lundi 29 avril 2019

Macron, président des riches un jour, président des riches toujours !

La conférence de presse de Macron, jeudi dernier, n’a sans doute convaincu que… ses ministres et députés. Les gilets jaunes et le gros du monde du travail n’attendaient pas grand-chose de son grand débat. Et il n’en est rien ressorti, sinon que Macron poursuivrait sa politique. Il n’est pas question d’augmenter le Smic. Il promet que la retraite minimum passera à 1 000 euros, une somme qui ne permet pas de vivre dignement. Et s’il a promis d’indexer de nouveau les retraites de moins de 2 000 euros sur la hausse des prix, et encore seulement en 2020, on le doit à la mobilisation des gilets jaunes.

Il a annoncé qu’il ne fermerait plus d’écoles ni d’hôpitaux ? Mais depuis qu’il est président, une quinzaine de maternités ont fermé. À force de coupes, les urgences sont saturées, les hôpitaux craquent, et la situation dans les Ehpad est catastrophique. Et Macron a expliqué qu’il continuerait de baisser les dépenses publiques.

Il a promis une baisse de l’impôt sur le revenu ? Mais si le manque à gagner n’est pas pris dans les coffres-forts des capitalistes, il le sera dans les poches des classes populaires. Macron maintient la suppression de l’impôt sur la fortune et il s’est de nouveau engagé à réduire la taxation des bénéfices des sociétés.

Il dit ne pas reporter l’âge légal de la retraite ? En disant qu’il faudra travailler plus, il prépare une offensive sur ce terrain. Au prétexte de l’augmentation de l’espérance de vie – qui d’ailleurs ne progresse plus –, il veut allonger la durée de cotisation sous peine de décote. Autrement dit, partir à 62 ans serait toujours possible, mais… avec une pension encore diminuée ! Dans la pratique, beaucoup, usés par un travail pénible ou poussés vers la sortie par leur patron, partiront avec une pension indigne.

Enfin, Macron a promis le plein emploi d’ici à 2025 ? Hollande avait déjà promis d’« inverser la courbe du chômage ». On sait ce qu’il en a été : il y a aujourd'hui 5,6 millions de personnes inscrites à Pôle emploi.

Les travailleurs qui perdent leur emploi en retrouvent parfois un, mais le plus souvent avec un salaire réduit et des conditions de travail dégradées. Par exemple, 576 salariés du papetier Arjowiggins ont été licenciés le 17 avril. « Où qu’on aille, expliquait l’un d’eux, on va perdre au minimum 200 euros, quand ce n’est pas plus ». Sans compter l’obligation de faire plus de route, voire de déménager. Quant aux emplois de la « nouvelle économie », ils sont le plus souvent dignes du XIXe siècle. Comme ces livreurs de repas à vélo, qui ne bénéficient d’aucune garantie de salaire, ni d’horaire, ni de couverture maladie ou accident. Ou encore ces autoentrepreneurs, qui ramassent des trottinettes électriques et les rechargent, chez eux, la nuit, pour cinq euros l’unité !

En réalité, la feuille de route de Macron et, derrière lui, de la classe capitaliste qui commande, c’est de poursuivre la dégradation de la condition ouvrière.

C’est cette dégradation qui alimente l’enrichissement de la grande bourgeoisie. Si quelques privilégiés peuvent débourser, rubis sur l’ongle, un milliard d’euros pour Notre-Dame, s’ils font un chèque de 200 millions comme nous en faisons un de 20 euros, c’est qu’ils ont gagné cet argent sur le travail de leurs salariés.

Macron maintient son cap. Aux travailleurs d’affirmer le leur ! Dans quelques semaines, le 26 mai, auront lieu les élections européennes. Lutte ouvrière y présente une liste, conduite par Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier, pour défendre les intérêts des travailleurs contre ceux du grand capital. Une liste composée d’ouvriers, d’employés et de techniciens, de cheminots, de personnels des hôpitaux et de l’éducation, de femmes et d’hommes dont le travail fait fonctionner la société.

Cette liste milite pour la hausse du pouvoir d’achat, par l’augmentation des salaires, des pensions et des allocations et leur indexation sur la hausse des prix.

Contre le chômage, elle milite pour l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous, sans perte de salaire.

Contre le parasitisme capitaliste et pour faire la lumière sur les circuits de l’argent, elle réclame le contrôle sur les comptes des entreprises et sur les grandes fortunes privées.

Voter Lutte ouvrière, c’est affirmer ces objectifs. Cela ne suffira bien sûr pas pour changer le rapport des forces. Mais cela permettra de faire entendre le camp des travailleurs et de préparer les luttes de demain. 
Le 29 avril 2019
 
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Manifestons le 1er Mai

Un siècle après l’instauration de la journée des huit heures, les travailleurs doivent toujours défendre ce droit, comme tous ceux qu’ils ont acquis, contre une bourgeoisie qui ne cesse de partir à l’attaque.
Dans tous les pays, capitalistes et gouvernements à leurs ordres veulent faire payer à la classe ouvrière la crise de leur système économique, et cherchent à développer la concurrence entre travailleurs pour leur imposer une baisse de leur niveau de vie.
Face à ces attaques d’envergure, il est vital pour les travailleurs de défendre leurs intérêts de classe, qui sont les mêmes quel que soit le pays dans lequel ils vivent : le droit au travail, au logement, aux loisirs, c’est-à-dire de pouvoir mener une vie décente, y compris à la retraite.
Le 1er Mai, journée de manifestation internationale, est l’occasion de réaffirmer, comme le disait le Manifeste communiste de Marx et d’Engels : “Travailleurs de tous les pays, unissons-nous !”
Lutte ouvrière appelle à participer aux manifestations prévues ce jour-là, notamment à l’initiative de la CGT.
A Vierzon, rassemblement à 1oh30, Place de la Résistance



 

mardi 23 avril 2019

Un milliard pour Notre-Dame, l'austérité pour les misérables

Les braises de Notre-Dame étaient encore chaudes que les grandes fortunes faisaient déjà connaître leur contribution à sa reconstruction. 100 millions, ont annoncé la famille Pinault et l’entreprise Total ! 200 millions, ont renchéri Arnault (LVMH), première fortune française, et la famille Bettencourt-Meyers (L’Oréal) ! En tout, un milliard aurait été annoncé par les grands groupes et leurs actionnaires… qui pourront bénéficier de la défiscalisation des deux tiers de leurs dons.

Un milliard, rubis sur l’ongle : l’argent dégouline, quand tant de travailleurs ont du mal à finir le mois. Un milliard, l’obole des riches, c’est trois hôpitaux, ou 10 000 logements. Ou encore 25 000 emplois payés 1800 euros net, avec les cotisations. Quand le gouvernement a augmenté la CSG ou a désindexé les retraites de l’inflation, il a dit y être obligé, faute d’argent. Quand il a baissé les APL, quand il supprime des centaines de milliers d’emplois aidés, il explique qu’il n’y a pas d’argent. Aux services d’urgence des hôpitaux parisiens, en grève pour dénoncer le manque d’effectifs, on répond que les caisses sont vides. Même les pompiers, célébrés à juste titre la semaine dernière, doivent régulièrement se mobiliser contre la baisse de leurs moyens. Et que dire de la misère des Ehpad, ou du logement ? À Marseille, six mois après les effondrements de la rue d’Aubagne, plusieurs centaines de personnes habitent toujours à l’hôtel, faute de logements sûrs.

Dans les entreprises, c’est la même rengaine. Aux salariés de Ford-Blanquefort, d’Arjowiggins, ou d’Ascoval, licenciés par centaines, les patrons répètent qu’il n’y a pas d’argent.

La réalité illustrée par Notre-Dame, c’est qu’il y a beaucoup d’argent, quand il s’agit pour les milliardaires de faire parler d’eux. Cet argent, qui vient du travail de tous, la collectivité devrait en disposer.

L’incendie d’un monument historique, fruit du travail humain des générations passées, est certes regrettable. Et on ne peut que se féliciter qu’il ait été sauvé. Mais, de Macron à Le Pen, les politiciens en ont profité pour un appel à l’union nationale, au nom d’une religion chrétienne qui serait, d’après eux, la racine de la France éternelle. Ils utilisent l’événement pour leur propre démagogie, comme le député de droite Eric Ciotti, qui explique que l’incendie « est venu nous rappeler que notre civilisation est menacée et qu’il nous faut la défendre pour que la France reste la France ».

Le gouvernement a tenté d’utiliser l’incendie pour resserrer les rangs derrière lui. Il fallait « faire une trêve », ont répété les ministres à l’intention des gilets jaunes. C’était une trêve à sens unique. Dès dimanche, la députée LREM Aurore Bergé expliquait qu’il faudrait travailler plus. Le gouvernement étudierait la suppression d’un jour férié. D’autres macronistes et le Medef parlaient de reporter l’âge de départ à la retraite au-delà de 62 ans. Ces gens-là mènent la guerre de classe sans répit. Alors il n’est pas de trêve qui vaille.

Le 26 mai, auront lieu les élections européennes. Les travailleurs n’ont certes rien à attendre de l’Union européenne (UE) : depuis sa création, elle est façonnée par les capitalistes, pour les marchés et la finance, pas pour les peuples. En guise de protection sociale, l’UE n’a rien imposé, pas même un salaire minimum commun. C’est même l’inverse : aujourd'hui, la précarité s’y généralise.

Mais, contrairement à ce qu’expliquent les souverainistes, les États nationaux ne protègent pas mieux les travailleurs. Nous en savons quelque chose, avec Sarkozy, Hollande ou Macron. UE ou pas, les États sont au service des capitalistes, et ne protègent les travailleurs de rien.

Alors, il ne faut pas se laisser tromper par le faux débat entre pro et anti-européens. En revanche, ces élections, en France les premières depuis l’arrivée de Macron au pouvoir, permettent aux travailleurs de se prononcer pour leurs intérêts de classe. C’est la raison d’être de la liste présentée par Lutte ouvrière, menée par Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier.

Cette liste, composée de salariés, d’ouvriers et d’employés, se présente pour porter la voix du camp des travailleurs face au grand capital. Le camp des ouvriers licenciés, face à leur licencieur. Le camp des chômeurs, dans cette société qui leur refuse un travail. Le camp des précaires, qui veulent un emploi stable et dignement payé. Le camp des retraités, qui veulent vivre correctement après une vie de labeur. Contre les Arnault, Pinault, Bettencourt, contre le grand capital, faites entendre, avec la liste Lutte ouvrière, le camp des travailleurs. 
Le 22 avril 2019

lundi 15 avril 2019

Algérie, Soudan : des leçons et un avertissement pour les travailleurs

Depuis plusieurs semaines, en Algérie et au Soudan, la population est parvenue à ébranler les dictatures en place depuis des dizaines d’années, à force de mobilisations massives et déterminées.

En Algérie, après les manifestations qui ont commencé en février, la population a obtenu la démission de Bouteflika, qui était au pouvoir depuis vingt ans. Le nouveau gouvernement a promis la tenue d’un scrutin présidentiel le 4 juillet prochain. Il espère ainsi canaliser l’aspiration au changement exprimée par la population et faire élire un homme qui assurerait la continuité du régime.

Les manifestations qui viennent d’avoir lieu dans tout le pays le 12 avril montrent que la majorité de la population ne veut pas se contenter d’un ravalement de façade et refuse d’accorder la moindre confiance à ceux qui ont dirigé le pays avec Bouteflika en réprimant toute opposition.

Cette méfiance est d’autant plus justifiée qu’au-delà de la clique de privilégiés et d’affairistes qui s’accaparent le sommet de l’État, c’est tout l’appareil répressif de la dictature, à commencer par l’armée, qui reste en place. Et si pour le moment, l’État-major n’a pas fait le choix de réprimer les manifestations, ses dirigeants n’ont pas hésité dans le passé à faire tirer à de nombreuses reprises sur la population.

Au Soudan, depuis quatre mois, des manifestations se déroulaient contre le renchérissement des produits de première nécessité, comme le sucre et le pain dont le prix avait été multiplié par trois. Malgré la répression, les manifestations ont continué de s’amplifier. Finalement, le 11 avril, l’armée a décidé de lâcher le dictateur en place depuis 30 ans, organisant un coup d’État pour mettre en place un « Conseil militaire de transition ».

Contre ce qu’ils dénonçaient comme « une photocopie du régime », des milliers de manifestants ont continué de descendre dans la rue, défiant le couvre-feu instauré par les nouvelles autorités et obligeant le chef du Conseil militaire à peine installé à démissionner. « En deux jours, nous avons renversé deux présidents » scandaient fièrement les manifestants soudanais.

Les travailleurs et les classes populaires qui se sont mobilisées massivement en Algérie et au Soudan contre la dictature ont toutes les raisons d’être fiers. Ils ont montré qu’en luttant collectivement et d’une façon déterminée, ils représentent une force énorme.

Mais ce qui se passe aussi bien en Algérie qu’au Soudan nous montre aussi que cette force ne peut être efficace qu’à condition d’être guidée par une politique qui se place du point de vue des intérêts de classe des exploités. Cela nécessite que les exploités se donnent une organisation représentant à la fois ces intérêts et une perspective pour l’ensemble de la société.

La grande bourgeoisie, les classes privilégiées ont à leur disposition un arsenal politique et des forces de répression pour défendre leur domination. Ces serviteurs politiques ou militaires ont les moyens d’inventer une multitude de subterfuges pour tromper la majorité pauvre de la population et tenter de la conduire vers des voies de garage.

Et si ces subterfuges ne suffisent pas, ils feront appel à la répression. En Algérie, de façon encore un peu déguisée, au Soudan de façon brutale, c’est l’état-major de l’armée qui joue le rôle de centre dirigeant pour offrir une solution à la classe dirigeante.

Eh bien, la principale leçon à en tirer pour les classes exploitées, et avant tout pour le prolétariat, c’est qu’il faut qu’elles disposent d’organisations susceptibles de devenir un état-major face à ceux de la bourgeoisie, à commencer par un parti en lequel elles se reconnaissent et qui sache opposer aux choix politiques de la bourgeoisie une politique favorable aux masses populaires.

L’autre leçon, c’est que la classe privilégiée n’abandonne jamais sans combattre. « Qui a du fer a du pain » disait Blanqui, un grand révolutionnaire du 19ème siècle parlant de l’armement des classes opprimées. Ce qui s’est passé en Égypte est l’illustration de ce que font les oppresseurs à un peuple désarmé.

La lutte que mènent aujourd’hui les travailleurs en Algérie et au Soudan, c’est aussi la nôtre, travailleurs de France, celle que nous avons à mener pour renverser le pouvoir politique et économique de la classe privilégiée et pour mettre fin à la mainmise du grand capital sur la vie de la société. 
Le 15 avril 2019

lundi 8 avril 2019

Aux élections européennes, affirmer le camp des travailleurs face à celui du grand capital

Le gouvernement a commencé la « restitution » du grand débat national. Des logiciels auraient analysé les deux millions de contributions et les 630 000 pages de doléances. Et d’après le Premier ministre Édouard Philippe, il en ressort… qu’il faut baisser les dépenses publiques, les aides au logement notamment ! Quel baratin ! Dans quelques jours, Macron annoncera ses choix. Il n’en sortira rien de favorable aux classes populaires. Depuis le début, ce grand débat était destiné à mettre un terme au mouvement des gilets jaunes.

En réalité, de nouvelles attaques contre les classes populaires se préparent. Il n’est qu’à voir les ballons d’essai que le gouvernement vient de lancer à propos des retraites. Macron s’était engagé à ce que l’âge de départ reste à 62 ans sous son mandat. Les ministres se succèdent maintenant pour expliquer qu’il faut financer la dépendance et que l’espérance de vie augmente – ce qui était vrai mais ne l’est plus. En outre, les employeurs se débarrassent souvent des salariés bien avant qu’ils aient atteint 62 ans. Retarder l’âge légal, c’est aussi préparer une baisse des pensions.

Autre mesure : les tarifs d’EDF, qui avaient été gelés quand le mouvement des gilets jaunes battait son plein, augmenteront de 6 % l’été prochain, soit une centaine d’euros en plus par an pour une famille qui se chauffe à l’électricité.

Quant aux capitalistes, grand débat ou pas, ils n’ont pas interrompu leurs attaques contre les travailleurs. En témoigne la situation des papeteries Arjowiggings, en liquidation, et dont les ouvriers seront bientôt au chômage. À Blanquefort, 800 salariés vont être licenciés par Ford, une des plus grandes entreprises mondiales. Carrefour a également annoncé la suppression de plus de 1 200 postes. Ses actionnaires se sont partagé 350 millions d’euros de dividendes, mais cela ne leur suffit pas !

C’est dans ce contexte que la campagne pour les élections au Parlement européen a débuté. Une comédie bien réglée dans laquelle on veut limiter les choix aux pro et anti-Européens.

D’un côté, les macronistes, la droite et le PS vantent les mérites de la construction européenne. Depuis 60 ans qu’elle a commencé, celle-ci ne s’est faite que pour les capitalistes. Les marchandises, la finance et les crises traversent les frontières sans contrôle. Mais l’UE n’a en rien harmonisé les droits des salariés. À l’Est, les salaires sont inférieurs à 500 euros. Au Sud, le chômage fait des ravages. Et l’Europe est devenue une forteresse dressée contre les migrants. Aujourd'hui, le ministre Castaner en est, comme l’italien Salvini, à dénoncer les ONG qui sauvent les migrants, accusées d’être « complices des passeurs ».

Du côté des souverainistes, entre Bardella, Philippot, Dupont-Aignan et Asselineau, ça se bouscule au portillon. Ce sont des démagogues. Le bilan de l’UE n’est certes pas glorieux, mais celui des États nationaux ne l’est pas non plus !

Lutte ouvrière sera bien présente dans ces élections, même si France 2 n’a pas invité Nathalie Arthaud à son débat de jeudi dernier, s’asseyant sans vergogne sur le pluralisme. Nous y dirons que, en France comme en Europe, les travailleurs ne doivent pas accepter de faire les frais de l’offensive capitaliste. Nous affirmerons qu’ils doivent mettre en avant des revendications qui correspondent à leurs intérêts.

Les gilets jaunes se sont révoltés parce qu’ils ne pouvaient plus joindre les deux bouts. Pour préserver nos conditions d’existence, il faut augmenter les salaires, les pensions et les allocations, et les indexer sur les prix.

Contre le chômage, il faut interdire les licenciements et créer des emplois, en répartissant le travail entre tous, sans perte de salaire.

Contre les grands patrons qui ferment des usines en prétendant être en difficulté, ou sont même, comme Carlos Ghosn… spécialisés dans le transfert d’argent vers leurs poches, il faut abolir le secret des affaires. Les salariés, les usagers et les consommateurs doivent pouvoir contrôler les comptes des entreprises.

Il faudra de puissantes luttes collectives du monde du travail pour inverser le rapport de force et imposer les exigences du camp des travailleurs. Mais dans ces élections, nous pourrons au moins l’affirmer en votant pour la liste Lutte ouvrière conduite par Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier. Affirmer le camp des travailleurs, dire ce que sont ses exigences contre le camp du grand capital industriel et financier, c’est déjà se préparer aux combats de demain. 
 
Le 8 avril 2019

lundi 1 avril 2019

Pendant les discours électoraux, la guerre contre les travailleurs continue

Dimanche 31 mars, c’était la fin de la trêve hivernale. D’après les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, les expulsions locatives ont bondi de 46 % en dix ans. En 2017, plus de 15 500 ménages avaient été expulsés par une intervention de la force publique. Et la Fondation souligne que le travail, trop précaire et trop mal payé, «ne protège plus du risque de perdre son logement ».

Quant aux annonces faites le lendemain, elles ressemblent à un mauvais poisson d’avril ! Avec 0,3 % de revalorisation de plusieurs prestations sociales, on est tellement en-dessous de l’inflation que personne n’a osé dire qu’il s’agirait d’un coup de pouce pour le pouvoir d’achat.

C’est dans ce contexte que les troupes du gouvernement se lancent dans la campagne des Européennes. Nathalie Loiseau, ex ministre, a revêtu ses habits de candidate et les discours et promesses qui vont avec. Mais la réalité pour les classes populaires, c’est une société où il est de plus en plus difficile de vivre dignement et où les attaques contre les conditions de travail et de vie se succèdent.

Les moyens en baisse pour l’école ont mis dans la rue des dizaines de milliers d’enseignants et de parents. Dans le reste de la Fonction publique, l’objectif de supprimer 120 000 emplois est toujours d’actualité. Pour résumer l’esprit de la réforme présentée la semaine dernière, le ministre des Comptes publics Darmanin a précisé que « l’État doit être un meilleur DRH ». Il veut avoir les mains libres pour embaucher davantage de précaires, contraindre les travailleurs à la mutation, voire au départ.

Cette réforme a été précédée de l’habituelle campagne contre les prétendus « privilèges » des fonctionnaires. Dans le monde du patronat et du gouvernement à son service, les attaques contre une catégorie de travailleurs sont toujours justifiées ainsi. Les reculs ayant déjà été imposés à d’autres, le gouvernement voudrait les faire subir à tous et faire passer cela pour de la justice !

Quant aux retraites, de plus en plus de voix s’élèvent dans le gouvernement pour dire qu’il faudra bien se résoudre à reculer l’âge de départ, pour aller jusqu’à 65 ans. Au nom de la sauvegarde du système de retraites par répartition pour les générations futures, bien sûr ! De nombreux salariés arrivent à l’âge actuel de la retraite en étant déjà sans travail. Alors, reculer encore l’âge de départ, cela signifie économiser de l’argent sur le dos des retraités en leur versant des pensions amputées.

Le gouvernement justifie les attaques présentes, passées et à venir au nom de la lutte pour l’emploi, pendant que les grands groupes, riches à milliards, continuent à les supprimer massivement. Qu’il s’agisse de fermetures de sites, comme l’usine Ford de Blanquefort ou les papeteries Arjowiggins dans la Sarthe et dans l’Aisne, ou de plans de licenciements comme chez Castorama ou Carrefour, des centaines de travailleurs et leurs familles risquent la catastrophe sociale.

L’économie capitaliste est engluée dans une crise permanente. C’est l’exploitation accrue, l’augmentation du chômage et de la précarité qui permettent à la grande bourgeoisie de continuer à augmenter ses profits. Ces milliards qui s’accumulent dans les coffres des classes riches ne s’investissent pas dans la production mais vont grossir les flux de la spéculation, augmentant la menace d’un nouveau krach boursier à l’échelle mondiale.

Dans la campagne européenne, il y aurait, d’un côté, un Bardella, poulain de Le Pen, ou un Salvini, ouvertement xénophobes et nationalistes, qui font mine de s’insurger contre la « dictature de Bruxelles ». Et, de l’autre côté, on aurait de prétendus progressistes, favorables à l’Europe, comme Merkel ou Macron. Tous nous mentent !

Dans les deux cas, derrière les discours, ce sont des politiciens au service du grand patronat. C’est la bourgeoisie qui est à l’origine de cette Union bancale qui sert ses intérêts. C’est aussi elle qui se retranche derrière son État national quand c’est bon pour ses profits. La fausse alternative entre pro et anti Union européenne conduit les travailleurs dans une impasse, car elle cache la seule véritable opposition dans cette société : celle entre les exploités et leurs exploiteurs.

La liste Lutte ouvrière, conduite par Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier, met en avant la nécessité de contester la domination de la bourgeoisie sur l’économie. Affirmer les intérêts du camp des travailleurs contre le grand capital est le seul geste utile que le monde du travail pourra faire avec son bulletin de vote. 
Le 1er avril 2019