lundi 28 octobre 2019

Cheminots : une colère qui ouvre des perspectives à tous les travailleurs

Grève dans le centre de maintenance des TGV de la grande région Ouest ; grève des TER en région PACA ; bras de fer autour de l’usage du droit de retrait… depuis l’accident du 16 octobre, la colère des cheminots ne retombe pas et on ne peut que leur donner raison.

Au nom de la sécurité, les cheminots se battent depuis des années contre les trains sans contrôleur. Ils n’ont cessé d’alerter sur les dangers encourus en cas d’accident, dangers que la direction a toujours niés. Ce qu’ils craignaient est arrivé avec l’accident du TER dans les Ardennes. Mais le président de la SNCF, soutenu par le gouvernement, maintient que la présence ou non d’un contrôleur à bord d’un train ne fait pas de différence pour la sécurité !

Ceux qui nous dirigent sont prêts à raconter n’importe quoi pour justifier leurs économies. Économies criminelles car elles mettent en danger la vie des travailleurs et de la population. Et cela n’arrive pas qu’à la SNCF. Dans les hôpitaux, dans les services d’urgence ou dans les Ehpad, combien de drames ne sont évités que grâce au dévouement des salariés ?

Dans le public comme dans le privé, les directions d’entreprise et le grand patronat, obsédés par la course au rendement, restructurent à tour de bras. À Belfort, General Electric va sacrifier 500 travailleurs sur l’autel de ses profits. À la Roche-sur-Yon, Michelin sacrifie une usine entière.

Partout, le grand patronat en appelle à la conscience professionnelle des salariés, mais il démolit les conditions de travail et l’ambiance de travail au gré des suppressions d’emplois et sous la pression du « chiffre ».

Cette politique du chiffre fait certes le bonheur des actionnaires, le bonheur des Michelin, Peugeot, Arnault, et autres Pinault. Mais c’est toute la société qui le paye avec le chômage de masse, les salaires bloqués, des cadences et des horaires de plus en plus durs. Et on le subit encore avec des services publics de plus en plus réduits parce que le patronat ne se contente pas d’exploiter les travailleurs, il pille aussi les caisses de l’État.

Alors, cheminots, hospitaliers, ouvriers, employés, nous avons tous les mêmes raisons d’être en colère. Les mêmes raisons de rejeter les mauvais coups des irresponsables qui nous entraînent dans le mur.

Dans cette société, il n’y en a que pour les banquiers, que pour les actionnaires et les plus fortunés, et leur avidité n’a pas de limite. Pour sauver nos conditions d’existence, nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre et nous en avons la capacité, à condition de renouer avec les luttes collectives.

En faisant massivement grève le 13 septembre, les salariés de la RATP ont fait une démonstration de force collective. La semaine dernière, c’était le tour des cheminots qui ont paralysé pendant deux jours une bonne partie de la vie sociale en se mettant spontanément et massivement en droit de retrait. Cela donne une idée de ce que pourrait être la puissance de la classe ouvrière si tous les travailleurs marchaient d’un même pas.

À chaque fois que les cheminots ou des travailleurs du public défendent leurs intérêts légitimes, le gouvernement et ses perroquets médiatiques cherchent à les culpabiliser, alors qu’ils sont utiles et indispensables au fonctionnement de la société. Chose que l’on ne peut pas dire des vrais privilégiés qui jonglent avec des milliards et qui sont de vrais parasites.

Alors, le plus important est de ne pas se laisser diviser entre travailleurs. C’est de s’appuyer sur la combativité de ceux qui sont en pointe et de profiter de ce qu’ils expriment leur colère pour faire aussi entendre la nôtre.

Cette possibilité nous sera donnée le 5 décembre puisque plusieurs syndicats appellent à une journée de grève interprofessionnelle sur les retraites. Vu le climat de haute tension à la SNCF et à la RATP, le gouvernement a des raisons de craindre que cette journée se transforme en déversoir de toute la colère emmagasinée par le monde ouvrier. Eh bien, les travailleurs ont intérêt à ce que ce soit le cas !

Sur les retraites, le gouvernement peut noyer le poisson et jouer la montre, mais, avec le patronat, il continuera de faire pleuvoir les coups sur les travailleurs. Alors, s’il y a une possibilité que le 5 décembre soit le point de départ d’une contestation plus générale, il faut la saisir.

Les cheminots et les salariés de la RATP ont montré leur force de frappe. C’est un point d’appui pour tous les autres travailleurs. Cela doit nous redonner confiance pour se lancer dans la bataille et la transformer en un mouvement d’ensemble. 
Le 28 octobre 2019

lundi 21 octobre 2019

Contre la politique criminelle de la SNCF et du gouvernement, vive la réaction collective des cheminots !

Les médias ont relayé jusqu’à la nausée une campagne contre les cheminots, massivement en droit de retrait vendredi et tout le week-end. À les entendre, les cheminots seraient des irresponsables ayant décidé, sans aucune raison valable, de prendre en otage les voyageurs au moment des départs pour les vacances de la Toussaint.

C’est pourtant bien le sens des responsabilités et de la sécurité qui a poussé les travailleurs de la SNCF à réagir après l’accident d’un TER dans les Ardennes, mercredi 16 octobre. Parti de la région Champagne-Ardenne, le mouvement s’est rapidement étendu à tout le pays. La réaction individuelle spontanée de milliers de cheminots s’est transformée en réponse collective, contre ce qu’ils ressentaient à juste titre comme l’accident de trop.

La direction de la SNCF a mis en place et généralisé les TER « équipement à agent seul » pour supprimer des emplois de contrôleurs. Voilà pourquoi, comme des milliers d’autres, le train accidenté le 16 octobre circulait sans autre personnel que le conducteur.

C’est grâce au sang-froid et à la détermination de son conducteur que le pire a été évité, quand la rame qu’il conduisait a percuté un convoi exceptionnel bloqué sur les voies, à la hauteur d’un passage à niveau. Choqué et blessé lui-même, il s’est démené pour assurer la sécurité des 70 passagers. Les systèmes de sécurité ne fonctionnant pas, il a marché plus d’un kilomètre pour aller disposer des torches à l’avant et à l’arrière du train afin de signaler l’accident et d’éviter que l’arrivée d’un autre train ne provoque un suraccident. Il est ensuite retourné dans le train pour rassurer les passagers et s’occuper des voyageurs blessés.

Dans le public comme dans le privé, c’est le dévouement des travailleurs qui permet de tenir. À Rouen par exemple, lors du sinistre de l’usine Lubrizol, des ouvriers de l’entreprise ont eu le réflexe salutaire d’éloigner des produits dangereux de l’incendie, pendant que les patrons de la multinationale niaient tout danger et toute responsabilité.

Mais pour la conduite courageuse et responsable de ces travailleurs, pas de couronnes de lauriers, pas de reportages admiratifs à la télé et à la radio.

À la place, un tombereau d’insultes s’est déversé sur les cheminots. Mentant sans vergogne, Pepy, le PDG de la SNCF, a affirmé « qu’il n’y a aucun danger grave et imminent sur aucun train à la SNCF ». À l’unisson avec le Premier ministre Philippe, il a évoqué des sanctions judiciaires pour « grève sauvage ».

C’est vraiment le monde à l’envers ! Car les vrais criminels dans cette affaire sont à la tête de la SNCF et du gouvernement. Leur politique d’économies se traduit par la suppression de milliers d’emplois. Et moins de travailleurs dans les ateliers, à la maintenance des voies, dans les trains et dans les gares, c’est autant de risques en plus, pour les travailleurs comme pour les passagers. Alors les cheminots ont eu mille fois raison de manifester leur refus de continuer comme cela !

Quant à ceux qui nous dirigent, ils ne sont responsables que devant les profits des capitalistes. Pour que les milliards continuent à arroser le grand patronat, le gouvernement étouffe les services indispensables à la population à coup de réductions d’effectifs et de budgets. Dans les écoles, les directeurs sont obligés de tout gérer seuls, pendant que dans les hôpitaux, les travailleurs sont mobilisés depuis des mois pour qu’on leur donne les moyens de faire leur travail sans maltraiter les patients, sans risquer de tuer au lieu de soigner.

De recul en recul, la classe ouvrière subit non seulement les salaires trop faibles et les conditions de travail dégradées, mais aussi une société de plus en plus invivable, où éduquer les enfants, se soigner ou se déplacer devient difficile, voire dangereux.

Il faut que les travailleurs réagissent collectivement contre ces attaques. La journée de grève interprofessionnelle du 5 décembre est appelée contre la réforme des retraites, dernier épisode de la guerre que gouvernement et grand patronat nous mènent. Elle peut être une première étape pour affirmer notre droit à une existence digne.

Au-delà, c’est bien l’existence et la domination de cette classe capitaliste, qui tue la société à petit feu, que les travailleurs devront remettre en cause. 
Editorial des bulletins d'entreprise                                                                                                                  Le 21 octobre 2019

jeudi 17 octobre 2019

Guerre en Syrie : un chaos dont l’impérialisme est responsable

En annonçant dès le 7 octobre le retrait des forces spéciales américaines présentes dans le nord de la Syrie, Trump a donné le feu vert à Erdogan pour lancer l’armée turque contre les Kurdes syriens. Le cynisme avec lequel les dirigeants américains ont ainsi abandonné ceux sur qui ils s’étaient appuyés pour reconquérir les territoires contrôlés par Daech choque légitimement partout dans le monde.

Mais, si le cynisme des grandes puissances est sans limite, il n’est pas nouveau. Si les peuples du Moyen-Orient, de la Syrie à l’Afghanistan en passant par l’Irak et l’Iran, subissent les guerres et les destructions depuis quarante ans, la responsabilité en incombe directement aux puissances impérialistes. Les États-Unis, gendarme du monde, sont à la manœuvre aujourd’hui, mais ils ont été suivis, ou précédés selon les épisodes, par la France et la Grande-Bretagne, les premières à avoir dépecé cette région stratégique, riche en pétrole, en y traçant des frontières arbitraires, coupant notamment les populations kurdes en quatre morceaux. Cette politique criminelle n’a fait que se poursuivre et s’approfondir.

Dès 1979, la CIA a financé et équipé les milices islamiques qui combattaient la présence soviétique en Afghanistan. Ce soutien a permis à un certain Oussama Ben Laden de faire ses classes et de tisser un réseau solide, avant de se retourner contre ses maîtres en fondant al-Qaïda. Le djihadisme, dont l’éradication sert aujourd’hui à justifier interventions militaires et lois sécuritaires au nom de la « lutte contre le terrorisme », est un produit direct des manœuvres impérialistes.

En 2011, le démocrate Obama a retiré les troupes américaines de l’Irak, que le républicain Bush junior avait envahi en 2003 sous prétexte des attentats du 11-Septembre, dont les Irakiens n’étaient en rien responsables. L’armée et les services spéciaux américains ne laissaient pas alors « un Irak souverain, stable et autonome », comme le prétendait Obama. Ils laissaient un peuple meurtri et un pays détruit par la guerre civile, découpé par leurs soins en zones confessionnelles sur lesquelles prospéraient des milices islamistes de diverses obédiences. Parmi elles, il y avait al-Qaïda en Irak et son leader al-Baghdadi, futur fondateur de Daech.

Quand, en 2011, le Printemps arabe toucha la Syrie, l’intervention des grandes puissances ne visa pas, quoi qu’elles en disent, à appuyer les aspirations sociales et démocratiques de la population face à la dictature de Bachar al-Assad. Après une période d’observation prudente, elles voulurent profiter de la situation pour tenter de remplacer le régime d’Assad par un autre, plus docile à leurs intérêts. Elles agirent pour remplacer la contestation sociale par une guerre civile et confessionnelle. Elles le firent directement et par l’intermédiaire d’alliés régionaux en rivalité entre eux, l’Arabie saoudite et la Turquie, mais aussi le Qatar, l’Égypte et l’Iran, pourtant ostracisé par les États-Unis. Ces interventions des puissances régionales, tour à tour encouragées et modérées par les États-Unis, transformèrent la Syrie en champ de bataille entre milices concurrentes. Cela juge sans appel les discours des dirigeants occidentaux sur la démocratie, les droits des peuples, des femmes ou des minorités opprimées.

Quand l’une de ces milices, Daech, née en Irak, réussit à s’imposer sur un vaste territoire en proclamant l’État islamique au Levant et en Irak, les grandes puissances durent changer leur fusil d’épaule. D’un côté, elles remirent le dictateur Assad dans le jeu. De l’autre, elles formèrent une coalition pour combattre Daech. Les États-Unis et leurs alliés s’appuyèrent sur les milices kurdes syriennes, encadrées par leurs conseillers militaires et appuyées par leurs avions. Au prix de lourdes pertes, les milices kurdes du YPG et les Forces démocratiques syriennes (FDS) reconquirent, ville par ville, le territoire occupé par Daech.

Comme ceux du Kurdistan irakien, les nationalistes kurdes de Syrie espéraient profiter de cette alliance pour conserver durablement le petit espace d’autonomie conquis au nord du pays à la faveur de la guerre civile. L’espoir aura été de courte durée. Si l’on ignore quels marchandages ont eu lieu entre Trump et Erdogan, quels sont les calculs américains, ces derniers ont sacrifié les Kurdes pour satisfaire leur allié turc, hostile à un Kurdistan autonome à ses frontières et prêt à une aventure militaire pour redorer son blason. En même temps, les États-Unis redeviennent, à travers la Turquie, un acteur de la guerre civile syrienne, quitte même à la relancer.

Cette trahison montre encore une fois que l’ordre mondial imposé par les grandes puissances ne laisse aucune place à l’autodétermination des peuples. Qu’il s’agisse des Kurdes, des Palestiniens ou d’autres, elles n’agissent qu’en fonction de leurs propres intérêts et de ceux de leurs sociétés, pétrolières ou autres.

La domination de l’impérialisme ne mène qu’au chaos et à la guerre permanente, comme le montrent les exemples de la Syrie, de l’Irak et du Moyen-Orient dans son ensemble ; avec le risque de plonger le monde dans une guerre généralisée. 
 
Le 16 octobre 2019

lundi 14 octobre 2019

Michelin : non au diktat capitaliste

Avec 1,2 milliard d’euros de profits en 2018, Michelin a décidé de fermer son usine de La Roche-sur-Yon qui emploie 619 salariés. À Belfort, General Electric poursuit son plan de fermeture avec 800 licenciements. Moins spectaculaire mais tout aussi révoltant, des banques aussi prospères que la Société générale et BNP Paribas suppriment des milliers d’emplois.

Et c’est toujours la même histoire. En ce qui concerne la fermeture de l’usine de La Roche-sur-Yon, Michelin nous explique être victime de la concurrence et du ralentissement mondial. Mais qui est menacé dans son emploi et son salaire ? Qui est mis devant l’obligation de quitter maison, famille, amis dans l’espoir de conserver un emploi ? Et qui risque de se retrouver à Pôle emploi ?

Les seules victimes sont les ouvriers et les employés de Michelin, les intérimaires et les salariés des sous-traitants. Pour les actionnaires de Michelin, ce sera tout bénéfice. Ils touchaient déjà des dividendes confortables, la fermeture de l’usine les consolidera !

Bruno Retailleau, sénateur de Vendée, ex-filloniste, homme de droite habitué à pourfendre le monde ouvrier, s’est fendu d’un communiqué pour critiquer la fermeture de l’usine de La Roche-sur-Yon. Il y regrette le manque de respect de Michelin vis-à-vis des salariés et des élus et déplore un manque de concertation. Où et quand a-t-il vu que les capitalistes demandaient la permission des salariés avant de fermer et respectaient les engagements pris auprès d’eux ?

Crise ou pas crise, les actionnaires veulent amasser leurs dividendes et grossir leurs fortunes avec des actions dont le cours doit toujours monter. Aux ouvriers de suer toujours plus de profits et d’être traités comme des pions !

La décision de Michelin est l’expression même de la dictature capitaliste sur la classe ouvrière et sur toute la société. À une poignée et pour sauver leurs profits malgré la crise, les grands actionnaires menacent la vie de plusieurs centaines de familles, d’une ville et d’une région tout entière. C’est de cette dictature capitaliste que toute la société crève aujourd'hui.

La société n’a pourtant jamais été aussi riche. Les usines elles-mêmes n’ont jamais été aussi performantes. Ce dont nous crevons, c’est de la course aux profits et de cette concurrence acharnée qui est menée avec la peau des travailleurs.

La rapacité patronale ne peut que s’exacerber face au marasme mondial et aux incertitudes qui pèsent sur leurs affaires. Tout ce que la bourgeoisie peut prendre aujourd'hui aux salariés pour se protéger de la prochaine catastrophe économique annoncée, elle le prendra.

Malgré le 1,2 % de croissance dont se vante le gouvernement, aucune entreprise du privé ou du public n’échappe aux restructurations ou aux suppressions d’emplois. Partout, les charges et les rythmes de travail sont épuisants et les salaires bloqués à des niveaux scandaleusement bas.

Quant au secteur de l’automobile, il anticipe un coup de frein, du fait du ralentissement économique mondial, et fait replonger les ouvriers dans l’ambiance du krach de 2008.

Malgré les milliards de profit accumulés ces dernières années, partout, il est question de budgets épuisés, d’intérimaires renvoyés, d’équipes supprimées, de chômage partiel. Et cela va de pair avec les cadences folles et les heures supplémentaires, compétitivité et rendement obligent. Là, on invite les salariés à réfléchir à leur avenir professionnel dans une autre entreprise, ici, on les pousse à démissionner. Partout, pend l’épée de Damoclès du licenciement.

Le grand patronat s’organise déjà pour faire payer l’aggravation de la crise aux exploités. Si l’on ne veut pas que ce soit une catastrophe pour les travailleurs, il faut s’organiser et se préparer à se défendre collectivement.

Il n’y aura pas d’échappatoire. Lorsque la crise se généralisera, elle touchera tous les secteurs et tous les pays.

À l’échelle du monde, Volkswagen a annoncé 7 000 suppressions d’emplois, Nissan, 12 500. Les banques en ont programmé 44 000… D’un bout à l’autre de la planète, les travailleurs sont victimes de la même dictature capitaliste, de la même rapacité, de la même irresponsabilité.

La seule issue réside dans la capacité de la classe ouvrière à engager le bras de fer avec la bourgeoisie. D’abord, pour la faire reculer et lui imposer de payer pour sa crise. Mais, aussi et surtout, pour contester son pouvoir sur l’économie. Car on ne s’en sortira pas sans renverser la dictature de la classe capitaliste sur l’économie et sur toute la société. 
Le 14 octobre 2019

jeudi 10 octobre 2019

Macron et Le Pen : deux ennemis des travailleurs

Profitant de l’attentat à la préfecture de police de Paris et du débat sur l’immigration à l’Assemblée nationale, le Rassemblement National est reparti dans sa surenchère sécuritaire et ses amalgames contre les musulmans et les immigrés.

Front National ou Rassemblement National, Le Pen père ou Le Pen fille, rien ne change. Tout est toujours la faute de l’étranger, de l’immigré, du musulman. Jamais du grand patronat ! Jamais des fabricants de chômage, jamais des exploiteurs qui baissent les salaires et imposent la précarité pour augmenter les dividendes et les fortunes d’une minorité richissime.

Comme Macron, Le Pen ne mettra jamais en cause le parasitisme des capitalistes et leur dictature sur toute la société. Ils s’affrontent et rivalisent pour gouverner, mais ils ont le même ADN : leur dévouement aux plus riches et à la société bourgeoise.

Ils ont désormais un autre point commun : l’utilisation de la démagogie anti-migrants. Hier, Macron prétendait représenter le « progressisme » contre le « populisme », aujourd'hui, il alimente les fantasmes et les idées reçues sur le peuple qui subirait l’immigration. Comme si les immigrés n’étaient pas une composante essentielle du peuple !

Un chiffre est censé témoigner d’un grave problème : les demandes d’asile qui ont augmenté de 22 %. Mais les députés qui reprennent ce chiffre en boucle omettent de dire que la France reste très en retard sur tous les autres pays européens. Rapporté à la population, ce chiffre ne situe la France qu’au 11e rang européen, en nombre de demandes d’asile. Il y a en fait, chaque année, à peu près le même nombre de migrants.

Les macronistes répètent également les âneries des lepénistes et de la droite sur les prétendus abus de l’aide médicale d’État (AME), qui permet aux étrangers sans-papiers d’accéder à certains soins. Avant de se rétracter, l’homme d’affaires et dirigeant de La République en marche, Stanislas Guerini, a ainsi osé dire que l’AME était utilisée pour des prothèses mammaires ! En fait, l’AME rembourse uniquement les tarifs de base de la Sécurité sociale et sert, pour 70 %, à des soins hospitaliers liés à la tuberculose, au sida et aux accouchements. Comme l’expliquent tous les médecins, l’AME relève de la santé publique.

Les opposants à l’AME présentent son coût, un milliard d’euros, comme exorbitant. Mais les a-t-on entendus dénoncer les trois milliards de dépassements d’honoraires ? Et faut-il rappeler que les grandes fortunes ont immédiatement promis de débourser cette somme pour sauver Notre-Dame de Paris ?

S’il y a un problème, il concerne les femmes et les hommes forcés de migrer parce qu’ils ne peuvent pas vivre dans leur pays. Il concerne ceux qui risquent leur vie pour atteindre l’Europe et que le gouvernement transforme en parias. Il concerne ces travailleurs qui, des années durant, font tourner les cuisines des grands restaurants, blanchissent les draps des palaces, acheminent les colis de Chronopost ou livrent des repas, pour des salaires de misère. Ils font fonctionner l’économie, cotisent et payent des impôts sans avoir de droits en retour. Alors, dire que l’immigration coûte cher est une sinistre plaisanterie.

Qu’est-ce qu’ont coûté les ouvriers algériens ou marocains, venus dans les années 1950 ou 1960, qui ont travaillé toute leur vie dans les mines, le bâtiment et les usines les plus dures et qui se retrouvent à vivre avec 800, 900 euros de retraite ?

Les travailleurs immigrés forment la partie la plus exploitée de la classe ouvrière. Sans eux, pas un chantier du bâtiment, pas une société de nettoyage ou de sécurité, pas un aéroport, pas une usine automobile ne fonctionnerait.

Il n’est pas rare de compter 10, 20 nationalités différentes dans une seule usine. Cela fait autant de langues et de cultures différentes. Mais c’est la même fatigue, les mêmes douleurs, les mêmes galères financières pour tout le monde. Et quand on est travailleur, on partage les mêmes intérêts fondamentaux : conserver son emploi, défendre son salaire et ses conditions de travail.

Cette même condition ouvrière nécessite de faire bloc et de s’opposer au patronat qui, par calcul, cherche à diviser les travailleurs et à les affaiblir. Elle nécessite de s’opposer à tous ceux qui, par bêtise raciste ou par communautarisme, contribuent à cette division et font le jeu du patronat.

Politiquement, elle nécessite de rejeter dos à dos les Macron et les Le Pen. Désigner un bouc émissaire, diviser le monde du travail, c’est vieux comme l’exploitation. Ceux qui jouent à cela sont les ennemis du monde du travail. 
Le 7 octobre 2019