lundi 31 mai 2021

L’impérialisme français et le génocide rwandais


Jeudi 27 mai, Macron est allé au Rwanda. Et la presse a annoncé qu’il allait s’excuser du rôle joué par la France dans le génocide qui a fait 800 000 morts en 1994. Il ne l’a pas fait.

Formellement, 27 ans après les massacres, Macron a reconnu « la part de souffrance que la France a infligée au peuple rwandais en faisant prévaloir le silence sur l’examen de la vérité ». Tous ses mots étaient pesés pour avoir l’air de concéder une certaine responsabilité de l’État français sans la reconnaître vraiment.

Macron a daigné revenir sur le passé, mais en imposant aux victimes quasiment la même version des faits que celle de tous les présidents qui l’ont précédé, à commencer par Mitterrand, qui était en exercice au moment du génocide. Et à l’entendre, c’était déjà beaucoup. C’est tout juste si les Rwandais n’auraient pas dû se sentir honorés par ce geste de l’ancienne puissance qui accepte de revenir parce qu’elle n’est plus fâchée.

Après avoir été une colonie belge, le Rwanda est passé sous la coupe de la France. Comme l’ancien colonisateur belge, l’impérialisme français a joué sur les divisions ethniques entre Hutus et Tutsis. Le régime autoritaire du président Habyarimana, en place juste avant le génocide, s’appuyait sur des membres de l’ethnie Hutu et permettait à la France qui le soutenait d’avoir une position forte dans cette région d’Afrique. Face à ce régime, le Front Patriotique Rwandais, qui ralliait les opposants, s’appuyait, lui, majoritairement sur l’ethnie Tutsi, avec le soutien de l’impérialisme anglo-américain.

Quand ces opposants se sont mis à vraiment menacer le régime d’Habyarimana, l’impérialisme français a tout fait pour qu’il reste en place, en l’aidant à armer et entraîner les milices d’extrême droite que celui-ci avait créées. Et ce sont elles qui ont semé la terreur et commis le génocide dont les victimes ne furent pas seulement les Tutsis mais aussi les Hutus opposants au régime.

Aujourd’hui, en affirmant que le temps de la réprobation avait suffisamment duré, Macron a officialisé le retour de l’impérialisme français au Rwanda. Ce n’est pas que le Rwanda représente aux yeux des capitalistes français un intérêt économique important, c’est surtout qu’il fait partie de sa zone d’influence. Et, même après la mort de centaines de milliers de personnes dont il partage la responsabilité avec les milices génocidaires, il considère encore qu’il est là-bas chez lui.

La France a perdu son ancien empire colonial mais elle a maintenu sa domination sur les pays qui en sont issus, sous une autre forme, en veillant à ce que leurs régimes lui soient favorables en les soutenant financièrement et militairement. Elle a pu le faire d’autant plus que les États-Unis, qui sont devenus l’impérialisme dominant et incontesté depuis la Seconde Guerre mondiale, voient un intérêt à ce que ce soit la France qui prenne en charge le maintien de l’ordre dans son ancienne zone coloniale.

Alors, au Mali, au Tchad, en Côte d’Ivoire et dans plusieurs autres de ses anciennes colonies, elle maintient en permanence des troupes. Plus de 5000 soldats français sont présents au Sahel au nom de la lutte contre le terrorisme, en réalité pour soutenir des dictateurs liés à la France.

Et dans tous ces pays, les richesses minières et agricoles sont pillées par des groupes industriels des pays riches, en particulier français. Total a la main sur le pétrole du Gabon et Orano (ex-Areva) sur l’uranium du Niger. De grandes fortunes françaises se sont construites grâce à ces richesses. Boussac, l’ancien industriel du textile, appelé le « roi des cotonnades » et une des plus grosses fortunes d’Europe, avait des plantations dans de nombreux pays d’Afrique. Bolloré, qui possède en France tout un empire dans les transports et les médias, a raflé presque la totalité des ports de toute l’Afrique de l’Ouest et des lignes de chemins de fer. Sans parler de la mainmise des banques françaises sur l’économie.

Il faut être conscients que ce sont les mêmes capitalistes qui nous exploitent et nous licencient, ici, et qui, là-bas, sont les vrais maîtres de ces pays. Ils les maintiennent dans une misère qui ne laisse pas d’autre choix à ceux qui veulent s’en sortir que de fuir en espérant trouver une vie meilleure dans les pays occidentaux. Comme ces milliers de migrants qui ont risqué leur vie en tentant de rejoindre à la nage l’enclave espagnole de Ceuta.

Notre sort à tous, travailleurs du monde entier, est lié. Nous avons les mêmes exploiteurs et le même ordre social à combattre et à renverser.
 
Le 31 mai 2021

lundi 24 mai 2021

Le krach du Bitcoin, révélateur de la spéculation capitaliste

Le 19 mai, les valeurs des cryptomonnaies, ces monnaies virtuelles dont la plus connue est le bitcoin, se sont toutes effondrées. 1000 milliards de dollars sont partis en fumée.


Le bitcoin a été inventé il y a un peu plus de 10 ans par des informaticiens qui voulaient créer, grâce à internet, une monnaie virtuelle échangeable par des transactions anonymes. Au départ, ce n’était presque qu’un jeu et le bitcoin n’avait aucune valeur. Puis ces informaticiens ont voulu prouver qu’ils pouvaient mettre en place des échanges fiables avec de vraies monnaies comme le dollar. Et le premier bitcoin a été vendu pour une somme infime, moins d’un millième de dollar.

Mais, des transactions fiables, anonymes, qui ne nécessitaient pas de passer par un compte bancaire, échappant au contrôle des États, c’était très pratique pour vendre de la drogue, blanchir de l’argent sale ou faire de l’évasion fiscale. Le bitcoin a alors intéressé toutes les mafias du monde.

Ce succès auprès de la pègre a fait monter sa valeur ou plus exactement son taux de change en dollars. Car celui-ci dépend directement de la demande. Plus le bitcoin est demandé, plus son prix augmente. C’est alors qu’il est arrivé dans la cour des grands. Des spéculateurs y ont vu une source de gains importants et rapides. Et puis, récemment, les banques américaines s’y sont engouffrées. Les unes après les autres, elles ont commencé à offrir des placements en bitcoins à leurs clients. Et ce secteur est devenu un des plus profitables de la finance. Le 14 avril, un bitcoin s’échangeait contre plus de 64 000 dollars.

Sur quoi repose la valeur du bitcoin ? Sur la seule confiance que les parties contractantes de cet univers financier ont les unes envers les autres et envers cet objet de leur spéculation. Pour des milliers de spéculateurs, le bitcoin a fini par avoir une valeur sociale reconnue. Les commentateurs se demandent s’il s’agit d’une monnaie ou pas. En tout cas, comme l’argent, il n’a de valeur que parce que des millions de gens veulent bien lui en reconnaître une. Si cette confiance se fissure, tout peut s’effondrer.

Le milliardaire américain Elon Musk, patron du groupe de voitures électriques de luxe Tesla, avait vanté le bitcoin, prétendant en avoir acheté pour un milliard et demi de dollars. Mais, par flair ou calcul ou les deux, il a changé de point de vue sur cette monnaie marginale et l’a critiquée. Peu de temps après, la Chine a annoncé qu’elle en interdisait l’utilisation. Cela a suffi pour que la confiance des spéculateurs dans le bitcoin soit ébranlée. Le doute s’est très rapidement propagé et le château de cartes s’est effondré.

Ce krach n’est, pour l’instant, pas un krach d’ampleur. Les cryptomonnaies ne représentent qu’un petit secteur de la finance. Mais la finance est un immense casino interconnecté, incontrôlé et instable. Le marché du bitcoin est réputé pour être très spéculatif. Mais toute la finance mondiale l’est, car la classe capitaliste préfère spéculer plutôt que d’investir dans la production, cela lui rapporte beaucoup plus.

Le krach du bitcoin est en petit ce qu’ont été les krachs financiers de l’économie mondiale des dernières décennies. En 2008, l’effondrement généralisé de l’économie a été évité de justesse, mais les conséquences en ont été considérables. Des entreprises ont fait faillite en chaîne, des millions de travailleurs ont perdu leur emploi et des pays entiers se sont enfoncés dans la pauvreté. La spéculation est repartie de plus belle.

Le problème n’est pas de savoir quand arrivera le prochain krach financier. L’évolution générale est une fuite en avant vers une spéculation toujours plus envahissante, et les membres les plus conscients de la classe capitaliste n’ont comme seul credo que : « après moi, le déluge ».

Tout cet édifice repose en dernier ressort sur l’exploitation des travailleurs. Si, dans les entreprises, la durée du travail est allongée, si les cadences sont augmentées, si les grands groupes ferment des sites pour concentrer la production sur un nombre toujours plus réduit de travailleurs, c’est pour dégager du profit afin d’alimenter la spéculation. À côté, les chômeurs en sont réduits à vivre de l’aumône des aides sociales.

Il faut stopper cette course à la catastrophe et seuls les travailleurs peuvent le faire en renversant la bourgeoisie et en prenant en main la direction de cette société. Ils en ont la force à condition qu’ils en prennent conscience.

Le 24 mai 2021








mardi 18 mai 2021

Solidarité avec le peuple palestinien opprimé !

Les habitants de Gaza sont à nouveau soumis à un déluge de feu et ils pleurent leurs morts. Comme toujours, pour intervenir, l’État israélien a pris pour prétexte des tirs de roquettes du Hamas et il prétend opérer des bombardements « ciblés ». Mais qui peut croire un tel mensonge ?


La bande de Gaza est un territoire de 40 km de long sur 10 km de large, l'un des plus densément peuplés au monde. Comment les bombes pourraient-elles faire le tri entre les civils et les militants du Hamas, alors qu’il n’y a pas de refuges sécurisés, pas d’échappatoires possibles ?

Tirer des roquettes sur Israël, comme le fait le Hamas, est une politique aveugle et terroriste. Mais bombarder une zone comme Gaza l’est à bien plus grande échelle. C’est du terrorisme d’État.

Renvoyer les deux camps dos à dos alors qu’un État prétendument démocratique et surarmé s’acharne à détruire un territoire déjà dévasté, c’est accepter la loi du plus fort. Et c’est surtout tourner le dos à la révolte mille fois légitime des Palestiniens !

Cette révolte est sans cesse étouffée et réprimée par l’État israélien. Mais elle est aussi récupérée et détournée politiquement par le Hamas.

Cette nouvelle révolte n’est d’ailleurs pas venue de Gaza ni du Hamas. Elle est venue de familles qui se sont opposées à leur expulsion dans un quartier de Jérusalem-Est. Elle a ensuite embrasé des villes dites mixtes comme Lod, Jaffa ou Saint-Jean d’Acre, ainsi que la Cisjordanie. C’est pour en prendre le contrôle que le Hamas a déclenché des tirs de roquettes sur Israël.

Le Hamas a sciemment confisqué la parole aux manifestants et a transformé la mobilisation des masses en affrontement entre deux appareils, de façon à imposer sa politique, ses propres méthodes, sa propre domination au peuple palestinien. Alors, si les Palestiniens ont pour ennemi l’État Israélien, ils ont le Hamas pour adversaire.

Avec les affrontements violents et haineux qui se sont multipliés entre groupes sionistes d’extrême-droite et jeunes Palestiniens, nombre de Juifs israéliens réalisent aujourd’hui qu’ils sont sous la menace d’une guerre communautaire dont ils payent déjà le prix. Mais comment s’en étonner ?

Depuis 70 ans, le gouvernement colonise de nouvelles terres en Cisjordanie et rend impossible la création d’un État Palestinien viable. Il a annexé Jérusalem-Est, imposé le blocus de Gaza et enfermé ses habitants dans une prison à ciel ouvert. Il impose une politique d’apartheid en Israël, où Juifs et Arabes ne disposent pas des mêmes droits. Et régulièrement, lorsque la révolte se fait trop menaçante, il fait la guerre aux Palestiniens.

Depuis des années, pour se maintenir au pouvoir, Netanyahou s’appuie sur l’extrême droite suprémaciste juive, lui offre des ministères, ferme les yeux sur ses violences et soutient toutes ses entreprises de colonisation.

Cette surenchère réactionnaire a conduit à ce face-à-face glaçant où les uns hurlaient « Mort aux Arabes », quand les autres criaient « Mort aux Juifs ». Il est à souhaiter que cela serve d’électrochoc, car il n’y a pas d’autre avenir pour les deux peuples que de s’entendre.

Est-ce possible ? Oui, à condition de combattre la politique coloniale d’Israël soutenue par les grandes puissances.

Les dirigeants d'Israël ont bâti leur État en niant le droit des Palestiniens à disposer du leur et ils se sont fait le relais régional des puissances impérialistes, en premier lieu les États-Unis. C’est pourquoi il ne faut pas compter sur la prétendue « communauté internationale » pour faire une quelconque pression sur le gouvernement israélien.

Dans ce soutien inconditionnel, Netanyahou peut aussi compter sur le gouvernement français. L’interdiction de la manifestation pro-palestinienne de samedi dernier à Paris en témoigne. Qualifier les manifestants « d’antisémites », comme l’a fait le ministre Darmanin, est une minable contribution à l’oppression des Palestiniens.

Les dirigeants israéliens et palestiniens conduisent leur peuple dans une impasse sanglante avec la complicité des puissances impérialistes. Il faut que ceux qui s’en rendent compte soient de plus en plus nombreux au sein des deux peuples.

La solution ne pourra surgir que des Israéliens et des Palestiniens qui cherchent les moyens de vivre ensemble sur la même terre. Pour cela, ils doivent s’opposer à ceux qui les entraînent dans une guerre entre communautés. Ils doivent se battre ensemble contre l’oppression dont est victime le peuple palestinien. Et affirmer que les deux peuples doivent disposer des mêmes droits, car « Un peuple qui en opprime un autre ne peut être un peuple libre ». 

Le 17 mai 2021

lundi 10 mai 2021

Brevets sur les vaccins : à bas la propriété capitaliste !

En se disant favorable à la levée du monopole sur les brevets des vaccins anti-Covid, de façon à pouvoir élargir leur production, Joe Biden a créé la surprise. Jusqu’à présent, l’administration américaine avait écarté cette possibilité, tout comme les dirigeants européens. Dans un récent vote au Parlement européen, les députés de LREM, de droite et du RN s’y étaient formellement opposés. Et voilà que le président américain prend tout le monde à contre-pied !

Macron, qui avait abandonné l’idée de transformer les vaccins en « biens communs », se trouve doublé sur sa gauche, du moins en paroles. Cela a réjoui Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel du PCF, et Anne Hidalgo, qui ont chaleureusement applaudi l’annonce de Biden.

L’Humanité a même écrit que Biden est prêt à « limiter l’empire et les profits des très puissants monopoles pharmaceutiques américains pour privilégier la santé et la vie sur toute la planète ». Heureusement que le ridicule ne tue pas !

Biden est le président de la première puissance impérialiste du monde, cela en fait le représentant des intérêts de la classe capitaliste par excellence. Ce n’est certainement pas « la santé et la vie sur la planète » qui le préoccupent, ce sont les affaires de la bourgeoisie ! Si Biden avait voulu se porter au secours de l’Inde qui est plongée dans une situation dramatique avec 4000 morts recensés chaque jour, et bien plus en réalité, il n’aurait pas refusé toute exportation de vaccins et de matières premières, comme il le fait depuis qu’il est arrivé au pouvoir.

L’annonce de la Maison-Blanche est tout sauf désintéressée. Son problème, qui est celui de tous les dirigeants de la planète, est de créer les conditions d’une reprise des affaires et des échanges internationaux. C’est impossible tant que la pandémie fait rage dans les autres pays et que l’on reste sous la menace de variants. C’est pourquoi les dirigeants de la planète cherchent le moyen de vacciner la population mondiale.

À côté de cela, plus d’un million et demi de femmes et d’hommes continueront de mourir chaque année de tuberculose, maladie que l’on sait pourtant guérir. Des centaines de milliers d’autres mourront de malnutrition, des conséquences des guerres engendrées par l’ordre social capitaliste, par le pillage et l’exploitation, défendus par les grands de ce monde.

Ni Biden, ni aucun chef d’État, ne mettra le couteau sous la gorge des multinationales pharmaceutiques. S’il y a effectivement une levée exceptionnelle de ces brevets, elle sera dûment négociée et indemnisée. C’est dire que la vaccination mondiale n’est pas pour demain !

En attendant, chaque semaine et chaque mois de retard pris dans la vaccination font des dizaines de milliers de morts supplémentaires de par le monde. Alors, que les dirigeants de gauche en soient à se féliciter de l’annonce de Biden, montre qu’ils sont tombés bien bas !

Les laboratoires ont déjà fait plus que leur beurre. Pfizer va, par exemple, réaliser plus de 26 milliards de dollars dans la vente de vaccins en 2021 avec une rentabilité qui fait rêver tous les capitalistes. Il envisage même d’augmenter le prix de son vaccin !

Les labos engrangent ces super profits parce qu’ils ont, au travers des brevets, privatisé le fruit du labeur collectif et des investissements publics. Ils se sont approprié les découvertes des chercheurs et du travail des salariés.

C’est ainsi que s’est établi et consolidé le monopole des groupes capitalistes sur tous les grands moyens de production, des grands groupes automobiles aux géants de la banque en passant par les chaînes de distribution.

L’appropriation des vaccins jette une lumière crue sur ce qu’est le capitalisme : un système où une minorité d’actionnaires détient un pouvoir dictatorial sur nous tous. Il s’agit du fonctionnement habituel de la société.

La minorité capitaliste détient le pouvoir d’embaucher ou de licencier, le pouvoir d’ouvrir ou de fermer une usine, d’organiser le travail, les horaires, les cadences. C’est aussi un immense pouvoir sur la vie des travailleurs et de l’humanité, et c’est parfois un pouvoir de vie ou de mort.

Les politiciens qui s’arrêtent devant la propriété privée capitaliste et le pouvoir qu’elle confère à une poignée de parasites ne représentent pas les intérêts des travailleurs et de la population.

Rien ne justifie que les travailleurs s’inclinent devant la domination de cette classe bourgeoise. Il faut qu’ils se sentent légitimes à la contester, et qu’ils réalisent qu’ils ont la force collective de la renverser car ce sont eux qui font tout fonctionner. 

Le 10 mai 2021

lundi 3 mai 2021

Taxer les capitalistes ne suffit pas, il faut les exproprier !

Depuis que Biden, le président des États-Unis, a annoncé vouloir taxer les plus riches et les grands groupes capitalistes, les leaders de la gauche gouvernementale sont en extase. Roussel, le dirigeant du PCF, s’est même exclamé : « C’est incroyable … j’ai l’impression qu’il a pris sa carte au PCF... Le plan qu’il met en œuvre est un plan révolutionnaire ».

On pourrait en rire si ce n’était aussi triste : au pouvoir, les partis de gauche ont été incapables ne serait-ce que d’augmenter les impôts des plus riches, et les voilà transis d’admiration pour Biden, le chef de la première puissance impérialiste !

Biden n’est pas plus l’ami des travailleurs que ne le sont Macron, Xi Jinping ou Poutine. Il cherche à donner un coup de fouet à l’économie de son pays et aux affaires de la bourgeoisie américaine. Et Wall Street, qui a applaudi son arrivée au pouvoir et vient de retrouver son niveau d’avant Covid, s’en félicite !

Les annonces de Biden sont en grande partie bidon. Elles se bornent pour l’essentiel à annuler les baisses d’impôts opérées par Trump et n’entreront en vigueur que si le Sénat les valide. Quant à la taxation internationale des multinationales qu’il brandit, elle reste purement hypothétique.

L’enthousiasme des partis de gauche ne fait pas de Biden un socialiste ! Cela montre seulement le degré d’abaissement atteint par le PS, le PCF ou encore La France Insoumise.

Le prétendu « socialisme » des partis de gauche tient désormais en un slogan : « Taxer les plus riches pour mieux partager les richesses ». Que les plus riches, la bourgeoisie et les grands actionnaires soient mis à contribution serait bien la moindre des choses !

Pour l’année 2020, Arnault touchera 1,5 milliard de dividende de ses actions dans LVMH, soit quatre millions pour chaque jour de l’année. Grâce à son paquet d’actions dans L’Oréal, Meyers-Bettencourt encaissera plus de deux millions par jour. Et pendant ce temps, le gouvernement baisse les allocations de plus d’un million de chômeurs. Il mégote sur les salaires des soignants, la formation et l’embauche de personnel. Il fait planer la menace d’une nouvelle réforme des retraites. Il n’y a aucune raison de l’accepter. Satisfaire les besoins des travailleurs exige de prendre sur les profits de la bourgeoisie !

Ce n’est pas une question de « justice fiscale », car quelle justice attendre d’une société basée sur l’exploitation ? C’est une question de lutte de classes, de rapport de forces, de luttes collectives. C’est une question de défense de nos intérêts vitaux et, pour cela, il ne faut pas compter sur un homme providentiel, mais sur nos propres forces.

Taxer les capitalistes ne leur retire pas leur pouvoir de nuire. Cela ne leur enlève pas le pouvoir d’exploiter les travailleurs, d’écraser les salaires, d’imposer des conditions de travail de plus en plus difficiles aux uns et de licencier les autres. Cela ne leur enlève pas le droit de dominer la société du haut de leurs capitaux et de leur propriété privée.

Un des problèmes de l’heure est celui des brevets sur les vaccins anti-Covid qui freinent leur production massive. Chaque semaine de retard dans la vaccination se solde, ici en France, par 1200 morts supplémentaires. En Inde, réputée pour être, avec la Chine, « l’armoire à pharmacie mondiale », la pénurie de vaccins et d’oxygène fait officiellement plus de 4000 morts chaque jour, et sans doute bien davantage !

En s’arc-boutant sur leur propriété privée, les actionnaires des trusts pharmaceutiques se conduisent en criminels. On ne réglera pas le problème en les taxant davantage, mais en les expropriant et en organisant la production de vaccins en dehors de toute loi du profit, en dehors de la concurrence et du marché.

Si la crise sanitaire est devenue catastrophique, c’est en grande partie parce que la classe capitaliste ne jure que par ses profits. Pour la même raison, elle est à l’origine du chômage de masse, des inégalités, de la crise écologique et des guerres. C’est encore elle qui nous enfonce dans une crise économique sans fin et nous place en permanence sous la menace d’un nouveau krach financier. Tant que cette classe dirigera, elle sera un obstacle au progrès des travailleurs et de la société.

Plus que faire payer la bourgeoisie, il faut lui enlever les rênes de la société, renverser son pouvoir en l’expropriant. Cela a été l’objectif des premières générations de militants qui se sont réclamés du socialisme et du communisme. Il doit rester celui de tous ceux qui visent à l’émancipation des exploités. Le monde ouvrier fait déjà le plus difficile : il fait fonctionner la société malgré la crise. S’il en est capable, c’est qu’il peut la diriger ! 

Le 3 mai 2021