jeudi 26 avril 2018

Premier mai : dans la rue !

Les manifestations de cheminots, agents de la fonction publique, salariés du privé, retraités, étudiants, se succèdent, montrant que la colère face à Macron ne faiblit pas. Dans les milieux populaires et chez les jeunes, ce sentiment est largement partagé.


Entre deux journées de mobilisation, le mardi 1er mai vient fort à propos fournir aux travailleurs une occasion de plus de manifester contre les attaques à feu nourri de l’équipe Macron, et contre l’arrogance du président des riches.

Depuis que les dirigeants de l’Internationale ouvrière l’ont proclamé en 1889 journée de lutte des prolétaires de tous les pays, le Premier mai est une date importante pour les travailleurs. Férié ou non, avec ou sans autorisation des pouvoirs publics, le Premier mai leur permet d’affirmer la nécessité de lutter pour défendre leurs droits.

Il permet aussi d’affirmer la communauté d’intérêts des travailleurs à l’échelle internationale, qu’ils aient ou non un emploi, qu’ils vivent dans leur pays ou qu’ils aient dû le quitter, chassés par la misère et les guerres.

Car c’est sur toute la planète que les possédants défendent leurs privilèges et passent à l’attaque pour en avoir toujours plus. Partout, les capitalistes et les pouvoirs politiques à leur service tentent d’imposer la baisse du niveau de vie, la précarité. Là où ils existent, les services publics utiles à la population font les frais de leur rapacité.

Partout les possédants défendent leurs intérêts de classe. Aux travailleurs d’affirmer les leurs : le 1er mai en est l’occasion.

Lutte ouvrière appelle à participer aux manifestations qui auront lieu dans les différentes villes.

A Vierzon, 
le rendez-vous est à 10h30, Place de la Résistance

lundi 23 avril 2018

Comme les cheminots, osons relever la tête !

Près de trois semaines après le début de leur mouvement, les travailleurs de la SNCF restent déterminés, et la grève tient bon. Le 19 avril, ils étaient plus nombreux dans la grève que le 13, n’en déplaise à la direction de la SNCF qui annonce toutes les semaines que la grève recule. Dans les manifestations organisées ce jour-là dans tout le pays, on trouvait, solidaires des cheminots, des jeunes dénonçant la sélection à l’université, des retraités contre la ponction opérée sur leur retraite par la CSG, mais aussi des travailleurs d’autres secteurs du public et du privé.

À Reims, ce sont tous les employés d’un Monoprix qui ont déserté le magasin pour se joindre à la manifestation. À Limoges, des salariés de Legrand ou de l’usine d’emboutissage Steva, menacés de perdre leur emploi, étaient eux aussi dans la rue. Et dans bien d’autres villes, beaucoup ont profité de cette journée pour marquer leur solidarité avec les cheminots, mais aussi pour exprimer leur ras-le-bol.

Macron prétend ne pas être le « président des riches », ceux-ci n’ayant pas besoin d’un président pour les défendre, ajoute-t-il. C’est vrai ! La bourgeoisie, aux commandes dans cette société, n’a pas besoin d’un président mais d’un serviteur, qui la seconde dans la guerre qu’elle mène au monde du travail. Et Macron remplit le rôle à la perfection : des ordonnances de la loi travail en passant par la suppression quasi totale de l’ISF, l’augmentation de la CSG, le régime sec imposé à tout le secteur public, il prend des mesures en faveur de la classe riche.

Macron ose dire qu’il n’y a aucun rapport entre les différents mécontentements qui s’expriment. Mais c’est bien l’ensemble du monde du travail qui a toutes les raisons d’être mécontent ! Car la politique de Macron vise en fait tous les travailleurs. Lors d’une visite à Saint-Dié, dans les Vosges, il a fait la leçon à un cheminot en lui expliquant qu’il devait accepter le changement… Un changement vers le pire, bien sûr ! D’après lui, les cheminots auraient d’autant moins de raisons d’être contre la suppression du statut qu’elle ne touche que les futurs embauchés.

Dans le monde de la grande bourgeoisie, il va de soi qu’on transmettra sa richesse et sa position sociale en haut de l’échelle à ses enfants, mais les travailleurs devraient accepter que leurs enfants perdent les quelques avantages conquis par leurs aînés ? Eh bien, les cheminots refusent que les générations futures soient condamnées à des emplois au rabais, et c’est tout à leur honneur ! Ils s’opposent ainsi à l’avenir que le patronat voudrait imposer à tous les travailleurs, fait de précarité généralisée, de bas salaires et de conditions de travail dégradées.

Macron peut toujours prétendre ne voir « aucun rapport entre les colères », c’est bien là que se trouve l’origine commune de toutes les inquiétudes, de tous les mécontentements. Le retraité qui voit ses revenus baisser sait que cet argent ne servira pas à ce qu’il soit mieux soigné ou à créer des emplois pour ses petits-enfants. Le lycéen qui boucle péniblement son dossier de candidature à la fac sait qu’on lui impose cette mascarade parce que les universités débordent et qu’une partie de la jeunesse sera laissée à la porte faute de place. Les travailleurs menacés de licenciement, ceux qui revendiquent des augmentations de salaire, ceux condamnés aux missions d’intérim ou aux temps partiels imposés savent qu’ils sont sacrifiés pour la sauvegarde des profits.

Avec son mépris habituel, Macron s’est défendu de ceux qui le contestaient en s’exclamant : « On a pris en France l'habitude de la plainte », ajoutant : « On regarde son petit bout de lopin et on dit “voilà, moi, on m'a enlevé ça” ». Loin de ne pas savoir regarder plus loin que leur « petit bout de lopin », les cheminots se battent pour ne pas se laisser dépouiller de leurs droits. Ils ont mille fois raison ! Avec leur grève, ils ont transformé l’indignation, le dégoût que chaque travailleur peut ressentir individuellement contre ce qu’il subit, en une riposte collective. Loin de se plaindre, ils se battent, et c’est bien ce qui gêne Macron !

Le fait que la grève des cheminots dure, qu’ils s’adressent aux usagers mais aussi à d’autres catégories de travailleurs, est positif pour l’ensemble du monde du travail. Pour tous ceux qui refusent de subir les attaques, la lutte des cheminots incarne une contestation plus large, exprime leur colère. C’est un encouragement pour tous ceux qui veulent redresser la tête.

Alors, faisons tout pour que la grève des cheminots ouvre la voie à un combat plus large, à l’offensive de l’ensemble du monde du travail, nécessaire pour faire reculer le grand patronat et son représentant en chef Macron ! 
 
Le 23 avril 2018

mercredi 18 avril 2018



 Réunion publique à BOURGES


Samedi 21 avril à 16h

Moulin de la Voiselle
(5 Boulevard du Général Chanzy) 
 
"Face aux attaques du gouvernement et du patronat, opposer la force collective des travailleurs"


mardi 17 avril 2018

Venons nombreux à la manifestation interprofessionnelle



RASSEMBLEMENT JEUDI 19 AVRIL
à 10h30
FORUM REPUBLIQUE

lundi 16 avril 2018

Lui faire ravaler son mépris !

Dimanche soir, pendant plus de deux heures et demie, Macron a étalé sa suffisance. D’abord en s’enorgueillissant des frappes françaises sur la Syrie. Comme si larguer des bombes sur un pays dévasté pouvait être un acte de gloire ! Et puis, demain, il s’assiéra à la table de négociation pour remettre en selle le régime sanguinaire d’Assad.

Sur l’injustice consistant, comme chez Carrefour, à distribuer des millions aux actionnaires tout en supprimant des milliers d’emplois, Macron n’avait rien à dire. Sur les 60 à 80 milliards d’évasion fiscale? Non plus.

Son obsession, dit-il, est de « remettre le pays au travail ». On croirait entendre Reagan, Thatcher ou Sarkozy ! Dans un pays où six millions de personnes cherchent un emploi et n’en trouvent pas, à cause justement des politiques patronales défendues par Macron, c’est le monde à l’envers.

Et avec quel cynisme a-t-il fait la leçon aux retraités, leur expliquant que c’était les travailleurs en activité qui payaient leurs retraites et qu’elles pesaient beaucoup trop sur les salaires ! En bon président des riches, il ne conçoit pas que, quand les profits augmentent, les patrons puissent augmenter les salaires

Comme lors de son interview sur TF1, c’est aux cheminots, aux retraités, aux travailleurs que Macron a demandé des efforts. À tout le monde, sauf aux plus riches. À tout le monde, sauf aux actionnaires qui encaissent les dividendes sans rien faire de leurs dix doigts. À tout le monde, sauf à la grande bourgeoisie, qui a eu droit à un cadeau de cinq milliards d’euros avec la suppression de l’impôt sur la fortune et la taxe forfaitaire sur le capital.

Dans les hôpitaux et les Ehpad, il parle de « réformer » et de « réorganiser », mais il n’est jamais question ni d’embaucher vraiment, ni d’augmenter les salaires. Macron n’a pas exclu de mettre en place une cinquième branche de la Sécurité sociale pour le grand âge, mais il cherche déjà l’argent dans la poche des travailleurs avec l’instauration d’une deuxième journée de solidarité.

Quant à l’attaque contre les cheminots, Macron est resté droit dans ses bottes. Il défend vigoureusement ceux qui, tels le PDG Pepy ou les ministres Elisabeth Borne et Florence Parly, ont dirigé l’entreprise depuis 20 ans. Et il continue de brandir le rachat de la dette comme une concession qu’il ferait aux cheminots.

Mais cette dette a été faite par l’État. En quoi les cheminots devraient-il s’en sentir responsables et payer pour elle ?

Les cheminots se battent pour que leurs conditions de travail et leurs salaires ne reculent pas. Ils se battent pour que les jeunes ne soient pas plus précaires et plus mal payés. Ils se battent parce qu’ils ne veulent pas devenir des salariés jetables, ballottés au gré des appels d’offres capitalistes. Tous les travailleurs peuvent se reconnaître dans leur combat !

Macron veut une société où seuls le fric et la rentabilité comptent. Il parle des injustices avec des trémolos, mais il contribue à creuser les inégalités. Et il traite avec un mépris souverain tous ceux qui s’opposent à lui.

C’est le cas des étudiants qui dénoncent la sélection à l’université et sont accusés d’être des professionnels du désordre. C’est le cas des zadistes de Notre-Dam AVRIL à e des Landes qui sont en train d’être évacués violemment. Comme si ces 200 personnes étaient un trouble à l’ordre public qui justifie la mobilisation de 2500 gendarmes mobiles ! En fait, Macron ne tolère pas ceux qui veulent vivre autrement.

Il érige la compétitivité en vertu absolue et ordonne que tout le monde se plie à ses exigences. Mais cela fait deux siècles que l’économie est basée sur la concurrence, le marché et la propriété privée.

Et cette concurrence, c’est la loi de la jungle. Ce sont les crises à répétition. C’est la course aux profits, dangereuse et criminelle dans les transports, l’agroalimentaire, la santé ou dans le domaine de l’énergie et de l’environnement. Et n’oublions pas que la concurrence, c’est aussi la guerre. Elle commence sur les marchés commerciaux et finit par la guerre tout court.

Il est grand temps de dire qu’on ne marche plus. Pour l’heure, ce sont les cheminots qui sont sur la brèche. Leur grève est massive, et sa durée prouve leur détermination.

La CGT appelle jeudi 19 avril à une grève et une manifestation interprofessionnelle. Ce sera l’occasion d’ajouter notre voix à celle des cheminots. Ce sera l’occasion de clamer notre opposition à l’ensemble de la politique de Macron. Jeudi, soyons le plus nombreux possible en grève et en manifestation ! 
Le 16 avril 2018

lundi 9 avril 2018

Une victoire des cheminots serait une victoire pour tous les travailleurs

Macron avait déclaré, le 15 mars, face à la manifestation des retraités et des personnels des Ehpad : « Je ne sens pas de colère dans le pays ». Eh bien maintenant, il ne peut plus l’ignorer !

La colère, il l’a sentie à l’hôpital de Rouen, où il a été interpellé par des aides-soignantes sur le manque de moyens, la fermeture de lits et de services. Il la voit à l’université, où les assemblées générales rassemblent de plus en plus d’étudiants et d’enseignants contre une sélection qui exclura des facultés les jeunes des milieux les plus populaires. Il sait que nombre d’écoles, de collèges et de lycées sont en ébullition, du fait, là encore, du manque de personnel.

Et même si Macron n’est pas en première ligne, il n’ignore pas la grève des salariés de Carrefour qui a conduit à la fermeture pure et simple de nombreuses grandes surfaces lors du week-end de Pâques, celle des salariés d’Air France. Puis il y a, bien sûr, la grève des cheminots qui continue et devient, pour lui, un véritable problème politique.

Pour toutes ces raisons, Macron a décidé de prendre la parole jeudi prochain lors d’une interview télévisée.

Son intervention sera sans surprise. Alors que les classes les plus riches du pays n’ont jamais été aussi prospères, que les actionnaires sont comblés et que la finance croule sous les milliards, Macron nous parlera de la dette et des déficits publics.

Quand, dans les quartiers bourgeois, on peut dépenser des dizaines de milliers d’euros pour un sac à main, une paire de chaussures ou un voyage, Macron nous expliquera qu’il faut compter le moindre euro mis dans les hôpitaux, dans les écoles ou dans la justice. Et, conseillé par des gens qui ne prennent jamais le métro, le RER ou les TER, Macron peindra un tableau apocalyptique de la SNCF…

Tout cela, pour nous convaincre de la nécessité de « réformer », de « moderniser » et de « remettre en marche » le pays.

Mais, comme pour le code du travail, toutes ses réformes sont synonymes de marche arrière pour les travailleurs. Elles consistent toujours à supprimer des droits sociaux, à rendre les salariés plus malléables et plus facilement licenciables. Et c’est le cas, aussi, de la réforme ferroviaire.

N’en déplaise aux commentateurs de la télévision qui rabâchent que les cheminots n’ont aucune raison de faire grève, ceux-ci savent pourquoi ils se battent. Ils veulent que leurs droits soient respectés, que leurs conditions de travail et leurs salaires ne reculent pas. Comme n’importe quels travailleurs, ils se battent contre la politique de suppressions d’emplois qui rendent de plus en plus dur le travail de ceux qui restent tout en condamnant les autres au chômage.

Ils se battent pour que les jeunes qui seront embauchés demain à la SNCF ne soient pas plus précaires et plus mal payés. Ils se battent parce qu’ils ne veulent pas devenir des pions ballotés au gré des appels d’offres capitalistes.

Le gouvernement se dit déterminé à mettre fin au statut des cheminots. Mais il est incapable d’expliquer en quoi cela aidera les trains à partir et à arriver à l’heure. Parce qu’il n’y a aucun lien !

L’attaque contre le statut des cheminots est une démonstration politique. Macron veut gagner, contre eux, son brevet de réformateur au service du patronat. Il voudrait prouver que rien n’arrêtera son offensive anti-ouvrière. Et s’il l’emporte contre les cheminots, il se servira de sa victoire pour mettre au pas l’ensemble du monde du travail. Car il ne s’arrêtera pas à la SNCF. Le gouvernement s’attèle d’ailleurs déjà aux réformes de l’assurance chômage, des retraites et de la fonction publique qui prévoit 120 000 suppressions d’emplois.

La grève de la SNCF n’est une partie de plaisir pour personne, ni pour les cheminots qui la font ni pour les usagers. Mais les problèmes qu’elle pose ne sont rien en comparaison des reculs qui nous attendent tous si Macron et la bourgeoisie sentent qu’ils ont les mains libres. Il faut donc souhaiter que les cheminots aillent jusqu’au bout de leurs possibilités.

Pour gagner, ils n’ont d’autre choix que de mener une grève déterminée, et il faut les soutenir. Dans cette société capitaliste, les exploités ne se font respecter qu’en montrant leur force. Avoir confiance en ses forces, c’est précisément ce qui manque au monde du travail depuis des décennies.

Eh bien, les cheminots sont en train de retrouver cette confiance ! Cela ne peut qu’être un encouragement pour tous les autres travailleurs. Pour faire reculer le gouvernement, vive la grève des cheminots, vive la solidarité de classe ! 
Le 9 avril 2018

lundi 2 avril 2018

Vive la grève des cheminots !

Avec, en moyenne, un train sur huit ou dix prévu les 3 et 4 avril, la grève des cheminots s’annonce massive. Agents de conduite, aiguilleurs, contrôleurs, guichetiers, travailleurs des ateliers ou des voies… la mobilisation touche tous les métiers du chemin de fer, cadres compris.

N’en déplaise aux commentateurs qui ont passé des semaines à démontrer par A plus B qu’une grève comme celle de 1995 n’était plus possible à la SNCF, les cheminots n’ont rien perdu de leur combativité et de leur détermination. Ils ne se laisseront pas faire, et ils ont mille fois raison.

Dans cette jungle qu’est la société capitaliste, on ne se fait respecter qu’en montrant sa force. Avoir confiance dans ses forces et se battre collectivement, voilà ce qui manque au monde du travail depuis des décennies. Eh bien, en engageant le combat, les cheminots montrent la voie pour tous les travailleurs !

Le gouvernement parle de reprise, les profits battent des records, les fortunes de quelques-uns atteignent des sommets, pourquoi les travailleurs devraient-ils accepter les licenciements, le blocage des salaires ou le recul de leurs droits à la retraite ? Pourquoi se résigner à toujours plus de précarité ?

Le projet du gouvernement pour le ferroviaire n’est ni plus ni moins qu’un cadeau supplémentaire au grand capital et une attaque contre le monde du travail. C’est non seulement la liquidation des droits des cheminots, mais c’est aussi la liquidation de ce qui reste de service public à la SNCF.

Alors oui, en défendant leur statut, les cheminots défendent aussi la sécurité de leur emploi, leur salaire et leur retraite. Exactement comme le font aujourd'hui les salariés d’Air France. Comme l’ont fait, ce week-end, les salariés de Carrefour qui s’opposent aux licenciements et au mépris de leur patron. Ou, comme l’ont fait, le 22 mars, les salariés de la fonction publique en même temps que les cheminots.

Il faut être solidaire de cette grève, malgré les complications qu’elle provoque. Avant de la commencer, les cheminots ont dû faire face à une campagne grossière de dénigrement. Avec les usagers en galère, celle-ci va redoubler d’intensité. Lors de la mobilisation contre la loi El Khomri, en 2016, le gouvernement socialiste avait fait feu de tout bois contre les grévistes des raffineries et de la SNCF. Ils avaient été accusés de prendre le pays en otage, de manquer de solidarité vis-à-vis des sinistrés des inondations et même de vouloir saboter l’Euro de football !

Cela va recommencer. Ce sont des travailleurs qui auront droit aux accusations d’égoïsme et de corporatisme, alors que la rapacité de la bourgeoisie s’abat comme jamais sur le monde du travail.

Carlos Tavares, le PDG de PSA, a encaissé la prime exceptionnelle d’un million d’euros pour le rachat d’Opel, quand, pour les ouvriers, c’est le blocage des salaires. Avant de la relever, Carrefour avait osé fixer à 57 € la prime de participation, alors que les actionnaires se partagent 356 millions d'euros ! Quant à Whirlpool, il avait proposé un sèche-linge pour solde de tout compte aux salariés dont il se débarrasse. Aucun ministre, ne s’en est offusqué !

Alors, ne nous laissons pas abuser. Cette grève va certes engendrer nombre de difficultés pour tout un chacun. Mais nous sommes aussi des travailleurs, et notre intérêt est que cette grève réussisse, se développe et soit victorieuse.

Cela fait des décennies que nous sommes attaqués, les uns après les autres, entreprise par entreprise. C’est vrai dans le privé comme dans le public. Depuis qu’il est au pouvoir, Macron en a rajouté, en multipliant les mesures anti-ouvrières. Casse du code du travail, facilités pour licencier, baisse des APL et des emplois aidés, augmentation de la CSG, contrôle renforcé des chômeurs… Jusqu’à présent, il n’a pas rencontré d’opposition massive. Aujourd'hui, les cheminots sont prêts à se battre et cela peut changer la donne.

Si cette grève se renforce et trouve l’appui du monde du travail, oui, les cheminots peuvent infliger le premier revers au gouvernement Macron.

Et cette victoire en serait une pour nous tous. Elle mettrait un coup d’arrêt à l’offensive gouvernementale. Elle ferait ravaler leur morgue à ces notables qui nous dirigent et elle redonnerait confiance à tous les travailleurs pour se faire respecter.

Alors, disons-le haut et fort : la grève des cheminots est aussi la nôtre. Défendons-là, soutenons-là. Ensemble, avec les cheminots, nous pouvons faire reculer Macron et son gouvernement. 
 
Le 2 avril 2018
 
 

Editorial spécial mouvement SNCF : La force des travailleurs, c'est la grève !

C'est par une grève massive que, le 3 avril, les cheminots lancent le coup d'envoi de leur combat contre le plan gouvernemental.

Si certains doutaient de leur capacité à réagir, la preuve est faite que les cheminots n’ont rien perdu de leur combativité et de leur détermination.

D'après les chiffres de la direction, 77% des conducteurs se sont ainsi au préalable annoncés grévistes. Mais c'est partout, dans tous les métiers, dans les ateliers, les gares et les chantiers que les cheminots se préparaient à la grève. Conséquence : un train sur huit ou sur dix.

Car, comme l'ont découvert avec regret certains commentateurs, pour que des trains circulent, il faut non seulement des conducteurs, mais aussi des aiguilleurs, des ouvriers de maintenance du matériel et des voies, des agents sur les quais, dans les gares, des sonorisateurs, en réalité l'ensemble des cheminots. Tous sont indispensables et, rien qu'en cessant le travail, les travailleurs mesurent le rôle irremplaçable qu'ils jouent dans la société.

La direction peut faire venir quelques milliers de cadres de ses états-majors et les affubler de gilets rouges pour assurer sa communication, cela ne fera rouler aucun train supplémentaire. La prime « pour conduite occasionnelle » de 150 euros par mois qu’elle a octroyée aux cadres traction dans le but d'en faire des briseurs de grève, montre sa crainte qu’ils rejoignent eux aussi le mouvement, car les cadres sont tout autant menacés que les autres cheminots.

Elle a aussi annoncé des pénalités financières supplémentaires en comptant des repos comme jours de grève, dans le cas d'une grève par intermittence. Mais la direction de la SNCF va peut-être finir, avec ses provocations, par obtenir le résultat inverse : convaincre de plus en plus de cheminots de partir en grève pour de bon.

La SNCF a aussi tenté, sans grand succès, de mobiliser sa hiérarchie pour défendre auprès des cheminots l’attaque du gouvernement. Mais comment défendre un plan qui prévoit la suppression des quelques droits que possèdent encore les travailleurs du rail ? Comment défendre un plan qui veut encore accélérer des suppressions d'emplois ? Comment défendre un plan qui veut faire des cheminots des pions jetables, transférables et corvéables à merci ?

De son côté, le gouvernement a aussi multiplié les manœuvres. Ainsi, Elisabeth Borne, la ministre des Transports, a annoncé que l'ouverture à la concurrence ne s'effectuerait pas par ordonnances. Mais il s’agit en aucun cas d’un recul, puisqu'elle en a au contraire confirmé le calendrier à partir de 2019 pour les TER et 2020 pour les TGV. Cette privatisation, avec ou sans ordonnances, ne vise qu'à permettre à des capitalistes privés de faire main basse sur les secteurs rentables du ferroviaire, quitte à abandonner les autres.

Alors que politiciens et médias ont tenté, depuis deux mois, de dresser les usagers contre les cheminots, tous s'inquiètent du fait que l'opinion publique ouvrière, puisse, malgré la gêne de la grève, passer de notre côté.

En effet, nous ne sommes pas isolés. Les attaques que nous subissons sont celles que subissent tous les travailleurs. Bon nombre de travailleurs savent qu'une défaite des cheminots ouvrirait la voie à de nouveaux reculs pour l'ensemble du monde du travail. A l’inverse, notre victoire serait aussi la leur.

Le 3 avril, d'autres secteurs du monde du travail se mobilisent. Les éboueurs entrent dans une grève reconductible. Les salariés d'Air France sont à nouveaux appelés à la grève. La grève était générale à l'échelle du groupe Carrefour le 31 mars. Et bien d'autres travailleurs, sans être appelés à la lutte, sont de notre côté.

Pour l'instant, nous en sommes au début du bras de fer qui nous oppose au gouvernement. Macron est déterminé ? Eh bien, notre détermination doit être encore plus grande. Certains d'entre nous sont d'ores et déjà favorables à entrer en grève reconductible quand d'autres souhaitent aujourd'hui inscrire la mobilisation par grèves successives de 48h. Mais tous les cheminots ont le même but et n'ont aucune raison de se diviser.

Une chose est certaine : il n'y aura pas de victoire à l'économie. Pour gagner, il nous sera indispensable de jeter, au moment où nous le déciderons, toutes nos forces dans la bataille. Il s'agit de construire un mouvement capable de faire reculer Macron, comme en 1995, nous avons fait reculer Juppé. Et le succès du 3 avril montre que nous en avons les moyens ! 
Le 2 avril 2018