lundi 7 décembre 2015

Les leçons du premier tour des élections régionales



Les résultats de ce premier tour des élections régionales reflètent l’évolution réactionnaire de la société en même temps que la désorientation de l’électorat populaire et la perte de repères de la classe ouvrière.

Son expression la plus frappante est la progression en voix du Front national dans la quasi-totalité des régions, ce qui lui a permis d’arriver en tête dans six d’entre elles.


L’expression électorale du recul ne se limite cependant pas à cela. La campagne électorale de la droite a été entièrement dominée par sa compétition avec l’extrême droite sur le terrain de cette dernière.


Quant au Parti socialiste, non seulement il a repris à son compte le langage sécuritaire du FN, mais étant au pouvoir, il en a réalisé l’application en instaurant l’état d’urgence, d’une efficacité limitée pour combattre le terrorisme mais qui étouffe la contestation de la politique gouvernementale sur sa gauche et pèse sur les mouvements sociaux.


Le FN encaisse les dividendes électoraux de la banqueroute du PS au pouvoir. Une partie de l’électorat traditionnel du PS et du PC, écœurée par la politique du gouvernement, ses reniements et sa servilité vis-à-vis du grand patronat, s’est abstenue. D’autres électeurs se sont ajoutés à l’électorat traditionnel de l’extrême droite. C’est une partie de son propre électorat que la gauche réformiste a poussée dans les bras du FN.


C’est l’aboutissement de décennies d’évolution politique où les partis qui prétendaient représenter le monde du travail ont renié au fil du temps toutes les valeurs du mouvement ouvrier et foulé aux pieds les intérêts des travailleurs dès qu’ils étaient au gouvernement.


Le FN est un parti aussi dévoué aux intérêts de la grande bourgeoisie que les partis de droite et le PS, mais avec un langage plus réactionnaire encore et, si les circonstances s’y prêtent, avec des méthodes plus ouvertement anti-ouvrières.


La classe ouvrière n’a cependant rien perdu de la force que lui donnent son nombre et sa place incontournable dans l’économie. La tâche la plus importante de notre époque pour les militants ouvriers est d’œuvrer pour qu’elle retrouve confiance en elle-même et la conscience du rôle qu’elle est la seule à pouvoir jouer, celui de transformer la société.


Le règne de la bourgeoisie, c'est non seulement l’exploitation et la dictature des actionnaires sur la société mais c'est aussi une société de plus en plus barbare. En contestant le pouvoir de la bourgeoisie, la classe ouvrière est la seule capable d’inverser le cours de cette société de plus en plus injuste, inégalitaire, irrationnelle et inhumaine.


Les travailleurs n’ont jamais eu à espérer un changement de leur sort par les élections. Ils n’ont pas non plus à s’en désespérer. Le rapport de force entre la bourgeoisie exploiteuse et les masses exploitées ne se détermine pas dans les urnes, mais dans les affrontements de classe.


Dans les régions où le FN risque de conquérir l’exécutif régional, ce sont les coalitions de droite qui viennent en deuxième position.


Tout en rejetant le Front national, il n’est pas question pour Lutte ouvrière de défendre auprès de son électorat l’idée que des hommes de droite, avec des idées aussi crasseuses que celles du FN, puissent servir de rempart contre le parti d’extrême droite. Quant à voter pour une liste socialiste, ce serait remercier le PS d’avoir fabriqué le succès de l’extrême droite.


Gauche gouvernementale, droite ou extrême droite, elles sont toutes prêtes à s’en prendre aux immigrés, aux associations, aux libertés publiques. Celles qui ont une parcelle de pouvoir le font déjà. Ce n’est pas aux travailleurs conscients de choisir laquelle des cliques bourgeoises prendra les mesures contre les classes populaires.


Il ne reste aux électeurs du monde ouvrier, qui refusent au deuxième tour de choisir entre la peste et le choléra, qu’à glisser dans l’urne un bulletin affirmant leur appartenance au « camp des travailleurs ».


Les élections passées, les travailleurs auront à se défendre contre le grand patronat et l’État par le seul moyen efficace : la lutte collective.


Quant à Lutte ouvrière, elle continuera à œuvrer pour que le « camp des travailleurs » se donne un parti qui représente réellement ses intérêts.


Même s’ils ne constituent qu’une petite fraction de l’électorat populaire, ceux qui ont voté pour les listes Lutte ouvrière peuvent être fiers de représenter l’avenir, la renaissance du mouvement ouvrier capable de combattre la société d’exploitation et d’y mettre fin.

Editorial Lutte ouvrière du 7 décembre 2015

mardi 1 décembre 2015

Aux régionales : faire entendre le camp des travailleurs


Les élections régionales auront lieu dimanche prochain. Il y a, dans toutes les régions, des listes "Lutte ouvrière, faire entendre le camp des travailleurs".

La parole politique est monopolisée par trois partis, le Parti socialiste, Les républicains et le Front national et, à écouter les médias, tout l’enjeu sera de les départager. Ni les uns ni les autres ne représentent les intérêts travailleurs.

Les Hollande, Sarkozy et Le Pen se posent en porte-parole et en représentants de toute la population et, depuis les attentats, ils multiplient les appels à l’unité nationale. Faire comme s’il n’y avait pas de riches et de pauvres, comme s’il n’y avait pas des exploités et des exploiteurs, est un mensonge.

C’est un mensonge que l’on retrouve dans la bouche de tous les patrons quand ils répètent aux salariés que « nous sommes tous dans le même bateau ». Ce n’est vrai ni en politique extérieure ni en politique intérieure.

Les Dassault et Lagardère, les Total et Thalès ont intérêt à ce que l’État préserve « l’influence française » au Moyen-Orient et en Afrique, y compris en s’acoquinant avec les pires régimes qui soient et en faisant la guerre. Mais les travailleurs n’ont aucun intérêt à cette politique impérialiste qui ne fait qu’alimenter le terrorisme et nous enfoncer dans un engrenage barbare.

Et que le PS, la droite et le FN forment une union sacrée pour intensifier la guerre en Syrie, montre qu’ils sont tous profondément dévoués aux intérêts exclusifs de la grande bourgeoisie. Il en va de même en politique intérieure.

Tous, du PS jusqu’au FN, parlent d’œuvrer pour la « compétitivité » et l’« attractivité ». Mais si, pour le patronat, la compétitivité est synonyme de rentabilité et de profits, pour les travailleurs elle est synonyme de licenciements, de salaires bloqués et d’un surcroît d’exploitation. Et quand ils parlent de l’intérêt national, de l’intérêt des entreprises ou de l'économie du pays, c’est en réalité pour mieux servir les possédants, les actionnaires et les plus riches.

Eh bien, à l’inverse, nous nous présentons dans cette élection pour mettre en avant les intérêts exclusifs des travailleurs ! La société est organisée principalement en deux classes sociales, une classe possédante, une classe exploitée. Deux classes aux intérêts opposés, contradictoires et incompatibles.

Dans cette période de crise, la bourgeoisie s’enrichit parce qu’elle appauvrit le monde du travail. Sa prospérité se fait sur l’aggravation du chômage et de la précarité. Ses supers profits ont pour contrepartie l’aggravation de l’exploitation, l’augmentation du temps de travail non payé.

Pour augmenter encore sa part dans les richesses produites par les travailleurs, le grand patronat mène une offensive consciente, appuyé par le PS, la droite et le FN. Il s’agit de faire du chantage au chômage pour détruire le code du travail et les 35 heures, casser le Smic et ce qui reste du CDI. Il s’agit de multiplier les statuts, d’individualiser les droits, pour diviser les travailleurs.

Aux programmes des partis pro-patronaux, les travailleurs doivent opposer des revendications pour protéger leurs conditions de vie. Contre le patronat qui licencie à tour de bras, il faut l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous que l’on soit CDI, intérimaires, CDD sans diminuer les salaires. Contre l’augmentation des prix, des taxes et des impôts, les travailleurs doivent exiger des augmentations générales de salaires.

Il ne suffira pas de voter pour imposer ces mesures. Seules les luttes collectives et l’inversion du rapport de force entre les travailleurs et la bourgeoisie pourront le faire. Mais faute de mobilisation collective, les travailleurs peuvent utiliser les élections pour faire entendre leurs intérêts. Pour montrer à tous ceux qui ne se résignent pas et qui tôt ou tard voudront relever la tête, qu’il y a un camp auquel ils peuvent se rallier.

Le PS, Les Républicains et le FN se disputent la place pour mieux servir la bourgeoisie, mais ils sont profondément d’accord pour défendre cet ordre social basé sur la propriété privée et l’exploitation. Car le FN est un parti bourgeois de la pire espèce, avec une démagogie encore plus réactionnaire que les autres. Et s’il est férocement anti-immigré, c’est justement parce qu’il est foncièrement anti-ouvrier.

Voter pour les uns ou pour les autres, c’est accepter d’être grugés, trahis, sans rien dire. C’est les encourager à continuer.

Le vote Lutte ouvrière affirmera contre le patronat et tous ses serviteurs politiques les intérêts immédiats des travailleurs et la perspective de changer cet ordre bourgeois qui nous enfonce dans la barbarie. Ce sera un vote de classe, un vote de conscience. Un vote pour affirmer que nous sommes des dizaines de milliers à vouloir en finir avec cette société d’exploitation de plus en plus inhumaine.

éditorial Lutte ouvrière du 30 novembre 2015