mardi 30 novembre 2021

Vive la lutte des travailleurs de Guadeloupe et de Martinique !

 

Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu est aux Antilles depuis dimanche. Son objectif est de déminer la révolte sociale qui a éclaté en Guadeloupe et en Martinique. Car il s’agit bel et bien d’une révolte sociale !

Les médias s’emploient à présenter les évènements comme des émeutes fomentées par des bandes de voyous qui ne penseraient qu’à piller, incendier et racketter la population. Exactement comme ils l’ont fait pour le mouvement des gilets jaunes, ils s’attardent sur les violences et passent sous silence les revendications portées par les manifestants.

Qui a pu voir, par exemple, les images de la manifestation de samedi dernier qui s’est déroulée à Pointe-à-Pitre et qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes ? Qui a pu entendre les revendications des salariés et de tous ceux, mères de famille, chômeurs, qui se regroupent sur certains ronds-points ? Là, il est non seulement question de l’arrogance du pouvoir et de ses méthodes autoritaires en matière de vaccination, mais aussi du prix de la bouteille de gaz et de celui du pain, de la misère et du chômage.

Ce qui est dénoncé, c’est un pouvoir qui se moque des problèmes de la population. C’est un pouvoir qui a été complice de l’empoisonnement au chlordécone et qui ne bouge pas le petit doigt pour essayer de dépolluer les sols. C’est un pouvoir qui est incapable d’alimenter correctement la population en eau depuis des années.

Installé à 7000 km, le gouvernement continue de traiter les Antilles comme des colonies et fait des Antillais des citoyens de seconde zone. En métropole, le taux de chômage est de 8 %, contre 20 % aux Antilles où il y a moins de formations pour les jeunes, moins de lits d’hôpitaux, moins de médecins… Mais, intérêt de la bourgeoisie sucrière oblige, il y a traditionnellement plus de sucre dans toutes les boissons commercialisées, et donc plus de personnes souffrant du diabète ! Tous les prix sont plus élevés aussi, y compris celui des bananes pourtant produites localement.

En résumé, tous les problèmes qui se posent ici aux classes populaires, les petits boulots, les bas salaires et l’inflation, se retrouvent là-bas de façon décuplée.

Cette révolte a les mêmes raisons que celle qui avait débouché en 2009 sur le mouvement contre la « profitation ». Celui-ci avait duré 44 jours, avec de grandes grèves qui avaient mis le pouvoir d’achat au centre des revendications. Eh bien, pour que les classes populaires aient une chance d’arracher l’amélioration de leur vie quotidienne, il faut que les travailleurs en deviennent l’aile marchante !

Pour l’heure, le gouvernement a accordé aux Guadeloupéens ce qu’il avait déjà concédé en Martinique, c’est-à-dire que l’obligation vaccinale ne soit effective qu’au 31 décembre. Il a aussi promis 1000 emplois jeunes. On est loin du compte ! Mais ces petits gestes prouvent que la mobilisation fait bouger les choses. Alors, souhaitons que ceux qui se mobilisent sur les barrages, dans les manifestations et les grèves depuis quinze jours continuent à le faire !

Le ministre des Outre-Mer s’est dit prêt à discuter de l’autonomie. C’est une grossière diversion ! Des notables extérieurs à la révolte populaire et certains indépendantistes peuvent être intéressés par un changement de statut. Mais ni l’autonomie ni même l’indépendance ne feront sortir de la misère les pauvres de Guadeloupe et de Martinique ! L’autonomie ne forcera pas les bourgeois antillais et les « Békés », héritiers des planteurs esclavagistes, à être moins rapaces vis-à-vis des exploités.

Personne n’est dupe. Si le ministre Lecornu parle aujourd'hui d’autonomie, c’est pour refuser de mettre plus d’argent pour les hôpitaux. C’est pour refuser de mettre les moyens nécessaires dans un plan de réfection du réseau d’eau. C’est pour ne pas parler d’augmentation des salaires et des allocations et de leur indexation sur les prix.

Autonomie ou pas, les travailleurs sont bien placés pour savoir qu’ils ne se feront respecter qu’en se battant pour leurs revendications. Si depuis 2009, les gains de la mobilisation ont été perdus, c’est que les travailleurs ont baissé la garde quand les patrons, eux, ont continué leur offensive.

Aujourd'hui, les classes populaires des Antilles sont en situation d’inverser le bras de fer parce qu’elles se battent. Pour nous tous ici, cela doit être une source d’inspiration !

Nathalie Arthaud  

Le 29 novembre 2021

lundi 22 novembre 2021

Guadeloupe : qui sème la misère récolte la colère !

La mobilisation contre le passe sanitaire et l’obligation vaccinale, particulièrement forte aux Antilles depuis l’été, vient de se transformer, en Guadeloupe, en mouvement de révolte générale.

Le jour, les piquets de grève et les barrages rassemblent des travailleurs de la santé, des salariés de l’hôtellerie-restauration, des sapeurs-pompiers, des enseignants, des travailleurs des Ehpad ou encore des travailleurs d’ArcelorMittal en grève depuis plus de deux mois. La nuit, ce sont des bandes de jeunes qui cherchent à défier la police en allumant des incendies ou en pillant.

L’étincelle qui a mis le feu aux poudres est la suspension sans salaire des travailleurs de la santé non-vaccinés. Comme ici en métropole, de nombreux soignants ont vécu l’obligation vaccinale, assortie de menaces et de sanctions, comme une énième humiliation. Et on les comprend !

L’État les a envoyés au front du Covid au péril de leur santé, sans leur fournir le matériel de protection élémentaire. Il a toujours refusé d’accorder les moyens nécessaires en matériel, en équipement et en personnel aux hôpitaux, et voilà qu’il s’érige en donneur de leçons et qu’il sanctionne ceux qui ne sont pas prêts à se faire vacciner en les suspendant sans salaire !

La vaccination est un moyen puissant pour combattre l’épidémie, mais les méthodes autoritaires qui l’accompagnent n’ont rien de sanitaire. Elles sont hautement politiques et servent d’abord à mettre au pas les travailleurs et la population. De fait, la non-vaccination est devenue un nouveau motif de licenciement, une attaque anti-ouvrière de plus, c’est ce que combattent les travailleurs de la santé en Guadeloupe et en Martinique, et c’est bien légitime.

Et qui peut s’étonner de la méfiance vis-à-vis de la parole des autorités de santé aux Antilles ? Pendant des décennies, elles ont autorisé les patrons de la banane à utiliser le chlordécone, un pesticide cancérigène qui a empoisonné ouvriers agricoles, sols et nappes phréatiques.

Parmi les raisons qui alimentent la révolte actuelle, on retrouve tous les ingrédients qui avaient déjà fait exploser la colère en 2009 avec le mouvement contre la « profitation » : l’extrême pauvreté, l’abandon et la déshérence d’une bonne partie de la jeunesse condamnée au chômage, les bas salaires, la vie chère et l’incurie de l’État.

Le gouvernement et les commentateurs n’ont pas de mots assez durs contre les bandes de jeunes casseurs qui sèmeraient « l’anarchie » et « le chaos ». Mais quand il n’y a pas d’électricité ni d’éclairage public pendant des mois, quand le ramassage des ordures est sporadique, c’est aussi une forme de chaos. Et celui-ci est organisé par l’État ! Les coupures d'eau font tellement partie du quotidien que les habitants de certains quartiers sont forcés de se déplacer vers des points où l'eau arrive : une école, un parc, le long d'une route, et ce depuis des années ! Serait-ce imaginable dans un département de métropole ? Non !

Il y a dans la façon de traiter la population antillaise une forme de mépris colonial insupportable. Ce qui est considéré comme un minimum en métropole ne l’est pas pour la Guadeloupe et la Martinique. Le gouvernement se vante d’avoir ramené le chômage à 8 % en métropole, eh bien, il s’élève à 17 % en Guadeloupe ! Quand la pauvreté frappe 14 % de la population dans l’Hexagone c’est 34 % en Guadeloupe. Et comment la jeunesse de l’île pourrait-elle ne pas se sentir méprisée quand elle ne trouve ni emploi ni formation sur place ?

La hausse des prix prend, aux Antilles, une tournure vertigineuse. Rien que le pain a augmenté de 68 % ! Tout cela avec des salaires et des pensions qui sont, comme en métropole, bloqués, quand ils ne sont pas baissés du fait de la suppression de certaines primes.

Si la cocotte-minute a explosé, Macron en est le responsable et, en envoyant des forces du Raid ou du GIGN, il ne fait que rajouter de l’huile sur le feu.

Pour l’instant, la colère prend des formes diverses, mais elle peut et doit être orientée contre le gouvernement et le patronat. Les travailleurs sont capables de le faire s’ils utilisent la force de la grève. En s’organisant à partir des entreprises, en arrêtant de produire les profits patronaux, le monde du travail peut avancer ses revendications, qui constitueraient un progrès pour toute la population : des embauches, des augmentations de salaire et leur indexation sur les prix, des moyens pour des services publics en déshérence…

Alors oui, une telle révolte sociale serait source d’inspiration pour nous tous ici !

Nathalie Arthaud

 Le 22 novembre 2021

 

 

lundi 15 novembre 2021

À bas l'Europe forteresse, travailleurs unissons-nous !

Ce qui se passe à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie est révoltant. Près de 3000 migrants sont massés à cette frontière, errent et dorment dans la forêt, dans l’espoir d’entrer en Pologne sans être refoulés. Exténuées par les jours et les nuits passés dans le froid, sans nourriture, une dizaine de personnes sont déjà mortes. Chaque jour qui passe menace de faire de nouvelles victimes.

Les dirigeants européens accusent le dictateur biélorusse d’avoir favorisé l’arrivée de migrants à la frontière pour déstabiliser l’Europe. Et ils s’indignent de ce qu’il aurait « instrumentalisé et manipulé les migrants ». C’est vrai, mais que font-ils d’autre, eux, si ce n’est de les laisser souffrir et mourir ?

Quand ils ne laissent pas les migrants mourir aux portes de l’Union européenne, ils s’arrangent pour qu’ils restent enfermés dans les mouroirs que sont les camps au Liban, en Libye ou en Turquie, ou qu’ils restent prisonniers de leur pays d’origine, comme l’Afghanistan ravagé par la guerre où la famine pousse des familles à vendre leurs enfants.

Oui, la palme du cynisme revient aux dirigeants européens, car les candidats à l’immigration ne demandent qu’à arriver par des voies sécurisées et légales pour demander l’asile. Au lieu de cela, ils se retrouvent sous la dépendance de passeurs sans scrupules et traqués comme des criminels.

Et nul besoin d’aller en Pologne pour constater que les dirigeants européens se moquent du sort des migrants, il suffit d’aller à Calais ou à Grande-Synthe où des milliers d’entre eux tentent de rallier l’Angleterre et subissent une traque incessante !

Parmi les millions de Syriens, d’Irakiens et d’Afghans qui sont chassés de chez eux par les guerres, les destructions et la misère, seule une petite fraction tente de rejoindre l’Europe développée. Mais cela suffit aux démagogues xénophobes, comme Zemmour, Le Pen et tant d’autres, pour parler « d’invasion ». Dans cette crise, les migrants sont assimilés à des « armes projetées contre l’Europe », mots qui permettent tous les délires, dont celui de les présenter comme de futurs délinquants ou de futurs terroristes !

Mais ces femmes et ces hommes sont ouvriers, secrétaires, techniciens, ingénieurs ou médecins. Et demain, certains parmi eux travailleront dans l’hôtellerie, la restauration, le bâtiment, ils seront routiers, auxiliaires de vie, intérimaires dans l’agroalimentaire ou l’industrie. D’autres aideront à faire tourner les hôpitaux ou les écoles. Parmi leurs enfants, il y a peut-être de futurs footballeurs ou des champions d’échecs, à l’image de cette jeune Syrienne de 14 ans, Leen Yaghi, sans papiers, qui a remporté le championnat de France. À côté de ceux qui prendront la lumière, il y aura tous ceux qui travailleront avec nous. Ces femmes et ces hommes sont des nôtres. Il faut qu’ils sachent qu’ils sont bienvenus dans le camp des travailleurs.

Il y a déjà eu trop de morts, trop de naufrages et de drames. Il faut la liberté de circulation et d'installation pour les migrants. Il faut l'ouverture des frontières. Pour les riches étrangers, fussent-ils des requins de la finance, les portes sont grand ouvertes ; pour des travailleurs qui ne demandent qu’à être utiles à la société, elles sont fermées.

Certains parmi les travailleurs sont inquiets parce qu’il y a déjà beaucoup de chômeurs. Mais le chômage, la précarité et les bas salaires ne dépendent pas des migrants. Ils dépendent du rapport de force avec le patronat et des luttes que le monde du travail est capable de mener contre les licencieurs et tous ces groupes capitalistes rapaces.

La bourgeoisie et ses politiciens opposent les salariés du privé aux fonctionnaires, les intérimaires aux CDI et les Français aux immigrés, pour dominer et s’enrichir sur le dos de tous. Face à eux, les travailleurs doivent faire bloc pour se défendre.

L’Europe est devenue une forteresse. La crise et les politiques anti-ouvrières menées par tous les gouvernements, de gauche ou de droite, y ont fait prospérer les partis souverainistes anti-immigrés.

L’extrême droite, championne du repli sur soi, pousse les politiciens dans un sens de plus en plus réactionnaire et même raciste, comme le montre la surenchère des mesures anti-immigrés, à laquelle participent les candidats à la présidentielle, de droite et même de gauche.   

Si nous n’y prenons garde, la barbarie du monde, la xénophobie et les guerres nous emporteront. Le nationalisme, la méfiance généralisée nous ont déjà rattrapés. Les travailleurs conscients doivent prendre le contrepied de cette évolution délétère.

Le capitalisme brasse les travailleurs du monde entier. Nous pouvons en faire une force à condition d’être conscients d’appartenir à un même camp, le camp des travailleurs, dont l’intérêt est de révolutionner la société de fond en comble.

Nathalie Arthaud

Le 15 novembre 2021

 

mardi 9 novembre 2021

Les profits s’envolent, les prix aussi : il faut imposer l’augmentation des salaires

La Bourse de Paris a fêté la semaine dernière l’envolée du CAC 40. Cet indice boursier, basé sur les 40 plus grandes entreprises françaises, a dépassé son précédent record historique, qui datait de l’an 2000. Et les commentateurs de s’extasier sur cette nouvelle preuve de la bonne santé de l’économie, tandis que le gouvernement explique que sa politique a permis une reprise sur les chapeaux de roues.

Le monde capitaliste a en effet de quoi se réjouir. Au grand casino de la Bourse, les milliards continuent à faire des petits. Les financiers salivent devant les profits record annoncés par les grandes entreprises, notamment celles du luxe, comme LVMH, mais aussi celles de l’énergie. Alors que chaque passage à la pompe assomme ceux qui doivent prendre la voiture, Total a engrangé 4,6 milliards au troisième trimestre 2021, multipliant ainsi ses bénéfices par 23, par rapport au même trimestre de 2020. Pour le géant du pétrole, c’est la flambée des profits !

Les travailleurs paient plein pot pour que les profits s’accumulent. Le patronat mène la lutte de classe férocement, et cela se traduit en bas salaires, précarité, chômage et conditions de travail aggravées. L’envolée des prix est un coup de massue supplémentaire. Après l’augmentation galopante des prix de l’énergie et des carburants, la valse des étiquettes au supermarché commence. Le prix du blé a bondi de 30 % et celui du pain commence à le refléter. Et les professionnels du secteur alimentaire veulent augmenter de 5 à 10 % les prix de denrées comme le sucre ou le lait.

Interrogé sur l’éventualité d’augmenter les bas salaires, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a osé dire que « quand on est payé au niveau du smic, on approche quasiment 1 500 euros net par mois ». Pour le gouvernement, la question est réglée : il en a fait suffisamment. Quel mépris ! Le smic est à 1 260 euros et le « quasiment » du ministre représente 240 euros de plus. C’est de l’argent de poche pour les capitalistes. Pour le monde du travail en revanche, ce serait une partie, et une partie seulement, de l’augmentation nécessaire.

Car même 1 500 euros ne permettent pas d’aller au bout du mois. Avec la flambée des prix du carburant, se rendre au travail devient un casse-tête insoluble pour une partie des travailleurs.

Pas une semaine ne passe sans qu’on entende patronat et gouvernement gémir à l’unisson sur le manque de main-d’œuvre. Derniers en date, les professionnels de la montagne déplorent le manque de saisonniers… tout en reconnaissant que les salaires et les conditions de travail ne sont pas « attractifs ». Un euphémisme, quand on sait qu’ils n’arrivent même pas à se loger !

À l’hôpital aussi, cette politique de bas salaires conduit à l’impasse, avec des lits fermés dans les services, des urgences forcées de restreindre leurs horaires d’accueil faute de soignants ! Même dans ces métiers, que beaucoup de travailleurs choisissent par vocation, comment supporter de ne pas pouvoir soigner correctement et, en prime, de ne pas pouvoir vivre dignement de son travail ?

Ni le patronat ni le gouvernement ne feront de cadeaux au monde du travail. Pour répartir la charge de travail entre tous et augmenter les salaires, pour répondre aux besoins de la population et mettre les moyens dans la santé, l’éducation, les transports, il faudra s’affronter à la classe capitaliste et au gouvernement à son service. Les augmentations conséquentes et nécessaires des salaires, des retraites et des allocations, les travailleurs devront les arracher. Il faudra aussi imposer leur indexation sur le coût réel de la vie, afin que leur augmentation ne soit pas réduite à néant par l’inflation. Ces objectifs ne peuvent être atteints qu’en engageant une lutte déterminée de l’ensemble du monde du travail.

Une organisation sociale incapable de payer correctement sa classe productive est condamnée. Les travailleurs doivent en avoir conscience. Non seulement pour défendre leurs intérêts matériels immédiats, mais pour que la société toute entière ait un avenir. L’euphorie actuelle de la Bourse démontre, s’il en était besoin, que les profits sont là. Mais elle est aussi un signal d’alarme : les centaines de milliards de liquidités disponibles grâce aux faibles taux des banques centrales et à la générosité des États envers les capitalistes, nourrissent la spéculation et préparent le prochain krach. Il est urgent que les travailleurs, qui font tourner toute la société, contestent la direction de l’économie à cette classe capitaliste irresponsable et nuisible.

Nathalie Arthaud

Le 8 novembre 2021

 

lundi 1 novembre 2021

La 26ème grand-messe pour le climat a démarré ce dimanche à Glasgow. Comme toujours, les chefs d’État vont promettre et jurer, main sur le cœur et larme à l’œil, qu’ils feront mieux demain. La réalité est qu’ils nous conduisent à la catastrophe.

En 2015, lors de la COP21 à Paris, ils avaient reconnu la nécessité de contenir le réchauffement pour viser 1,5° C. Mis à part la Gambie, aucun État n’a tenu ses engagements, la France pas plus que les autres. Alors, Macron n’a pas de quoi parader !

Cela fait près de 30 ans que les chefs d’État se réunissent dans l’objectif de lutter contre le réchauffement climatique et 30 ans que les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter. Même les promesses financières destinées à aider les pays du Sud à faire face au changement climatique n’ont pas été tenues, alors que des centaines de milliards sont engloutis dans la spéculation et les grandes fortunes !

Les commentateurs appellent à « passer des paroles aux actes ». « Nous partageons la planète, alors il faut plus de coopération internationale », entend-on aussi. C’est vrai, mais faut-il rappeler que la France et la Grande-Bretagne sont en train de s’écharper sur quelques dizaines de droits de pêche par démagogie nationaliste ?

Au service des capitalistes, tous les gouvernements placent les intérêts de leurs industriels, la course aux profits et la guerre commerciale au-dessus de tout. Ils les placent au-dessus des salaires, des droits et des conditions de vie des travailleurs. Et ils les font passer avant les considérations climatiques.

C’est ainsi que Macron a repoussé la date d’interdiction du glyphosate. C’est ainsi qu’il a autorisé Total à forer en Guyane cinq puits d’exploitation offshore. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne peut pas faire confiance à Total ! Pendant 50 ans, Total, disposant d’études sur les conséquences des hydrocarbures pour le réchauffement climatique, les a dissimulées au public, afin de rester un roi du pétrole…

Entre autres renoncements, Macron a refusé d’inscrire dans la loi Climat la taxation des véhicules les plus lourds et a rechigné à supprimer les liaisons aériennes pouvant être effectuées en train. « Cela revient à nier la liberté des entreprises d’investir où elles le souhaitent. C’est vraiment aller trop loin ! » Ce cri du cœur d’une députée macroniste résume l’état d’esprit des gouvernants : le moindre contrôle sur les décisions des capitalistes est un sacrilège.

Autrement dit, il faudrait accepter les décisions prises dans le secret des conseils d’administration des grands groupes capitalistes qui sont les principaux pollueurs, quand bien même elles sont nuisibles pour les hommes et la planète !

Tant que les intérêts du grand patronat s’imposeront, c’est sur la population et sur les travailleurs que pèseront les sacrifices. Du matin au soir, on nous dit que « chacun est responsable » et que l’on consommerait mal et trop. Cela revient à dédouaner les responsables qui nous dirigent. Et c’est surtout une façon de nous faire payer la crise climatique avec des mesures aussi injustes que l’interdiction de rouler pour les voitures classées crit’Air4, la taxe carbone ou l’augmentation des prix de l’énergie…  

Si l’on veut être responsable, il faut remettre en cause l’organisation capitaliste de l’économie. Toute politique écologique se heurte à la folie de ce système et à la spéculation. Un exemple en est qu’avec la flambée actuelle du prix du gaz, le charbon devient plus compétitif pour produire de l’électricité. Les grandes puissances, qui reprochent à la Chine d’ouvrir de nouvelles centrales à charbon, sont elles-mêmes en train de relancer son exploitation. Cette année, sa part dans la production européenne d’électricité a bondi de 14 % à 19 %.

En France, les politiciens se gargarisent des faibles émissions de gaz à effet de serre, mais nous ne pouvons leur faire confiance sur la maîtrise de la production nucléaire, elle aussi soumise aux lois de la rentabilité plus qu’à celles de la sécurité.

On ne sauvera pas la planète sans arrêter la course au profit et sans en finir avec ce système basé sur la propriété privée des grands moyens de production, sur la concurrence et le marché, source d’anarchie et de gaspillage incroyable.

Cette lutte correspond aux intérêts de tous les travailleurs qui sont les premières victimes de ce système. La crise climatique et la nécessité d’y répondre ne peuvent que nous conforter dans la perspective d’exproprier les grands groupes capitalistes pour les gérer collectivement et planifier l’économie à l’échelle planétaire. C’est le seul moyen de satisfaire les besoins présents et futurs de l’humanité.

Nathalie Arthaud 

Le 1er novembre 2021