mercredi 27 juillet 2016

L’abjection du terrorisme ne justifie pas de faire bloc derrière Hollande, Sarkozy, Le Pen

On ne peut qu'être révulsé par l'attaque barbare dans une église de Saint-Étienne du Rouvray dans la banlieue de Rouen, par l'assassinat d'un homme de 85 ans et les blessures graves infligées à une autre victime. Cette nouvelle attaque, 15 jours après le massacre de Nice, vient alourdir le climat rendu pesant, tant par le terrorisme lui-même, que par la surenchère de toute la classe politique.

En prenant pour cible une église, les chefs de Daesh qui ont inspiré et revendiqué ces actes barbares veulent faire croire à une prétendue guerre de religion, alors qu’ils ne cherchent qu’à asseoir leur domination sur des régions et sur des populations. A Nice, comme au Bataclan, les victimes ont été assassinées au hasard, sans tenir compte de leur religion supposée. Au Moyen-Orient, là où Daesh veut établir son pouvoir, les populations qui subissent sa terreur sont principalement musulmanes.

Intervenant juste après le drame, Hollande a appelé les « Français à faire bloc » face aux « terroristes qui veulent nous diviser, nous opposer... », ajoutant que « la guerre contre le fanatisme (...) sera longue ».

Oui, les terroristes veulent diviser. Mais pour les travailleurs, faire bloc derrière ces politiciens qui stigmatisent les étrangers, sèment la peur et la haine, encourageant ainsi la montée du racisme le plus crasseux, c'est se préparer des lendemains pires encore. Soutenir leurs interventions guerrières, qui ont transformé le Moyen-Orient et toute une partie de l'Afrique en chaos sanglant, serait accepter que la barbarie qu'ils ont semée là-bas nous rattrape et nous frappe ici, sans fin.

Comment les travailleurs pourraient-ils faire bloc derrière les Hollande, les Sarkozy, les Le Pen ou leurs concurrents, prêts à toutes les polémiques pour accéder au pouvoir mais tous d'accord quand il s'agit d'attaquer les droits des travailleurs et de satisfaire les exigences patronales ?

Oui les travailleurs doivent faire bloc, sans se laisser définir ni par leur religion supposée ni par leur prétendue communauté mais avec la conscience qu’ils font partie de la même classe sociale des exploités et que seule cette classe sociale a les moyens et l’intérêt de mettre fin à une organisation sociale basée sur l’exploitation, l’oppression, la violence sociale et qui engendre cette barbarie.
Lutte ouvrière

lundi 25 juillet 2016

Le capitalisme : un système à renverser

Depuis l’attentat de Nice, les équipes de Hollande, de Sarkozy et de Le Pen se combattent à coups de polémiques stériles. Leurs oppositions sont purement démagogiques et politiciennes car, sur le fond, ils sont tous d’accord.
Ils sont d’accord pour accroître les mesures sécuritaires. Sur le fait de poursuivre la guerre et intensifier les bombardements en Syrie et en Irak, ils sont encore d’accord. Sur le fait de maintenir la présence impérialiste de la France au Moyen-Orient, ils sont unanimes.
Ils trompent tous la population. Ce n’est pas en augmentant la violence et la répression que l’on obtiendra plus de sécurité.
Il suffit de prendre les idées avancées par les uns et les autres et de les appliquer au massacre de Nice pour comprendre qu’elles n’auraient rien empêché. Pire, chacune de ces mesures a son relent de xénophobie et de nationalisme. Elles renforcent la bêtise raciste et entretiennent un climat anti-immigré qui ne peut être que source de haine.
Et qu’est-ce que  les travailleurs ont à gagner à faire la guerre en Irak et en Syrie ? Qu’ont-ils à gagner à la présence impérialiste de la France aux quatre coins de la planète ? Rien !
Les actionnaires de Total, d’Areva, les marchands d’armes ont à y gagner. Dassault en profite en vendant ses Rafale à l’Égypte et au Qatar. Le cimentier Lafarge en profite et n’a même eu aucun scrupule à travailler avec l’État islamique.
Non seulement les travailleurs n’ont rien à gagner à cette politique impérialiste mais ils ont beaucoup à perdre. Ce sont eux qui en payent les conséquences. Ils les payent par les guerres et les bombardements au Moyen-Orient. Nous les payons, ici, avec le terrorisme, la suspicion généralisée et la montée du racisme.
Le terrorisme n’est pas sorti de rien. Ce que l’on nous présente comme un problème religieux extérieur à notre société est le fruit de la domination des pays riches sur les pays pauvres. C’est le résultat de la course au profit et du pillage de la planète. C’est le fruit du capitalisme, de la domination de la bourgeoisie, de l’exploitation.
Du PS jusqu’au FN, tous les politiciens se réclament de ce système et de cet ordre impérialiste. C’est pourquoi ils ne nous protègent ni du terrorisme ni de la guerre mais nous y enfoncent.
Quand les puissances occidentales ont décrété la guerre contre le terrorisme et qu’en 2003 les États-Unis et la Grande-Bretagne ont renversé Saddam Hussein en Irak, Daech n’existait pas. C’est le chaos qu’ils ont créé qui a permis la multiplication des bandes armées.
Les travailleurs n’ont  aucune confiance à placer dans ces dirigeants. Ceux-ci agissent à l’étranger comme ils se comportent ici, avec le même cynisme et le même mépris pour les plus pauvres.
Là-bas comme ici, ils font la politique que leur commandent les intérêts des capitalistes, une politique qui n’est guidée que par le profit. Et rien ne les gêne ! Ni les conditions de travail dignes du 19ème siècle, ni même le travail des enfants.
En tant qu’exploités, nous n’avons rien à défendre dans un tel système. Ces groupes capitalistes et les actionnaires qui les dirigent sont aussi ceux qui nous exploitent ici, attaquent nos conditions de travail et d’existence. Ce sont eux qui augmentent les cadences, suppriment des emplois, baissent les salaires. Ce sont eux qui nous imposent ce chômage de masse et cette précarité. Ce sont encore eux qui cherchent à diviser les travailleurs et à les mettre en concurrence pour aggraver l’exploitation et empêcher le monde ouvrier de s’organiser et de se battre collectivement.
La minorité patronale fait peser une dictature sur la vie des exploités.
C’est cette dictature que les politiciens justifient, défendent et servent, du FN jusqu’au PS. Ils le dissimulent derrière des phrases ronflantes sur leur dévouement à l’intérêt général. Parce qu’ils sont bassement dévoués à la bourgeoisie, ils font diversion en faisant de l’Europe ou des étrangers des boucs émissaires.
Contre ces politiciens qui ne peuvent que mener une politique anti-ouvrière, il est nécessaire que les travailleurs mettent en avant leur propre politique, leur propre parti. Il est tout aussi vital qu’ils affirment leur perspective de renverser tout le système.
L’humanité s’enfonce dans des rapports de plus en plus barbares parce que la société est malade du capitalisme. Il n’y aura pas d’issue tant que les travailleurs ne contesteront pas le pouvoir de ceux qui sont à la tête de ce système, tant qu’ils ne contesteront pas l’exploitation de l’homme par l’homme et la domination de pays riches sur les pays pauvres

Le 25 juillet 2016

lundi 18 juillet 2016

L'attentat de Nice et ceux qui exploitent l'émotion

Le tueur de Nice était-il un déséquilibré aux pulsions morbides ou un radicalisé de fraîche date ? S’est-il réellement inspiré des appels au meurtre du groupe État islamique ? On ne le saura peut-être jamais et cela ne change rien.
Qu’il l’ait voulu ou non, son acte a pris une signification politique parce que foncer dans une foule, écraser enfants, femmes, hommes en voulant faire le plus de morts possible, correspond à la politique voulue par Daech qui a d’ailleurs fini par revendiquer l’attentat.
Cette organisation terroriste veut dresser un mur de haine dans la population. Elle mise sur les frustrations, les injustices et le racisme qui existent dans le pays pour recruter. Et qu’entend-on du côté du FN et de la droite ? Des propos à l’emporte-pièce et des amalgames entre les attentats, l’islam et l’immigration qui vont exactement dans le sens recherché par Daech.
Il est stupide et répugnant d’opposer les immigrés ou les musulmans à la population dite « française » quand on sait qu’à Nice, le terroriste a frappé indistinctement, sans faire cas de la religion ou de l’origine de ceux qui étaient sur sa route.
Le Pen avec son obsession anti-islam, Sarkozy avec son « identité nationale », jusqu’à Hollande et Valls qui prônaient il y a peu la déchéance de nationalité pour les binationaux, tous ont contribué à alimenter un climat délétère. D’une manière ou d’une autre, ils ont tous défendu l’idée qu’il fallait plus de frontières et moins d’immigration.
Les réflexions racistes, les appels aux immigrés à « rentrer chez eux » qui s’expriment ouvertement depuis l’attentat sont la conséquence de la démagogie passée et présente de ceux qui se prétendent des « responsables politiques ».
Hollande est accusé par ses concurrents à l’élection présidentielle de ne pas protéger suffisamment les Français. Et que proposent-ils ? D’accentuer les mesures sécuritaires et d’intensifier la guerre menée par la France en Irak et en Syrie. C’est-à-dire poursuivre et amplifier la politique menée depuis des années et qui a échoué.
Sur le plan intérieur, l’attentat de Nice, perpétré en plein état d’urgence, avec un service de renseignements sur les dents et un déploiement policier inédit, démontre les limites de cette politique sécuritaire.
Quant au plan extérieur, faut-il rappeler que la guerre en Irak, déclenchée en 2003 sous prétexte de combattre Al Qaïda a eu pour résultat de multiplier et d’élargir l’influence des groupes terroristes ?
Les grandes puissances ont créé le chaos sur lequel les djihadistes prospèrent. Elles participent au pillage du Moyen-Orient depuis un siècle, quand la France et la Grande-Bretagne firent main basse sur les restes de l’Empire ottoman. Elles ont joué des différences religieuses pour monter telle bande armée contre telle autre, afin d’assurer leur influence.
Le groupe État islamique lui-même a été soutenu et financé par la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite, grands alliés de la France et grands acheteurs d’armes françaises. C’est dire le double jeu de nos dirigeants qui n’ont pourtant que la démocratie, la sécurité et la paix à la bouche !
Les attentats sont aveugles et barbares. Mais avec leurs bombardements, leurs guerres et leurs alliances avec les pires dictatures, les Hollande, Obama, Poutine font preuve du même mépris que les terroristes pour la vie des populations.
On n’avait pas fini de compter les morts à Nice que Hollande annonçait l’intensification des bombardements sur la Syrie et l’Irak. Combien de victimes innocentes en Syrie et en Irak paieront pour les 84 personnes tuées à Nice ? C’est aussi de la barbarie, une barbarie qui ne peut que susciter des vocations de barbares.
Alors non, cette guerre n’est pas la nôtre !
La guerre contre Daech cache les visées impérialistes d’une minorité de groupes capitalistes et enrichit les marchands d’armes. Mais ce sont les travailleurs et les populations qui la payent de leur vie, victimes des bombes au Moyen-Orient et des attentats ici. Ils la payent aussi par la division et le poison de la xénophobie et du racisme.
L'intérêt des travailleurs est d'affirmer leur opposition viscérale aux terroristes. Mais plus que tout, ils doivent affirmer leur opposition absolue à leurs propres dirigeants qui sont responsables de cette plongée dans la barbarie.
C’est dans les métropoles occidentales que réside le pouvoir des capitalistes. C’est là qu’ils nous exploitent. C’est à nous de contester leur domination et celle de leurs serviteurs politiques en nous battant concrètement contre le chômage et l’exploitation ici, et en dénonçant les guerres et la misère qu’ils fomentent dans le monde.

Le 18 juillet 2016 

vendredi 15 juillet 2016

Un attentat monstrueux

L’horreur a encore frappé cette nuit à Nice. En lançant son camion sur la foule pour écraser femmes, hommes, enfants, le tueur a voulu faire le plus de morts possible. C’est un acte ignoble et nous exprimons notre émotion et toute notre solidarité aux victimes et à leurs proches.
Pour l’heure l’attentat n’a pas été revendiqué mais, après les attentats de Bruxelles et du Bataclan et tous ceux qui ont eu lieu dernièrement dans le monde, on peut penser qu’il s’agit d’un attentat inspiré par Daech ou un de ses avatars.
Qu’il soit « un loup solitaire » plus ou moins fou ou lié à un réseau terroriste, le tueur a semé la terreur comme les djihadistes le font en Irak, en Syrie, en Turquie ou au Pakistan. Ces « fous de Dieu » utilisent la religion pour se tailler un fief à partir duquel ils pourront, à leur tour, opprimer les populations. Ils sont des ennemis des travailleurs et imposent leur joug d’abord sur les plus pauvres.
Pour masquer son impuissance, Hollande s’est empressé d’annoncer la prolongation de l’état d’urgence alors même que la tuerie de Nice prouve qu’il n’empêche rien. Il a surtout annoncé l’intensification des bombardements en Syrie et Irak.
L’émotion ne doit pas nous rendre complices de la politique de Hollande et de l’État français. Sans même attendre de savoir qui était le tueur fou et quel lien le reliait à Daech, Hollande a annoncé l'intensification des frappes au Moyen-Orient. Parce qu’il y a eu un massacre perpétré par un individu à Nice, des dizaines, des centaines, des milliers d’habitants de ces régions déjà ravagées par la guerre seront frappés. Nous condamnons cette politique qui ajoute la barbarie des bombardements à celle de la dictature des bandes armées que subissent déjà les populations.
À l’horreur des attentats s’ajoutent les propos répugnants de ceux qui cherchent à faire l’amalgame entre terrorisme, islam, immigrés et migrants. À Nice, le terroriste a frappé indistinctement, sans demander ni la religion ni l’origine de ceux qui étaient sur sa route. Quant aux migrants qui fuient aujourd’hui le Moyen-Orient, ils cherchent justement à échapper à la terreur que nous dénonçons ici.
Le terrorisme et le djihadisme sont les fruits pourris du pillage du Moyen-Orient par les grandes puissances et de leurs manœuvres impérialistes. En poursuivant la même politique, les dirigeants français, derrière les États-Unis, ne défendent pas la paix et la sécurité dans le monde. Ils aggravent l’injustice, la misère, la haine et l’obscurantisme, qui forment le terreau du terrorisme. 
C’est pourquoi Lutte ouvrière continuera de condamner le terrorisme et de militer contre la politique impérialiste de la France et les mensonges d’une caste politique qui instrumentalise ces actes odieux pour monter une partie de la population contre une autre.

Nathalie Arthaud, Lutte Ouvrière

lundi 11 juillet 2016

Continuer de faire entendre le camp des travailleurs

Hollande a profité de l’Euro de Football pour pérorer sur « l’amour », « la joie », « le rassemblement » et « l’union nationale ». Comme si l’engouement autour des Bleus pouvait faire disparaître la colère sociale qui existe dans le pays !
Quand Hollande mouille le maillot, c’est pour faire équipe avec le patronat et attaquer les droits des travailleurs, et ça, ça ne s’oublie pas.
La loi El Khomri a fait tomber les masques. Y compris pour ceux qui avaient encore espoir en lui, le gouvernement est apparu pour ce qu’il est : un gouvernement de combat contre les exploités, un gouvernement qui les méprise et se moque de leurs problèmes.
Des centaines de milliers de salariés ont exprimé leur opposition quatre mois durant. Il y a eu des pétitions, des grèves, une douzaine de journées d’action nationales. Comment a répondu le gouvernement ? Par des mensonges et du chantage, en essayant de minimiser et de discréditer la contestation et en usant de l’intimidation et de la répression.
Pour finir, comme il était incapable de dégager une majorité à l’Assemblée, il est passé en force en recourant à l’article 49-3. Avec la loi El Khomri, le gouvernement a fait une spectaculaire démonstration de servilité vis-à-vis du patronat et de mépris envers les travailleurs.
Oui, les travailleurs ont besoin d’unité et de rassemblement, mais entre eux, sur des bases de classe. Et c’est ce que la mobilisation contre la loi Travail a commencé de faire. 
Pour la première fois depuis longtemps, le monde ouvrier s’est rassemblé contre les mensonges patronaux sur la flexibilité, les prétendues difficultés de licencier ou la compétitivité. Il s’est retrouvé dans la conscience d’avoir à lutter collectivement. Et ceux qui ont pu participer aux débrayages ou aux manifestations ont senti la force sociale des travailleurs.
Comme le gouvernement a fait adopter sa loi, certains, du côté du patronat et du gouvernement, se plaisent à dire que les manifestations et les grèves n’ont servi à rien. C’est occulter le fait que cette mobilisation a réveillé la conscience et la combativité du monde du travail.
Désormais, les travailleurs qui se battent savent que leurs revendications sont comprises et partagées. C’est un encouragement pour ceux qui n’acceptent plus les sacrifices et qui veulent résister. C’est ce dont la classe ouvrière a besoin car le patronat et ses serviteurs politiques ne comprennent que le rapport de forces.
Au travers de cette contestation, les travailleurs ont fait de la politique. Ils doivent continuer en intervenant y compris dans les élections, en se revendiquant de leurs intérêts de classe contre le patronat et tous ses serviteurs politiques.
Du Parti socialiste au Front national en passant par les différentes nuances de la droite, tous raisonnent du point de vue patronal comme s’il n’y avait pas d’autre point de vue.
Tous font croire que la prospérité et les profits de la bourgeoisie sont de bonnes choses pour l’ensemble du pays. Ils camouflent l’exploitation et la lutte de classe. Ils cachent le fait que l’enrichissement d’une minorité provient de l’appauvrissement de la majorité.
Même Jean-Luc Mélenchon, qui se prétend à gauche du PS, ne s’en prend pas au droit du capital et à sa dictature sur la société. Il préfère faire diversion en prônant l’éventualité d’une sortie de l’Europe, ce qui ne changera rien à rien au sort des classes populaires, comme les travailleurs britanniques sont en train d’en faire l’amère expérience.
Il n’y a donc rien à gagner au cirque électoral consistant à choisir entre ces « grands candidats ». Ils nous tromperont tous. Les travailleurs doivent se servir des élections pour affirmer la nécessité de s’en prendre aux intérêts de la classe capitaliste, à l’exploitation et à la domination des plus riches sur l’économie, sans quoi ils seront voués à subir.
Affirmer une politique de classe et les perspectives de lutte collective, se défendre et changer la société, est la raison d’être de Lutte Ouvrière et de la candidature de Nathalie Arthaud à la Présidentielle.
Voter pour faire entendre le camp des travailleurs lors des prochaines élections montrera qu’il existe un courant d’opinion se réclamant de ces idées. Cela aidera à la construction du parti qui manque aux exploités : un parti qui représente leurs intérêts matériels et politiques. Un parti qui affirme la fierté de ceux qui font tout tourner dans cette société. Un parti qui ne vise pas à prendre des responsabilités dans ce système bourgeois mais se fixe pour but de le renverser.

Le 11 juillet 2016

mercredi 6 juillet 2016

Le 5 juillet et après, la lutte doit continuer

Alors que, le 5 juillet, la loi El Khomri doit revenir à l'Assemblée, le gouvernement Hollande-Valls a averti que, pour lui, il n'est pas question de l'amender. Il menace de recourir une nouvelle fois à l'article 49.3 de la Constitution pour la faire adopter sans vote.
Même si quelques articles auront été changés, le gouvernement veut maintenir ce qui, pour lui, est essentiel dans cette “loi Travail” : elle permettra à un patron d'imposer, dans son entreprise, des conditions en retrait sur ce que prévoient le code du travail et les conventions collectives. Le gouvernement dit que ce sera plus démocratique et près des réalités. Mais tout salarié sait que dans son entreprise un patron dispose des moyens de pression pour imposer un accord à ses conditions, ne serait-ce qu'en faisant le chantage à l'emploi.
Hollande et Valls considèrent que ce point est essentiel parce qu'il est essentiel pour le patronat, qui leur a dicté ce texte. Avec la possibilité de faire leur propre loi dans l'entreprise, les patrons veulent pouvoir fixer les horaires, les salaires et poser leurs conditions sans être limités par les quelques contraintes de la loi actuelle.
La majorité de la population rejette la loi El Khomri, tout comme l'écrasante majorité des travailleurs. Depuis quatre mois, ils ont été des centaines de milliers à manifester contre elle, avec le soutien et la sympathie de tous les autres. Cela n'empêche pas ce gouvernement de vouloir la faire passer coûte que coûte, quitte à l'imposer aux députés qui voudraient lui apporter quelques aménagements et quitte à achever de se déconsidérer aux yeux de ceux qui l'ont élu.
Voilà la substance de ce système politique que l'on dit démocratique : peu importent les votes, y compris ceux des députés ; à la fin c'est le patronat qui gagne. Il dicte ses choix à un gouvernement obéissant, qui prévient ses désirs et justifie sa politique par le mensonge permanent.
Ces jours-ci, on glorifie Michel Rocard qui vient de décéder, et cela à droite comme à gauche, car il aurait défendu de grandes idées. Mais lesquelles ? La politique de Valls et Hollande n'est que leur mise en pratique. Le « dialogue social » consiste à signer des accords avec des dirigeants syndicaux qui sont du côté des patrons. La « lutte contre le chômage » consiste à reconnaître au patronat le droit de licencier, d'augmenter les horaires et les cadences de travail des uns, de jeter les autres sur le pavé et de se servir du chômage croissant pour faire du chantage. Il reste aux gouvernants à envelopper cela de phrases, puis à dénoncer ceux qui résistent comme des gens qui refuseraient les évolutions nécessaires de la société, avant de menacer d'interdire leurs manifestations !
Au-delà du brouillard dont ils les entourent, les seules idées des Valls, Hollande, Rocard et de quelques autres se résument à se mettre à plat ventre devant le patronat, à lui verser des milliards détournés des caisses de l’État et soustraits aux budgets de la santé ou de l'éducation, à imposer des lois en sa faveur et à mentir à la population en lui disant qu'avec tout cela, « ça va mieux ».
Heureusement, en ces quatre mois de lutte contre la loi El Khomri, les travailleurs qui ont fait grève et manifesté ont montré qu'ils ne se laissaient pas abuser, mais aussi qu'ils étaient décidés à le faire savoir en descendant dans la rue et en montrant leur force. Et cela est bien plus important que les votes ou les non-votes du Sénat et de l'Assemblée.
Il faut continuer à faire grève et manifester contre cette loi, comme des syndicats y appellent encore mardi 5 juillet, mais aussi après. Même si elle finit par passer, avec ou sans amendements, avec ou sans article 49.3, la lutte devra continuer car le patronat n'en aura pas fini de vouloir imposer ses exigences. Il voudra le faire au niveau local, comme la loi le permettra, et il voudra le faire au niveau national. Et s'il y a une leçon à retenir de ces quatre mois, c'est que pour lui une seule chose compte : le rapport de force qu'il peut imposer par le fait qu'il possède les entreprises, les capitaux et des gouvernements à son service.
Alors, c'est ce rapport de force qu'il faut inverser. Les travailleurs le peuvent, car ils sont le plus grand nombre et parce qu'ils produisent toutes les richesses que ces gens-là ne savent que dilapider. Mais ils ne doivent pour cela ne faire confiance qu'en leurs propres forces, celles qu'ils ont commencé à mettre en branle. Ce ne doit être qu'un début.

Le 4 juillet 2016