lundi 30 novembre 2020

Police, une violence à l'image de la société d'exploitation !

 « Stop à la loi Sécurité globale », « Souriez, vous êtes… tabassés », « Vos armes contre nos caméras » … samedi dernier, dans tout le pays, des centaines de milliers de manifestants ont défilé contre les violences policières et l’interdiction de filmer l’action de la police que veut imposer le gouvernement. La colère et l’émotion étaient d’autant plus vives que tout le monde avait à l’esprit les images insupportables du tabassage violent et raciste dont Michel Zecler a été victime.


Ces images montrent comment les policiers se comportent quand ils se croient à l’abri des regards. Sans elles, nous ne saurions rien de cette agression. Pire, la victime serait peut-être sur le banc des accusés, comme cela est arrivé bien des fois. Alors, filmer et témoigner des interventions policières ne relève pas seulement de la liberté d’information et de la presse, c’est aussi une façon élémentaire de se défendre.

À propos du passage à tabac de Michel Zecler, Darmanin a pointé des policiers « qui ont déconné » ! Mais quand trois policiers suivent une personne chez elle, la rouent de coups pendant quinze minutes, appellent du renfort pour l’arrêter puis écrivent de faux procès-verbaux, tout cela pour une histoire de masque non porté, cela s’appelle un déchaînement de violence gratuite et raciste. Et c’est en relativisant les faits, comme le fait Darmanin, que les policiers s’en sentent permis !

Comme Darmanin, une bonne partie des dirigeants politiques ont toujours nié les violences policières. « Ne parlez pas de répression, de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un état de droit », disait Macron en mars 2020. En juin dernier, suite à la mort de Georges Floyd aux Etats-Unis, Le Pen déclarait que « non il n’y pas de problème de violences policières », et elle continue de le faire !

Couvrir les exactions et les laisser impunies, répéter leur confiance dans l’institution policière, tous les gouvernements le font, gauche et droite confondue. De Sarkozy à Valls, d’Hortefeux à Castaner, tous les ministres de l’Intérieur ont posé au premier flic de France. Aujourd'hui encore, ils veulent faire croire qu’il ne s’agirait que de quelques brebis galeuses. Mais vu le nombre d’exactions, il faut plutôt parler d’un troupeau contaminé ! Autant dire qu’il ne faut pas compter sur le pouvoir pour dénoncer ou combattre les violences policières !

Les gouvernements ont trop besoin de la police pour prendre le risque de la critiquer et de l’affaiblir : elle est leur dernier recours pour imposer leur politique antiouvrière et faire accepter un ordre social injuste et inégalitaire.

Qu’une partie de la police et de sa hiérarchie soit d’extrême droite, ait des préjugés racistes et antipauvres, n’est ni une découverte ni un problème pour les dirigeants. Quand on a besoin de femmes et d’hommes prêts à imposer l’ordre dans les quartiers populaires et immigrés, y compris de la façon la plus violente qui soit, c’est même un atout !

Croire qu’il suffirait de limoger Lallement, le préfet de police de Paris, ou Darmanin, de réformer l’IGPN, la police des polices, ou de mieux former les policiers pour avoir une police anti-raciste capable d’amener la paix, est une illusion. Cette police-là n’existera jamais car sa raison d'être est d'imposer que les exploités, les pauvres, les oubliés restent à leur place.

La police fait œuvre utile quand elle se porte au secours de la veuve et de l’orphelin, mais son rôle fondamental est répressif. Il est d’imposer une légalité où la prospérité d’une minorité capitaliste est fondée sur l’injustice, les sacrifices et les souffrances de l’écrasante majorité. Sans ce pilier autoritaire et répressif, l’ordre capitaliste ne tiendrait pas debout. Et c’est encore plus vrai avec la crise économique qui fait exploser le chômage et la pauvreté et aggrave le pourrissement de la société.

Depuis déjà plusieurs années, le pouvoir entasse les lois sécuritaires au prétexte de lutter contre la délinquance, les trafics et le terrorisme, mais aussi pour réprimer les contestations sociales comme celle des Gilets jaunes.

Dans cette période de crise où le gouvernement et les capitalistes imposent de nouveaux sacrifices aux travailleurs et préparent le recul inédit de nos droits, et ils s’attendent aussi à des réactions sociales. Et ils se préparent à les museler et les mater, y compris de façon violente. Alors oui, le cours réactionnaire et autoritaire va s’accélérer et, avec lui, le sentiment de toute-puissance des policiers. Ceux qui se mobilisent et ne veulent pas de cette évolution doivent comprendre le lien qu’il y a entre ces violences et la société d’exploitation. On ne se débarrassera pas du racisme et des violences policières sans remettre en cause le fondement capitaliste de l’ordre social. 
 
Le 30 novembre 2020

mardi 24 novembre 2020

Crise sanitaire et économique : refusons d'en faire les frais !

Alors que le reflux des contaminations se confirme et que l’arrivée d’un vaccin se rapproche, Macron a prévu de prendre la parole mardi soir. Il a promis d’apporter « de la clarté », « un cap » et de la « cohérence » dans la lutte contre l’épidémie. Il en est tout à fait incapable !

Depuis le début de cette pandémie, nous payons l’absence d’une véritable politique de prévention, absence dont le manque de masques a été le symbole. Nous payons le manque de moyens dans les hôpitaux et les Ehpad. Nous payons l’existence des déserts médicaux.

Comment parler de « cap » et de « clarté » quand tout se fait dans l’improvisation et la précipitation ? La gestion sanitaire consiste à gérer la pénurie. Le premier déconfinement a été un fiasco en termes de dépistage, traçage et isolement, et sur cette question rien n’a changé. Quant à la future campagne de vaccination, le flou autour de son organisation laisse présager le pire.

Mais il ne s’agit pas seulement d’incompétence politique. Ces manquements, ces contradictions et ces incohérences sont aussi le fruit d’un choix de classe : il s’agit d’imposer le moins de contraintes possible aux capitalistes et de faire en sorte que l’économie tourne au maximum pour que les profits s’accumulent.

Le gouvernement traque le virus dans les moindres recoins de nos vies privées, mais il le laisse circuler dans les transports en commun, les écoles, collèges, lycées et bien sûr les entreprises. Il multiplie les contraintes, les interdits et les sanctions pour la population, mais il ferme les yeux sur ce qui se passe au travail. Comme si le Covid-19 ne se transmettait pas dans le cadre professionnel ! Et comme si les entreprises n’étaient pas des clusters importants !

Le contraste entre l’acharnement du pouvoir contre les petits commerces qui ne pourraient rouvrir qu’en assurant 8m2 par client et ce qui se passe dans les grandes entreprises souligne tout le mépris gouvernemental vis-à-vis des ouvriers et de bien des employés. S’il faut un espace de 8m2 pour un client qui ne reste que quelques minutes dans un magasin, pourquoi les ouvriers peuvent-ils travailler et suer huit heures durant au coude à coude sur les chaînes de montage de l’automobile, de l’agroalimentaire ou de la logistique, sans même que les cadences soient ralenties, sans pauses supplémentaires, sans personnel pour désinfecter les postes de travail ?

Le grand patronat a les mains libres. Il peut faire travailler des équipes rassemblant des centaines, voire des milliers de travailleurs. Il peut leur imposer des heures supplémentaires et des samedis travaillés. Et il n’y aura pas de patrouille de police pour vérifier qu’il applique bien le protocole sanitaire affiché, que les postes sont désinfectés ou qu’il y a du gel hydroalcoolique.

Alors que le gouvernement réfléchit à rendre obligatoire l’isolement des malades et à punir ceux qui ne le respecteraient pas, combien d’entreprises sous-estiment ou dissimulent les cas de Covid ? Combien de salariés se sont découvert cas-contacts avec retard ? Combien subissent des pressions de leur hiérarchie pour venir travailler, même en étant malades ? Il faut dire que continuer à travailler en étant positif au Covid est la norme dans bien des hôpitaux. Alors pourquoi les directeurs d’entreprise s’en priveraient-ils ?

Alors oui, tout cela est contradictoire et inefficace pour lutter contre la pandémie, mais c’est ainsi que fonctionne une société qui place les intérêts de la minorité capitaliste au-dessus de tout. C’est le fonctionnement normal d’une société de classes où les travailleurs triment et se sacrifient quand le grand patronat encaisse.

Macron veut fixer un cap car « rien n'est pire que l'incertitude et l'impression d'une morosité sans fin », a-t-il dit. Mais il n’y a pas d’incertitude pour la bourgeoisie : ses affaires et ses profits sont assurés et le gouvernement les garantit. Il n’y a de l’incertitude que pour les travailleurs car ils savent que, dès qu’il y a des sacrifices à faire dans la société, c’est à eux qu’ils sont imposés.

Ce sont eux qui font les frais de la crise sanitaire en sacrifiant leur liberté et leur santé. Ce sont encore eux qui subissent les conséquences de la crise économique, avec des conditions de travail qui sont sacrifiées, quand ce n’est pas, comme chez Bridgestone ou Danone, leur salaire et leur emploi !

Mais cela n’a rien d’une fatalité, pas plus que cette société de classes où le bonheur des uns ne peut se faire que sur le malheur des autres. La bourgeoisie dirige et tire les marrons du feu… jusqu’au jour où la coupe sera pleine et que la classe ouvrière n’acceptera plus de subir !
 
Le 23 novembre 2020

 

lundi 16 novembre 2020

Pandémie : non à la triple peine pour les travailleurs !

Au nom de la guerre sanitaire, le gouvernement impose de lourds sacrifices à la population. En encadrant tous les aspects de la vie sociale, il restreint les contacts familiaux, il interdit, de fait, les moments de convivialité et fait pleuvoir les amendes, 90 000 sur ces 15 derniers jours.

À côté de cela, il faut aller travailler, quand bien même les métros et les bus sont bondés et que nombre d’entreprises sont devenues des clusters.

À l’usine Toyota d’Onnaing, au moins 101 ouvriers ont été contaminés au mois d’octobre, conduisant l’Agence Régionale de Santé des Hauts-de-France à classer l’usine comme cluster Covid. La direction a refusé de reconnaitre ce classement par l’ARS, en expliquant avoir ses propres règles pour définir un cluster ! Après avoir tenté de culpabiliser les ouvriers, la direction leur a demandé de venir travailler des samedis et dimanches supplémentaires, ainsi que la nuit du 11 novembre, à 1500 par équipe. Mais, attention, elle a réactivé le plan Vigipirate, avec vigiles aux portes, comme s’ils pouvaient empêcher l’entrée du virus !

Tous les médias ont dénoncé la fête qui a réuni 300 personnes dans un pavillon de Joinville-le-Pont samedi dernier. Mais qui parlera de ces usines qui sont de véritables nids à Covid et qui attestent de l’irresponsabilité patronale ?

Dans de nombreuses entreprises, le fossé entre le protocole sanitaire affiché et la réalité du travail n’a cessé de se creuser depuis juin. À l’usine Renault de Flins, des dizaines de cas sont recensés chaque semaine par les travailleurs. Comment s’en étonner ? Sur les lignes de montage, la distanciation physique n’est pas respectée parce que les opérations nécessitent de travailler à plusieurs, en même temps ou successivement, dans chaque voiture. Mais y-a-t-il plus de personnel pour désinfecter les postes ? Les cadences ont-elles baissé pour gérer au mieux la situation ? Y a-t-il plus de pauses pour soulager les ouvriers forcés de porter le masque ? Bien sûr que non !

Alors que le gouvernement répète qu’il faut s’isoler quand on est positif et se faire tester lorsque l’on est cas contact, combien de directeurs d’usine minimisent ou cachent les cas avérés de Covid pour que les postes soient tenus, malgré le sous-effectif permanent ? Combien font pression sur les salariés vulnérables, voire même sur ceux qui ont été testés positifs, pour qu’ils ne se mettent pas en arrêt ? Aujourd'hui la loi autorise les tests rapides dans les infirmeries de la médecine du travail, pour des salariés volontaires et sous couvert d'anonymat. Combien d’entreprises s’en sont saisis ?

Dans les bureaux, des salariés qui pourraient et voudraient être en télétravail sont priés d’être présents. Qu’a fait la ministre du travail ? Elle a répété que « le télétravail n’était pas une option », en se contentant de froncer les sourcils.

Les leçons de morale sanitaire, les contraintes, contrôles et amendes s’arrêtent aux portes des entreprises. À l’intérieur, c’est le règne du patronat et le seul protocole qui fait loi est celui des profits. Toute mesure sanitaire susceptible de ralentir les cadences et la production est rejetée.

La dictature patronale est un vecteur important de la propagation du virus, le gouvernement et les autorités sanitaires le savent bien mais ils n’y feront rien. Fidèle à lui-même, Macron gère la crise sanitaire en fonction des intérêts du grand patronat, et seulement du plus grand. En fermant les commerces dits « non-essentiels », il montre qu’il est prêt à sacrifier des dizaines de milliers de commerçants sur l’autel des profits des plus gros. Et les plus gros n’ont pas fini d’en profiter !

La grande distribution, une des grandes gagnantes du premier confinement et sans doute du second, met 100 000 salariés au chômage partiel, au prétexte de quelques rayons fermés. C’est coup double ! Elle fera trimer davantage ses employés lorsqu’ils seront présents et, en plus, elle fait payer une partie de leur salaire par l’État. Rien que pour Casino, c’est une économie de 6 millions !

La grande distribution est le symbole du grand patronat, des financiers, de la grande bourgeoisie, qui profitent du Covid pour accroître leur rentabilité en licenciant, en supprimant des emplois et en augmentant la charge de travail. Pour le grand patronat, c’est le beurre et l’argent du beurre. Pour les travailleurs, entre la peur pour leur santé et pour leur emploi et leur salaire, c’est la triple peine !

Incapables de gérer efficacement cette crise, le gouvernement et le grand patronat s’en servent pour nous faire marcher au pas. Prendre au sérieux l’épidémie, ne pas se laisser embobiner par les thèses complotistes, ne signifie ni se taire ni faire confiance. C’est, au contraire, exprimer la conscience d’avoir à lutter tout à la fois contre le coronavirus et contre la cupidité capitaliste. 
 
Le 16 novembre 2020

lundi 9 novembre 2020

De Trump à Biden, deux styles pour une politique capitaliste

Trump a donc été renvoyé par les électeurs américains à son golf et à ses casinos. Pendant quatre ans, il a incarné la politique capitaliste dans ce qu’elle a de plus cupide et de plus brutal. Par sa xénophobie, son racisme, sa démagogie crasse, il a aussi creusé les divisions parmi les travailleurs, entre Blancs et Noirs, entre Américains et migrants. Contre le Covid-19, pour préserver les profits patronaux, il a refusé tout confinement et jusqu’au port du masque et aux gestes barrière. Il a ainsi favorisé la propagation du virus et l’hécatombe qui frappe aujourd'hui, en particulier les plus pauvres. Avec la crise, la condition des ouvriers américains, qu’il prétendait défendre, s’est encore dégradée. Des dizaines de millions de personnes se retrouvent aujourd'hui au chômage et dépendantes de l’aide alimentaire. À l’inverse, les capitalistes ont vu leurs impôts baisser et leurs profits augmenter.

L’élection de Biden a suscité un soulagement chez ceux qui ne supportaient plus Trump, mais cela ne durera pas. D’abord, Trump a recueilli 71 millions de voix, huit millions de plus qu’en 2016. Les milices armées et les groupes d’extrême droite qu’il a encouragés seront toujours là. Ils vont représenter, avec l’aggravation de la crise sociale et économique, un danger pour les Noirs, les migrants et en fin de compte tous les travailleurs.

De ce point de vue-là comme du reste, il n’y a rien à attendre des démocrates et de Biden, que les médias français et européens nous ont vendu comme le sauveur du monde entier. Biden est dans la politique depuis 1972, il a eu tout le temps pour montrer quelle classe il servait : la bourgeoisie de la première puissance mondiale. Au Sénat pendant 36 ans, vice-président d’Obama pendant huit ans, il fut toujours loyal envers le monde des affaires. De nombreux grands patrons l’ont soutenu financièrement pendant la campagne. Et, lundi, Wall Street et les Bourses mondiales ont célébré sa victoire. Biden serait même prêt à prendre des républicains dans son administration. On nous dit que Biden sera moins grossier et moins stupide que Trump, ce qui n’est pas difficile. Mais derrière le vernis, la politique menée par l’administration américaine sera la même, tout entière dédiée aux intérêts des multinationales les Exxon, Amazon et autres Tesla.

Les États-Unis sont la première puissance mondiale et leur loi s’impose à bien des peuples. Partout, ils ont soutenu les dictatures qui servent leurs intérêts, des rois du pétrole aux colonels sud-américains. Au Moyen-Orient, ils ont toujours appuyé Israël contre les Palestiniens. Quant aux régimes qui refusent leur férule, ils en paient parfois le prix fort, comme Cuba, sous embargo depuis 1962… Et nombreux sont les pays dont le travail est pillé par les multinationales des États-Unis ; c’est le cas de la plupart des pays d’Asie et d’Amérique latine.

Ce rôle combiné de premier brigand et de gendarme du monde, les États-Unis l’ont assumé quel que soit le parti au pouvoir. C’est une administration démocrate qui engagea le pays dans la terrible guerre du Vietnam. Et plus récemment, Biden approuva les guerres d’Afghanistan et d’Irak.

Non, les choses ne vont pas changer avec un nouveau président. Les élections ne peuvent d’ailleurs changer les choses. Nous en savons quelque chose ici. Certes, chaque pays a ses particularités. Mais l’alternance gouvernementale entre des partis pro-capitalistes, nous connaissons. Les faiseurs de promesses et les marchands d’illusions, la démagogie xénophobe et raciste comme dérivatif à la crise sociale : tous ces ingrédients de la politique américaine, nous les connaissons aussi ! À vrai dire, nous avons même un Biden à l’Élysée et une Trump dans l’opposition…

Le peuple américain a aussi une histoire de luttes et de combats. Dans les années 1930, la classe ouvrière se mobilisa massivement. Dans les années 1960, le pays fut ébranlé par la révolte des Noirs, qui inspira des luttes dans le monde entier. Plus récemment, après le meurtre de George Floyd, des dizaines de millions de personnes ont manifesté contre le racisme et les violences policières.

Ce qui va compter à l’avenir, ce sont les mobilisations, les luttes du monde du travail, des jeunes, des opprimés. Là-bas comme ici, ce qui va être essentiel, c’est la capacité des travailleurs à mener la lutte contre cette classe capitaliste qui n’en a jamais assez, et qui est prête à tout pour maintenir ses profits. 
 
Le 9 novembre 2020

lundi 2 novembre 2020

Trump ou Biden, c’est Wall Street qui gagne


Nous connaîtrons bientôt les résultats de l’élection présidentielle américaine. 
 
Trump, ce magnat de l’immobilier et vedette de la téléréalité, s’est comporté pendant quatre ans comme le défenseur le plus zélé de la classe capitaliste. Il a baissé les impôts des plus riches et, sous couvert de protectionnisme, a multiplié les cadeaux aux Tesla, Amazon et autres Google. Depuis le Covid, l’État a pratiqué guichet ouvert pour les firmes en difficulté. Wall Street a retrouvé ses niveaux de février, alors que toute une partie de la population s’enfonce dans le chômage, la pauvreté et dépend de l’aide alimentaire.

Les États-Unis sont le pays le plus puissant au monde, le symbole même du capitalisme moderne. C’est un des berceaux des recherches médicales et des technologies les plus avancées, des laboratoires les plus novateurs et des universités les plus renommées. Pourtant, l’espérance de vie y recule. C’est le tribut payé par la population aux profits des assureurs privés et de l’industrie médicale et pharmaceutique. Trump a minimisé la gravité du virus, s’opposant à tout confinement et allant jusqu’à conseiller l’eau de Javel pour se protéger ! Résultat : les États-Unis sont le pays qui compte le plus de victimes de la pandémie. À New York, on a même enterré les morts dans des fosses communes. Les ouvriers des abattoirs ou de l’agriculture, les travailleurs de la santé et des transports, les auxiliaires de vie, les Noirs, les Hispaniques, les migrants, les pauvres, bref, le gros de la classe ouvrière, ont été particulièrement frappés.

Trump a exacerbé la haine raciale, les préjugés crasses, les idées réactionnaires. Contre les manifestants antiracistes, il a appelé à l’usage de la force. Contre les femmes qui veulent disposer librement de leur corps, ce misogyne a nommé des juges susceptibles de remettre en cause le droit à l’avortement.

Cependant, si son concurrent Joe Biden sort vainqueur du scrutin, les choses ne changeront pas pour les travailleurs du pays, ni pour tous ceux qui, à travers le monde, subissent la domination de l’impérialisme américain. Biden a derrière lui un demi-siècle de services bons et loyaux envers le Big Business, comme sénateur puis vice-président d’Obama. Il n’est pas étonnant qu’il devance même Trump pour les dons faits à sa campagne par les grands capitalistes. Biden sera peut-être moins grossier et stupide, mais il défendra tout autant les plus riches contre les plus pauvres.

Ce scrutin se déroule dans un climat tendu. Après le meurtre de George Floyd par un policier à Minneapolis en mai dernier, des millions d’Américains se sont mobilisés contre le racisme et les violences policières qui gangrènent le pays depuis qu’il s’est construit sur les violences de l’esclavage et de la ségrégation. Cette mobilisation est salutaire. Mais des milices d’extrême droite se sont aussi manifestées, encouragées par Trump. Elles n’avaient sans doute jamais disparu, mais récemment un milicien a tué plusieurs manifestants antiracistes, d’autres ont voulu kidnapper une gouverneure, d’autres encore ont paradé en armes. Si Trump perd, ces suprémacistes blancs pourraient chercher à se venger, par exemple sur les Noirs, comme au sale temps de la ségrégation. Et quelle que soit l’issue du scrutin, ils représentent un danger pour la classe ouvrière.

Les États-Unis sont un miroir de notre monde. La crise qui y sévit frappe aussi les travailleurs ici. Ici aussi, la détresse sociale produit ses relents obscurantistes, xénophobes et racistes, et son cortège de violences. En France même, des politiciens attisent la xénophobie, la haine des étrangers ou des musulmans. En France même, des militants d’extrême droite, comme ceux qui ont paradé à Nice la semaine dernière après l’atroce attentat dans une église, attendent leur heure. Ce qui se joue là-bas, entre Trump et Biden, se joue aussi ici.

Par le passé, la jeunesse et les travailleurs des États-Unis ont pu être un phare, comme dans les années 1960, avec la contestation de la guerre du Vietnam et la révolte des Noirs, qui inspirèrent des luttes dans le monde entier. Alors, quelle que soit l’issue du scrutin, espérons que les travailleurs de la première puissance mondiale ne se laissent pas enfoncer dans la crise, la misère et les divisions. Espérons qu’ils retrouvent le chemin de la lutte de classe, contre les capitalistes américains et leurs serviteurs à la Trump et à la Biden. 

Le 2 novembre 2020