jeudi 28 février 2019

Ascoval, Ford, PSA : contre la logique capitaliste, nos intérêts de travailleurs !

« Il faudrait faire payer l’impôt à tous, y compris aux plus modestes », a proposé la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault. Le gouvernement a aussitôt démenti, mais un de ses représentants aura à son tour joué sa petite musique contre les plus pauvres. Quelques jours plus tôt, Edouard Philippe avait expliqué qu’il faudrait exiger des « contreparties » en échange du RSA, comme si les bénéficiaires des aides sociales étaient de bienheureux profiteurs. Dans la même veine, Gourault pointe du doigt les travailleurs non imposables sur le revenu qui n’auraient pas « le sens de l’impôt » !

Il fallait oser ce mensonge grossier, alors que même les smicards, les précaires, les chômeurs ou les retraités au minimum vieillesse payent la TVA, l’impôt le plus inégalitaire qui soit, puisqu’il est au même taux pour tous, milliardaires comme ouvriers.

Inspirées par leur chef, les troupes de Macron savent désigner les plus modestes comme des irresponsables auxquels il faudrait inculquer le sens du bien commun. Et elles rivalisent d’imagination pour proposer de nouvelles façons de présenter l’addition aux classes populaires, au nom de la justice sociale. Pour ce gouvernement comme pour ses prédécesseurs, tout est envisageable, sauf s’en prendre aux capitalistes, aux véritables fabricants du chômage et de la pauvreté.

Ces derniers jours, des annonces de fermetures d’entreprises se sont succédé dans le pays. À Blanquefort, près de Bordeaux, c’est Ford qui confirme la fermeture de son usine et laisse 800 travailleurs sur le carreau, sans compter ceux des sous-traitants. Dans l’Est, PSA veut transférer sa production d’Hérimoncourt à Vesoul, à plus de 80 km de là, menaçant les emplois de 200 ouvriers en CDI et 30 intérimaires. Ce sont autant de catastrophes pour des centaines de familles de travailleurs.

« Ces gens-là jouent avec les vies de 280 personnes », s’est exclamé un ouvrier de l’aciérie Ascoval à Saint-Saulve, dans le Nord. Il commentait l’annonce par le repreneur Altifort qu’il n’avait pas les fonds nécessaires pour remettre l’activité en route. C’est le trust Vallourec, riche à milliards, qui s’était débarrassé de l’aciérie en 2017. Du ministre Bruno Le Maire au président de la région Xavier Bertrand, tous avaient parlé de l’injustice de cette fermeture et même de l’irresponsabilité de Vallourec.

Aux mensonges des capitalistes pour justifier les fermetures d’usines succèdent les mensonges des dirigeants politiques, justifiant leur impuissance par de prétendues réalités économiques, la concurrence ou les décisions de groupes privés. Ceux-là, il n’est jamais question de les contraindre à quoi que ce soit ! Les politiciens, si prompts à menacer les chômeurs et les bénéficiaires d’aides sociales qui ne permettent que de survivre, n’ont exigé aucune contrepartie aux centaines de millions d’euros que l’État a versés à Vallourec au fil des ans, en prétendant sauver les emplois et l’usine.

Oui, dans sa course au profit, le grand capital ne tient pas compte de la vie des familles ouvrières qu’il condamne, des régions où toute la vie sociale se dégrade quand le travail disparait. Les travailleurs n’ont que leur salaire pour vivre et ils n’ont la main sur aucune des décisions qui affectent toute leur vie. Le pouvoir d’achat, les contraintes et la durée du travail, l’organisation de la vie de famille, rester dans une région ou en partir faute d’emploi : toute notre vie dépend des intérêts d’une poignée de grands actionnaires.

Cette logique n’écrase pas seulement la classe ouvrière. Les petits commerçants d’Hérimoncourt, qui ont baissé le rideau et manifesté aux côtés des travailleurs de PSA contre la fermeture de l’usine le savent. Ils dépendent du pouvoir d’achat des travailleurs et sont bien souvent sous la coupe des banques et des fournisseurs. Et parmi les agriculteurs, auprès desquels Macron est allé faire son show à l’ouverture du Salon de l’agriculture, combien ne vivent pas de leur travail, pris en tenaille entre les prêts bancaires d’un côté et la grande distribution de l’autre ?

Dans ce capitalisme en crise, la grande bourgeoisie intensifie l’exploitation pour maintenir ses profits. Elle continuera à tirer les travailleurs en arrière s’ils n’organisent pas la riposte. Les travailleurs sont au centre de la production et font fonctionner toute la société. Ils peuvent imposer leur contrôle à ces grands groupes, dont les décisions conditionnent le droit à l’existence des classes populaires. Oui, les travailleurs ont les moyens de contester la domination du grand capital, qui menace l’avenir de toute la société. 
 
Le 25 février 2019

lundi 18 février 2019

Combattre le capitalisme, une nécessité matérielle et politique

Après l’agression antisémite dont Finkielkraut a été victime, une partie de la caste politique et médiatique instruit un procès à charge contre les gilets jaunes. Oubliées les revendications légitimes de hausse du pouvoir d’achat ! Oubliée la demande de justice sociale et du rétablissement de l’ISF ! Le mouvement est ravalé à une « horde » complotiste, haineuse et violente.

Tout travailleur conscient rejette la saloperie antisémite comme toutes les autres formes de racisme. Les crapules qui profitent de ce mouvement populaire pour parader rappellent les pires moments de l’histoire où les Juifs, les Tziganes et les militants ouvriers antifascistes étaient menés aux camps d’extermination.

Les antisémites, comme les xénophobes et les racistes, qu’ils viennent de l’extrême droite ou des milieux intégristes religieux, préparent une société barbare dont les travailleurs seraient les principales victimes. Mais l’antisémitisme n’a pas été inventé par les gilets jaunes !

S’il y a des responsables à pointer du doigt, il faut les chercher du côté de ces dirigeants politiques qui manifesteront peut-être mardi 19 février pour le dénoncer. En accusant les immigrés de tous les maux et en nous renvoyant en permanence à notre identité nationale, ils alimentent le climat délétère sur lequel peut aussi fleurir l’antisémitisme. Alors, que ces gens-là fassent la leçon aux gilets jaunes est révoltant !

Il y a trois mois, plusieurs centaines de milliers de femmes et d’hommes ont revêtu le gilet jaune pour exprimer une colère sociale. Chaque semaine, des dizaines de milliers d’entre eux continuent de se mobiliser. Pas seulement dans les manifestations du samedi, mais aussi sur des ronds-points et dans des petites villes où les caméras de télévision ne trouvent rien de croustillant car il n’y est question que de fins de mois difficiles et de galères de boulot.

Les mille et une injustices quotidiennes subies par les travailleurs et les plus pauvres, parmi lesquelles le mépris social si souvent teinté de racisme, n’intéressent pas du tout le gouvernement. Ce dernier a organisé le grand débat pour noyer les revendications sociales dans un tas d’autres problèmes et pour laisser pourrir le mouvement.

Mais c’est toute la situation économique, sociale et politique qui est en train de pourrir !

Le gouvernement essaye de faire croire à la sortie du chômage de masse parce que le taux de chômage aurait baissé et que des entreprises n’arrivent pas à recruter. Mais les suppressions d’emplois continuent dans toutes les grandes entreprises. L’État-patron lui-même refuse d’embaucher dans les hôpitaux, l’éducation et tous les autres services utiles à la population. Et des milliers de personnes attendent désespérément une formation à Pôle emploi.

En réalité, la crise économique s’approfondit. Les injustices et les inégalités explosent parce que la classe capitaliste est de plus en plus rapace et aveuglée par la recherche du profit. Et toute l’économie est gangrenée par la finance.

Emploi, salaire, retraite, logement, garde des enfants, déserts médicaux, transports publics, prise en charge des handicapés ou des personnes âgées dépendantes… le gouvernement est incapable d’apporter la moindre solution à des problèmes élémentaires et quotidiens.

Il est également incapable d’enrayer les catastrophes climatiques et humanitaires qui menacent la société. Et il l’est tout autant pour contrer la montée des idées réactionnaires et le délitement moral de la société qui sont alimentés par le repli sur soi, la misère et la marginalisation sociale. Cela a de graves conséquences car les forces politiques les plus réactionnaires prêtes à s’appuyer sur les pires préjugés sont à la manœuvre avec l’ambition de prendre la place de partis politiques discrédités.

Si elles parviennent au pouvoir, ces forces se porteront au secours de l’ordre bourgeois et en commençant à s’en prendre aux immigrés, avant d’attaquer l’ensemble du monde du travail.

Pour les travailleurs, lutter pour leurs intérêts matériels ne peut suffire. Il faut aussi lutter contre le système capitaliste, porteur de bien d’autres menaces. Lever le drapeau de l’émancipation sociale, c’est-à-dire d’une société débarrassée de la dictature du grand capital, doit être leur perspective.

Tous les jours, des travailleurs sont amenés à se défendre contre le grand patronat. Il faut que leur combat devienne collectif, le combat de la classe ouvrière contre la classe capitaliste. L’aboutissement doit en être le renversement de ce système capitaliste qui empoisonne la société. 
Le 18 février 2019

lundi 11 février 2019

Comédie franco-italienne : un avant-goût de la campagne des Européennes

Rien ne va plus entre les gouvernements français et italien ! Parce que le vice-Premier ministre italien a rencontré des gilets jaunes en France, Macron a décidé de rappeler son ambassadeur à Rome, chose inédite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Cette montée de testostérone s’inscrit dans une longue série de provocations verbales entre les deux gouvernements. Macron a parlé du gouvernement italien comme de « la lèpre nationaliste ». En réponse, Salvini, le sulfureux leader de la Ligue du Nord, a désigné Macron comme « un très mauvais président qui gouverne contre les Français »… Alors, comme l’a dit Griveaux, le gouvernement a voulu « sonner la fin de la récréation » !

C’est peut-être la fin de la récréation, mais ce n’est pas la fin de la comédie. Car à l’approche des Européennes, chacun des protagonistes a intérêt à la faire durer. Macron veut se faire reconnaître comme le champion de l’idée européenne, du libéralisme et d’un prétendu humanisme ouvert sur le monde. À l’opposé, Salvini et derrière lui Le Pen ont pris pour fonds de commerce le souverainisme et la lutte contre l’immigration. Ils se servent mutuellement de faire-valoir.

Tous deux partagent la même stratégie : remplacer le clivage gauche-droite par celui opposant les anti et les pro-Européens.

Pendant près d’un siècle, le PS et le PCF qui prétendaient représenter les intérêts des travailleurs ont fait croire que la lutte de classe s’exprimait électoralement dans l’opposition gauche-droite. Ils ont imposé l’idée que, quand on appartenait au monde du travail, il fallait éliminer la droite et toujours voter à gauche.

C’est ainsi que les classes populaires ont contribué à élire des Mitterrand-Hollande des années durant, pour finalement se rendre compte que rien de fondamental ne différenciait leur politique de celle des Chirac-Sarkozy. Eh bien, sous couvert d’opposition irréductible sur l’Europe ou l’immigration, les Macron et Le Pen voudraient enfermer les travailleurs dans le même type de piège !

Les uns sont partisans de l’Europe, les autres se disent souverainistes, mais ils sont, les uns comme les autres, des partis bourgeois. Ils sont les défenseurs de la propriété privée capitaliste et de l’exploitation. Ils raisonnent du point de vue des affaires de la bourgeoisie et, au pouvoir, ils défendent toujours la prospérité de cette minorité richissime contre les intérêts élémentaires des travailleurs et de la population.

Les gouvernements nationalistes qui font l’admiration de Le Pen, que ce soit le gouvernement italien ou celui d’Orban en Hongrie, mènent une politique antiouvrière qui n’a rien à envier à celle de Macron.

Dernièrement, Orban a autorisé les patrons à cumuler jusqu’à 400 heures supplémentaires par salarié avec la possibilité de les payer jusqu’à trois ans plus tard ! Quant à l’attelage Salvini-Di Maio, il s’emploie à flexibiliser le marché du travail et déroule le tapis rouge au grand patronat, exactement comme Macron.

Même en matière d’immigration, l’opposition entre ces deux camps n’est que de façade. Salvini s’est distingué dans l’ignominie en interdisant aux bateaux de secours aux migrants d’accoster en Italie. Macron n’a pas manqué de lui faire la leçon. Mais lui, qui se pose en humaniste, n’accepte les migrants qu’au compte-gouttes et ferme totalement ses frontières aux migrants économiques !

Macron a refusé tout geste de solidarité pour aider l’Italie à accueillir les 750 000 personnes qui y sont arrivées ces dernières années. Pire, il a rétabli la frontière à Vintimille, contraignant les migrants qui ont déjà risqué leur vie en traversant la Méditerranée à la risquer de nouveau en franchissant les Alpes à pieds. Autant dire que sa politique est aussi criminelle que celle de Salvini.

La comédie jouée par Macron avec le gouvernement italien est une répétition de celle qu’il jouera aux Européennes avec Le Pen. Ils ramèneront tous les problèmes à l’Europe et à l’immigration pour masquer la responsabilité de la bourgeoisie dans la crise actuelle.

Le monde du travail est écrasé par le grand capital. Le droit à vivre dignement, travailler, se nourrir et se loger correctement ne peut être imposé qu’en s’attaquant à la classe capitaliste et à son pouvoir. Ce sont ces objectifs et ces perspectives que défendra la liste « Contre le grand capital, le camp des travailleurs », présentée par Lutte ouvrière et conduite par Nathalie Arthaud. 
 
Le 11 février 2019

lundi 4 février 2019

La mascarade du grand débat et les intérêts des travailleurs

Pour que le « grand débat national » se substitue, dans les médias, au mouvement des gilets jaunes, Macron et ses ministres en font des tonnes. La mise en scène est soignée, avec des débats de plusieurs heures, où, en bras de chemise, ils écoutent patiemment et prennent des notes… Le tout, retransmis en direct à la télévision.

Le cinéma tourne parfois court, comme lors de cette réunion avec des maires d’outre-mer où Macron s’est exaspéré des trop nombreuses interventions de ceux qu’il appelle avec condescendance « les enfants »… Mais pour le pouvoir, ces petites contrariétés valent toujours mieux que la colère des gilets jaunes.

Cette colère populaire continue de s’exprimer, tous les samedis. Elle est alimentée par l’hypocrisie du gouvernement qui prétend redonner la parole au peuple mais qui limite de plus en plus le droit de manifester. Que ce soit en usant des violences policières pour mettre fin aux rassemblements ou avec sa loi prétendument anticasseurs, mais qui cible en réalité la liberté de manifester.

Pour mettre fin à la contestation, Macron aurait décidé de jeter un nouvel os à ronger : un référendum. Celui-ci viendrait conclure le grand débat et serait la preuve de la bonne foi du gouvernement : les citoyens auraient non seulement la parole mais aussi le pouvoir de décider. Après la mascarade du grand débat, le leurre du référendum !

Avec des questions multiples du genre : « Doit-on réduire le nombre de parlementaires ? », « Faut-il limiter le cumul des mandats dans le temps ? », Macron veut entretenir la fiction démocratique à bon compte puisque tous ces changements étaient prévus dans la prochaine réforme des institutions.

Peut-être pourra-t-il aussi introduire des questions touchant à la répartition des impôts. Tant qu’il s’agit de répartir les efforts au sein des classes populaires, Macron peut bien accepter quelques variations.

Mais il y a une chose que Macron n’acceptera jamais et sur laquelle il ne demandera pas notre avis, c’est de faire payer la grande bourgeoisie. C’est tout le problème car la condition ouvrière ne peut progresser sans toucher aux profits et au pouvoir de cette classe.

Au nom de la compétitivité, toutes les entreprises suppriment les emplois, font pression sur les salaires, aggravent les cadences et la flexibilité. Et cela vaut aussi pour les services publics, pour la poste, les hôpitaux que l’État ne peut plus financer correctement parce qu’il consacre de plus en plus d’argent à soutenir le grand capital. Autrement dit, le monde du travail est écrasé par le rouleau compresseur du grand capital. Et ce n’est pas la révision des institutions qui changera cela !

Pour faire valoir leurs revendications, les travailleurs ont intérêt à compter sur leurs propres moyens d’expression et d’action.

Au 1er février, la grande distribution a augmenté les prix alimentaires de 6,3 % en moyenne au prétexte qu’ainsi, les agriculteurs seront mieux rémunérés. On peut douter que l’argent aille dans leur poche, toujours est-il qu’il faudra payer plus pour acheter du fromage ou du lait. Les sociétés autoroutières augmentent leur racket de 1,9 %. Et c’est sans compter la hausse des loyers et autres charges incompressibles que sont le gaz et l’électricité. Eh bien, puisque les prix augmentent, les salaires et les pensions doivent suivre !

Six millions de femmes et d’hommes n’ont même pas le droit de travailler pour gagner leur vie. Et les fermetures d’usines se poursuivent, y compris dans des firmes richissimes ! Il faut un emploi pour chacun. Et s’il n’y a pas assez d’emplois, il faut répartir le travail entre tous.

Mais pour imposer ces revendications, il faudra se battre. Et cela ne peut se faire que si les travailleurs des grandes entreprises se lancent dans le combat en faisant grève. Cela ne se décrète pas et n’est pas chose facile. Mais les travailleurs ne feront pas l’économie d’un tel combat.

Mardi 5 février, la CGT appelle à faire grève et à manifester. Cet appel arrive après la bataille, car quand le mouvement des gilets jaunes était à son pic, la CGT comme les autres confédérations syndicales refusaient de s’y associer.

Alors, sans être dupes, les travailleurs ne doivent pas baisser les bras. Ils doivent se saisir de cette journée du 5 février. En répondant présent, ils affirmeront leur conviction que seule la grève peut toucher le grand capital en plein cœur et le faire reculer. 
 
Le 3 février 2019
Rassemblement à Vierzon
Mardi 5 février - 10h30
Forum République