Il faudrait être bien naïf pour être convaincu par les excuses de Fillon. Il se prétend le champion de la probité et des sacrifices à imposer aux classes populaires. Pour Fillon, les ouvriers devraient travailler plus pour des salaires moindres afin que les profits augmentent. 500 000 emplois publics devraient être détruits et la TVA augmentée pour qu’on supprime l’impôt sur la fortune et qu’on abaisse les cotisations des entreprises. L’affaire des emplois de sa famille relève de la même arrogance : comme tout bourgeois, il estime que tout lui est dû, y compris un complément de revenu à un million d’euros d’argent public, c’est-à-dire ce qu’un ouvrier gagne à peine en une vie. Pour ces gens-là, il est normal, pour qu’ils puissent se payer un manoir et des montres de luxe, que les travailleurs s’usent à la tâche 48 heures par semaine et jusqu’à 65 ans !
En plus des emplois de sa famille au Parlement, Fillon avait également fait rémunérer son épouse par une revue appartenant à Ladreit de Lacharrière. Pourquoi ce milliardaire a-t-il versé 100 000 euros pour un travail inexistant ? Parce que, derrière sa morgue, Fillon n’est qu’un larbin des capitalistes, disposés à lui verser quelques piécettes en échange de services.
Les autres candidats battent la campagne. Après s’être enthousiasmés pour Fillon, les milieux d’affaires s’entichent de Macron. Celui-ci brasse surtout des formules creuses. Mais son passé d’ex-banquier parle pour lui. Au gouvernement, Macron a généralisé le travail du dimanche et a été un des artisans de la loi travail. Aujourd'hui, il veut alléger l’ISF en supprimant la part qui taxe la propriété d’entreprises, autrement dit l’essentiel ! Les riches applaudissent.
Les ministres et dirigeants du PS sont partagés : de Macron ou de Hamon, quel cheval est le mieux placé pour leur permettre de retrouver un siège de député, voire une place de ministre ? Voilà leur grand dilemme ! Hamon, qu’ils fustigeaient il y a deux semaines, retrouve des vertus depuis qu’il monte dans les sondages. Après tout, sa promesse de revenu universel est inoffensive pour le grand patronat, puisque Hamon ne parle jamais de prendre sur les revenus et les fortunes de la grande bourgeoisie. Et il permet au PS de s’exonérer à bon compte du bilan désastreux de Hollande et Valls. Le temps d’une campagne, le PS va retrouver un discours de gauche, après avoir gouverné à droite pendant cinq ans !
Le Pen a présenté son programme qui repose, sans surprise, sur la démagogie contre les immigrés. Comme son idole Donald Trump, qui multiplie les mesures révoltantes à l’encontre des Mexicains et des citoyens de pays musulmans du Moyen-Orient, elle veut diviser les travailleurs.
Le Pen est une bourgeoise, comme Trump. Celui-ci s’est entouré de milliardaires pour gouverner. Il multiplie les mesures en leur faveur, comme la suppression des quelques règles imposées aux banques après la crise des subprimes. Wall Street ne s’y trompe pas et en a fait sa coqueluche. Pour rassurer les capitalistes bien français qui ferment les usines, licencient et exploitent leurs salariés, Le Pen leur donne de nouveaux gages. Elle a ainsi promis ce week-end de pérenniser le CICE et a ôté de ses promesses la hausse des salaires de 200 euros. Elle veut supprimer le compte pénibilité, insupportable pour le patronat. Avec une telle candidate contre le « système », celui-ci a de beaux jours devant lui !
Il faut pourtant que les travailleurs fassent entendre leur opposition au système qu’aucun des principaux candidats, pas même Mélenchon, ne dénonce : le capitalisme. C’est le sens de la candidature de Nathalie Arthaud : faire entendre les exigences du monde du travail.
Pour mettre fin au chômage de masse, il faut interdire les licenciements et les plans de suppressions d’emploi ; il faut répartir le travail entre tous sans perte de salaire.
Pour vivre dignement et enrayer la baisse du niveau de vie, il faut augmenter les salaires et les pensions d’au moins 300 euros. Pas un salarié ne doit gagner moins de 1800 euros net.
Contre l’accaparement des richesses par une petite minorité, contre les malversations, il faut imposer le contrôle des salariés sur les entreprises.
Voilà ce que défend Nathalie Arthaud, pour faire entendre le camp des travailleurs. À la différence des autres candidats, elle ne dit pas : « votez pour moi et je ferai ceci et cela ». Elle dit : « votez pour moi, afin de dire ce que sont les exigences du monde du travail et de nous préparer à les imposer par nos luttes ».