mardi 25 août 2020

Rentrée : face au gouvernement et à la bourgeoisie, se mettre en ordre de marche !

Les vacances se terminent. Certains ont eu un avant-goût de ce que pourraient être les jours heureux en s’offrant quelques jours de liberté, loin du travail, des chefs et du patron. Bien d’autres, faute d’argent, n’ont pas eu la possibilité de partir et de se changer les idées. Mais la parenthèse se referme pour tous, car prolétaire on est, prolétaire on reste, et maintenant, il faut reprendre le chemin du travail. Et on le fait avec beaucoup d’inquiétude.

Ce sont les craintes face à cette épidémie qui n’en finit pas. Craintes pour les enfants qui vont reprendre le chemin de l’école où les gestes barrières seront difficilement respectés. Craintes d’être contaminés dans les transports et les entreprises d’où partent de nombreux clusters, même si le gouvernement préfère ne pas trop en parler. Craintes encore, pour les plus anciens, particulièrement vulnérables face au virus.

Mais au-delà de la crise sanitaire, il y a aussi la crise économique. Il y a ces menaces de fond qui pèsent sur le secteur de l’automobile, de l’aéronautique, de l’habillement, des spectacles et de l’hôtellerie. Il y a ces entreprises qui tournent au ralenti et ces commerces qui n’ont pas redémarré.

Alors oui, il y a de l’inquiétude. Mais l’inquiétude de la bourgeoisie, des grands actionnaires ou des spéculateurs n’a rien à voir avec celle du monde du travail. Lorsque les premiers s’inquiètent pour leurs placements, leurs dividendes et l’évolution de leurs fortunes, les salariés, eux, s’inquiètent pour leur emploi et leur salaire.

Pour la bourgeoisie, la crise n’est d’ailleurs pas qu’un motif d’angoisse, elle est aussi source d’opportunités, de rachats de concurrents, de rationalisation et de nouveaux profits. L’avenir ne se présente pas du tout de la même façon selon que l’on s’appelle Peugeot, Mulliez, Drahi ou Arnault et que l’on est assis sur un tas d’or, ou que l’on est salarié à la merci d’un patron et d’un plan de licenciement. Les intérêts des uns sont à l’opposé de ceux des autres. Quand la bourgeoisie profite des licenciements pour accroître l’exploitation et ses profits, les travailleurs perdent ce qui les fait vivre.

Alors, il faut que les salariés se mettent en ordre de marche pour défendre leurs intérêts. Il faut qu’ils discutent, s’organisent, et qu’ils se dotent de leur propre plan d’action dont l’objectif doit être la préservation de l’emploi, des salaires et des conditions de travail. Si la charge de travail a diminué, il faut répartir le travail entre tous sans baisse de salaire.

Confronté à cette crise, le grand patronat se battra bec et ongles pour récupérer sur le dos des travailleurs ce que la crise lui fait perdre. Le renvoi des intérimaires, la fin de mission pour nombre de sous-traitants et d’auto-entrepreneurs, la disparition des petits boulots comme la garde d’enfants ou les travaux ménagers, ont déjà été dévastateurs pour le monde du travail.

Ce n’est là que le début des attaques pour le monde du travail. Les plans de licenciements à Airbus, Air France, Nokia, les annonces de fermetures d’usines à Renault, Smart, et les redressements judiciaires d’enseignes comme André ne sont que la partie émergée de l’iceberg.

Les salariés qui conservent leur emploi et sont dans un secteur qui échappe à la crise sont aussi concernés. À l’image de Sanofi, qui supprime 1000 emplois en France malgré un avenir qui s’annonce radieux, toutes les grandes firmes vont en profiter pour resserrer les mailles de l’exploitation. Difficultés ou pas, il sera partout question de restructurations et d’accords de performance pour ne pas augmenter les salaires ou les baisser, pour reprendre des jours de congés et augmenter la charge de travail.

Il serait vain de se demander pour qui sonne le glas. Il sonnera pour tous les travailleurs et pour la société dans son ensemble. Car la menace qui nous guette va au-delà des bas salaires et du chômage de masse. En attisant les rivalités entre grandes puissances, la rapacité capitaliste nous condamne à un monde d’affrontements, de tensions militaires et de guerres.

C’est la domination de l’ensemble de la bourgeoisie, son système capitaliste, sa course criminelle au profit, qu’il faut attaquer. Si on ne veut pas que le monde du travail soit sacrifié, il faut que la grande bourgeoisie paye. Alors, il faut avoir la volonté de nous battre, nous aussi, bec et ongles.

Il faut aller chercher l’argent dans les caisses de la grande bourgeoisie, dans les fortunes accumulées par les grands actionnaires depuis des décennies. Plus que jamais, l’alternative est entre leurs profits ou nos emplois, leurs dividendes ou nos salaires, leur richesse ou nos vies. 
 
Le 24 août 2020

mardi 18 août 2020

Aggravation du chômage, tensions militaires : le monde capitaliste s'enfonce dans la crise

Personne ne peut dire encore s’il y aura un rebond de l’épidémie dans les prochaines semaines. Par contre, il est certain que la crise, elle, continuera de s’aggraver, et bien des travailleurs sont d’ores et déjà frappés. Ainsi, sans attendre la rentrée, en plein mois d’août, la direction de Hop ! vient d’annoncer un plan de plus de 1 000 suppressions de postes, soit près de la moitié des 2 400 salariés de cette compagnie aérienne, filiale d’Air France. Après Nokia, Renault, Airbus et bien d’autres, la liste de ces groupes s’apprêtant à tailler massivement dans leurs effectifs s’allonge au fil des semaines. Sans que cela fasse la une des médias, depuis des mois, des centaines de milliers de travailleurs en CDD, en intérim, se sont déjà retrouvés sans emploi, certains d’entre eux ne pouvant même pas bénéficier de l’allocation chômage.

Les statistiques officielles publiées par l’Insee la semaine dernière ont fait état d’une diminution du taux de chômage, qualifiée de « baisse en trompe-l’œil ». Mais elle ne trompe personne ! Même le ministre de l’Économie est obligé de le reconnaître : le chômage va exploser à la rentrée. Des régions entières vont se retrouver encore plus sinistrées qu’elles ne le sont déjà, des millions de travailleurs, ouvriers, employés, commerçants acculés à la faillite, vont se retrouver plongés dans la précarité.

Pour défendre leurs conditions d’existence, les travailleurs devront se battre pour s’opposer à l’offensive engagée par le patronat et le gouvernement à son service contre les emplois et les salaires. Mais la crise est lourde de menaces bien plus graves encore.

L'attaque qui a tué six Français et deux Nigériens d’une organisation humanitaire dimanche 9 août au Niger vient de rappeler qu’une véritable guerre se mène dans cette partie de l’Afrique. L’armée française y est engagée depuis des années au nom de la lutte contre le terrorisme. Mais, derrière ces justifications officielles, il y a surtout la volonté de l’impérialisme français de démontrer que ces pays, situés au cœur de son ancien empire colonial, font toujours partie de sa zone d’influence.

Dans le système impérialiste fondé sur la concurrence pour conquérir des marchés, exploiter les ressources des pays les plus pauvres et leur population, chaque grande puissance doit sans cesse défendre, par tous les moyens, y compris militaires, les intérêts de sa bourgeoisie face à ses rivales. Les déplacements au Liban de Macron, puis de sa ministre des Armées, Florence Parly, ne sont pas motivés par des préoccupations humanitaires. Là encore, il s’agit pour l’impérialisme français d’affirmer face aux autres grandes puissances qu’il est toujours un acteur avec lequel il faut compter au Moyen-Orient.

Ce sont les mêmes raisons qui sont à l’origine du bras de fer qui se joue actuellement, en Méditerranée, dans une zone où la Grèce et la Turquie se disputent de vastes gisements gaziers. La semaine dernière, le gouvernement français a décidé de s’impliquer directement dans ce conflit régional, notamment en renforçant sa participation à un exercice militaire aux côtés de la Grèce, prenant ainsi délibérément le risque d’alimenter une surenchère guerrière.

« Le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage », écrivait le dirigeant socialiste Jaurès à la veille de la Première Guerre mondiale. C’est toujours vrai à notre époque ! Le capitalisme en crise, c’est l’aggravation du chômage, de la misère, et la multiplication des guerres où les bourgeoisies entraîneront toujours davantage les peuples à s’affronter pour leurs profits. Les rivalités entre les grandes puissances par alliés interposés ont déjà transformé certaines régions du monde, en Afrique ou au Moyen-Orient, en véritables champs de ruines.

Pour que l’humanité connaisse un autre avenir, cela dépend exclusivement de la classe ouvrière. Elle seule y a vraiment intérêt. Elle seule a la force et les moyens de changer de fond en comble la société en enlevant à la grande bourgeoisie la direction de l’économie et de l’État et en mettant ainsi les richesses et les principaux moyens de production au service de la collectivité. C’est à cette condition qu’il sera possible de sauver la société de la catastrophe qui la menace. Il est essentiel que, dès aujourd’hui, des femmes et des hommes, dans les entreprises et dans les quartiers populaires, défendent autour d’eux cette perspective.


Le 17 août 2020

lundi 10 août 2020

Au Liban comme partout, à bas ce système qui fait passer le profit avant la vie !

Depuis samedi, des milliers de manifestants se sont retrouvés chaque jour dans le centre-ville de Beyrouth pour réclamer « la démission ou la potence » pour les dirigeants du pays. Leur détermination a conduit à la démission du gouvernement, annoncée lundi soir.

La classe politique corrompue, qui s’enrichit en pillant toute la société, avait déjà provoqué des manifestations et la haine de la population. Une haine décuplée par l’explosion meurtrière qui s’est produite le 4 août, ravageant la ville et faisant au moins 158 morts et des milliers de blessés.

Le mépris de la vie de la population n’est pas seulement le fait de ce régime politique corrompu et clientéliste. L’irresponsabilité envers les populations, envers les intérêts généraux de la société, et même envers la planète, est une loi générale du capitalisme, où seuls comptent la marge de bénéfices, les profits attendus et l’augmentation des dividendes.

Dans les pays pauvres dominés par l’impérialisme, les effets de la course aux profits sont encore plus crus et plus violents. Quand une catastrophe se produit dans une société encore plus dépourvue de moyens, les retombées sont souvent meurtrières.

Mais qui n’a pas pensé, à l’annonce de l’explosion dans le port de Beyrouth, à la catastrophe de l’usine d’AZF à Toulouse ? En 2001, c’est l’explosion du même produit chimique qui avait dévasté tout un quartier de la ville, faisant 31 morts et 2000 blessés.

Cela se passait en France, dans un pays aux institutions démocratiques, bardé d’organismes et de normes censés contrôler la sécurité, la protection de l’environnement et des populations. Mais tout cela fonctionne dans la limite bien comprise des intérêts capitalistes.

À Toulouse, ce qui est passé avant la vie des travailleurs de l’usine et des habitants du quartier, ce sont les profits du groupe Total, propriétaire de l’usine d’AZF. Et, récemment, des scandales sanitaires comme celui de la Dépakine ou du Mediator ont encore montré que, même dans un pays riche, à l’administration et à l’appareil d’État puissants, les capitalistes peuvent mettre des milliers de vie en danger pour leurs profits, sans risquer grand-chose.

Quand Macron promet de reconstruire le Liban, c’est aux intérêts de la bourgeoisie qu’il pense. Et ce n’est pas nouveau. En tant qu’ancienne puissance coloniale, la France a imposé son protectorat il y a un siècle, présidant à la création du pays et à la mise en place du système politique confessionnel, qui favorise le clientélisme. Il faut tout le cynisme d’un Macron pour avoir le culot de prétendre comprendre le dégoût du peuple libanais pour ce système politique, créé et protégé par l’impérialisme français lui-même.

Aujourd’hui, les riches pays impérialistes, France en tête, promettent d’intervenir pour aider le peuple libanais frappé par la catastrophe. Mais les aides de Macron n’aideront pas plus les classes populaires du Liban que les milliards du plan de relance de l’économie n’aident, ici, les travailleurs confrontés aux licenciements et à l’aggravation de l’exploitation !

Ceux que la présence française « aide », ce sont d’abord les intérêts impérialistes français, ceux des entreprises, grandes et petites, qui interviennent au Liban « comme à la maison », pour reprendre les propos d’un promoteur immobilier. Les entreprises françaises peuvent compter sur l’appui des grandes familles bourgeoises libanaises, dont les intérêts sont mêlés aux leurs, et sur le soutien des dirigeants politiques, qui se confondent souvent avec tel ou tel clan bourgeois. Ainsi de la famille Hariri, capitalistes du bâtiment, qui possède la moitié de Beyrouth. Ils sont aussi ministres de père en fils et si liés à l’impérialisme français qu’ils n’avaient pas hésité à prêter leur luxueux pied-à-terre parisien – 400 mètres carrés dans l’arrondissement le plus cher du centre-ville – à leur ami Jacques Chirac pour ses vieux jours. Alors les classes populaires du Liban, précipitées dans la misère par la crise économique et victimes du drame de cette explosion meurtrière ont raison de se révolter. Mais, pour changer véritablement la société, pour imposer que le droit à la vie passe avant les profits, ce n’est pas seulement tel ou tel gouvernement, plus ou moins pourri, qu’il faut viser. Car tous sont là pour protéger les intérêts capitalistes. C’est à ce système capitaliste qu’il faut s’en prendre, en mettant l’économie sous le contrôle direct des travailleurs. Faute de quoi, les acteurs de la comédie politicienne changeront peut-être, mais le scénario de misère et de mort pour les exploités, au Liban comme ailleurs, restera le même. 

Le 10 août 2020

mardi 4 août 2020

Guerre des vaccins, crise sanitaire, crise économique : la folie du capitalisme

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, tous les grands laboratoires pharmaceutiques se sont lancés dans une course effrénée pour trouver un vaccin contre cette maladie. Si l’on en croit les spécialistes qui s’expriment dans les médias, sur la centaine de projets recensés à travers le monde, quatre seraient déjà parvenus à l’étape la plus avancée des essais sur l’homme. « Nous essayons de faire en six à huit mois ce qui normalement prend dix à vingt ans », a expliqué récemment un responsable de Sanofi.

Il y a de quoi être impressionné par cette mobilisation de la recherche médicale et on devrait pouvoir se réjouir des progrès qu’elle devrait entraîner. Mais dans le capitalisme, rien n’est jamais aussi simple. Car pour les dirigeants des multinationales de la pharmacie, cette recherche d’un vaccin est d’abord et avant tout une course au profit ! Dans la concurrence qui les oppose pour empocher le pactole, il faut être le premier à trouver un vaccin et à pouvoir le produire en grande quantité. Ainsi, avant même d’en connaître l’efficacité et d’en avoir vérifié l’innocuité, certains laboratoires ont déjà commencé à faire produire industriellement leur vaccin. Pour « sécuriser » leurs profits, les multinationales de la pharmacie imposent aux États qui en ont les moyens, c’est-à-dire les plus riches, de précommander des millions de doses.

Cette concurrence entre les grands groupes pharmaceutiques conduit ainsi les États à se livrer une guerre à coups de milliards, pour chercher à se garantir la livraison du futur vaccin. Il y a trois mois, un responsable de Sanofi avait affirmé que son laboratoire servirait en premier les États-Unis s’il trouvait un vaccin, car ils avaient payé plus que les autres. C’était une façon de faire pression sur les États européens pour qu’ils ouvrent davantage leur tiroir caisse. Faisant preuve de son hypocrisie habituelle, Macron avait alors fait mine de protester en déclarant qu’il était nécessaire « que ce vaccin soit un bien public mondial, extrait des lois du marché. » Quelle blague ! Comme il le fait à chaque fois qu’un grand patron hausse le ton, Macron s’est soumis aux exigences de Sanofi, lui promettant des centaines de millions sans exiger aucune contrepartie, alors que ce groupe affiche des résultats record et s’apprête à supprimer 1 700 emplois en Europe, dont 1 000 en France.

Si ces laboratoires, sur lesquels les États déversent l’argent public, parviennent finalement à trouver un vaccin, il sera protégé par les brevets et le sacro-saint secret commercial qui empêcheront tout partage des connaissances. La population n’aura aucun moyen de connaître les termes des contrats passés entre les gouvernements et ces groupes, qui seront libres de choisir la stratégie commerciale qui leur semblera la plus profitable. Un dirigeant du laboratoire américain Pfizer l’a expliqué crûment : « C’est une période extraordinaire et notre prix le reflétera ». Et tant pis pour ceux qui n’auront pas les moyens de payer !

En fait, dans tous les domaines, la société se heurte à l’avidité, au parasitisme et à l’irresponsabilité d’une bourgeoisie aveuglée par la recherche du profit. Grâce aux progrès des sciences et des techniques, la société dispose de moyens formidables pour améliorer la vie des hommes. Dans tous les pays, y compris les plus riches, les besoins à satisfaire dans tous les domaines sont nombreux, dans la santé, dans l’éducation, le transport, le logement… Et malgré cela, l’économie s’enfonce toujours plus profondément dans la crise.

Cette crise économique n’est pas due à l’épidémie du coronavirus, même si elle l’a accélérée. L’humanité a survécu à bien d’autres épisodes de ce genre. Aujourd’hui, pour faire face aux conséquences de l’épidémie, les biens et les capitaux accumulés pendant les années de croissance devraient pouvoir être mobilisés dans l’intérêt général… mais ils sont aux mains d’une poignée de privilégiés ! Les entreprises n’ont pas été détruites par une guerre, elles existent ! Ce sont les capitalistes qui décident de les fermer ou de réduire leur activité en diminuant le personnel à tour de bras.

Dans un système économique qui serait vraiment maîtrisé et contrôlé par la société, la production et les échanges devraient pouvoir être organisés en fonction des besoins. Mais cela ne sera pas possible tant qu’une minorité de capitalistes peut imposer ses décisions à l’ensemble de la société sans même avoir à rendre de comptes.

Exproprier les capitalistes, réorganiser l’économie en fonction des besoins et non plus des profits d’une minorité, ce sont les objectifs que les travailleurs devront mettre en avant pour sauver la société de la faillite à laquelle la conduit le capitalisme.

Le 3 août 2020