lundi 29 août 2022

Comme les travailleurs britanniques, refusons les sacrifices !

Mercredi dernier, en Conseil des ministres, Macron a donné le ton de la rentrée : il n’y aurait plus le choix, il faudrait se préparer à des sacrifices.

Après avoir énuméré les périls qui nous guettent, la continuation de la guerre en Ukraine, les dérèglements climatiques, la flambée des prix et les risques de pénurie en particulier de l’énergie, le président de la République a expliqué qu’il en était fini de « l’abondance et de l’insouciance ».

Pour tous ceux qui s’usent la santé au travail et ont du mal à joindre les deux bouts, ces mots ne peuvent sonner que comme une provocation et une déclaration de guerre. Les conditions de travail se dégradent depuis des années, la précarité de l’emploi s’est généralisée, et Macron nous parle d’insouciance !

Quel est le salarié qui a connu l’abondance ? Les salaires bloqués, le Smic à 1 300 euros, les suppressions d’emploi, les dix millions de pauvres, les galères de logement et de transport, la misère de l’hôpital public, les difficultés pour obtenir un crédit : c’est ça l’abondance ?

Oh, c’est sûr, il y en a de l’abondance ! Mais elle est réservée aux plus riches, à ces quelques dynasties bourgeoises qui accumulent des montagnes de capitaux, plus de 100 milliards pour le seul Bernard Arnault, le PDG du groupe LVMH. Cela leur permet de se payer des jets privés, des yachts, des palaces, des clubs de foot mais aussi et surtout des sociétés financières, des firmes industrielles et commerciales, des chaînes de télé et des groupes de presse, sources de plus d’enrichissement et de pouvoir.

Oui, une minorité nage dans l’abondance parce qu’elle capte, au travers de l’exploitation, le fruit du labeur de millions de travailleurs à l’échelle du monde. Et cela continuera tant que les exploités ne se révolteront pas pour contester sa domination.

La grande bourgeoisie trouve toujours les moyens de s’engraisser. Elle profite même des crises et elle les alimente. D’abord, en imposant plus d’efforts aux travailleurs. Ensuite, en profitant de sa position dominante pour spéculer et piller les caisses publiques. Elle a très bien profité du Covid, elle profite de la guerre en Ukraine et profitera de l’aggravation de la crise.

Macron est là pour l’y aider. En appelant aux sacrifices, il voudrait que nous nous résignions à l’envolée des prix et aux salaires qui ne suivent pas. Il voudrait que nous acceptions n’importe quel travail, les plus durs et les plus mal payés. Il vaudrait que nous nous résignions à nous chauffer moins, nous déplacer moins, nous soigner moins et manger encore moins bien.

Si nous ne retrouvons pas le chemin des luttes, nous reculerons des années en arrière. L’heure n’est pas à se lamenter mais à retrouver la solidarité ouvrière, à se regrouper, s’organiser et se battre pour des objectifs susceptibles de stopper les attaques contre le monde du travail : l’indexation des salaires sur la hausse réelle des prix et le contrôle des agissements des capitalistes.

En choisissant de se battre, les travailleurs britanniques nous montrent la voie. Depuis des semaines, ils se mobilisent dans les chemins de fer, la poste, le métro, certains ports, des entrepôts Amazon. Alors que Thatcher a laissé au patronat un arsenal législatif pour empêcher les grèves, alors que leur gouvernement est aussi antiouvrier que le nôtre, ils se sont lancés et ont été des centaines de milliers à faire grève.

Dans une Grande-Bretagne qui n’avait plus connu de mouvements d’ampleur depuis des décennies, ces grèves montrent un renouveau de la combativité qui doit nous conforter. Car ici aussi, il est temps de rendre les coups.

Il ne s’agit pas seulement de se battre pour une taxation des super profits et une meilleure répartition des richesses. Le gouvernement lui-même est prêt à demander une contribution exceptionnelle à TotalEnergie, grand gagnant de l’envolée du cours du pétrole et du gaz. Mais ce sera pour mieux nous imposer de nous serrer la ceinture et cela n'empêchera pas la crise de s’approfondir.

Vu l’ampleur et la gravité des crises qui nous menacent, il faut se battre pour sauver notre peau de travailleurs et l’avenir de toute la société.

Les capitalistes, leur ordre social et leurs politiciens nous ont plongés dans la catastrophe, le chaos économique et la guerre. Tant qu’ils dominent, il est impossible de nous en sortir.

L’urgence est de s’opposer à leur politique en refusant de se sacrifier pour un système aussi fou et de se préparer à contester leur pouvoir. C’est le seul moyen de les empêcher de nuire et d’offrir un avenir viable à la société.

Nathalie Arthaud

Le 29 août 2022

 

lundi 22 août 2022

Ne pas accepter de se sacrifier pour un système de plus en plus fou

Rebondissements et menaces d’emballement de la guerre en Ukraine ; jeu de poker menteur autour de la centrale nucléaire de Zaporijja ; canicule, incendies, sécheresse et orages dévastateurs ; flambée des prix… loin d’être la parenthèse enchantée, la période estivale n’a cessé de nous rappeler les périls qui nous guettent.

Chacune de ces catastrophes atteste de la faillite de la classe dirigeante : les capitalistes qui dominent l’économie et les politiciens à leur service sont incapables d’assurer un avenir viable à l’économie et à la société. Il ne s’agit pas d’incompétence ni même d’une question morale.

Bien sûr, la cupidité et l’individualisme de la grande bourgeoisie sont révoltants. Les milliardaires Arnault et Bolloré ont mérité le scandale autour de l’utilisation des jets privés. Alors que la population est appelée à la sobriété énergétique, le jet de Monsieur Bolloré a émis autant de CO2 en un jour qu’un automobiliste en dix ans ! Mais la capacité de nuisance des capitalistes se situe à un tout autre niveau.

On peut reprocher au PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, de multiplier les vols en jet privé et d’avoir doublé son salaire, alors même qu’il a appelé la population à réduire sa consommation d’énergie dans une tribune publiée dans la presse en juin dernier. Mais c’est en dirigeant Total selon les règles capitalistes, c’est-à-dire en faisant passer les profits avant les hommes et la préservation de l’environnement, qu’il fait le plus de dégâts.

Ce ne sont donc pas seulement les jets privés qu’il faudrait interdire mais aussi le droit d’une minorité de capitalistes d’exploiter la majorité de la population et de mettre la planète en coupe réglée.

La grande bourgeoisie et ses politiciens ne peuvent pas organiser harmonieusement la vie sociale parce que le système qui les enrichit et qu’ils défendent bec et ongles consiste à exploiter les hommes et la nature, jusqu’à leur extrême limite, et parfois jusqu’à leur destruction.  

Les crises économiques que nous subissons, la spéculation et l’envolée de certains prix sont les fruits de la recherche effrénée du profit par une minorité de capitalistes. Les guerres sont le prolongement de la concurrence folle à laquelle se livrent les grands groupes et les États à leur service. Les inégalités, les déséquilibres et les conflits entre pays et au sein de chacun d’eux sont en permanence alimentés par l’exploitation, la domination du grand capital et l’impérialisme.  

Tant que ce système perdurera et que la grande bourgeoisie dominera, nous serons condamnés aux crises et aux guerres, et c’est avec notre peau que nous les paierons.

Vendredi dernier, dans un discours martial à Bormes-les-Mimosas, Macron a insisté sur les menaces que fait planer la guerre en Ukraine, « une guerre qui tonne à nos portes ». Il a solennellement appelé la population à « accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs ». En clair, il nous promet du sang et des larmes.

Ce ne sont pas des mots en l’air. Le monde change… en pire. Plus les crises s’aggravent et se cumulent, plus les attaques contre le monde du travail sont brutales. Car si les dirigeants sont impuissants à juguler les crises, il est en leur pouvoir de les faire payer aux travailleurs.

Alors, en cette rentrée, il faut s’attendre à une offensive tous azimuts contre le monde du travail. La hausse des prix, alors que ni les salaires ni les retraites n’augmentent dans la même proportion, est déjà une attaque d’ampleur contre les classes populaires. Parler de « sobriété énergétique » est d’ailleurs déplacé quand des millions de familles populaires en sont à se priver pour se nourrir ou n’ont pas assez d’argent pour avoir une voiture ou un logement correct.

Macron a aussi annoncé un recul de l’âge de départ à la retraite et une nouvelle réduction des droits au chômage.

Il ne faut pas accepter ces nouveaux sacrifices. Les travailleurs devraient se priver et laisser la grande bourgeoisie profiter de la crise et même l’alimenter en provoquant les pénuries et des guerres ?

C’est en nous battant pour que la société réponde aux besoins des travailleurs que l’on trouvera le chemin pour maîtriser l’économie et en finir avec les fléaux qui compromettent l’avenir de l’humanité.

La série de grèves très suivies dans une Grande- Bretagne qui n’avait plus connu de mouvements d’ampleur depuis des décennies montre la puissance des travailleurs s’ils renouent avec la force des luttes collectives. En cette rentrée, inspirons-nous de cette combativité retrouvée !

Nathalie Arthaud

Le 22 août 2022

samedi 20 août 2022

Canicule, sécheresse, incendies : les fléaux de la nature, les ravages du capitalisme

Des canicules à répétition ; de gigantesques incendies ; des champs et des prairies brulés par la sécheresse ; des communes et des cours d’eau à sec, et même un fleuve, la Loire, traversable à pied : les catastrophes s’enchainent. Si ces événements naturels n’ont rien d’inédit en eux-mêmes, ils sont favorisés, multipliés et aggravés par la loi du marché capitaliste.

Les gouvernements sont incapables de contenir le réchauffement climatique. Les ministres nous rabâchent qu’il faut faire des « petits gestes au quotidien », prendre le vélo plutôt que la voiture pour acheter son pain, couper le wifi la nuit, etc. Mais ces gestes sont dérisoires, alors qu’on laisse les Total et autres ArcelorMittal émettre quantité de gaz à effet de serre pour enrichir leurs actionnaires. 63 milliardaires français émettent autant de CO2 que les 50 % de Français les plus pauvres. En un mois, le jet privé du PDG de LVMH Bernard Arnault, parfois utilisé pour aller de Londres ouest à Londres est, émet autant de CO2 qu’un Français en 15 ou 20 ans ; et son super-yacht en émet, parait-il, encore plus ! La sacro-sainte liberté d’entreprendre et de polluer ne tient pas face à l’urgence climatique.

Si les incendies sont imputables à la sécheresse et aux fortes chaleurs, le manque de prévention et de moyens les aggrave. La forêt des Landes est possédée à 90 % par des propriétaires privés, importants pour certains, qui s’opposent souvent au tracé de pare-feux, pourtant recommandés mais qui empièteraient sur leurs parcelles. Le débroussaillage est souvent mal fait, et les pompiers se plaignent des difficultés d’accès. Quant aux forêts publiques, le gouvernement programme encore 500 suppressions de postes à l’Office national qui les gère.

Les pompiers professionnels, aujourd'hui justement salués, luttent depuis des années contre la réduction de leurs moyens. Quand ils ont fait grève en 2019, le gouvernement leur a envoyé les CRS plutôt que des compliments, et il n’a pas satisfait leurs revendications d’effectifs et de salaires. Et les indemnités accordées aux pompiers volontaires ne sont que de 8 euros de l’heure pour un sapeur. La France dispose de plus d’un millier d’avions militaires, mais seulement de 21 avions pour lutter contre les incendies, pas tous en état de marche, et pas plus de huit heures par jour, faute de pilotes. Elle a besoin de six avions de Grèce, d’Italie et de Suède, et de pompiers allemands, roumains et polonais… Comme les travailleurs des hôpitaux et de l’éducation, les pompiers subissent la dégradation des services utiles à la population.

Quant aux sécheresses, elles ont certes toujours existé, mais un pays riche dispose des moyens techniques et scientifiques d’en limiter les conséquences. Pourtant, des animaux paissent dans des prés brulés, des cultures dépérissent, et les habitants d’une centaine de communes n’ont plus d’eau. Le lavage des véhicules, l’arrosage des espaces verts et des terrains de sport sont interdits. Mais une dérogation est accordée aux greens de golf – un golf moyen consommant autant d’eau qu’une ville de 7000 habitants. Mais le principal gaspillage, représentant 20 % de toute l’eau distribuée, est dû aux multiples fuites des réseaux d’eau. Ceux-ci sont aux mains de Veolia, Suez et la SAUR, des multinationales qui ont empoché des rentes colossales sans faire les indispensables travaux sur les canalisations.

En réalité, les conséquences des dérèglements du climat sont toujours payées par les classes populaires, par les plus pauvres en particulier, alors que les plus riches et les grandes entreprises y échappent. Des hausses de prix sont déjà annoncées, comme pour le lait. Elles s’ajouteront à celles de l’énergie, des carburants, des huiles, des pâtes, etc. En 1976, Giscard avait imposé un impôt sécheresse. Cette fois-ci, le coup de bambou passera peut-être par des factures plus élevées.

Alors, si les travailleurs ne veulent pas payer le prix de ces dérèglements climatiques, si nous voulons avoir la maitrise de notre économie, il faut la contrôler et l’organiser en faisant passer les Canadair avant les jets privés et les avions Rafale, la sécurité des populations avant les profits privés, la préservation de l’environnement avant les dividendes des actionnaires, l’avenir de la planète avant celui des cours de Bourse.

 Nathalie Arthaud 

Le 15 août 2020

 

mardi 9 août 2022

De l'Asie à l'Ukraine, le capitalisme, c'est la guerre... Il faut le renverser !

En se rendant à Taïwan mercredi 3 août, l’américaine Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, a fait monter la tension entre la Chine et les États-Unis. Les autorités chinoises, qui considèrent cette île comme partie intégrante de leur territoire, ont lancé en réaction des exercices militaires autour de Taïwan, avec déploiement de dizaines de navires et d’avions de guerre et tirs de missiles.

La Chine s’est contentée de faire une démonstration de force, mais elle n’est pas la seule à le faire dans cette région du monde. Depuis plusieurs années, les États-Unis et leurs alliés, dont la France, y organisent eux aussi régulièrement d’importantes manœuvres militaires. Il y a des raisons de s’inquiéter de ce bruit de bottes persistant.

Face à la Chine, les États-Unis se posent en défenseurs de la démocratie taïwanaise. Quel sinistre mensonge ! Le régime actuel est l’héritier des débris du vieil appareil d’État corrompu, qui, fuyant en 1949 les troupes de Mao Tsé-toung, trouvèrent refuge dans cette petite île. Ils y mirent en place une dictature qui, pendant 40 ans, réprima férocement toute opposition. Bénéficiant du soutien militaire et économique de l’impérialisme américain, ils furent longtemps considérés dans les instances internationales comme les seuls représentant de la Chine.

Le régime maoïste était lui aussi une dictature, mais ce n’est pas cela qui amena les dirigeants de Washington à rompre toute relation avec lui. Ils ne lui pardonnaient pas d’être arrivé au pouvoir contre leur volonté, qui plus est en s’appuyant sur un mouvement de mobilisation populaire dans la paysannerie, ce qui lui donnait les moyens de refuser la tutelle des États-Unis.

Par la suite, ceux-ci changèrent d’attitude car ils avaient besoin de la Chine pour les aider à mettre fin à la guerre du Vietnam dans laquelle les troupes américaines s’étaient enlisées. En 1971, ils ouvrirent les portes de l'ONU aux dirigeants chinois et, du même coup, en chassèrent ceux de Taïwan. L’impérialisme est coutumier de ces manœuvres consistant à utiliser des oppositions entre États, quand il ne les suscite pas, pour mieux asseoir sa domination.

Quand la Chine commença à s’ouvrir sur le plan économique, les capitaux occidentaux ont pu s’y investir et participer ainsi à l’exploitation des travailleurs chinois, en tirant avantage du régime dictatorial. Mais l’hostilité de fond de l’impérialisme à l’égard d’un État qu’il ne contrôlait pas totalement n’avait pas disparu. Aiguisée par l’aggravation de la crise économique, l’actuelle montée des tensions peut aller dans l’avenir jusqu’à des affrontements militaires.

En multipliant les foyers de tension, l’impérialisme a transformé le monde entier en une véritable poudrière. Au Moyen-Orient, les habitants de Gaza, en plus de subir depuis quinze ans un terrible blocus économique, ont été à nouveau soumis à des bombardements israéliens meurtriers. Pour bénéficier d’un allié dans cette région, l’impérialisme américain n’a jamais cessé d’apporter son soutien indéfectible aux dirigeants israéliens et à leur politique de spoliation et d’oppression des Palestiniens, imposant ainsi aux peuples de la région, israélien et arabes, de vivre dans un état de guerre permanent.

Dans l’est de l’Europe, l’Ukraine est devenue le théâtre sanglant du bras de fer des grandes puissances occidentales, États-Unis en tête, avec la Russie. Poutine, Biden et les autres dirigeants des pays de l’OTAN se font la guerre avec la peau des populations ukrainienne et russe.

Le système impérialiste, fondé sur des rapports de domination, sur l’exploitation et la recherche du profit par la minorité privilégiée qui domine la société, plonge aujourd’hui bien des peuples de la planète dans des guerres barbares.

Ici, en France, la population ne meurt pas sous les bombes. Les travailleurs doivent défendre leurs conditions d’existence face à l’inflation, aux attaques du grand patronat et du gouvernement à son service. Mais, pour s’opposer à un avenir inévitablement fait de crises toujours plus graves et de guerres de plus en plus généralisées, ils doivent refuser de laisser leur sort entre les mains des classes dirigeantes et de leur gouvernement.

À bas l’impérialisme, ses manœuvres diplomatiques et militaires pour embrigader les travailleurs et les peuples et les dresser les uns contre les autres ! Vive la lutte des travailleurs pour renverser le capitalisme, seul espoir pour l’humanité d’échapper à la catastrophe !

Nathalie ARTHAUD
 
Le 8 août 2022

mardi 2 août 2022

Crise climatique, canicule, incendies : la faillite d'un système capitaliste de plus en plus fou

Pour la troisième fois cet été, le pays va connaître plusieurs jours de canicule. Tous les experts alertent depuis des années sur le réchauffement climatique et ses conséquences, notamment l’augmentation de la fréquence de tels épisodes. Ce n’est donc pas une surprise, et la science et les technologies actuelles devraient donner à l’humanité les moyens de résoudre ces problèmes. Pourtant ce n’est pas le cas, pour les mêmes raisons que la société ne parvient pas à en finir avec la crise économique, le sous-développement et la famine.

Cette impuissance trouve ses racines dans une organisation économique fondée sur la propriété privée des moyens de production dans laquelle ceux qui détiennent les capitaux sont libres de les déplacer comme bon leur semble, en fonction de leur rentabilité et sans se préoccuper des conséquences pour la société. Le seul rôle de Macron et des autres chefs d’État consiste à gérer le chaos grandissant en préservant les intérêts des classes dirigeantes et sans rien faire qui porte atteinte à leur pouvoir.

À chaque canicule, les autorités se contentent de faire des campagnes à coups de spots publicitaires, rappelant par exemple qu’il faut boire régulièrement. Mais dans les entreprises, où le patronat est seul à décider, combien de travailleurs ont dû protester, lors de la précédente vague de chaleur, pour obtenir que des bouteilles d’eau, très rarement fraîches, soient distribuées ! Parfois, les horaires ont été aménagés, mais beaucoup de salariés ont dû continuer de travailler comme si de rien n’était. Dans les Ehpad, dans les hôpitaux, où cela dépend du gouvernement, faute d’embauches, tout reposera sur le dévouement du personnel déjà totalement débordé du fait du sous-effectif chronique.

Les incendies, comme celui qui a dévasté une partie de la forêt des Landes, constituent une catastrophe annoncée, mais rien de sérieux n’est fait pour les prévenir ou les combattre. Au contraire, le gouvernement a programmé la suppression de près de 500 postes d’ici 2026 à l’Office national des forêts, l’organisme chargé d’entretenir les forêts publiques. La France, cinquième puissance économique mondiale, ne possède que douze Canadair, une flotte tellement vieillissante qu’au début des incendies, une partie était immobilisée pour des opérations de maintenance. Le nombre de pompiers, dont beaucoup sont des volontaires payés huit euros de l’heure, n’a cessé de diminuer. Il y a trois mois, les pompiers des Landes ont dû faire grève pour revendiquer des effectifs. Aujourd’hui, Macron leur rend hommage, mais il n’a aucunement l’intention d’augmenter leur nombre et d’améliorer leurs conditions de rémunération.

L’État n’anticipe rien quand il s’agit des conditions de vie de la population, des problèmes de santé publique, parce que les budgets publics doivent servir avant tout à alimenter les fortunes d’une minorité de bourgeois parasites et irresponsables.

Si Macron est incapable de prévoir sérieusement quoi que ce soit pour la santé et les incendies, il a promis de consacrer chaque année trois milliards d’euros supplémentaires au budget militaire. Et cette promesse-là sera tenue, pas seulement parce qu’elle garantit des contrats juteux aux marchands de canon. Dans un contexte où l’aggravation de la crise économique entraîne une montée des tensions, les États impérialistes intensifient la course aux armements, engloutissant des sommes de plus en plus faramineuses qui manqueront pour les hôpitaux, la construction de logements, les moyens de lutte contre les incendies et pour tous les services les plus indispensables aux populations. Mais au-delà, c’est un danger encore plus grave qui nous menace : ceux qui meurent aujourd’hui sous les bombes, dans des villes détruites comme en Ukraine ou dans bien d’autres régions ravagées par des conflits, nous offrent l’image du futur que les dirigeants du monde capitaliste nous préparent.

Un autre avenir pour la société serait possible en réorganisant l’économie sur des bases collectives et démocratiques, avec l’objectif de satisfaire les besoins du plus grand nombre tout en préservant l’environnement et l’avenir de la planète. Mais cela nécessite de renverser la domination de la bourgeoisie et de l’exproprier. Les travailleurs sont les seuls à pouvoir combattre pour cette perspective, car ils constituent la seule classe sociale n’ayant aucun intérêt au maintien de ce système fondé sur l’exploitation, le profit privé et la concurrence.

 

Nathalie Arthaud
 
Le 1er août 2022