lundi 29 juillet 2019

Crises climatique, économique... C'est le système capitaliste qui est en faillite !

Lors de la canicule qui a touché la plus grande partie du pays, on a beaucoup vu les ministres à la télévision, répétant qu’il fallait boire, éviter les efforts physiques ; le Premier ministre s’est même rendu dans un Ehpad… Tous ces politiciens ont brassé beaucoup d’air mais cela n’a pas rafraîchi grand monde…

Pour ceux qui n’avaient d’autre choix que d’aller travailler, toute cette mise en scène n’a évidemment rien changé. Le gouvernement a fait des recommandations mais ce sont les patrons, et eux seuls, qui décidaient de l’aménagement éventuel des horaires et des postes de travail. Là où cela dépendait directement de lui, dans les hôpitaux, le gouvernement n’a rien fait pour les aider à faire face à cette situation alors que depuis plusieurs mois, de nombreux services d’urgence sont en grève pour dénoncer le manque de moyens matériels et humains.

Pourtant, il serait tout à fait possible d’anticiper ce genre de phénomènes. Des scientifiques ne cessent d’alerter en effet sur les conséquences du réchauffement climatique et sur le fait que la fréquence des canicules devrait encore augmenter dans les années à venir. Plus grave encore, les rapports se succèdent sur les risques de voir disparaître de nombreuses espèces végétales et animales et de compromettre à plus long terme les possibilités de vie sur la planète. Des sommets internationaux se succèdent sans rien démontrer d’autre que l’incapacité des gouvernants à agir face aux périls qui menacent l’humanité.

Les gouvernements se préoccupent avant tout de défendre les intérêts de leurs multinationales, finissant toujours par se soumettre à leurs exigences. En fait, ils sont tout aussi impuissants à résoudre le problème climatique qu’à faire face à la crise de leur économie.

Les capitaux sont libres d’aller s’investir dans une mine de charbon polluante sans se préoccuper de la santé publique comme ils peuvent se tourner vers la spéculation, au risque de provoquer une crise financière aux conséquences dramatiques pour l’ensemble de la société. Dans cette société, aucune autre loi que celle de la recherche du profit maximum ne s’impose aux puissances d’argent !

Le capitalisme a d’ores et déjà plongé le monde dans un chaos destructeur. Les licenciements font exploser le chômage et la pauvreté, des régions entières sont maintenues dans le sous-développement, pour qu’une minorité d’actionnaires et d’ultra-riches puissent prospérer et afficher une fortune insolente. L’aggravation de la crise conduit à une concurrence de plus en plus acharnée, à des guerres commerciales qui se multiplient et qui menacent de se transformer en guerres tout court. Depuis des années, plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Afrique ont été ravagés par des conflits et des interventions militaires des grandes puissances. Des milliers de femmes et d’hommes sont contraints de fuir leur pays, prêts à risquer leur vie pour gagner l’Europe dont les frontières se hérissent de barbelés. Au fil des naufrages d’embarcations chargées de migrants, la Méditerranée est devenue un véritable cimetière.

Mais ceux qui meurent aujourd’hui sous les bombes ou noyés dans la Méditerranée sont peut-être l’image de l’avenir qui nous menace. Depuis plusieurs semaines, des bruits de bottes se font entendre dans la région du golfe arabo-persique où les États-Unis ont engagé une épreuve de force avec l’Iran. Personne ne peut prédire où peut conduire cette surenchère guerrière, car pour défendre leurs intérêts, les grandes puissances ont transformé le monde en une poudrière qu’une étincelle peut faire exploser.

Seule la classe des travailleurs peut offrir un autre avenir à la société. Placés au cœur de la production, ils sont en mesure de mettre fin à la domination de la bourgeoisie et de réorganiser l’économie sur des bases collectives et fraternelles. Pour agir sur le climat qui ne connaît pas de frontières comme pour mettre fin à la crise dans laquelle s’enfonce l’économie, il faudrait planifier à l’échelle planétaire l’utilisation des ressources naturelles et la gestion des déchets. Il serait alors possible de satisfaire les besoins du plus grand nombre tout en préservant l’environnement et l’avenir de la planète. En s’organisant autour de cet objectif, les travailleurs constitueraient une force irrésistible capable de renverser le capitalisme, ce système qui menace d’entraîner toute l’humanité dans sa faillite.
Le 29 juillet 2019

samedi 27 juillet 2019

Faire face à la crise et aux dangers de guerre

La tension monte dans le golfe Arabo-Persique. Depuis que les États-Unis ont interdit à l’Iran de vendre son pétrole, le détroit d’Ormuz, ce bras de mer large de quelques dizaines de kilomètres où circulent des milliers de pétroliers venant du monde entier, est devenu le point chaud du conflit.

Pour l’instant, il y a eu des drones abattus, des pétroliers attaqués ou arraisonnés et des déclarations menaçantes. Cela n’ira peut-être
pas plus loin et, après coup, ces événements seront présentés comme une des nombreuses périodes de tension finalement retombées. Mais rien ne le garantit.

Trump a annoncé au mois de juin qu’il avait annulé un bombardement aérien sur l’Iran dix minutes avant que ses avions ne décollent. Il a osé se donner le rôle du pacifiste, lui qui, depuis qu’il est élu président des États-Unis, joue au va-t-en-guerre aux quatre coins de la planète.

Mais derrière la comédie, il y a la réalité des armes. Les bombardiers B-52 sont bel et bien prêts à décoller. Des porte-avions et leur flotte croisent en mer d’Arabie et en Méditerranée, à portée d’intervention de l’Iran. Et 35 000 soldats sont stationnés dans les bases américaines des pays du Golfe.

L’Iran est acculé. En gendarme du monde capitaliste, les États-Unis veulent soumettre le pouvoir iranien qui leur tient tête depuis quarante ans. Et les déclarations des dirigeants iraniens ou leurs actions militaires, comme cet arraisonnement d’un pétrolier anglais au prétexte qu’il était entré en collision avec un bateau de pêche, illustrent surtout leur impuissance face à ce que ce pays et sa population subissent, depuis qu’un blocus économique est imposé par les États-Unis.

Jusqu’où ira Trump ? Plus de quinze ans après l’invasion de l’Irak, est-il en train de préparer une nouvelle guerre du Golfe, cette fois-ci contre l’Iran ? L’escalade actuelle est imprévisible et pourrait y mener, même au-delà des plans de la diplomatie américaine. Une telle guerre pourrait avoir des conséquences planétaires.

Déjà, le bras de fer entre les États-Unis et l’Iran a entraîné le positionnement de toutes les grandes puissances, des impérialismes européens au Japon et à la Russie, ainsi que celui de toutes les puissances régionales, de l’Arabie saoudite à Israël en passant par la Turquie.

Le monde est plongé dans un contexte de crise économique, de concurrence commerciale, d’excitations nationalistes et de course aux armements tel qu’une étincelle guerrière en un endroit pourrait se généraliser en incendie. Le Proche-Orient, qui est déjà ravagé par la guerre depuis des années en Irak, en Syrie ou au Yémen, est loin d’être le seul endroit de tension dans le monde. De l’Asie à l’Afrique en passant par l’Europe, toute la situation internationale est une gigantesque poudrière. Ce sont de telles périodes de tension qui, dans le passé, ont mené aux deux conflits mondiaux.

« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage », avait dit le socialiste Jean Jaurès bien avant 1914. Tant que les grands groupes industriels et financiers domineront l’économie, leurs guerres économiques mèneront toujours à des guerres militaires. Tant que ces grands groupes ne seront pas expropriés, collectivisés et pris en main par l’ensemble de la société, tant qu’ils resteront propriété privée d’une poignée d’actionnaires, le monde sera guidé par la seule règle que la bourgeoisie reconnaît dans sa recherche du profit maximum : « Après moi, le déluge. »

La classe ouvrière est la seule classe sociale capable d’offrir un autre avenir à l’humanité car, dans le combat contre le capitalisme, elle n’a rien d’autre à perdre que ses chaînes et elle seule peut proposer une organisation économique fondée sur la propriété collective des moyens de production et sur la planification de cette production en fonction des besoins de l’ensemble de l’humanité et de ses possibilités réelles.

La question de l’avenir de la société humaine est entre les mains des travailleurs. Ils doivent retrouver le chemin de la lutte de classe et de l’organisation collective pour défendre leurs intérêts matériels et leur droit à une vie digne pour tous. Mais, au-delà, ils doivent se donner les moyens de renverser cet ordre social capitaliste qui mène toute la société à la barbarie. La question n’est pas seulement de se défendre, d’imposer des augmentations de salaire ou des retraites correctes. L’avenir que la société capitaliste leur prépare, à eux et à leurs enfants, est peut-être d’aller au champ de bataille ou d’être écrasés sous les bombes, sur une planète rendue de plus en plus inhospitalière par les conséquences de la course au profit.

L’avenir dépend de la classe ouvrière, de sa capacité à prendre conscience de son rôle historique, qui est de changer cette société pour en faire une société humaine. Il dépend de la capacité des femmes et des hommes qui la composent de reconstruire, ici comme dans d’autres pays, des partis communistes révolutionnaires capables de concrétiser cette perspective. 
 
Le 24 juillet 2019

lundi 22 juillet 2019

Retraites : à la poubelle, la réforme du gouvernement !

Rendu prudent par le mouvement des gilets jaunes, dans lequel se sont engagés de nombreux retraités révoltés par le niveau de leur pension, Macron a repoussé l’examen du projet de réforme des retraites à 2020. Il promet « des mois de débat et de concertation » à partir des propositions de Delevoye. Sans doute espère-t-il faire passer la pilule en la diluant.

Comme à chaque fois, le gouvernement justifie sa réforme par le fait qu’il faut financer de plus en plus de retraités avec de moins en moins d’actifs. Pourtant, la productivité du travail a augmenté et chaque actif crée plus de richesses. Mais, dans cette économie en crise, la part des travailleurs est sans cesse rognée afin d’augmenter les profits des capitalistes.

La réforme fera donc les poches de tous les travailleurs. Au nom de la justice, elle entend supprimer les 42 régimes spéciaux dont bénéficient encore certaines catégories, notamment dans la fonction publique. La « justice » à la sauce gouvernementale, c’est voler tous les travailleurs et leur imposer une même régression.

En remplaçant le calcul sur les 25 meilleures années ou les six derniers mois par des points accumulés tout au long de la vie professionnelle, ce projet frappe en particulier les plus précaires, contraints aux temps partiels, à l’intérim entrecoupé de chômage, et aux salaires à minima. Il leur faudrait accepter des pensions encore plus basses à cause du peu de points accumulés.

Les travailleuses, auxiliaires de vie, employées du ménage ou de la grande distribution, premières concernées par le temps partiel imposé et les interruptions pour raisons familiales, seront les premières victimes de ce que Macron ose qualifier de projet « plus juste et plus simple ».

La valeur des points, elle, pourrait évoluer en fonction de la situation économique et démographique, autant dire selon le bon vouloir du gouvernement et du grand patronat. Et pour couronner le tout d’une couche d’hypocrisie, la réforme recule l’âge de départ tout en prétendant ne pas y toucher. Car partir à 62 ans signifiera accepter une pension amputée de 10 % !

La réforme envisagée par Macron poursuit et aggrave les politiques précédentes. En 1993, Balladur faisait passer de 37,5 à 40 le nombre d’annuités nécessaires et, en 2010, le gouvernement Sarkozy repoussait l’âge légal de départ à 62 ans. Quant à la gauche, indignée quand elle était dans l’opposition, elle s’est bien gardée, une fois au gouvernement, de remettre en cause ces réformes successives exigées par le grand patronat.

Avec cette réforme, les capitalistes pourront user au travail plus longtemps les travailleurs qu’ils jugeront utiles de garder. Quant à tous ceux qui se retrouvent sans emploi, au gré des licenciements, à 50, 55 ou 60 ans, c’est en tant que chômeurs, et bien souvent en temps que chômeurs en fin de droits, qu’ils arriveront à l’âge de la retraite, avec une pension de misère à la clé.

Delevoye prétend que son système à points « offre la possibilité à chacun de choisir son départ » en sortant du cadre collectif basé sur le nombre de trimestres cotisés et d’annuités travaillées. Si son projet de réforme individualise effectivement encore plus le système des retraites, il faut avoir les lunettes déformantes des valets des possédants pour y voir une liberté pour les travailleurs !

Toute la vie des travailleurs est prisonnière des contraintes imposées par l’exploitation : l’emploi qu’on trouve, le salaire qu’on obtient, les horaires et les cadences, l’endroit où l’on vit. La retraite n’y fait pas exception. Le grand patronat et le monde politique à son service aimeraient faire des travailleurs des individus confrontés à des choix personnels.

L’intérêt de toute la classe ouvrière est à l’opposé. Son travail fait tourner toute la société, de la production aux transports, de la construction aux échanges en passant par les soins aux malades et à l’éducation de la jeunesse. C’est cette place dans l’économie, au cœur de la production, qui fait sa force.

Salaires, emplois, retraites : les capitalistes mènent la guerre sur tous les fronts. C’est collectivement, en tant que classe sociale aux intérêts communs, que nous devons stopper cette descente vers l’abîme !

Des journées de mobilisation sont annoncées à la rentrée, dont celle de la CGT le 24 septembre. Ce sont des occasions à saisir pour commencer la mobilisation contre cette nouvelle attaque. 
 
Le 22 juillet 2019

lundi 15 juillet 2019

Contre les attaques du gouvernement et des capitalistes, préparons la riposte !

On a vu des drones, des robots multitâches, des exosquelettes et même une plateforme volante digne de la science-fiction, ce dimanche sur les Champs-Elysées. De formidables progrès technologiques transformés en engins de mort et un bon coup de pub pour les marchands de canon : voilà un aspect du traditionnel défilé du 14 juillet. Un hommage à l’armée d’autant plus déplacé que lors de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, l’armée royale n’était évidemment pas du côté des insurgés, mais ouvrait au contraire le feu sur eux !

Macron paradant en chef des armées n’a pu éviter quelques sifflets de manifestants gilets jaunes, ce qui a indigné Castaner et toute la caste politicienne « en ce jour où la nation est réunie ». Quelle blague ! Dans la tribune des officiels, derrière Macron, se trouvait François de Rugy, le ministre de la transition écologique mis à mal par des révélations sur son train de vie aux frais de l’État. De Rugy a justifié ses dîners à base de homards et de grands crus par la nécessité de « rester connecté » à la société. Pour ces politiciens, la « société » se résume au petit monde qui gravite autour de la bourgeoisie qu’ils servent et dont ils imitent les manières et le train de vie. Oui, dans cette prétendue « nation unie », il y a une frontière sociale entre les capitalistes que ces politiciens représentent et le monde du travail, qui vit une toute autre réalité.

Les annonces de plans de licenciement s’ajoutent les unes aux autres, barrant l’avenir pour des milliers de travailleurs et leurs familles. Ceux de Conforama ont exprimé leur colère lors du Comité central d’entreprise, ce que la direction a qualifié « d’agression ». Les travailleurs de Conforama ont successivement enrichi les milliardaires Arnault et Pinault et maintenant les actionnaires du groupe multinational Steinhoff. Et pour ces gens-là, il faudrait encore qu’ils acceptent d’être mis à la porte sans faire de bruit !

Le même jeudi 11 juillet, ce sont les salariés de WN qui manifestaient à Amiens leur dégoût et leur colère à l’annonce de la mise en liquidation de ce repreneur de Whirlpool. Après avoir empoché les millions de l’État et de Whirlpool, WN, qui appartient au patron local du Medef, met en effet la clé sous la porte et les travailleurs vont vivre leur deuxième plan de licenciement en un peu plus d’un an.

Accompagnant les annonces de licenciement des grands groupes, la réforme des règles de l’assurance chômage réduit les droits des chômeurs en osant prétexter que c’est pour mieux les inciter à retourner vers l’emploi. Le gouvernement fait ainsi pression sur tous les travailleurs, les contraignant encore plus à accepter n’importe quel travail, à n’importe quel prix et dans n’importe quelles conditions.

La réforme des retraites que le gouvernement prépare s’annonce comme un nouvel épisode dans cette guerre aux travailleurs. Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites doit rendre sa copie le 18 juillet, mais on en connait déjà les grandes lignes. L’instauration d’un système à points permettra d’amputer encore plus les pensions, de même que la mise en place d’un « malus » pour tous ceux qui partiraient à 62 ans, l’âge légal de départ. Sur la sellette également, les pensions de réversion, qui bénéficient très majoritairement aux femmes, dont les retraites sont déjà le plus souvent inférieures à celles des hommes.

Pour accroître leurs marges et leurs profits dans un contexte de crise et de concurrence exacerbée, les capitalistes font reculer le niveau de vie des travailleurs par tous les moyens. Ils accentuent l’exploitation et imposent les bas salaires, tandis que le gouvernement rogne sur toutes les dépenses utiles aux couches populaires, des hôpitaux aux écoles, en passant par les transports publics.

Les travailleurs ont les moyens d’arrêter cette course à l’abîme qui condamne toute la société. C’est leur exploitation qui est à l’origine de l’enrichissement de la bourgeoisie, c’est leur travail qui produit toutes les richesses. Le gouvernement peut bien chanter l’air de l’unité nationale, c’est d’une lutte à mort entre deux classes sociales qu’il est question ! Pour imposer leur droit à une vie digne et émanciper toute la société, les travailleurs n’auront pas d’autre choix que de se battre contre la domination capitaliste sur l’économie.

Le 15 juillet 2019

mardi 9 juillet 2019

Les militants de Lutte ouvrière à votre rencontre

Pendant la période des vacances, le gouvernement ne fait pas relâche. Il s’attaque aux chômeurs, réduisant leur indemnisation et le nombre de bénéficiaires. Dès la mi-juillet, il s’attaquera aux retraites, en allongeant la durée de cotisations à 43 ans dès 2025, au lieu de 2035. Il faudrait alors travailler jusqu’à 64 ans, soit deux ans de plus, pour toucher une retraite à taux plein. Dans le même temps, les grands groupes capitalistes continuent de supprimer des milliers d’emplois pour satisfaire les exigences de profit de leurs actionnaires.  
Comment organiser une riposte du monde du travail ? Quel programme et quelles revendications mettre en avant ? Comment recréer un mouvement ouvrier révolutionnaire capable de changer la société ? C’est de cela que les militants de Lutte ouvrière souhaitent discuter lors de leur passage dans votre ville.

à Vierzon 
Samedi 13 juillet

de 10h à 12h et de 15h à 17h sur le marché 
et au centre commercial Carrefour Market au centre ville

lundi 8 juillet 2019

Grèce : Tsipras chute, discrédité par sa soumission au capital

En Grèce, la droite vient de remporter les élections législatives, obligeant l’ex-Premier ministre Alexis Tsipras, le leader de Syriza, à quitter la scène. Voilà la conséquence de quatre années de gouvernement de ce parti qui avait suscité tant d’espoir parmi les couches populaires de ce pays et au-delà, à son arrivée.

À l’époque Alexis Tsipras passait pour un homme de gauche, capable de résister aux grandes banques qui veulent obliger la population grecque à payer une dette colossale dont elle n’était pas responsable.

La Grèce était étranglée par les financiers exactement comme peuvent l’être des municipalités, des hôpitaux ou même des particuliers entraînés dans la spirale du surendettement. Et la spéculation financière sur sa dette plaçait la Grèce au bord du gouffre.

L’économie du pays commença à s’effondrer. L’État grec fut mis sous la tutelle de ses créanciers à travers une troïka composée de représentants de l’Union européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI qui venaient contrôler son budget. Et, sous leurs directives, les gouvernements prenaient des mesures d’austérité féroces à l’encontre d’une population déjà très pauvre.

En trois ans, le chômage quadrupla et atteignit 27 %. Les salaires furent divisés par deux. Les services publics se décomposèrent, les malades ne trouvant plus de place dans les hôpitaux, ni de médicaments pour se faire soigner. Le nombre de gens expulsés de leur logement explosa.

Alors que la droite et le parti socialiste, responsables de ces plans d’austérité, étaient vomis par les couches populaires, un nouveau parti, Syriza, avec à sa tête Alexis Tsipras, prétendit qu’une fois au pouvoir, il tiendrait tête aux banques et aux dirigeants des plus puissants pays de l’Union européenne, à commencer par la France et l’Allemagne.

En janvier 2015, Syriza remporta les élections législatives avec 36 % des voix. Tsipras devînt Premier ministre. Sa victoire fut accueillie avec enthousiasme en Grèce et même hors de Grèce, où bien des travailleurs se sentaient solidaires de ce celui qui, disait-il, allait s’opposer aux financiers.

Pendant cinq mois, Tsipras refusa de prendre les mesures d’austérité qui étaient exigées de lui par la troïka. Début juillet 2015, il organisa un référendum où la population grecque lui montra encore une fois de plus son soutien à plus de 60 %.

Mais la politique de Tsipras consistait à négocier les plans d’aides financières aux sommets, sans jamais chercher à s’appuyer sur la mobilisation active des travailleurs. Et dans ces limites, il ne pouvait que finir par se soumettre.

D’abord, parce que les grandes banques et les États n’étaient pas prêts à lui faire le moindre cadeau. Ensuite, parce que devant sa résistance, elles voulurent justement faire de la Grèce un exemple à destination de tous les peuples : « une dette, ça se paie » !

Les banques et les États coupèrent alors tout crédit à la Grèce. Et, huit jours à peine après le référendum qui venait de lui accorder le soutien de la population, Tsipras céda. Il accepta d’imposer un nouveau plan d’austérité et de privatisations malgré les protestations des travailleurs.

Aujourd’hui, après avoir soulevé bien des illusions, on comprend que les années d’austérité à la sauce Syriza soient restées en travers de la gorge des travailleurs grecs. Et, la droite discréditée il y a encore quelques années, en a profité pour revenir aux affaires. Elle continuera les plans d’austérité et la politique anti-ouvrière tout en l’aggravant. Elle ajoutera également sa touche profondément réactionnaire dans ce pays où la dictature militaire a régné de 1967 à 1974.

Pour nous, travailleurs, la leçon de cette évolution est que ceux qui prétendent s’opposer aux puissances de l’argent sans vouloir s’attaquer aux racines du pouvoir de la bourgeoisie se condamnent à devenir de nouveaux serviteurs de celle-ci.

Leur politique est une impasse et les illusions qu’ils créent nous désarment. Il n’y aura pas de sauveur suprême. Et notre seule perspective ne peut être que de mener nous-mêmes le combat jusqu’au bout, jusqu’à l’expropriation des grandes banques et des grandes entreprises. L’utopie n’est pas de vouloir renverser l’ordre social capitaliste. C’est de croire que les intérêts des travailleurs sont conciliables avec la domination du grand capital.
Le 8 juillet 2019

samedi 6 juillet 2019

Les migrants sont nos frères de classe

À en croire Matteo Salvini, le Ministre de l’Intérieur italien et chef du parti d’extrême droite la Ligue, la marine de son pays a été attaquée par le bateau d’une organisation humanitaire piloté par une capitaine allemande de 31 ans.

Après avoir fait des va-et-vient aux abords de l’espace maritime italien, en attente d’une autorisation officielle, la capitaine du bateau humanitaire Sea-Watcha décidé de forcer le destin et le blocus des eaux territoriales italiennes. Elle est entrée dans le port de Lampedusa samedi 29 juin en pleine nuit pour débarquer enfin les quarante migrants qui avaient été secourus en mer deux semaines plus tôt alors qu’ils risquaient la mort sur leur canot pneumatique à la dérive.

Voilà « l’acte de guerre », comme l’a appelé Matteo Salvini, pour lequel cette jeune capitaine risque dix ans de prison.

Pour les politiciens d’extrême droite comme Matteo Salvini, il faut laisser mourir les migrants en mer ou les ramener à la case départ. Et cela revient presque au même, car poussés par la guerre ou la misère, ou les deux, ils retenteront inlassablement la traversée jusqu’à réussir ou mourir.

Méditerranée est devenue un cimetière. Depuis 2014, plus de 15 000 personnes venant du continent africain y sont mortes en essayant de rejoindre l’Europe. Et c’est la politique anti-migrants de tous les gouvernements européens qui en porte la responsabilité. Les gouvernements dirigés par des démagogues d’extrême droite à la Salvini, mais aussi ceux qui le sont par les prétendus progressistes à la Macron. Tous se sont mis d’accord pour rendre les frontières de l’Europe de plus en plus meurtrières et créer cette mini armée qu’est Frontex, qui empêche les migrants de rejoindre les côtes européennes.

Il faut vraiment que la société capitaliste soit en pleine décomposition pour que des femmes et des hommes cherchant refuge puissent être présentés comme une menace. Si ces 15 000 êtres humains avaient réussi à atteindre l’Europe au lieu de mourir en mer, quelle menace cela aurait-il représenté ?

Le monde se couvre de plus en plus de barbelés et de frontières empêchant les plus pauvres de passer. La semaine dernière, les journaux ont montré la photo d’un jeune père de 25 ans et de sa fille de 23 mois, morts noyés alors qu’ils essayaient de traverser le Rio Grande, le fleuve qui sépare les États-Unis du Mexique. Dans l’espoir d’une vie meilleure dans le pays le plus riche du monde que sont les États-Unis, ce jeune cuisinier avait quitté le Salvador avec sa fille et sa femme de 21 ans qui, elle, a survécu.

Des millions de femmes et d’hommes sont poussés à émigrer, parfois au péril de leur vie, à cause du capitalisme et de ses ravages, des guerres et de la misère provoquées par la crise de ce système, à cause du pillage des richesses de la planète par les grands groupes industriels et financiers occidentaux.

En France, depuis des années, des politiciens disent aux travailleurs qu’il est « impossible d’accueillir toute la misère du monde »et qu’il faut fermer les frontières.

Mais si la misère a aussi grandi ici, ce n’est pas parce que les migrants l’ont apportée du dehors. C’est parce que les capitalistes ont supprimé des millions d’emplois, fermé des centaines d’usines et qu’ils continuent à le faire comme à General Electric à Belfort. C’est parce qu’ils ont écrasé les salaires pour maintenir et accroître leurs profits. Et c’est aussi parce que les gouvernements ont attaqué les travailleurs, en réduisant leurs retraites, en cassant le code du travail ou en laissant se dégrader des services publics vitaux pour les classes populaires comme les hôpitaux ou les Ehpad.

Pour les politiciens au service du grand patronat, spéculer sur les préjugés contre les migrants, c’est de la démagogie à bon compte et cela détourne les travailleurs des vrais responsables. Pour nous, travailleurs, c’est un poison extrêmement dangereux qui nous divise.

Nous ne pourrons éviter de nous laisser entraîner vers la misère que si nous faisons entendre tous ensemble notre droit à vivre dignement contre nos exploiteurs. Être pour la liberté de circulation et d’installation totale des migrants est un geste d’humanité élémentaire. C’est aussi un geste de conscience de classe. Travailleurs français et immigrés, notre sort est lié et il est entre nos mains. 
Le 1er juillet 2019