lundi 28 janvier 2019

Le 5 février et au-delà, se battre pour nos intérêts de travailleurs

Ce week-end a été riche en manifestations. 70 000 gilets jaunes ont continué à faire souffler un vent de contestation, pour le 11ème samedi consécutif. Contre eux, les beaux quartiers ont péniblement rassemblé 10 000 manifestants pro-Macron, davantage émus par une vitrine brisée que par la casse sociale. D’autres rassemblements se sont aussi tenus pour la défense de l’environnement.

Alors pour débattre, oui, ça débat ! Et pas seulement dans le cadre voulu par le gouvernement, mais dans la rue, sur les places et dans les manifestations. Et ce, malgré la violence des forces de l’ordre contre les gilets jaunes, qui a fait 2000 blessés, dont 157 au visage, 18 éborgnés et quatre mutilés par des tirs de flashball ou par des grenades de désencerclement.

Violences policières, loi anti-casseurs, le gouvernement aura tout tenté pour mettre fin aux manifestations. Mais ce climat de contestation est salutaire, parce que rien ne viendra du gouvernement.

Le grand débat se résume surtout à une série de one man shows présidentiels. On voit Macron partout, tout le temps. Il écoute, se montre ouvert à toute proposition concrète… tant qu’elle ne coûte rien, ni à l’État, ni à la bourgeoisie. Dans le cas contraire, il assène vertement sa leçon.

Ce fut le cas à Bourg-de Péage dans la Drôme, où Macron n’avait plus affaire à des maires respectueux mais à des gens en colère. Exaspéré, il a répondu : « Il faut proposer des vraies réformes, mais la vraie réforme, elle va avec la contrainte, les enfants » ! La semaine précédente, il avait déjà déclaré : « Les gens en situation de difficultés, on va davantage les responsabiliser, car il y en a qui font bien et il y en a qui déconnent

Traiter les travailleurs, les chômeurs et les retraités, comme des enfants qu’il faudrait raisonner, discipliner et contraindre, ça, Macron sait faire ! Il leur fait la morale, les culpabilise et veut leur faire porter tout le poids de la crise. Eh bien, qu’il continue, la colère n’en sera que plus grande !

S’il y a des comptes à demander, ce n’est pas aux plus pauvres ou aux chômeurs, qui ne sont responsables de rien. C’est à la classe capitaliste qui fait et défait l’économie.

L’économie dépend de ces milliardaires qui sont, année après année, plus nombreux et plus riches, au point qu’ils concentrent entre leurs mains autant de moyens, si ce n’est plus, que les États eux-mêmes.

Cette poignée de capitalistes détermine notre façon de travailler et de gagner notre vie, de nous nourrir, de nous déplacer, de communiquer. Elle décide de ce qui est fait des profits accumulés, de les investir… ou pas. Autrement dit, elle engage l’avenir de la société. Mais, contrairement aux travailleurs qui sont surveillés et contrôlés en permanence, elle est libre de faire ce qu’elle veut, comme elle veut.

Ford, PSA, Bic, la papeterie d'Arjowiggins…, nombre de grands groupes ferment des usines et mettent les salariés sur le carreau. Ils en ont le pouvoir. Quand bien même il y a des repreneurs possibles comme pour Ford à Blanquefort, les actionnaires préfèrent fermer parce qu’ils décident en fonction de leurs intérêts égoïstes, contre celui des travailleurs et de la collectivité. La seule façon de les empêcher de nuire est de les exproprier.

Quand l’État veut construire, par exemple, une ligne de chemin de fer, il réquisitionne les terrains et exproprie les particuliers au nom de l’intérêt général. Mais réquisitionner les usines que les grands groupes veulent fermer et qui ont été arrosées d’argent public est tabou.

C’est un tabou que les travailleurs ont intérêt à faire tomber. Car demander des comptes à la classe capitaliste, contrôler ce qu’elle fait des milliards qu’elle a accaparés au travers de l’exploitation, est une nécessité.

Pour augmenter les salaires, il faut prendre sur les profits. Pour embaucher massivement - et il n’y a que cela qui résorbera le chômage de masse et améliorera les conditions de travail de tous -, il faut encore prendre sur les profits. Pour plus de justice sociale et d’égalité, il faut mettre en cause la classe capitaliste, contester ses décisions et son pouvoir.

Le 5 février, un appel à la grève est lancé par la CGT. Les travailleurs qui ont compris la nécessité de se lancer dans l’action pour défendre leurs intérêts doivent se saisir de cet appel et entraîner autour d’eux. Une journée de grève ne suffira pas, mais ce n’est qu’au travers de la mobilisation des salariés dans les entreprises que la contestation pourra franchir une nouvelle étape. 
Le 28 janvier 2019

Rassemblement à Vierzon
Mardi 5 février - 10h30
Forum République
 

lundi 21 janvier 2019

On ne changera pas notre sort sans s'attaquer à la classe capitaliste

« Grande manœuvre », « grand foutage de gueule », les pancartes brandies dans les manifestations de samedi, qui ont encore réuni 84 000 personnes, montrent que les gilets jaunes ne sont pas dupes : c’est la mobilisation qui paye.

C’est la mobilisation qui a forcé Macron à lâcher du lest sur la CSG des retraités et qui amène aujourd'hui certaines entreprises à verser une prime exceptionnelle aux salariés. Et pour que les travailleurs arrachent de nouvelles concessions au gouvernement et au grand patronat, il leur faudra se mobiliser, encore et toujours.

Quel que soit le cinéma fait autour du grand débat national, Macron ne répondra pas à la colère sociale. Il fera, bien sûr, quelques aménagements pour montrer qu’il a pris en compte les remontées du débat. Il est déjà question d’adapter les 80 km/h et cela ne lui posera aucun problème d’anticiper les changements institutionnels qu’il voulait faire et d’introduire, par exemple, une pincée de proportionnelle à l’Assemblée nationale.

Mais la seule façon de répondre aux problèmes des salaires, des petites retraites, du chômage de masse et du manque de moyens de l’État est de s’attaquer aux profits de la classe capitaliste. Cela, Macron refusera toujours de le faire. Son refus de rétablir l’ISF, qui est somme toute symbolique par rapport à tous les cadeaux faits à la classe capitaliste, prouve qu’il ne touchera pas à un seul cheveu des plus riches.

Ce choix de classe n’est pas propre à Macron. Tous les présidents qui se sont succédé ont gouverné en faveur de la bourgeoisie et contre le monde du travail. Tous ont protégé la classe capitaliste, justifié ses profits et les reculs qu’elle impose à la condition ouvrière. Y compris Hollande, alors qu’il avait désigné la finance comme son ennemie. Et quel que soit celui qui remplacera Macron, il fera la même chose.

Draguer les investisseurs étrangers pour qu’ils daignent s’installer en France, comme le fait aujourd'hui Macron à Versailles, est le sport présidentiel favori. En leur temps, Sarkozy et Hollande avaient, eux aussi, déroulé le tapis rouge aux plus riches, avec le même discours : il fallait garantir une fiscalité avantageuse aux capitalistes, des facilités administratives et un marché du travail libéré des prétendues chaînes du code du travail. Et avec tout ça, l’économie était censée redémarrer !

Résultat, on s’enfonce dans la crise. Tout ce que ces prétendus investisseurs savent faire, c’est empocher les profits, amasser des montagnes de capitaux, tant et si bien que 26 personnes possèdent désormais autant que la moitié la plus pauvre de l’humanité, soit 3,8 milliards d’êtres humains.

Quand bien même ces grands groupes investissent très peu et ne créent pas d’emplois, les gouvernements n’ont pas d’autres politiques que celle de les servir. Quelles que soient leurs étiquettes, tous les politiciens défendent cet ordre social où une minorité concentre dans ses mains une masse de capitaux et détient plus de pouvoir qu’ils n’en ont, eux, à la tête de l’État. Gouverner dans le cadre de la domination de ce grand capital, c’est faire la politique qui lui convient et se soumettre à sa loi, la loi du profit.

La semaine dernière, Macron a déclaré : « Les gens en situation de difficultés, on va davantage les responsabiliser, car il y en a qui font bien et il y en a qui déconnent.» Mais quand les PDG versent 57 milliards aux actionnaires et bloquent les salaires, ils font bien ou ils déconnent ? Quand ceux qui possèdent des milliards de capitaux s’en servent pour racheter des concurrents ou spéculer en Bourse alors qu’il faudrait embaucher, investir dans la construction de logements et dans les transports publics, ils font bien ou ils déconnent ?

S’il y a des comptes à demander, ce n’est pas aux plus pauvres ou aux chômeurs, qui ne sont responsables de rien. C’est aux capitalistes, qui ont le pouvoir et qui décident ou non d’investir et de produire. Non seulement leur fortune est basée sur l’exploitation des travailleurs mais ils dirigent l’économie de façon irresponsable parce qu’ils sont aveuglés par leurs profits et se moquent des besoins de la collectivité.

Des problèmes aussi élémentaires que loger la population, la soigner ou s’occuper des personnes handicapées ou dépendantes paraîtront insolubles tant que les travailleurs ne mettront pas leur nez dans les affaires des grands groupes capitalistes.

Pour que la société reparte de l’avant, il faut contester le droit du grand capital de faire ce qu’il veut des profits que tous les travailleurs contribuent d’une façon ou d’une autre à produire. Il faut l’exproprier et prendre collectivement le contrôle de l’économie. 
 
Le 21 janvier 2019

lundi 14 janvier 2019

Grand débat national : cause toujours...

Pour tenter de reprendre la main, Macron a lancé « un grand débat national ». Celui-ci a pour objectif d’éclipser et d’étouffer la mobilisation des gilets jaunes et de ne pas répondre à leurs exigences.

Leur revendication la plus populaire est le rétablissement de l’ISF. Eh bien, par avance, Macron y met son veto ! Et en six pages et 34 questions, il n’y a pas un mot sur les salaires, l’emploi ou le niveau des pensions. Mais on peut toujours en causer, nous dit Macron. De qui se moque-t-il ?

Le problème n’est pas seulement de dire ce que l’on pense. Cela, des dizaines de milliers de femmes et d’hommes le font depuis trois mois. Le problème est d’imposer nos intérêts de travailleurs contre Macron, le président des très riches, et contre la classe capitaliste de plus en plus rapace. Pour cela, il faut instaurer un rapport de force.

Le fait que les gilets jaunes se soient rassemblés à 84 000 à la veille du lancement de ce « grand débat » montre qu’ils ne sont pas dupes. La dernière sortie de Macron sur les citoyens qui « oublient le sens de l’effort » a ainsi eu la réponse qu’elle méritait.

Le mouvement des gilets jaunes a montré que nombre de retraités, de femmes en précarité ou au foyer, de salariés et d’artisans ne veulent plus se taire. Peut-être pousseront-ils aussi leur coup de gueule dans le cadre de ce débat officiel, et cela se comprend. Mais croire que le débat national peut faire avancer les intérêts essentiels des travailleurs en termes d’emploi, de salaire ou de niveau de retraite, est une illusion.

Ceux qui décident des embauches et des licenciements, qui fixent les contrats, les salaires, les conditions de travail et déterminent les carrières, sont les dirigeants des entreprises. Ils ne décident pas en prenant l’avis des travailleurs et de la population. Ils prennent leurs ordres auprès des actionnaires et des propriétaires.

Ils se moquent non seulement de ce qui peut ressortir du grand débat, mais aussi de ce que peut dire ou recommander le gouvernement. Combien d’entreprises richissimes n’ont pas versé la « prime gilets jaunes » ? Quand les grands groupes décident de fermer une usine, comme Ford à Blanquefort ou PSA à Saint-Ouen, ils n’ont que faire des leçons de morale du ministre de l’Économie !

S’il arrive aux gouvernements de déplorer qu’il n’y ait pas de juste répartition des profits, ils ne font rien. La situation empire année après année et 2018 ne déroge pas à la règle puisqu’un record de 57 milliards de dividendes a été versé aux actionnaires, en hausse de 13 % par rapport à l’année précédente.

Qu’en déduire si ce n’est que les gouvernants et l’État n’ont pas de prise sur ces capitalistes ? Qu’en conclure si ce n’est que, derrière le pouvoir politique, se tient un pouvoir autrement plus puissant, le pouvoir de l’argent et de ceux qui le concentrent, les capitalistes ?

« Il faut donner plus de force à la démocratie et à la citoyenneté », dit Macron. Mais on peut multiplier les débats et les référendums, l’organisation sociale n’en sera pas plus démocratique ! Toute l’économie et nos vies de travailleurs sont soumises à la dictature du grand capital, aux rois des temps modernes que sont les grandes fortunes à la tête des multinationales de l’automobile, du pétrole, de la pharmacie, de la finance, de la banque ou des assurances.

Il y a six millions de chômeurs et il manque du personnel dans les maisons de retraite, dans les hôpitaux. Nombre d’autres besoins ne sont pas satisfaits. La société est plongée dans l’impasse parce que les capitaux sont concentrés dans les mains de cette infime minorité qui se moque de résoudre des problèmes aussi élémentaires que l’habitat insalubre ou le manque de médecins. Même entretenir des conduites de gaz qui datent du début du XXe siècle, comme celles qui ont été à l’origine d’une explosion samedi à Paris, ne fait pas partie de leurs préoccupations !

Cette minorité de capitalistes accapare les richesses produites collectivement au travers de l’exploitation et elle est libre de faire ce qu’elle veut de ses capitaux. Et comme son système est en crise permanente, elle choisit de les orienter de plus en plus vers la finance et la spéculation.

Il n’y aura pas d’issue tant que l’on n’enlèvera pas le pouvoir à la grande bourgeoisie en l’expropriant. « Faut-il enlever à la classe capitaliste son pouvoir de nuisance en l’expropriant ? ». Cela ne fait bien sûr pas partie des questions soumises au grand débat. Mais les travailleurs qui ont la volonté d’agir pour offrir un avenir vivable à la société doivent y répondre, et positivement. 
 
Le 14 janvier 2019

lundi 7 janvier 2019

Jaune, rouge ou noire, la colère est toujours là !

Avec la nouvelle année, le gouvernement espérait tourner la page des gilets jaunes. C’est raté ! Malgré les quelques concessions de Macron et la trêve des confiseurs, 50 000 gilets jaunes ont encore manifesté leur colère samedi dernier. Dimanche, quelques centaines de femmes gilets jaunes ont pris le relais dans une ambiance festive. Même affaibli, le mouvement multiplie les initiatives, et c’est tant mieux parce que cette contestation est légitime et salutaire.

Après avoir utilisé la carotte avec, entre autres, l’organisation d’un grand débat national censé déboucher sur des solutions, le gouvernement a opté pour le bâton. Depuis une semaine, il multiplie les provocations et fait monter la tension. Il a systématiquement utilisé la force pour faire évacuer les ronds-points. Il a redoublé d’invectives vis-à-vis des gilets jaunes. Aujourd'hui, il instrumentalise les affrontements qui ont émaillé les manifestations et l’attaque au Manitou contre le ministère de Griveaux, pour caricaturer un mouvement qui exprime surtout un mécontentement profond.

Quel que soit le devenir du mouvement des gilets jaunes, le mécontentement ne peut que grandir. Parce qu’on est en crise, parce qu’il y a plus de six millions de chômeurs, parce que le grand capital est de plus en plus rapace et les inégalités et les injustices de plus en plus révoltantes.

Aujourd'hui, des multimilliardaires réservent un billet pour faire le tour de la Lune en 2023. Des entreprises investissent des dizaines, des centaines de milliards, pour répondre à ce genre de caprices de riches ou, pire encore, alimentent la spéculation. Et le gouvernement dit qu’il n’y a pas d’argent pour les urgences hospitalières saturées, les Ehpad ou l’habitat insalubre !

Toute la société est bloquée parce que les capitaux se concentrent dans les mains d’une toute petite minorité et sont intouchables, inutilisables pour la collectivité. Au nom de la propriété privée, il est interdit de contrôler l’usage fait de ces capitaux. Il est interdit de les réquisitionner quand bien même la société en aurait un besoin urgent pour investir dans le logement, les transports, la santé ou l’éducation. Ces richesses, pourtant créées par le travail collectif de dizaines de milliers de travailleurs, échappent à la société. C’est ce qu’il faut changer.

Le mouvement des gilets jaunes a exprimé la volonté de mieux contrôler ce que font l’État et les élus de l’argent de nos impôts. C’est légitime. Mais contrôler ce que fait la classe capitaliste des richesses créées par l’ensemble du monde du travail l’est tout autant.

C’est dans les mains de cette minorité capitaliste que réside le véritable pouvoir. C’est le pouvoir de Ford ou de PSA de fermer une usine, celui de Sanofi ou Renault de gaver leurs actionnaires et de bloquer les salaires. C’est le pouvoir de Vinci de transformer les autoroutes en caisses enregistreuses, ou encore celui des banques de transformer leurs bureaux en salles de casino.

Une infime minorité décide seule de choix engageant toute la société. La véritable démocratie et le « pouvoir du peuple » n’auront de sens qu’une fois cette minorité détrônée, quand toute la population pourra donner son avis et surtout participer aux décisions sur la façon de gérer collectivement les grandes entreprises qui dominent l’économie.

C’est une nécessité non seulement pour les travailleurs mais pour toute la population, car on le voit, la loi du profit et de la concurrence écrase non seulement les ouvriers et employés, mais aussi nombre de petits patrons, commerçants et artisans qui, tout en travaillant d’arrache-pied, ne vivent pas mieux que la moyenne des salariés.

Il s’agit même du sort et de l’avenir de la société. Un monde qui ne permet pas de vivre dignement à ceux qui ne possèdent pas de capitaux ne peut être qu’un monde de plus en plus barbare. Et le nôtre le devient de plus en plus avec la tentation du repli sur soi et du nationalisme, avec la résurgence du racisme et du rejet de l’autre.

Il ne suffit pas d’en appeler à une meilleure répartition des richesses. Car il ne peut pas y en avoir de juste tant que le pouvoir appartient à la minorité qui contrôle ces richesses. Il faut prendre collectivement la main sur les capitaux des grands groupes capitalistes en expropriant la bourgeoisie.

Exproprier le grand capital, collectiviser les moyens de production, est le seul moyen pour réorganiser de fond en comble la production et faire en sorte qu’elle ne réponde pas à la demande de profits d’une minorité, mais aux besoins réels de toute la population. 
Le 7 janvier 2019

mardi 1 janvier 2019

Que 2019 soit l'année de la riposte du monde du travail !

Pour essayer de commencer 2019 moins mal, Macron s’est voulu offensif pour les traditionnels vœux du 31 décembre. Assurant que « parler vrai, c’est parler de la réalité », il a mis en garde les classes populaires : on ne peut pas « travailler moins et gagner plus, baisser nos impôts et accroître nos dépenses ».

C’est effectivement la réalité qu’il représente, celle d’un pouvoir au service du grand patronat, auquel il n’est pas question de demander quoi que ce soit. Macron l’a rappelé lundi soir : il entend poursuivre sa politique et a même confirmé les prochaines attaques, notamment contre l’indemnisation des chômeurs.

N’en déplaise au président des riches, le mouvement des gilets jaunes a démontré que la pression de la rue, la mobilisation collective de dizaines de milliers de personnes peuvent obliger même l’arrogant Macron à en rabattre et son gouvernement à céder en partie.

Cela ne suffit pas à répondre au problème du pouvoir d’achat. Comme le disait une manifestante : « On ne veut plus manger des miettes » ! Les mesures de Macron ne touchent qu’une partie du monde du travail et ne représentent que quelques euros, qui seront repris dans nos poches puisqu’il n’est pas question de toucher aux capitalistes.

Comme tous ses prédécesseurs, Macron maintient et accroît les milliards de cadeaux aux entreprises. Tous les gouvernements ont répété que c’est ce qui permet les investissements utiles, les embauches, voire les augmentations de salaires. Macron en est même à nous assurer que « le capitalisme ultra-libéral et financier va vers sa fin ».

Mais c’est tout le contraire ! Les milliards de subventions, de dégrèvements d’impôts, servent à assurer les profits des capitalistes, pas les emplois ou les salaires des travailleurs.

Le trust pharmaceutique Sanofi, qui a touché des centaines de millions d’euros au titre du CICE ces dernières années, a multiplié dans le même temps les plans de licenciements. Il vient de racheter un concurrent pour plus de onze milliards de dollars, tout en annonçant la suppression de 750 postes supplémentaires dans le pays !

Sur les marchés saturés du fait de l’appauvrissement des classes populaires, la production n’offre pas de débouchés suffisamment profitables aux yeux des grands actionnaires. Les milliards accaparés par la classe capitaliste sont dilapidés dans ce qui lui rapporte le plus et le plus vite : la spéculation ou les opérations financières. Quitte à entretenir ces mécanismes qui ébranlent tout l’édifice.

La dernière semaine de décembre a ainsi vu se succéder baisses et rebonds spectaculaires des valeurs des grands groupes sur les places financières mondiales. À l’heure des bilans de fin d’année, on nous dit que 2018 a été la pire année pour les marchés financiers depuis dix ans et qu’on va peut-être vers une récession. Qu’il s’agisse d’une énième secousse de l’économie ou d’un nouveau plongeon, le monde capitaliste est de toute façon incapable de sortir de l’impasse de la crise.

Et ce sont les travailleurs et les classes populaires du monde entier qui en font les frais, par l’aggravation de l’exploitation, l’augmentation du chômage et la dégringolade du niveau de vie.

La survie et les fins de mois impossibles à boucler du côté du monde du travail n’existent que pour l’enrichissement continu d’une minorité de grands capitalistes. Pour empêcher notre niveau de vie de sombrer, il faut s’en prendre à cette minorité qui règne sur l’économie, dont le gouvernement de Macron n’est que le porte-parole.

À juste titre, beaucoup trouvent légitime de demander des comptes à Macron et à son gouvernement des riches, qui les écrasent et les méprisent. Mais il est tout aussi légitime et plus nécessaire encore de contester la dictature du grand patronat sur l’économie. C’est le travail de millions d’ouvriers, d’employés, d’ingénieurs, de cheminots, de soignants, qui fait tourner toute la société. Il n’y a aucune raison de subir l’arbitraire des capitalistes pour garder son emploi ou gagner de quoi vivre correctement.

La fin de 2018 a montré que les classes populaires étaient capables de se mobiliser, de se retrouver et de revendiquer leur droit à une vie digne. Il faut que 2019 voie la colère et la mobilisation gagner les entreprises. Les travailleurs sont en mesure, par leurs luttes et leurs grèves, de faire reculer les capitalistes. Ils peuvent engager la lutte pour une augmentation générale des salaires, des pensions et des allocations. Ils peuvent imposer les mesures vitales pour l’ensemble du monde du travail et remettre en cause ce système économique qui conduit la société toute entière dans l’impasse. 
Le 1er janvier 2019