lundi 29 juin 2020

Face à la crise, imposer le maintien des emplois et des salaires !



L’abstention record au deuxième tour des municipales a été à la mesure du désintérêt des classes populaires à l’égard des élections. Pendant qu’une nouvelle cohorte de politiciens, peinturlurés en vert à la mode écologiste, se bousculent au portillon pour prendre la place des anciens notables discrédités, les riches possédants continuent à pousser un nombre chaque jour croissant de travailleurs vers le chômage et la pauvreté.

Le groupe pharmaceutique Sanofi vient d’annoncer sa volonté de supprimer 1 700 emplois en Europe, dont 1 000 emplois en France sur trois ans.

Est-ce que Sanofi rencontre des difficultés ? Absolument pas ! Avec un chiffre d'affaires au premier trimestre d’environ 9 milliards d'euros, en hausse de près de 7 %, il se porte très bien. Pendant l’épidémie de Covid-19, ses résultats ont été dopés par la vente de médicaments antidouleur, le Doliprane en particulier. Le groupe a même prévu de verser à ses actionnaires un dividende supérieur à celui de l'année précédente, pour un montant total de près de 4 milliards.

Pour les dirigeants de ces grands groupes, la course à la rentabilité ne s’arrête jamais. Alors que la précédente restructuration n’est même pas achevée, Sanofi met en œuvre un plan d’économies de 2 milliards d’euros annoncé il y a six mois. Selon l’un de ses dirigeants, cette réorganisation correspondrait à une « nouvelle stratégie », consistant à « abandonner certaines activités pour se recentrer sur quelques créneaux porteurs », autrement dit ceux qui rapportent le plus. Sanofi abandonne la recherche dans le diabète et les maladies cardio-vasculaires et se lance dans celle d’un vaccin contre le Covid-19 qui peut rapporter très gros…

« C’est la santé pour le fric », comme l’a résumé un syndicaliste de Sanofi. Pour les dirigeants de ce laboratoire, seuls comptent la courbe de leurs profits, les cours de leurs actions en Bourse et les dividendes qu’ils pourront verser à leurs actionnaires.

Dans la même semaine, la direction du finlandais Nokia, numéro 3 mondial des équipementiers télécoms, a annoncé un plan de suppression de 1 233 emplois, soit un tiers de l’effectif total du groupe en France. Là non plus, ce n’est pas l’épidémie du Covid-19 qui explique cette saignée. Depuis le rachat d’Alcatel par Nokia en 2015, c’est le quatrième plan de licenciements !

La politique des dirigeants de ces groupes illustre celle de toute la classe capitaliste engagée dans une guerre permanente pour les parts de marché et les profits, une guerre qui se mène toujours avec la peau des travailleurs.

Les licenciements, le chômage, l’appauvrissement des classes populaires ne découlent pas d’une fatalité économique, mais des choix qui sont faits pour sauver à tout prix les profits d’une minorité.

Rien ne justifie que des millions de femmes et d’hommes se retrouvent aujourd’hui au chômage, sans pouvoir vivre correctement ! Qu’il soit ouvrier chez Renault, employé chez Sanofi ou ingénieur chez Nokia, celui qui perd son emploi sait qu’il a peu de chances d’en retrouver un dans la situation actuelle. Défendre son emploi, c’est aujourd’hui une question de vie ou de mort !

Pour se défendre, les travailleurs devront se battre en mettant en avant un programme de mesures à imposer pour contrecarrer la politique des classes dirigeantes.

Aux plans de licenciements patronaux prétendument justifiés par les exigences de compétitivité et de rentabilité, les travailleurs devront opposer la nécessité de garantir un emploi à chacun à tout prix. Pour cela, il y a une solution simple qui consiste à répartir le travail entre tous et, pour s’assurer que les salaires soient véritablement maintenus, il faudra imposer leur indexation sur les prix.

Alors que les besoins sont criants dans la santé, l’éducation, les transports, le logement et bien d’autres domaines, les travailleurs devront imposer des embauches massives partout où c’est nécessaire pour satisfaire les besoins de la population. Pour financer ces mesures, il faut prendre sur les bénéfices passés et présents, ainsi que sur les fortunes des actionnaires. Et afin de vérifier que cela se fait, les travailleurs devront imposer leur contrôle sur les comptes des entreprises.

Il en va de l’intérêt du monde du travail, comme de la grande majorité de la société. 
 
Le 29 juin 2020

dimanche 28 juin 2020

LA LETTRE DE LIAISON DE LUTTE OUVRIERE

Chers amis et camarades,

Tout au long du « confinement », chaque semaine, nous vous avons informé de ce qui se passait dans les entreprises et dans la ville. Aujourd'hui, cafés et restaurants ont ouvert, les marchés ont repris, les écoliers sont rentrés....quant aux entreprises, sur Vierzon, elles n'ont jamais vraiment cessé le travail, même si les directions ont « modulé » au jour le jour en tirant le maximum d'argent du gouvernement avec l'utilisation du chômage partiel.
Comme vous l'avez vu, les attaques contre le monde du travail se multiplient et Vierzon ne fait pas exception à la règle. La Sipem a annoncé 37 licenciements. Chez Paulstra, le groupe Huchinson a prévu des réductions de postes, ….
A Issoudun c'est La Halle qui va fermer, Safran qui, après avoir licencié les intérimaires fait travailler au coup par coup.
Ce qu'ils nous prévoient c'est ou le chômage ou une vie de travail sans emploi stable, appelés au jour le jour en fonction des besoins, déplacés, vendus, jetés au gré des besoins d'une poignée de riches qui dirigent tout.
Nous pensons que tous ceux qui protestent et essaient de dire non ont raison de le faire. C'est pourquoi nous sommes allés participer aux manifestations pour dire non à la fermeture de La Halle à Issoudun.
Et nous étions également présents au rassemblement devant l'hôpital de Vierzon le 16 juin pour dire notre colère. En 25 ans, l'Etat a supprimé 100 000 lits et ce n'est que grâce au combat des hospitaliers et des habitants que la chirurgie et la maternité n'ont pas été fermées l'an dernier à Vierzon. Ce que demandent les personnels, aussi bien à l'hôpital que dans les EHPAD, ce ne sont pas des médailles (qu'ils sont d'ailleurs allés suspendre aux grilles de l'hôpital lors du rassemblement du 16 juin) ou des titres ronflants de « héros ». Ils veulent des moyens, des salaires corrects et des embauches.
Comme le disaient les témoignages des personnels hospitaliers qui ont travaillé sans compter leurs heures et en risquant la contamination tant ils étaient sous équipés : « C'est bien de nous applaudir, mais venez nous aider à obtenir de l'argent et des emplois pour l'hôpital. »
Les hôpitaux et les EHPAD n'ont pas à être rentables, ils doivent assurer les soins dont chacun, riche ou pauvre a besoin. Et il en est de même pour l'éducation, la Poste ou les transports !
Et dans les entreprises, il faut redire haut et fort que nous ne sommes pas des machines qu'on débranche et qu'on branche au gré des perspectives de profit. Nous avons besoin d'un emploi pour vivre. N'acceptons pas d'être réduits à la mendicité  pour que soient maintenues, voire augmentées les immenses fortunes de la classe capitaliste.
Pour ne prendre que l'exemple de Paulstra, voilà une entreprise qui dépend d'Hutchinson, donc de Total. Total est le groupe qui a versé le plus de dividendes à ses actionnaires. Ils ont reçu 1,8 milliard d'euros en avril, en pleine pandémie, et en 2019, Total a fait 13,8 milliards de profits dont 7 milliards sont allés aux actionnaires. Et combien de dizaines de milliards ces dix dernières années ?
Alors, nous tous qui n'avons ni capitaux ni cours boursiers à préserver, mais que notre salaire pour vivre, nous devons préparer une lutte massive et résolue pour dire « Il y a moins de travail, très bien ! Travaillons moins pour travailler tous ! Et prenons sur les profits pour maintenir les salaires ! ».
Sur tout cela, nous souhaitons échanger avec ceux qui nous ont aidés à intervenir lors des élections municipales.
C'est pourquoi, nous vous invitons à rencontrer les camarades qui seront sur le marché le Samedi 18 juillet.

 Régis Robin


lundi 22 juin 2020

Hors d'une lutte massive et résolue, point de salut pour les travailleurs !

Second tour des municipales ; mise en scène gouvernementale autour de la transition écologique ; remaniement ministériel en vue ; attente d’une énième prise de parole de Macron… le ronron politicien reprend.

Mais l’important est ce qui se passe sur les lieux de travail, car avec les suppressions d’emplois et les fermetures d’entreprises, la bourgeoisie est en train de détruire les conditions d’existence de centaines de milliers de travailleurs.

La catastrophe sanitaire n’a été qu’un intermède pour la bourgeoisie. Au lieu des 60 milliards de dividendes prévus, les actionnaires en ont touché 40 ! Ceux qui ont été privés de versement sont priés d’attendre un an. Quand on est multimillionnaire, ce n’est certainement pas le bout du monde !

Alors oui, il y a la crise économique. Mais les profits et les grandes fortunes n’ont pas disparu. Et la bourgeoisie a de quoi se sentir soutenue : avec 15 milliards pour l’aéronautique, 8 milliards pour l’automobile et 18 pour le tourisme, l’hôtellerie et la restauration, l’État a déployé les grands moyens. Eh bien, cela n’empêche rien : la bourgeoisie impose de nouveaux sacrifices aux travailleurs et planifie des milliers de licenciements !

Dans les secteurs où la rentabilité est compromise, elle retire purement et simplement ses capitaux et met l’entreprise en faillite. Là où il y a moins d’activité, elle supprime des emplois. Là où l’avenir est incertain, elle renvoie les CDD et les intérimaires et se débarrasse des prestataires. Les travailleurs ne sont pas mieux considérés que les machines que l’on branche, débranche et déplace au gré des perspectives de profits. Qu’ils aient besoin d’un emploi pour vivre n’entre même pas en ligne de compte !

Même gavée de milliards par le gouvernement, même à la tête de fortunes immenses, la classe capitaliste sera sans pitié pour les travailleurs. Pour accumuler plus de profits dans cette période de crise, elle exploitera davantage les uns et licenciera les autres. Pour assurer sa prospérité, elle appauvrira toute la population laborieuse. Car il ne s’agit pas seulement des salariés, mais aussi des petits commerçants, artisans, paysans dont les revenus dépendent du pouvoir d’achat ouvrier. C’est une déclaration de guerre à ceux qui ne peuvent vivre qu’en travaillant.

Si les travailleurs ne se défendent pas pour préserver leurs conditions d’existence, des millions de nouvelles familles sombreront dans la précarité et la misère.

Les travailleurs n’ont ni capitaux ni cours boursiers à préserver. Ils n’ont que leur emploi et leur salaire. C’est ce qu’ils ont d’essentiel à sauver dans cette crise. Alors, loin du cinéma politicien et des promesses démagogiques, l’essentiel est la capacité des travailleurs à répondre aux coups. Il n’y a point de salut pour les travailleurs, hors d’une lutte collective et déterminée. Celle-ci peut s’engager à partir d’objectifs simples et unificateurs.

Face à l’effondrement de l’activité, il faut répartir le travail entre tous les salariés présents dans l’entreprise, qu’ils soient en CDI, en CDD, intérimaires ou salariés de la sous-traitance. Si l’activité est réduite, les cadences doivent baisser et le temps de travail doit être réduit, et les salaires maintenus intégralement en prenant sur les profits.

Face à la stratégie patronale d’opposer les travailleurs ou les sites en surchargeant d’activité les uns et en mettant les autres au chômage, il faut imposer de travailler moins pour travailler tous ! Pas un ouvrier, pas un employé, pas un intérimaire ou un contractuel ne doit être chassé de son poste de travail ni privé de son salaire !

Pour résorber le chômage, il faut créer massivement des emplois. L’épidémie de Covid-19 a mis en évidence le manque de personnel dans les hôpitaux. Pour qu’ils ne soient pas débordés, il a fallu des milliers de volontaires ! Les besoins sont tout aussi flagrants pour soigner les personnes dépendantes, pour l’éducation et la petite enfance, pour les transports ou pour la Poste.

Ces milliers d’emplois ne sont pas créés, car la bourgeoisie s’y oppose, comme elle s’oppose à toutes les dépenses publiques qui ne lui sont d’aucun profit. Mais les hôpitaux ou les Ehpad n’ont pas à être rentables financièrement. Ils ont à assurer tous les soins dont chacun, riche ou pauvre, a besoin !

Alors, il faut se battre pour la création d’emplois qui ne génèrent pas de profits privés. À la logique de rentabilité et de performance de la bourgeoisie, les travailleurs ont à opposer la leur : des emplois, des augmentations de salaire et un contrôle ouvrier sur les agissements du grand patronat qui nous mène de crise en crise ! 
Le 22 juin 2020

mercredi 17 juin 2020

Hôpital de Vierzon : un rassemblement réussi

500 personnes se sont regroupées dans la cour de l'hôpital de Vierzon pour manifester leur solidarité avec le personnel hospitalier. Infirmières, aides soignantes, médecin ont témoigné de ce qu'ils ont vécu pendant les mois de pandémie.

Dans ces témoignages émouvants, s'est aussi exprimée la solidarité de la population qui s'est depuis des années mobilisée pour le maintien des services (et notamment pendant plusieurs mois pour sauver la chirurgie et la maternité), la solidarité aussi entre tout le personnel, techniciens, ouvriers, aide soignante, infirmières, médecins.

Et furent dénoncées les manœuvres scandaleuses du gouvernement, au service des financiers : prime à la carte pour diviser, médailles ridicules et pas d'augmentation des salaires, négociations interminables du « Ségur de la santé » qui ne débouchera sur rien.

A la fin du rassemblement, tout le personnel hospitalier est allé accrocher les médailles au grilles de l'hôpital en disant « on n'est pas des héros, on est des soignants qui voulons soigner correctement ».

Et dans les petits groupes, beaucoup parlaient des entreprises qui licencient dans toute la ville et du prochain rendez vous.

mardi 16 juin 2020

Non à la fermeture de La Halle à Issoudun et Montierchaume !


Samedi 13 juin, c'est une manifestation de plus de 500 personnes qui a parcouru toute la ville d'Issoudun pour dire « non à la fermeture des sites de logistiques d'Issoudun et de Montierchaume ».

Près de 700 travailleurs au total risquent de se retrouver à la rue fin juillet. Ils se posaient la question « que faire maintenant ? », comme l'a crié un manifestant en interrompant les discours. Les discussions se multipliaient pour dire que la Halle n'était pas un cas isolé, que les actionnaires s'en étaient mis plein les poches et qu'il n'y avait pas de raison que ce soient nous, travailleuses et travailleurs, qui fassions les frais de la baisse des ventes.

Beaucoup dans la manifestation dénonçaient les « fonds vautours » qui auraient raflé d'importants profits. C'est ce que confirmait d'ailleurs dans une interview récente, la consultante Laurence Anne Parent, qui déclarait que dans les années 1990, Camaïeu et La Halle étaient « des machines de guerre très rentables »... avant des rachats d'enseignes qui ont poussé à gagner sans arrêt du chiffre d'affaire et arriver au trop-plein.

Ouvrir les comptes des actionnaires et des banquiers et prendre sur leur profit pour maintenir les emplois, voilà ce qu'il faudra faire. La solution serait un combat qui rejoigne celui de l'ensemble du monde du travail pour exiger qu'aucune entreprise ne ferme et pour imposer la répartition du travail entre tous.

lundi 15 juin 2020

Crise sociale et économique : aux capitalistes de payer, pas aux travailleurs !

Réouverture des cafés et restaurants partout ; libre circulation en Europe ; retour dans les écoles… Dimanche soir, Macron, en pleine autosatisfaction, a annoncé un semblant de normalisation. Mais la période qui vient ne sera pas un retour à la normale.

La crise économique est là, et elle est sans précédent. L’activité de nombreux secteurs s’est effondrée. Renflouer les grandes entreprises de l’automobile, de l’aérien et de l’aéronautique, du tourisme, verser les pensions de retraites, les indemnités chômage, assurer les transports publics… tout cela se fait au prix d’un endettement colossal auprès des financiers.

La crise sanitaire a fait basculer dans le dénuement et le chômage total les salariés vivant de contrats précaires. Elle a donné le coup de grâce aux commerces qui arrivaient tout juste à surnager dans cette économie de requins.

Même ce qui semblait, jusqu’ici, stable et assuré est devenu incertain et source d’angoisse pour le monde du travail. Renault, Airbus, Bombardier, Vivarte, Hutchinson et bien d’autres suppriment des emplois par milliers. Le fait d’avoir un CDI et de travailler dans une grande entreprise n’est plus une protection. Le salaire que l’on croyait acquis est remis en cause par le chômage partiel, la suppression de primes ou par des chantages à l’emploi baptisés « accords de performance ».

Autre droit en voie de disparition : les cinq semaines de congés payés. Elles n’existaient vraiment que pour ceux en emploi stable, eh bien, cette année, elles ont disparu pour presque tout le monde ! Pendant le confinement, le grand patronat a en effet volé des jours, voire une semaine de congés à des millions de salariés.

La grande bourgeoisie est prête à tout pour préserver ses cours boursiers et ses profits, et ce ne sont pas les idées qui lui manquent !

Tavares, le PDG du groupe PSA, envisage, par exemple, de faire venir des ouvriers de Pologne et d’Espagne pour travailler en équipe de nuit dans l’usine PSA d’Hordain dans le Nord. L’idée étant de pouvoir faire l’inverse en cas de besoin, c’est-à-dire de prêter des ouvriers français aux usines polonaises ou espagnoles. Il veut transformer les ouvriers de son groupe en nomades de l’industrie, censés travailler un mois dans une usine, un mois dans une autre même si elle est à l’autre bout du pays, voire à l’autre bout de l’Europe.

Une vie de pions, déplacés, vendus, jetés au gré des besoins d’une minorité richissime ; une vie vouée au labeur et à l’exploitation : voilà l’avenir que le grand patronat nous réserve !

Non, nous ne retrouverons pas le train-train d’avant le Covid-19, si tant est que l’on puisse parler ainsi pour ceux qui se démènent, au jour le jour, pour joindre les deux bouts. Nous entrons dans une période de crises sociales et politiques d’ampleur parce que la bourgeoisie s’est lancée dans une offensive féroce contre le monde du travail.

La situation a déjà atteint, pour beaucoup, les limites du supportable, on le voit avec les manifestations de la jeunesse contre le racisme et les violences policières, comme on l’avait vu avec les Gilets jaunes et la mobilisation contre la réforme des retraites. Ces mouvements de colère n’ont rien du coup de tonnerre dans un ciel serein. La société se fissure et se décompose depuis des décennies sous les effets du chômage de masse, des inégalités et des injustices. Tout se délite.

Même le pilier de cet ordre social injuste et inégalitaire qu’est la police rue dans les brancards ! Parce que les mercenaires de la bourgeoisie sont non seulement envoyés faire le sale boulot, mais ils sont eux-mêmes victimes de salaires et de conditions de travail indignes.

Alors oui, la situation est grave, mais le monde du travail a les moyens de la changer s’il conteste la dictature des actionnaires et des financiers.

Mardi 16 juin, les hospitaliers seront dans la rue pour dire leur colère : en 25 ans, l’État a supprimé 100 000 lits, et après l’épreuve qu’ils ont traversée, il ne leur offre que des médailles et une promesse de défilé, mais ni postes, ni lits, ni augmentations de salaire. Eh bien, il faut se mobiliser avec eux, le plus nombreux possible, car il ne s’agit pas d’intérêts catégoriels, mais de protester contre cette société où l’argent qui devrait aller à la santé, va aux financiers !

Les travailleurs ont un rôle essentiel à jouer dans la période. Il s’agit non seulement de sauver leurs conditions d’existence, mais aussi d’offrir une issue aux protestations actuelles.

C’est la domination de la bourgeoisie qui perpétue les injustices et oppressions raciales ou sociales. Seule la lutte des travailleurs, s’ils vont jusqu’au bout dans la défense de leurs intérêts d’exploités, peut la remettre en cause. 
Le 15 juin 2020

Manifestons le 16 juin : pour financer l’hôpital, il faut faire payer le capital !

Alors qu’une longue séquence de parlottes s’est ouverte au ministère de la Santé, avenue de Ségur à Paris, autour de l’avenir de l’hôpital, des manifestations sont organisées dans tout le pays mardi 16 juin pour rappeler les exigences des travailleurs de la santé : des hausses de salaire et des embauches immédiates. Des travailleurs d’autres secteurs s’y joindront aussi. Lutte ouvrière appelle à participer à ces manifestations.
 
A Vierzon, rassemblement à 10h30 devant l'hôpital .

lundi 8 juin 2020

Des États-Unis au monde entier : à bas le racisme et les violences policières !


L’onde de choc créée par le meurtre de George Floyd, il y a deux semaines à Minneapolis, continue de se propager au monde entier. Aux États-Unis, ces derniers jours, des centaines de milliers de personnes ont encore manifesté pour crier leur colère. Leur colère contre le meurtre raciste, de sang-froid, d’un homme à terre et menotté, qui dit qu’il ne peut plus respirer et va mourir. Leur colère contre ce sinistre écho de l’époque des lynchages et de la ségrégation, cette barbarie avec laquelle le capitalisme américain s’est construit. Comme cela a été dit lors d’un hommage, ce genou sur le cou de George Floyd, c’est celui qui écrase depuis longtemps les Noirs américains, aujourd'hui discriminés au travail, pour le logement, dans l’éducation et la santé, ainsi que l’a montré le lourd tribut qu’ils ont payé au coronavirus.

Quand Obama fut élu, certains ont dit que c’était la preuve que le pays avait soldé l’héritage de l’esclavage et de la ségrégation. On voit aujourd'hui que ce racisme gangrène toujours l’appareil d’État américain, de la base au sommet. À la base, avec ces flics racistes, chargés de défendre la loi et la propriété bourgeoise, et pour laquelle la vie des pauvres, des Noirs en particulier, ne vaut pas cher. Avec ces juges, qui les emprisonnent massivement. Au sommet, avec des hommes comme Trump, qui a fait sa carrière politique en stigmatisant les Noirs.

L’explosion de colère de ces derniers jours est sans doute aussi alimentée par la crise terrible que traverse la classe ouvrière américaine, avec ses 41 millions de travailleurs licenciés, avec ces dizaines de millions de personnes qui font la queue à l’aide alimentaire, tandis que Wall Street a retrouvé sa santé d’avant l’épidémie.

L’extension des manifestations au monde entier, de Buenos Aires à Sydney, de Jérusalem à Montréal, de Nairobi à Tokyo, résulte du fait que, partout, le racisme est présent. Partout, les violences s’abattent sur ceux qui, aux yeux des policiers, n’ont pas la bonne couleur de peau, la bonne nationalité et qui ont en outre, comme George Floyd, le tort d’être pauvre.

En France, des dizaines de milliers de personnes, des jeunes notamment, ont manifesté, malgré les interdictions. Le ministre Castaner s’en est offusqué, expliquant que la France est différente des États-Unis, et qu’ici la police n’est pas raciste. « Des violences policières en France, cela n'existe pas, c'est un mensonge », a renchéri le président du parti Les Républicains, tandis que le Rassemblement national appelait à la répression des manifestations par la police. Quel touchant consensus contre ces jeunes qui crient leur rejet du racisme !

La réalité, c’est que la police tue ici aussi, comme le sait la famille d’Adama Traoré, qui se bat depuis des années pour faire la vérité sur son décès aux mains des gendarmes. La réalité, c’est que la police est gangrénée par le racisme ici aussi, comme l’illustrent de nombreux épisodes récents. Il y a un mois, deux policiers marseillais ont été condamnés à des peines de prison pour avoir passé à tabac un jeune Afghan sur un parking ; après s’être défoulé, un des deux policiers avait dit à l’autre : « Ça fait du bien ! ». À L’Ile-Saint-Denis, fin avril, des policiers ont tabassé un Égyptien qu’ils avaient sorti de la Seine. « Un bicot comme ça, ça nage pas », avait glissé l’un. Il y a quelques jours, un groupe Facebook de milliers de policiers débordait de propos orduriers.

Oui, la police est tout à la fois traversée par le racisme et violente, en particulier contre les immigrés et les plus pauvres. La classe capitaliste et son État s’appuient sur elle. Partout, police et État défendent des systèmes fondés sur l’exploitation et sur les inégalités sociales. Partout, cela repose sur l’usage de la force et de la violence. Partout, la police et l’armée veillent à ce que les opprimés subissent l’oppression sans se révolter. Partout, elles défendent la propriété privée de l’économie et le sacro-saint profit.

Et, partout, le capitalisme charrie avec lui tous ces préjugés qui opposent les prolétaires à d’autres prolétaires : le racisme, le nationalisme, la xénophobie et le sexisme. Partout, le capitalisme divise pour mieux régner, il dresse les pauvres contre d’autres pauvres. Et partout, à Minneapolis comme ailleurs, les États capitalistes reposent sur des hommes de main qui entretiennent ces divisions.

Alors, il faut espérer que le combat engagé ces jours derniers contre le racisme et les violences de la police se poursuive, qu’il s’amplifie et qu’il s’attaque à la racine du mal, au capitalisme lui-même. 
 
Le 8 juin 2020

mardi 2 juin 2020

Travailleuses, travailleurs : un pour tous, tous pour un !

« S’ils veulent fermer l’usine, il faudra nous passer dessus », « MCA, c'est 21 ans de ma vie. À 48 ans, je retrouve quoi derrière ? Dans la région, il n'y a plus rien, ils ont déjà tout cassé ». À l’usine Renault de Maubeuge, l’annonce de la fin de l’assemblage des Kangoo, qui menace l’emploi de plus de 2 000 ouvriers, a fait l’effet d’un séisme.

Vendredi, toute l’usine était en grève et, samedi, une manifestation regroupait plus de 8 000 personnes. Pour une ville comme Maubeuge, c’est un succès et pour les ouvriers, un encouragement. C’est la preuve qu’ils ne sont pas seuls : bien des commerçants, artisans et autres travailleurs de la région se sentent concernés. Et pour cause !

Que l’on soit salarié, ouvrier, employé, ingénieur ou travailleur indépendant, nous sommes tous menacés. Les secteurs qui échappent à la crise économique sont des exceptions. La règle est le ralentissement brutal et la sous-activité, quand ce n’est pas l’arrêt total pour certains commerces et petites entreprises.

Au mois d’avril, Pôle emploi a enregistré 850 000 chômeurs supplémentaires. « Il ne s’agit pas de licenciements mais d’intérimaires et de CDD qui n’ont pas trouvé de nouvelle embauche », relativise le gouvernement. Mais qu’est-ce que cela change ? Pour ces femmes et ces hommes, le résultat est le même : ils ont perdu leur salaire et ont dû se contenter, quand ils en ont eu, de leurs maigres indemnités chômage.

Et il ne s’agit là que de la première vague ! La seconde s’annonce plus dévastatrice encore. Car il ne s’agit pas que de Renault. Les fermetures et les suppressions d’emplois, les faillites mêmes, sont attendues dans l’aéronautique, l’ameublement, le secteur touristique, la restauration, la mode…

Mais ce qui se passe à Renault doit être un signal d’alarme pour tous les travailleurs. Le constructeur est un symbole de l’industrie française. L’État possède 15 % de son capital et son plan de suppressions d’emplois a forcément recueilli la bénédiction du gouvernement, alors même que Renault est riche à milliards et que l’État va lui en donner cinq autres sous forme de prêt !

À travers Renault, le gouvernement donne le feu vert au grand patronat. Pour sortir de la crise, celui-ci veut « dégraisser », « restructurer », « fermer des usines » ? Eh bien, il peut y aller ! Que les travailleurs en soient conscients ou pas, la bourgeoisie et le gouvernement ont lancé le combat. Et nous sommes tous concernés car le patronat exigera des sacrifices de tous, il fera du chantage à l’emploi et se servira de la crise pour baisser les salaires et pressurer encore plus ceux qui resteront au travail.

Avec les plans de relance, des milliards pleuvent sur le grand patronat. Et pour les travailleurs, ce devrait être le chômage, la misère et l’aggravation de l’exploitation ?

Un emploi et un salaire, c’est la seule richesse des exploités dans cette société : personne ne peut accepter de les perdre ! Alors, il faut que les travailleurs se défendent. Il faut nous battre autour d’un objectif simple et efficace : la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire.

L’activité est réduite ? Il y a du chômage partiel ? Eh bien, il faut baisser les cadences et réduire le temps de travail avec les salaires maintenus intégralement ! Il y a peut-être moins de travail, mais l’argent coule à flot pour le grand patronat. Quant aux profits et aux fortunes accumulés ces dernières années, ils ne se sont pas volatilisés ! Cet argent doit servir à garantir l’emploi et le salaire de chaque salarié.

La répartition du travail sans diminution de salaire est un objectif de bon sens, dans lequel tous les travailleurs, qu’ils soient en CDI, en CDD, en intérim ou en sous-traitance peuvent se reconnaître et derrière lequel ils peuvent se souder. Ensemble, unis dans le combat, les travailleurs représentent une force considérable pour l’imposer.

À Renault, la répartition du travail entre tous, sans perte de salaire, peut être un puissant unificateur des salariés des différents sites, qu’ils soient officiellement menacés ou pas. De toute façon, les déclarations officielles du grand patronat et du gouvernement ne valent rien. Ils mentent comme des arracheurs de dents et ils l’ont bien montré ces dernières années ! Leur seule stratégie est d’opposer les sites et les travailleurs les uns aux autres, c’est de diviser pour régner.

Pour ne pas tomber dans ce piège, il faut se battre pour que chacun garde son emploi et son salaire. La mobilisation a commencé à la Fonderie de Bretagne à Caudan et à l’usine MCA de Maubeuge. Eh bien, cette combativité doit s’élargir à tous les salariés de Renault et, au-delà, à l’ensemble du monde du travail ! 
 
Le 1er juin 2020