dimanche 2 juillet 2017

Un gouvernement qui déclare la guerre aux travailleurs

Les urnes sont rangées. Le cirque électoral est passé. Le nouveau gouvernement va se consacrer à la tâche que la bourgeoisie attend de lui : lancer l’offensive contre les travailleurs.

Macron a mis en avant deux mesures emblématiques : la loi de moralisation de la vie politique et la réforme du Code du travail.

La première ne visait qu’à amuser la galerie. Macron voulait se faire mousser en jouant au Monsieur Propre de la politique française. Mais les révélations sur les magouilles immobilières de Richard Ferrand et les emplois fictifs au Modem de François Bayrou, hier encore ministre de la Justice et porteur du projet de loi, ont compromis son opération de « com ». La classe capitaliste aimerait bien avoir des serviteurs politiques désintéressés mais elle n’engendre que des politiciens, à son image, âpres au gain.

La seconde mesure visant à réformer le Code du travail n’est pas une anecdote. Elle concerne les dizaines de millions de salariés et est une déclaration de guerre contre le monde du travail.

Le gouvernement veut aller plus loin que la loi El Khomri. Il veut laisser au patronat plus de marges de manœuvre pour faire sa loi à l’échelle des entreprises ; permettre aux multinationales de licencier sans contrainte dans une filiale même si, à l’échelle du groupe, les bénéfices affichés sont insolents ; ou encore plafonner les indemnités prud’homales qu’un travailleur pourrait obtenir suite à un licenciement reconnu abusif et réduire les délais qui permettent à un salarié de contester un licenciement.

Le gouvernement va présenter cette semaine au conseil des ministres la loi d’habilitation à réformer le Code du travail par ordonnances. Puis il la fera voter au Parlement en juillet. En septembre, les ordonnances tomberont, révélant leur contenu précis au moment même où elles prendront effet.

Qu’est-ce que le patronat pourra imposer à l’échelle de l’entreprise ? Jusqu’où pourra-t-il déroger aux accords de branche ? Les contrats de chantier, ces CDI existant déjà dans le bâtiment, en fait des CDD sans indemnité de précarité et parfois sans réelle protection sociale, seront-ils élargis à d’autres branches ? Tout cela pourrait bien n’être révélé qu’en septembre.

Le gouvernement laisse planer le doute sur l’ampleur de la régression sociale qu’il prépare car il ne veut pas braquer les directions syndicales et risquer de provoquer des réactions ouvrières. Et pour l’instant, ne serait-ce que dans leurs déclarations, les dirigeants syndicaux font preuve d’un attentisme lamentable. La ministre du Travail, en DRH expérimentée, les reçoit semaine après semaine pour bavarder pendant que le gouvernement affute ses ordonnances.

Bien des travailleurs et des militants syndicaux ne sont pas dupes et se rendent compte de la nécessité de se battre. Des unions syndicales régionales et départementales appellent à des rassemblements pour dénoncer le projet gouvernemental, notamment le 27 juin devant l’Assemblée. Mais ces mobilisations ont lieu en ordre dispersé et à des dates différentes alors qu’il faudrait au contraire réagir tous ensemble et avoir un plan de mobilisation.

Macron veut agir vite et profiter des congés d’été pour frapper. Mais au-delà de ce calcul, il veut surtout donner des gages à la bourgeoisie. Il veut lui montrer que s’il a été un bon illusionniste, capable de se faire élire, il sera aussi un de ses hommes forts, capable d’imposer des sacrifices aux travailleurs sans déclencher trop de vagues.

La crise économique rend le patronat plus rapace et le gouvernement à son service plus arrogant. Si nous ne voulons pas que nos salaires, nos conditions de travail, nos conditions de vie reculent indéfiniment, nous devrons nous battre avec nos armes de travailleurs, nos armes de classe que sont les grèves et les manifestations.

Le gouvernement veut nous émietter, nous cantonner dans nos entreprises. Mais c’est à l’ensemble des travailleurs qu’il a déclaré la guerre. Et, dans le bras de fer qui nous oppose à lui et au patronat, notre force ne peut venir que de luttes qui se généralisent, d’une entreprise à l’autre, d’un secteur à l’autre, et aboutissent à la mobilisation de l’ensemble de la classe ouvrière pour ses intérêts collectifs.

À moins de croire au Père Noël pour les travailleurs, c’est la seule conclusion rationnelle à laquelle on peut arriver.
 
le 26 juin 2017

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