lundi 24 juillet 2017

Contre les mauvais coups de l'été, préparons la riposte de l'automne !

Au cœur de l’été, il n’est pas une semaine sans que le gouvernement n’annonce de mauvais coups contre les classes populaires.

Dernier en date : la réduction de l’APL et des autres aides au logement. On nous présente comme mineure une baisse de 5 euros par mois – quelle arrogance ! Ces aides permettent souvent aux plus modestes, aux étudiants des classes populaires par exemple, de se loger. Et, c’est à eux que s’en prend le gouvernement, alors que le nombre d’expulsions locatives bat des records ! Et cela va s’aggraver car il envisage à l’automne une « remise à plat » des aides au logement, c’est-à-dire une baisse massive.

On a beaucoup commenté ces derniers jours le psychodrame autour de la démission du chef d’état-major des armées. En réalité, le budget de la défense va augmenter, comme l’a rappelé Macron. En revanche, le gouvernement va réduire des budgets dont ceux de l’égalité hommes-femmes, de l’aide au développement, ou encore de l’enseignement supérieur. Pourtant, alors que des dizaines de milliers de bacheliers ne trouvent pas de place à l’université, la solution envisagée, c’est de mettre en place une sélection, à la manière des universités américaines.

L’argument de l’équilibre budgétaire est mensonger. La semaine dernière, le gouvernement a discrètement annoncé la suppression de la taxe sur les dividendes versés aux actionnaires, un impôt qui rapporte 2 milliards par an, soit cinq fois le gain permis par le coup de rabot sur les aides au logement ! Et il prépare une réforme qui va réduire à peu de chose l’impôt sur la fortune et priver l’État de 3 ou 4 milliards. En même temps, la CSG augmentera de 1,7 point et les retraités en paieront le prix fort. En réalité, il ne s’agit pas d’équilibrer le budget, mais de faire payer aux classes populaires les cadeaux fiscaux faits aux riches.

Autre coup bas de l’été : la réforme du compte pénibilité, qui devait permettre aux salariés concernés de partir un peu plus tôt à la retraite. Le patronat ne voulait pas accorder la moindre concession aux salariés portant des charges lourdes, exposés à des vibrations ou encore à des risques chimiques. Le gouvernement a obtempéré.

Et puis, le Parlement continue d’examiner la réforme du Code du travail. Sans qu’on sache le détail des futures ordonnances, il est clair qu’elles seront dictées par le Medef.

Ainsi, alors que jusqu’à présent les accords d’entreprise ne pouvaient être moins favorables aux salariés que les accords de branche, ce sera l’inverse : le patronat pourra fixer les règles.

La réforme vise aussi à faciliter l’usage des contrats de chantier ou de mission à la place des CDI, autrement dit à généraliser la précarité. Elle facilitera les règles des licenciements et pourrait permettre au patronat de modifier sans obstacle les contrats de travail pour augmenter les horaires ou réduire les salaires.

Et quand les salariés seront licenciés, les recours devant les prud’hommes seront plus difficiles. Les capitalistes veulent réduire les indemnités accordées. Pour eux, elles sont toujours excessives, comme le montre le cas de cette ancienne forge des Ardennes, dont les ex-salariés viennent d’être condamnés à rembourser la moitié de leurs indemnités neuf ans après leur licenciement.

Autrement dit, la réforme vise à ramener le droit du travail un siècle en arrière.

Il ne faut pas l’accepter. Les dirigeants de la CFDT et de FO, toute honte bue, font l’éloge de cette réforme. Ceux de la CGT se prêtent aussi au jeu de dupes qu’est la négociation, mais au moins ils appellent à se mobiliser mardi 12 septembre contre cette future régression sociale.

Il faut saisir cette occasion pour montrer notre refus. Une seule journée ne pourra bien sûr suffire à faire reculer le gouvernement. Mais elle peut permettre d’amorcer une riposte.

De toute façon, le seul langage que comprend le gouvernement, c’est le rapport de force. Macron n’est pas le premier à se prendre pour Jupiter et à jouer au chef de guerre. Et face à la colère du monde du travail, face à des grèves et des manifestations de masse, il serait tout aussi impuissant que Villepin, qui dut retirer le CPE en 2006, ou que Juppé qui dut remballer sa réforme des retraites en 1995.

Le gouvernement utilise l’été pour multiplier les coups bas contre les travailleurs. Eh bien, nous devons en profiter pour prendre des forces en vue de la rentrée !
Le 24 juillet 2017

lundi 17 juillet 2017

Le gouvernement attaque les travailleurs. Préparons-nous à riposter !

Chaque jour de l’été, ou presque, une nouvelle mesure antiouvrière est annoncée. La semaine
dernière, c’est le sort du compte pénibilité qui a été scellé. Cette mesure, bien limitée, devait permettre à certains salariés soumis à des travaux pénibles de partir plus tôt à la retraite. Le patronat a eu gain de cause : les travailleurs qui portent des charges lourdes, subissent des vibrations ou sont exposés à des risques chimiques, ne bénéficieront pas de départ anticipé. Et si, en théorie, les autres risques restent pris en compte, ce n’est plus le patronat qui les financera mais la Sécurité sociale.

Les annonces de baisses d’impôts ne doivent tromper personne. Seule certitude : les riches seront servis. L’impôt sur la fortune sera réduit. En même temps, le gouvernement diminue le budget de l’Éducation nationale et des universités, ce qui touchera d’abord les enfants des classes populaires. Pour les salariés et les retraités, c’est la hausse de la CSG qui est au menu ! Quant à la baisse de la taxe d’habitation, il reste à voir comment elle sera compensée pour les collectivités locales et qui paiera. Une fois encore, les habitants des communes les plus pauvres seront pénalisés.

Et le pire est à venir, avec les ordonnances réformant le Code du travail, que les députés ont autorisées.

L’extension des accords d’entreprise facilite le chantage à l’emploi : en menaçant de licencier, un patron pourra accroître le temps de travail sans augmenter les salaires.

À l’échelle des branches professionnelles, les contrats de mission seront autorisés, selon une vieille demande du patronat, qui voudrait se débarrasser du CDI. Un salarié pourra ainsi n’être embauché que pour la durée d’un projet, ce qui revient à vider de son sens le CDI, et à généraliser la précarité de l’emploi. Le patronat voudrait en quelque sorte transformer tous les salariés en travailleurs à la tâche, exploitables puis jetables, comme c’était la règle avant 1936.

Les entreprises auront toujours plus de facilités pour licencier : par exemple, une multinationale ultra-bénéficiaire pourra procéder à des licenciements dits « économiques », dans une de ses filiales déclarant des pertes. Cette disposition était déjà dans le projet de loi El Khomri en 2016, et avait dû être retirée face à la contestation ouvrière – c’est à méditer ! Macron veut aussi rétablir le plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif, une attaque à laquelle le gouvernement PS avait également dû renoncer, mais à laquelle tient le patronat pour pouvoir se débarrasser à moindres frais de salariés.

Le gouvernement peut sortir de son chapeau quelques mesures mineures, afin de faire passer la potion amère. Rappelons-nous que, quand la loi Macron avait étendu le travail du dimanche, on parlait aux salariés de volontariat et de bonifications. Aujourd'hui une firme comme Bricorama a réduit ses majorations.

Les travailleurs n’ont rien à attendre des débats parlementaires. Le gouvernement dispose d’une majorité de députés à sa botte, choisis et élus pour mettre en œuvre le programme de Macron. Une fois que les ordonnances seront présentées, le 20 septembre, elles seront immédiatement applicables.

Les dirigeants des confédérations syndicales se sont pliés au cinéma du « dialogue social » que le gouvernement met en scène cet été, alors qu’en réalité c’est lui et, derrière lui, le patronat, qui décide de tout. Les dirigeants de la CFDT et ceux de FO passent les plats à Macron, à Édouard Philippe, et à la ministre du Travail Muriel Pénicaud, tout droit issue des milieux patronaux. La CGT joue aussi le jeu de la concertation, mais a au moins le mérite d’appeler les salariés à se mobiliser mardi 12 septembre.

Il faut se saisir de cette occasion pour montrer que nous n’acceptons pas d’être attaqués sans réagir. Il faut que nous soyons nombreux en grève et en manifestation ce jour-là. Cette seule journée ne suffira pas à faire reculer le gouvernement, mais elle doit être le point de départ d’une riposte du monde du travail, qui est la seule réponse face à cette déclaration de guerre.

Macron peut parader avec Trump, faire le matamore et multiplier les gestes d’autorité ; mais nous en avons vu d’autres. Il peut se dire « droit dans ses bottes » comme Juppé en 1995, il serait tout aussi impuissant face à une mobilisation du monde du travail, avec des grèves et des manifestations massives. C’est ce qu’il faut préparer.
Le 17 juillet 2017

mardi 11 juillet 2017

Les militants de Lutte ouvrière à votre rencontre

Dès le 3 juillet, les militants de Lutte ouvrière reprennent leurs circuits d’été pour aller à la rencontre des travailleurs.

Le nouveau gouvernement a annoncé la couleur, il va faire pire que le précédent. Il profite de l’été pour concocter de nouvelles attaques contre le monde du travail, qui seront appliquées par ordonnances dès la rentrée. La précarité et la surexploitation des salariés seront accentuées, tandis qu’en face le patronat profitera de droits nouveaux.

Gouvernement et patronat mènent une guerre de classe contre les travailleurs. Alors les vacances doivent être pour eux l’occasion d’en parler, de préparer leur rentrée, et de faire eux aussi leurs plans pour réagir aux mauvais coups à venir.

C’est de cela que les militants de Lutte ouvrière souhaitent parler cet été avec les travailleurs, les chômeurs et tous ceux qui, dans les couches populaires, ressentent le besoin de ne pas laisser sans réponse les attaques du gouvernement et du patronat.

Les militants de Lutte ouvrière viendront à votre rencontre
à VIERZON
Samedi 15 juillet
de 10h à 12 h et de 16h à 18h
à l'entrée du marché et devant Carrefour Market

lundi 10 juillet 2017

Gouvernement et patronat mènent la lutte de classe, nous ne pourrons pas éviter le combat

Il n’y a pas de semaine sans l’annonce d’une nouvelle mesure anti-ouvrière du gouvernement. Dernière en date, la fin du compte pénibilité et son remplacement par le compte de prévention, avec la suppression de quatre critères de pénibilité sur dix et la fin des sur-cotisations demandées au patronat. Ce compte pénibilité était une concession dérisoire de Hollande lorsqu’il avait allongé la durée de cotisation pour toucher une retraite à taux plein. C’était déjà trop pour le patronat.

Mais dans la guerre que le gouvernement mène contre le monde du travail, cette annonce n’est pas la plus importante. La nouvelle loi Travail, présentée cette semaine au Parlement, est l’offensive d’envergure. Son objectif est de vider de son contenu le Code du travail et d’effacer toute trace de ce qui reste des acquis de plus de cent ans de luttes ouvrières.

Dans les entreprises, les patrons feront la loi au sens propre du terme, en fixant le temps de travail et les salaires comme ils voudront. Le gouvernement dit que ces accords d’entreprise seront le fruit du dialogue social. Mais ce dialogue social, c’est un monologue patronal qui se résume à : « Si tu n’es pas content, tu prends la porte. » Et comme la loi modifiera aussi les procédures de licenciements individuels et collectifs, les patrons auront encore plus de liberté pour licencier.

À l’échelle des branches, les conventions collectives pourront autoriser les CDI de mission. Ces contrats permettent au patron de se débarrasser des salariés une fois la mission accomplie sans devoir payer d’indemnité. Les accords de branche fixeront aussi le nombre de renouvellements possibles d’un CDD. Et les indemnités prud’homales dans le cas d’un licenciement reconnu abusif seront plafonnées.

L’offensive ne s’arrêtera pas là. Le Premier ministre, Philippe, a confirmé l’augmentation de la CSG de 1,7%. Il prétend que pour les travailleurs du privé cette hausse sera compensée par une baisse des cotisations sociales. Rien n’est moins sûr. Et pour les fonctionnaires et les retraités dont la pension dépasse 1 200 euros par mois, le recul du pouvoir d’achat est programmé.

Pendant que le gouvernement prépare ses lois, le patronat poursuit ses propres attaques.

La semaine dernière, les travailleurs de GM&S dans la Creuse sont allés bloquer la fonderie de PSA Sept-Fonds dans l’Allier. Comme l’offre de reprise de leur entreprise laisse sur le carreau 157 salariés sur 277, ils ont voulu faire pression sur les donneurs d’ordres, Renault et PSA, et sur l’État, actionnaire de ces deux groupes. Leur détermination a forcé le ministre de l’Économie à les recevoir à Bercy. Leur mobilisation a été médiatisée, mais combien d’autres usines ferment parce que des actionnaires trouvent plus profitable de supprimer des emplois et de concentrer le travail sur moins de salariés ? Il y a aussi les plans de suppression d’emplois des grands groupes. Michelin a annoncé près de 2 000 suppressions d’emplois dans le monde dont 1 500 en France.

Enfin, à tout cela, il faut ajouter la répression patronale, qui trouve toujours l’oreille complaisante d’une justice de classe. Des militants syndicaux chez PSA sont menacés judiciairement, dont un condamné à six mois de prison avec sursis. Pourquoi ? Parce qu’ils ne baissent pas la tête devant leur direction. Voilà la lutte de classe dont Macron dit qu’elle n’existe plus, qui permet à la classe capitaliste de s’enrichir, comme ces actionnaires à qui les entreprises du CAC40 ont versé 46 milliards d’euros de dividendes pour 2016.

Si nous ne voulons pas être broyés, nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre collectivement contre toutes les attaques patronales et contre cette loi Travail. Pour l’instant, la comédie de la négociation se poursuit et tous les dirigeants syndicaux jouent le jeu du gouvernement. Ceux de la CFDT et de FO se font clairement les complices de la politique gouvernementale. Ceux de la CGT veulent jouer au syndicat de « propositions » comme les autres, mais, en même temps, ils appellent à la grève pour le 12 septembre. Et c’est une opportunité à saisir.

Une seule journée ne suffira pas à faire reculer le patronat et le gouvernement. Mais seules des mobilisations ouvrières puissantes pourront faire barrage à cette loi qui sera votée au Parlement par la majorité macroniste.

Il faut utiliser toutes les possibilités de réactions collectives et affirmer la nécessité d’une lutte générale et explosive du monde du travail.
 
Le 10 juillet 2017

lundi 3 juillet 2017

L'été pour nous préparer à lutter contre les attaques du gouvernement et des patrons

Macron devant le Congrès et Philippe devant le Parlement, le pouvoir s’est réparti les rôles pour occuper les médias. Ils parlent de l’avenir de la France, la patrie, la République. Mais derrière le show et l’enfumage, il y a une des politiques les plus férocement anti-ouvrières de ces dernières années.

Pour les travailleurs, la nouvelle attaque contre le Code du travail vaut tous les discours. La semaine dernière, le projet de loi précisant le contenu de ces attaques a été rendu public. Les formulations sont compliquées mais l’idée principale est simple : la guerre au monde du travail a été officiellement déclarée.

Macron utilise le système des ordonnances parce qu’il veut aller le plus vite possible en faisant le moins de vagues possible. Il veut attaquer les travailleurs quand ils sont en congé et que les entreprises sont fermées ou marchent au ralenti. Car malgré son arrogance, il craint nos réactions collectives. Et ce que contient son projet ne peut que nous y pousser.

La primauté serait désormais aux accords d’entreprise. Ce n’est plus le Code du travail qui serait la règle et les accords d’entreprise qui seraient l’exception, mais l’inverse.

Tout se ferait au nom du dialogue social, bien sûr. Quelle hypocrisie ! Avec cette loi, le patronat aurait encore plus les mains libres au niveau de chaque entreprise pour jouer à fond du chantage à l’emploi et imposer ses quatre volontés.

Et le projet lui offrirait de nouvelles possibilités pour cela. Les « CDI de chantier », qui permettent au patron de licencier sans indemnité à la fin d’un projet, seraient généralisés. Les durées maximales des CDD et leur nombre successif autorisé pourraient être redéfinis à l’échelle des branches. Les indemnités prud’homales seraient plafonnées. Les patrons auraient encore moins à se justifier des licenciements individuels et collectifs. Le prêt de main-d’œuvre d’une entreprise à une autre serait étendu… Bref, tout ce qui est encore inscrit dans le Code du travail, protégeant encore un peu les travailleurs, serait envoyé aux oubliettes.

Le gouvernement nous menace mais aucune direction syndicale n’a vraiment relevé le gant. Toutes les confédérations continuent de jouer la comédie des discussions avec la ministre du Travail. Maintenant que le gouvernement a officiellement abattu ses cartes, de quoi vont-elles discuter avec lui ? De la longueur des nouvelles chaînes que le patronat accrochera à nos boulets d’esclaves salariés ?

L’attitude de Berger de la CFDT est sans surprise. Comme au moment de la loi El Khomri, il se fait le porte-parole du projet. Pour FO, le revirement de Mailly est spectaculaire. Lui qui avait appelé à la mobilisation l’an dernier a déclaré : « on est dans un processus de concertation intense », « on a des discussions sur le fond ». Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. La CGT, elle, commence à faire le grand écart. Elle a un pied dedans, un pied dehors. D’un côté, elle joue le jeu des négociations, de l’autre, elle appelle à une journée de mobilisation pour le mardi 12 septembre.

Eh bien, il faut se saisir de cette date ! Le gouvernement reprend l’offensive là où Hollande s’était arrêté avec la loi El Khomri. Reprenons, nous aussi, là où nous nous sommes arrêtés ! Les cinq mois de mobilisation contre cette loi El Khomri sont encore en mémoire. Des centaines de milliers de travailleurs ont participé au moins à une manifestation ou à une grève. C’est un point d’appui important.

Dans toutes les entreprises, cette attaque gouvernementale vient s’ajouter aux offensives patronales déjà permanentes : l’accélération des cadences, les horaires de travail à rallonge ou encore les menaces individuelles contre les travailleurs et les militants syndicaux. Tous ces combats sont liés. La force du camp des travailleurs réside dans sa capacité à réagir collectivement. Il faut, dans nos têtes, considérer que toutes ces attaques n’en font qu’une, qui vise l’ensemble du monde du travail et qui doit nous pousser à réagir tous ensemble.

Toute une partie du Code du travail a été le fruit des luttes ouvrières du passé, notamment de la grève générale de juin 1936 avec occupation des usines et de la peur qu’elle a inspirée au grand patronat. Macron voudrait nous les faire oublier. Nous devons nous en inspirer. Ces luttes explosives de l’ensemble du monde du travail sont la voie à suivre.
Le 3 juillet 2017

dimanche 2 juillet 2017

Un gouvernement qui déclare la guerre aux travailleurs

Les urnes sont rangées. Le cirque électoral est passé. Le nouveau gouvernement va se consacrer à la tâche que la bourgeoisie attend de lui : lancer l’offensive contre les travailleurs.

Macron a mis en avant deux mesures emblématiques : la loi de moralisation de la vie politique et la réforme du Code du travail.

La première ne visait qu’à amuser la galerie. Macron voulait se faire mousser en jouant au Monsieur Propre de la politique française. Mais les révélations sur les magouilles immobilières de Richard Ferrand et les emplois fictifs au Modem de François Bayrou, hier encore ministre de la Justice et porteur du projet de loi, ont compromis son opération de « com ». La classe capitaliste aimerait bien avoir des serviteurs politiques désintéressés mais elle n’engendre que des politiciens, à son image, âpres au gain.

La seconde mesure visant à réformer le Code du travail n’est pas une anecdote. Elle concerne les dizaines de millions de salariés et est une déclaration de guerre contre le monde du travail.

Le gouvernement veut aller plus loin que la loi El Khomri. Il veut laisser au patronat plus de marges de manœuvre pour faire sa loi à l’échelle des entreprises ; permettre aux multinationales de licencier sans contrainte dans une filiale même si, à l’échelle du groupe, les bénéfices affichés sont insolents ; ou encore plafonner les indemnités prud’homales qu’un travailleur pourrait obtenir suite à un licenciement reconnu abusif et réduire les délais qui permettent à un salarié de contester un licenciement.

Le gouvernement va présenter cette semaine au conseil des ministres la loi d’habilitation à réformer le Code du travail par ordonnances. Puis il la fera voter au Parlement en juillet. En septembre, les ordonnances tomberont, révélant leur contenu précis au moment même où elles prendront effet.

Qu’est-ce que le patronat pourra imposer à l’échelle de l’entreprise ? Jusqu’où pourra-t-il déroger aux accords de branche ? Les contrats de chantier, ces CDI existant déjà dans le bâtiment, en fait des CDD sans indemnité de précarité et parfois sans réelle protection sociale, seront-ils élargis à d’autres branches ? Tout cela pourrait bien n’être révélé qu’en septembre.

Le gouvernement laisse planer le doute sur l’ampleur de la régression sociale qu’il prépare car il ne veut pas braquer les directions syndicales et risquer de provoquer des réactions ouvrières. Et pour l’instant, ne serait-ce que dans leurs déclarations, les dirigeants syndicaux font preuve d’un attentisme lamentable. La ministre du Travail, en DRH expérimentée, les reçoit semaine après semaine pour bavarder pendant que le gouvernement affute ses ordonnances.

Bien des travailleurs et des militants syndicaux ne sont pas dupes et se rendent compte de la nécessité de se battre. Des unions syndicales régionales et départementales appellent à des rassemblements pour dénoncer le projet gouvernemental, notamment le 27 juin devant l’Assemblée. Mais ces mobilisations ont lieu en ordre dispersé et à des dates différentes alors qu’il faudrait au contraire réagir tous ensemble et avoir un plan de mobilisation.

Macron veut agir vite et profiter des congés d’été pour frapper. Mais au-delà de ce calcul, il veut surtout donner des gages à la bourgeoisie. Il veut lui montrer que s’il a été un bon illusionniste, capable de se faire élire, il sera aussi un de ses hommes forts, capable d’imposer des sacrifices aux travailleurs sans déclencher trop de vagues.

La crise économique rend le patronat plus rapace et le gouvernement à son service plus arrogant. Si nous ne voulons pas que nos salaires, nos conditions de travail, nos conditions de vie reculent indéfiniment, nous devrons nous battre avec nos armes de travailleurs, nos armes de classe que sont les grèves et les manifestations.

Le gouvernement veut nous émietter, nous cantonner dans nos entreprises. Mais c’est à l’ensemble des travailleurs qu’il a déclaré la guerre. Et, dans le bras de fer qui nous oppose à lui et au patronat, notre force ne peut venir que de luttes qui se généralisent, d’une entreprise à l’autre, d’un secteur à l’autre, et aboutissent à la mobilisation de l’ensemble de la classe ouvrière pour ses intérêts collectifs.

À moins de croire au Père Noël pour les travailleurs, c’est la seule conclusion rationnelle à laquelle on peut arriver.
 
le 26 juin 2017