lundi 27 août 2018

Cure d'austérité pour les classes populaires, cadeaux pour les capitalistes

Le patrimoine des plus riches flambe ; les profits des grandes entreprises et les dividendes atteignent des sommets ; les rémunérations des PDG et des plus hauts cadres grimpent toujours plus ; les spéculateurs s’engraissent… mais pour la grande masse de la population, ce sera une nouvelle cure d’austérité.

Dans une interview au Journal du dimanche, le Premier ministre a annoncé un quasi gel des retraites, des prestations familiales et des aides au logement en 2019 et 2020. Ces prestations n’augmenteront que de 0,3 % quand l’énergie a pris 14 %, les produits frais 6 %. Cette baisse du pouvoir d’achat est un nouveau coup dur pour les retraités déjà frappés par la hausse de la CSG et pour les millions de familles qui ont du mal à joindre les deux bouts.

Edouard Philippe le justifie en répétant que le gouvernement fait « le choix du travail ». Pour appuyer ses dires, il a confirmé la suppression des cotisations sociales sur les heures supplémentaires et prétend faire en sorte que « le travail paye ». Mais la réalité, c’est que dans cette société d’exploitation, ce qui rapporte, ce n’est pas le travail, c’est le capital. L’argent va à l’argent et permet aux capitalistes qui le possèdent d’accumuler rentes et dividendes de façon vertigineuse sans rien faire de leurs dix doigts.

Pour ceux dont le travail est indispensable, pour les aides-soignantes, les infirmières, les ouvriers et employés, pour les caissières, les cheminots, les techniciens, les enseignants… non, le travail ne paye pas. La charge de travail, les cadences, la productivité ont augmenté partout. Nulle part les salaires n’ont suivi. Si beaucoup se résignent à faire des heures supplémentaires, à travailler de nuit ou le dimanche, c’est justement parce que le travail ne paye pas !

Le gouvernement prétend mettre la valeur travail au-dessus de tout, mais il favorise les licenciements, y compris dans les grands groupes bénéficiaires. Résultat, un tiers des groupes du CAC 40, tous plus ultra-rentables les uns que les autres, continuent de détruire des emplois. Le gouvernement lui-même ajoutera sa pierre à l’édifice du chômage puisque 4 500 postes seront supprimés dans la Fonction publique en 2019 et 10 000 en 2020 et qu’il signe la quasi-disparation des emplois aidés.

Le patronat est le grand gagnant de ce budget 2019. Il verra bien le CICE transformé en baisse pérenne des cotisations, et la piste consistant à le mettre à contribution pour financer les arrêts maladie a été abandonnée. Comme l’a déclaré Pénicaud, la ministre du Travail, « il faut que le gouvernement garde son image « pro-business ».

Oui, même si ce n’est pas populaire, Macron et son gouvernement se présentent fièrement pro-business. Ils assument d’être aux petits soins avec les plus riches et les financiers. C’est là la différence essentielle avec ses prédécesseurs. Car, sur le fond, la politique de Macron n’est que la continuation de celle que l’on a subie avec Sarkozy et Hollande.

Cette politique anti-ouvrière n’est propre ni à Macron, ni même à la France. L’attaque contre les droits des travailleurs, contre leurs salaires et leurs conditions de vie, est la même partout, qu’elle se joue sur fond de Brexit en Grande-Bretagne ou sur fond de crise et d’hyper-inflation comme en Turquie.

Cette politique est inscrite dans une réalité économique et sociale. Dans cette période de crise où la production ne peut plus trouver de nouveaux débouchés sur les marchés saturés et où la concurrence est exacerbée, la finance domine tout et impose son parasitisme sur toute la vie économique. Et celle-ci ne peut prospérer et la grande bourgeoisie s’enrichir qu’en s’en prenant aux travailleurs, à leurs droits, à leurs salaires, à leurs conditions de travail.

Gérer les affaires du pays dans un tel contexte voue n’importe quel gouvernement à être férocement anti-ouvrier. Le rejet qui s’exprime contre la personne de Macron et sa politique sont justifiés. Mais pour défendre ses intérêts matériels et politiques, le monde du travail ne doit pas se contenter de contester Macron. C’est la domination de la classe capitaliste et les lois aveugles de son système qui sont à remettre en cause.

Le capitalisme pourrissant nous condamne aux inégalités, à la crise permanente, aux tensions commerciales, aux guerres. La bourgeoisie profite de ce système, mais elle n’en maîtrise rien et elle entraîne la société de catastrophes en catastrophes. Seuls les travailleurs conscients de leurs intérêts matériels et politiques peuvent ouvrir une perspective pour les exploités victimes de cet ordre social et sauver la société de la perdition. 
Le 27 août 2018

mardi 21 août 2018

Catastrophe de Gênes : la logique du profit à l'oeuvre

L’effondrement d’un pont à Gênes, en Italie, a tué des dizaines de personnes et a privé de leur logement les centaines de riverains qui ont dû être évacués du jour au lendemain. Et pourtant, cette catastrophe avait été plus qu’annoncée. Plusieurs rapports avaient fait état de la fragilité de ce pont, l’un d’entre eux avait même évoqué la nécessité de le remplacer complètement. Mais la société privée exploitante de l’autoroute passant sur ce pont et qui, à ce titre, avait la charge de son entretien, avait d’autres priorités.

Privatisée il y a vingt ans, elle est contrôlée par un groupe financier appartenant à la famille Benetton qui a consacré ces dernières années des centaines de millions d’euros au rachat de sociétés autoroutières dans toute l’Europe et dans le monde, d’aéroports comme celui de Nice… Pour les dirigeants de cette multinationale, assurer la sécurité des millions de personnes empruntant quotidiennement le pont de Gênes était moins important que de garantir à une poignée actionnaires les profits qu’ils attendaient !

De leur côté, les pouvoirs publics n’ont rien fait pour obliger cette société privée à faire face à ses obligations. Pire, depuis des années, tous les gouvernements italiens n’ont cessé eux-mêmes de réduire les budgets consacrés à l’entretien des routes et des ponts du pays.

La catastrophe survenue à Gênes illustre à quelles conséquences dramatiques conduit le parasitisme des groupes capitalistes. L’État réduit la part du budget consacré à ce qui est utile à la population, des services publics aux infrastructures, pour consacrer l’argent public à payer des intérêts faramineux à la finance. Loin d’être spécifique à l’Italie, cette situation est la même dans tous les pays les plus développés, en Europe comme aux États-Unis.

Ici même, en France, d’après un rapport rendu public le mois dernier, un tiers des 12 000 ponts du réseau géré par l’État nécessite des réparations et plus de 800 d’entre eux sont menacés à terme d’effondrement. Comme en Italie, après avoir financé la construction des autoroutes, l’État les a privatisées pour le plus grand profit de groupes comme Vinci ou Bouygues qui peuvent se contenter d’empocher des péages en continuelle augmentation.

Au-delà des routes, ce sont l’ensemble des services publics, qui, en France comme dans tous les autres pays riches, ont subi le même sort. L’État a diminué ses dépenses dans la santé, l’éducation, les transports ou le logement, privatisé les activités les plus rentables. Il permet aux requins de la finance de prélever, par le biais de l’endettement, une part de plus en plus importante des financements qui devraient être consacrés à soigner ou à loger des gens.

Si, aujourd’hui, des patients doivent attendre sur des brancards dans les couloirs des Urgences faute de lits, si, dans les hôpitaux et les écoles, on manque de personnel, de locaux et de matériel, si des millions de personnes ne peuvent se loger correctement, c’est la conséquence de cette politique menée par tous les gouvernements, hier avec Sarkozy et Hollande, aujourd’hui avec Macron, pour satisfaire les exigences de profit de la bourgeoisie.

L’économie est dominée par une minorité de capitalistes préoccupés exclusivement d’augmenter leurs gains le plus rapidement possible, et, avec la crise de leur système, cela se fait en spéculant sur les actions, les monnaies ou le blé, à coups de rachats d’entreprises suivis le plus souvent par des licenciements et toujours par l’aggravation de l’exploitation. Cela permet à une minorité de riches privilégiés, les Benetton en Italie, les Arnault, Mulliez ou Bouygues en France, de prospérer comme jamais, mais leur enrichissement se fait aux dépens de toute la société.

Le capitalisme en crise engendre un chaos de plus en plus destructeur : explosion du chômage et de la pauvreté, délabrement des services publics rongés par la logique du profit individuel ; dans bien des pays pauvres, au sous-développement s’ajoutent les ravages des guerres alimentées par la concurrence que se mènent les groupes industriels et financiers.

Un autre avenir est possible. À la condition que les millions de femmes et d’hommes qui constituent la classe des travailleurs se donnent les moyens par leurs luttes et leur organisation de renverser la domination des capitalistes afin de pouvoir mettre l’économie au service de l’intérêt général. Il en va de l’avenir des travailleurs et de l’ensemble de la société. 
Le 20 août 2018

lundi 13 août 2018

Guerres commerciales, protectionnisme... Le monde capitaliste s'enfonce dans la crise

En plein milieu du mois d’août, va-t-on connaître une nouvelle crise financière ? À la fin de la semaine dernière, les Bourses mondiales ont connu un nouveau soubresaut provoqué par l’aggravation de la situation économique de la Turquie qui a vu sa monnaie plonger de près de 20 % en une seule journée.

À l’origine de cette crise, il y a l’épreuve de force engagée par Trump avec le président turc Erdogan. Avec la brutalité dont il est coutumier, Trump utilise les moyens de pression que lui donne la puissance de l’impérialisme américain. C’est l’annonce du doublement des taxes douanières sur l'aluminium et l'acier turcs qui a accéléré la débâcle de la monnaie turque.

Quelques jours avant, c'était l'entrée en vigueur des sanctions décidées par le même Trump contre l'Iran qui entraînait la chute de la monnaie iranienne, laissant prévoir là aussi une envolée de l'inflation, une aggravation de la crise économique, du chômage et des souffrances que va subir la population du pays.

Dans ces deux pays, les mesures protectionnistes ou de boycott économique se traduisent par une situation de plus en plus dramatique pour les peuples. Mais ils ne sont pas les seuls touchés. Du fait de la crise, les gouvernements américain mais aussi européens se livrent à une guerre économique dont les conséquences sont et seront de plus en plus payées par les populations de leur propre pays. La majoration des taxes douanières entraînera l'augmentation des prix pas seulement en Iran et en Turquie. Mais pire encore, elle entraînera un rétrécissement des marchés et une aggravation de la crise.

C'est cette situation qui crée l'incertitude et provoque régulièrement l'affolement des marchés financiers. Cette dernière secousse est-elle une simple péripétie comme les Bourses en connaissent régulièrement ou est-elle annonciatrice d'un effondrement majeur ? Personne ne peut le dire tant les capitalistes ont transformé l’économie mondiale en un véritable casino planétaire de la finance livré à la merci de spéculateurs imprévisibles.

À bout de souffle, le capitalisme est bien incapable de sortir de la crise. Il engendre des inégalités de plus en plus monstrueuses. Il maintient des régions entières dans le sous-développement, d’autres sont transformées en véritables champs de ruines par les guerres menées pour les intérêts des capitalistes des grandes puissances. Des populations entières sont contraintes de prendre le chemin de l’exil pour assurer leur survie.

Ici, en France, les travailleurs ont vu leurs conditions d’existence s’aggraver au fil des attaques menées contre l’emploi, les salaires, la protection sociale par le patronat et par tous les gouvernements à leur service, quelle que soit leur couleur politique. Des millions de femmes et d’hommes sont condamnées à survivre dans des situations de plus en plus précaires. L’exploitation renforcée et l’appauvrissement des classes populaires permettent à une minorité de grands bourgeois, détenteurs des capitaux et des entreprises, de s’enrichir d’une façon insolente. L’homme le plus riche de France, Bernard Arnault, a vu sa fortune augmenter en une année de 1300 € toutes les deux secondes, une somme que bien des travailleurs ne gagnent pas en un mois ! « Les profits aujourd’hui, et après moi le déluge ! », telle est la morale de cette minorité de privilégiés.

Tant que le grand capital contrôlera l’économie, les attaques antiouvrières se poursuivront : le patronat sera à l’offensive dans les entreprises pour augmenter la charge de travail et supprimer des emplois ; le gouvernement, quel qu’il soit, s’inclinera devant les exigences des capitalistes et des puissances d’argent. Ceux qui prétendent que le sort des travailleurs pourrait s’améliorer dans le cadre du capitalisme mentent et propagent des illusions néfastes.

Pour défendre le droit élémentaire à un emploi et à un salaire permettant de vivre, pour ne pas être menacés de connaître la situation qui est celle aujourd’hui des masses populaires de Turquie plongées dans la tourmente de l’aggravation de la crise, les travailleurs ne pourront compter que sur leurs luttes collectives et déterminées, en étant prêts à aller jusqu’au bout, jusqu’à exproprier la classe capitaliste pour l’empêcher de conduire l’ensemble de la société à la catastrophe. 
Le 13 août 2018

lundi 6 août 2018

Les super profits des capitalistes ruinent la société

Les bénéfices des multinationales ont crevé les plafonds au deuxième trimestre. Les profits des grands groupes internationaux ont bondi de plus de 20 % aux États-Unis et de 9 % en Europe.

Apple engrange à lui seul un bénéfice net de 11,5 milliards de dollars qui dope sa valeur : c’est la première multinationale à valoir 1 000 milliards de dollars en Bourse. Les principaux groupes français ne sont pas en reste : le constructeur automobile PSA annonce une rentabilité record pour les six premiers mois de l’année. Dans le luxe, les bénéfices de LVMH sont colossaux et la fortune de son actionnaire principal, le milliardaire Bernard Arnault, a augmenté de 56 % en une année. Cela représente 800 euros par seconde ! L’envolée des profits des entreprises ne sert qu’à augmenter les revenus d’une minorité de super riches.

Les actionnaires, les investisseurs, les propriétaires de ces grands groupes peuvent sabrer le champagne en regardant leur fortune croître. Oui, le travail des salariés en produit des richesses, en rapporte des milliards ! Et c’est au prix d’une dégradation continue de leurs conditions d’existence.

Les licenciements, synonymes de catastrophes pour les familles populaires, sonnent comme autant de promesses de bénéfices du côté des actionnaires. L’action du groupe Carrefour a bondi de 10 % après des résultats en hausse, dus notamment à la suppression de 2 000 emplois. Les profits grimpent grâce à la montée du chômage, à la misère d’une partie de la classe ouvrière, écartée de l’emploi et condamnée à survivre avec des allocations sociales qui baissent, grâce aux difficultés pour boucler les fins de mois avec des salaires et des pensions de retraite insuffisants, à la précarité devenue la norme pour un nombre toujours plus grand de travailleurs.

Pour qu’une minorité de multimilliardaires s’enrichisse toujours plus, l’humanité entière est plongée dans le chaos. La guerre que se livrent les grands groupes dans l’arène économique s’accompagne d’affrontements destructeurs et meurtriers aux quatre coins de la planète. Les grandes puissances, quand elles n’interviennent pas directement, y soutiennent des bandes armées au nom de la lutte contre le terrorisme. Mais ce sont les intérêts des Areva, Bouygues, Bolloré ou Total qui déterminent l’intervention des troupes françaises dans la région du Mali, en Afrique, pas la protection des populations locales !

Les prouesses de la technologie, qui pourraient représenter un progrès pour toute l’humanité, ne servent qu’à engendrer des super profits pour des entreprises comme Apple. Un milliard d’êtres humains sur les 7,5 milliards que compte la planète souffrent de malnutrition. La sécheresse qui promet des récoltes de céréales à la baisse entraîne l’emballement de la spéculation. Dans les pays riches, à la Bourse des matières premières agricoles, les prix du blé ou de l’orge ont ainsi bondi de 20 %. Cela rapporte des milliards à une minorité mais accentue la famine pour des populations entières.

Le capitalisme n’est pas seulement injuste, fondamentalement basé sur la surexploitation de la majorité au profit d’une minorité. Il fait peser une menace mortelle sur toute la société. Les super profits des multinationales ne sont pas le signe d’un retour à une économie plus prospère, d’une sortie de crise. Des commentateurs soulignent que des investisseurs, qui craignent que les bénéfices deviennent moins profitables après avoir atteint le sommet, commencent à vendre les valeurs des multinationales les plus rentables. D’autres prévoient le début de la prochaine récession dès l’année prochaine.

Sans remise en cause du fonctionnement capitaliste de la société, aucune des crises, aucun des problèmes auxquels la planète se trouve confrontée aujourd’hui ne trouvera de solution : ni les menaces de krach financier, ni les risques de guerre généralisée, ni la crise écologique.

Engager le combat contre le grand capital est devenu une question de survie pour l’ensemble des travailleurs. Ne serait-ce que pour sauvegarder ses conditions d’existence, déjà tant écrasées, il est indispensable que la classe ouvrière engage un combat déterminé et collectif, pour imposer le maintien des emplois et du pouvoir d’achat des salaires et des pensions.

Et, bien au-delà du sort immédiat de la classe ouvrière, c’est toute la société qui crève littéralement de cette organisation sociale catastrophique. Exproprier la classe capitaliste, se débarrasser de la logique du profit individuel, mettre en commun les moyens de production, devient une question de vie ou de mort pour l’écrasante majorité de la société. 
 Le 6 août 2018