donne un levier incomparable pour agir et gagner, à condition d’en prendre conscience et de retrouver le chemin des luttes collectives. Alors, mardi, soyons nombreux en grève et dans la rue ! 
Le 22 septembre 2019

Rassemblement à Vierzon
Mardi 24 septembre
10h30
Forum République
 

lundi 16 septembre 2019

Comme les travailleurs de la RATP, le 24 septembre, faisons-nous respecter

« Quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit », s’était moqué, en 2008, un Sarkozy triomphant. Eh bien, son clone Macron ne peut pas en dire autant ! Avec 70 à 100 % de grévistes sur certaines lignes de métro et de bus, les travailleurs de la RATP ont fait, vendredi dernier, une démonstration de force.

Roulants, agents de station, sédentaires des bureaux et de l’ingénierie, travailleurs des ateliers, ils ont réussi à se rassembler, malgré les différences de métier, de statut et de droits. Cette unité a fait leur force car, quand tout un secteur comme la RATP ou la SNCF arrête de travailler, toute la société en est ralentie.

Et il ne s’agit encore que d’une seule entreprise et d’une seule journée ! Si l’ensemble des travailleurs de l’industrie et des services, du privé et du public, se battaient ensemble avec détermination, leur force serait irrésistible. C’est précisément ce que craint le gouvernement.

Hantés par le spectre des gilets jaunes, Macron et Philippe marchent sur des œufs. Et face au succès de la grève de la RATP, ils redoublent de prudence, repoussant l’annonce du projet sur les retraites à l’été prochain. Ils savent que si la colère sociale s’empare des travailleurs et débouche sur de puissantes grèves, ils seront forcés de remballer leur nouvelle attaque.

C’est un encouragement à emboiter le pas aux travailleurs de la RATP. Car il faut se battre avant que les coups nous tombent dessus.

Que l’on travaille dans le privé ou dans le public, nous sommes tous attaqués. Le simple fait de calculer la retraite sur toute la vie active et non plus sur les 25 meilleures années, ou sur les six derniers mois en ce qui concerne la fonction publique, abaissera considérablement les pensions. Quant à accepter un système de points, dont la valeur pourrait être modifiée chaque année par le gouvernement, cela s’apparente à un chèque en blanc fait à un voleur.

Comme toutes les réformes des retraites précédentes, celle-ci repoussera encore l’âge de départ et réduira les pensions qui sont déjà indignes pour des millions de femmes et d’hommes. Nous serons tous perdants.

À l’occasion de la grève de la RATP, les perroquets du patronat et du gouvernement ont repris le couplet sur « les travailleurs aux privilèges exorbitants ». Tout cela pour ne pas parler des vrais privilégiés, des grands actionnaires, des rentiers, des grandes fortunes.

Cette année, le plus fortuné d’entre eux, Bernard Arnault, PDG de LVMH, a vu son patrimoine augmenter de 100 millions par jour. Autant dire qu’il ne se pose pas le problème de sa future retraite ! Les vrais privilégiés ne se demandent même pas quand ils pourront partir à la retraite : ils sont, pour la plupart, nés avec une cuillère d’argent dans la bouche et sont rentiers et retraités à la naissance !

Dans notre société injuste et inégalitaire, les privilégiés ne sont pas à chercher du côté du monde du travail, et sûrement pas du côté de ceux qui se lèvent à 3h30 du matin pour faire rouler les premiers bus et métros.

L’argent existe pour payer les retraites, à condition d’aller le chercher là où il est en abondance, là où il est dilapidé dans des caprices de riches, là où il alimente la spéculation, véritable bombe à retardement pour toute l’économie.

Car tous les sacrifices imposés aux travailleurs ne garantissent en rien l’avenir. Le gouvernement prétend travailler pour 2040, alors qu’il ne sait même pas si l’économie sera encore debout dans un mois.

L’économie est comme un casino géant où la banque peut sauter d’un moment à l’autre, au moindre choc. Hier, les experts économiques s’affolaient des taux négatifs, aujourd'hui ils s’inquiètent de ce qui se passe du côté de l’Arabie saoudite et des marchés pétroliers. Et demain ?

Tel le créateur de Frankenstein qui ne maîtrisait plus sa créature, les capitalistes sont incapables de contrôler leur économie. Ils ne savent faire qu’une chose : taper sur les travailleurs, leur en faire baver. C’est dans leur ADN, c’est un réflexe de classe.

Cela fait des décennies que la situation des travailleurs recule, entreprise par entreprise. Se sacrifier pour un tel système n’a aucun sens. Il faut revendiquer nos droits et viser à changer la société.

Tout au long du mois, de nombreuses professions vont se faire entendre. Mais la force des travailleurs est dans leur capacité à se battre le plus unis possible. Alors, profitons de l’appel de la CGT et mardi 24 septembre, soyons très nombreux en grève et en manifestation. 
Le 16 septembre 2019
 

jeudi 12 septembre 2019

Non à la démolition des retraites !

Le gouvernement a décidé de faire traîner en longueur la réforme des retraites. Après 18 mois de « concertations » et une dernière séance de discussions avec les syndicats, il lancera cette semaine un pseudo-débat de plusieurs mois. C’est une façon comme une autre de noyer le poisson et d’endormir les travailleurs.

Cette réforme est une nouvelle attaque, et de taille ! Que l’on parle d’âge pivot à 64 ans, comme l’a préconisé Delevoye, ou que l’on préfère, comme Macron, allonger la durée de cotisation, tous les futurs retraités seront perdants. Ils perdront d’autant plus que le mode de calcul de cette retraite par points fera dépendre la pension des salaires touchés tout au long de la carrière, et non plus des meilleures années. Quant à la valeur du point, le gouvernement se réserve le droit de la modifier !

De réforme en réforme, c’est toujours la même folie. Pour toucher une retraite complète, il faudrait rester au travail après 62 ans alors que la moitié des plus de 55 ans sont licenciés, mis au chômage ou en invalidité. Il faudrait avoir cotisé 43 ans alors que la précarité et les périodes de chômage sont devenues le lot commun. Le gouvernement parle d’égalité ? Mais ce sera l’égalité dans les sacrifices et dans les retraites de misère !

La prudence du gouvernement montre qu’il redoute les réactions populaires et ne veut prendre aucun risque avant les municipales. Il sait que le mécontentement exprimé dans le mouvement des gilets jaunes couve toujours et il craint une nouvelle explosion de colère. C’est la preuve que nous ne nous ferons respecter qu’en nous mobilisant.

Si Macron a trouvé urgent d’attendre, les travailleurs, eux, n’ont aucune raison de rester les bras croisés. Nous pouvons stopper ses attaques, à condition de nous rassembler et d’exprimer notre colère collectivement. À condition de nous faire craindre et nous pouvons le faire, avec nos armes de travailleurs, la grève et les manifestations.

Les salariés de la RATP seront les premiers à dire leur opposition à cette réforme le 13 septembre. Ils ont calculé qu’elle leur fera perdre, en moyenne, 500 € mensuels sur leur retraite et ils ne s’y résignent pas. Ils ont mille fois raison. Si leur grève est une réussite, ce sera un encouragement pour les travailleurs de tous les autres secteurs à faire de même et à répondre le plus nombreux possible à l’appel de la CGT le 24 septembre.

Les travailleurs n’ont aucune raison d’accepter de se faire voler une partie de leur pension. Chaque euro pris au monde du travail ne sert qu’à arroser les actionnaires et à grossir les fortunes délirantes d’une minorité. Et plus grave encore pour l’avenir de la société, tous ces sacrifices ne servent au bout du compte qu’à alimenter un système financier hors de tout contrôle.

À chacune de leurs attaques, grand patronat et gouvernement expliquent la bouche en cœur qu’il s’agit de préserver l’avenir. À les en croire, ils suppriment des lits dans les hôpitaux pour sauver le système de santé. Ils réduisent les droits des chômeurs pour pérenniser le système d’allocations chômage. Ils s’acharnent contre les retraités pour garantir l’avenir du système… Mais ils ne savent même pas si dans un mois, dans six mois ou dans un an, leur économie sera encore sur pied !

Pas une semaine ne passe sans que les économistes bourgeois annoncent l’imminence d’un nouveau krach. Bulles boursières, bulle sur l’or, bulle immobilière… la spéculation fait rage parce que, dans ce capitalisme pourrissant, la finance rapporte plus et bien plus vite que tout investissement dans la production. La spéculation a accumulé une telle quantité de matière explosive que le moindre choc, la moindre incertitude ou de mauvaises prévisions peuvent agir comme un détonateur sur un baril de poudre.

Une nouvelle preuve de la dinguerie du système a été donnée jeudi dernier lorsque l’État français a emprunté en une seule journée 10 milliards dont plus d’un milliard à des taux négatifs. Autrement dit, les prêteurs de capitaux perdront de l’argent.

Oui, les capitalistes se ruent sur les dettes des États, qu’ils pensent être des valeurs sûres, quitte à perdre des millions, parce qu’ils se préparent au pire, c’est-à-dire à un nouveau krach. Un krach qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour toute l’économie.

Et c’est pour cette économie de casino que les travailleurs devraient se saigner ?

Seul le monde du travail est en mesure de mettre fin à ce système économique absurde. En se battant pour ses intérêts, en se battant justement pour que les richesses produites par les travailleurs servent aux salaires, aux emplois, aux retraites et à toute la société au travers des services publics. 
 
Le 9 septembre 2019

lundi 2 septembre 2019

Retraites : préparer la riposte du monde du travail

Alors qu’il affichait au début de l’été sa détermination à engager rapidement une réforme des retraites, le gouvernement a changé d’attitude. « On va prendre un an, un petit peu moins d'un an », a déclaré en fin de semaine le ministre de l’Action et des comptes publics Gérald Darmanin. Le même jour, tout en expliquant que le futur projet de loi serait « présenté au Parlement lors des mois qui viennent », le Premier ministre Édouard Philippe a insisté à son tour sur le fait qu’il fallait « prendre le temps d’en parler ».

Le ton et la méthode tranchent avec l’attitude provocante qui était celle de Macron et de ses ministres il y a un an. Entre temps, le mouvement des gilets jaunes et le large soutien dont il a bénéficié ont montré que le mécontentement des classes populaires est général et profond. Le gouvernement redoute qu’il ne se manifeste à nouveau à l’occasion de la réforme des retraites. C’est pourquoi il préfère la repousser au-delà des élections municipales de mars 2020.

Le ballet des rencontres entre représentants du patronat et des organisations syndicales va commencer les 5 et 6 septembre et un calendrier va être annoncé. À ces réunions dans les ministères, le gouvernement parle d’ajouter une « consultation citoyenne », peut-être à la façon du « grand débat » organisé pour servir d’étouffoir à la colère exprimée par les gilets jaunes.

Mais la concertation dont Macron et ses ministres nous rebattent les oreilles ces temps-ci se résume simplement : « Cause toujours, et à la fin je décide ! » Le gouvernement n’a pas renoncé à s’attaquer aux retraites. En se livrant à cette mascarade, il cherche à obtenir la caution des confédérations syndicales et tente de faire croire que son projet bénéficie de l’assentiment de la population.

En juillet, le politicien de droite Jean-Paul Delevoye, actuellement haut-commissaire à la réforme des retraites, a rendu publiques les pistes envisagées : suppression des régimes spéciaux dont bénéficient encore certaines catégories, notamment dans la fonction publique ; la pension ne serait plus calculée sur les 25 meilleures années ou les six derniers mois mais sur toute la carrière, ce qui entraînerait forcément une diminution, et ce calcul reposerait sur un système de points dont le gouvernement se réserverait le droit de fixer la valeur ; instauration d’un « âge pivot » à 64 ans pour obtenir une retraite pleine.

Macron a déclaré récemment que rien n’était décidé et qu’il préférait « qu'on trouve un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge. » Mais augmenter la durée de cotisation revient à retarder l’âge du départ ! Quel que soit le moyen utilisé, le résultat reste le même : faire travailler les salariés plus longtemps, ou les maintenir plus longtemps au chômage, puisque c’est la situation de près de la moitié des plus de 55 ans ; et de toute façon, amputer les retraites de tous.

Le gouvernement prétend mettre en place un système plus juste mais c’est une justice à la sauce patronale, qui consiste à imposer une régression à toutes les catégories de salariés ! La réforme que prépare Macron est un nouvel épisode dans la guerre menée au monde du travail par la classe capitaliste et les gouvernements à son service.

Pour accroître leurs profits dans un contexte de crise et de concurrence exacerbée, les capitalistes font reculer le niveau de vie des travailleurs par tous les moyens, en aggravant l’exploitation, la précarité et en imposant les bas salaires. De leur côté, quelle que soit leur couleur politique, tous les gouvernements n’ont cessé depuis des années de consacrer une part croissante des finances publiques à satisfaire les exigences du grand patronat et des banques. L’éducation, le système de santé, la retraite, tout ce qui est le plus essentiel pour les travailleurs est sacrifié pour favoriser les profits d’une minorité de riches bourgeois !

Des journées de mobilisation sont organisées contre cette réforme des retraites, dont celle proposée par la CGT le 24 septembre. Ce sont des occasions à saisir pour commencer la mobilisation contre l’ensemble des attaques.

Emplois, salaires, retraites : les capitalistes mènent la guerre sur tous les fronts. C’est collectivement, en tant que classe sociale aux intérêts communs, que les travailleurs pourront mettre un coup d’arrêt à cette offensive contre leurs droits et leurs conditions de vie. Nous sommes le nombre, nous faisons fonctionner la société, nous en avons la force si nous en avons conscience.

Montrons au gouvernement qu’il a raison de craindre les réactions de colère des travailleurs ! 
Le 2 septembre 2019