lundi 29 janvier 2018

Maisons de retraite, hôpitaux, universités, ça craque de partout

Personnel insuffisant et épuisé, soins bâclés, résidents délaissés, familles culpabilisées… Les personnels des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) manifestent ce mardi pour dénoncer une situation indigne.

L’État a toujours refusé de développer un véritable service public du grand âge. Aujourd'hui encore, il rechigne à donner les crédits nécessaires pour que les maisons de retraite embauchent le personnel de ménage, les aides-soignantes, les infirmières et médecins qu’il faudrait. À cela s’ajoute le parasitisme des capitalistes car l’État les a incités à construire leurs propres établissements privés.

Les résidents et le personnel payent cette politique dans tous les sens du terme. Les premiers, parce qu’ils doivent débourser de 2500 à 4000 € par mois sans garantie que l’on s’occupera bien d’eux. Les seconds, parce qu’ils sont surmenés et surexploités avec des salaires voisins du smic.

Les témoignages décrivent des situations parfois proches de la maltraitance. Et ce n’est pas faute de dévouement de la part du personnel, car pour faire ce travail nuit et jour, week-end compris, dans ces conditions-là, il en faut !

Cette situation honteuse est à l’image de celle de bien d’autres secteurs, où le manque de personnel, la charge de travail croissante, les bas salaires, la recherche d’économies et de rentabilité, et les restructurations permanentes, sont la règle.

Alors oui, les Ehpad craquent. Les hôpitaux craquent. Les prisons craquent. Les universités craquent… Mais Macron n’a d’yeux que pour la bourgeoisie. Il n’a d’oreilles que pour les multinationales et les machines à faire du fric.

C’est pour elles qu’il a conçu les ordonnances travail. C’est pour elles qu’il a supprimé l’impôt sur la fortune et baissé la taxation du capital. C’est encore pour elles qu’il a baissé les cotisations sociales et augmenté la CSG de tous, faisant payer le prix fort aux retraités.

Le gouvernement prévoit de rallonger le budget de la dépendance de 50 millions, pour 728 000 personnes en maison de retraite. La suppression de l’impôt sur la fortune a, elle, coûté plus de trois milliards. Autrement dit, pour arroser la bourgeoisie, le gouvernement sacrifie les services utiles à la population et aux plus pauvres.

Il le justifie en expliquant que c’est la seule façon de développer l’investissement. « Il faut inciter les capitalistes à investir » et tout ira mieux pour tout le monde. Autant croire au père Noël !

Compter sur les requins de la finance pour investir, développer l’économie, l’emploi et répondre aux besoins de la population, relève de la propagande mensongère.

Macron en a donné l’illustration la semaine dernière. En additionnant artificiellement les projets en cours et les promesses de multinationales comme Toyota, Novartis, Google, Facebook, SAP, il a pu annoncer les chiffres ridicules de 3,5 milliards d’investissement et de 2200 emplois créés sur cinq ans. Comble de l’ironie, Carrefour dévoilait le lendemain un plan d’économies de deux milliards, la vente de centaines de magasins, la réduction de la surface de ses hypermarchés et la suppression de 2400 emplois.

Autant il faut prendre les promesses d’investissement avec des pincettes, autant la volonté de désinvestissement de Carrefour ne fait pas de doute.

Alors, oui, il faudrait investir, à commencer par les infrastructures et les services indispensables à la population. Et l’État le pourrait.

Les inondations de ces derniers jours montrent qu’il est nécessaire de construire ou renforcer des digues et de réaménager certains territoires. Il faudrait investir dans le logement, le transport. Et aussi dans les universités. Car si le gouvernement met en place une sélection qui ne dit pas son nom à l’entrée de l’université, c’est pour se dispenser de créer les places nécessaires pour accueillir les bacheliers de plus en plus nombreux.

La société est assez riche pour le faire. En France, 32 milliardaires possèdent autant que 24 millions de personnes. Les grandes entreprises atteignent des records de profits. Carrefour, c’est par exemple un milliard de profits, 510 millions distribués à ses actionnaires et un PDG payé 11,6 millions par an. Cet argent est-il intouchable ?

L’abondance à un pôle, la pénurie, le chômage et la misère à l’autre, voilà ce que produit le capitalisme et ce que va renforcer la politique de Macron. Il n’y a pas de raison d’accepter cela.

Le gouvernement rabâche que c’est la reprise. La seule reprise qui vaudrait pour le monde du travail serait celle des embauches, avec de vraies augmentations de salaire et des services publics qui remplissent leur rôle pour la population.

Le 29 janvier 2018

lundi 22 janvier 2018

Macron, à plat ventre devant les riches et dur envers les migrants

Macron a dit mener vis-à-vis des migrants une politique alliant « humanité » et « efficacité ». En fait, il agit contre les migrants comme il agit contre tous les travailleurs : avec l’hypocrisie et la hargne d’un fidèle serviteur des riches.

En ce qui concerne l’efficacité, on voit ce que le gouvernement veut dire. Les expulsions ont augmenté de 14 %. Dès que des campements de fortune apparaissent dans les grandes villes, ils sont aussitôt évacués et détruits, souvent avec brutalité, contrairement à ce que dit Macron. À Calais, à force de traquer les migrants, la police a réussi à les éparpiller tout le long de la côte.

Mais où est son « humanité » ? Des dizaines de migrants continuent de mourir chaque semaine, en tentant la traversée de la Méditerranée. On oblige ceux qui veulent passer la frontière franco-italienne à risquer leur vie en traversant les Alpes. À Paris et dans bien des grandes villes, les migrants dorment dans les rues parce que les centres d’hébergement manquent de place. Et à Calais, sur les 8 000 que comptait la « Jungle », ils ne seraient plus que 600, mais combien sont réduits à se terrer dans les bois ?

Si les migrants trouvent du réconfort, c’est auprès des associations et des particuliers qui leur apportent leur aide. Et ce, malgré les poursuites pour « délit de solidarité » qui se multiplient. Dans la population, nombreux sont ceux pour qui le mot « humanité » a encore un sens. Alors, gageons que loin d’intimider, la politique répressive de Macron rencontrera de plus en plus d’opposition.

Tout, dans la politique de Macron, est hypocrisie. Il assure qu’il est prêt à accorder l’asile à tous les réfugiés politiques, notamment à ceux qui sont à Calais. C’est un mensonge.

La plupart ayant laissé leurs empreintes en Grèce ou en Italie, ils tombent sous le coup des accords de Dublin et sont censés être expulsés dans ces pays. Cette situation absurde, qui fait que la France leur refuse le droit d’asile et les empêche de partir en Grande-Bretagne, va donc continuer.

Macron le sait si bien qu’il vient de renégocier les accords sordides du Touquet avec Theresa May et a obtenu une rallonge de 50 millions pour garder le contrôle frontalier britannique sur le territoire français.

Vis-à-vis des migrants dits économiques, Macron joue la fermeté. Mais là aussi, il s’agit de démagogie, d’autant plus cynique qu’il sait qu’il n’empêchera personne de venir. Il peut multiplier les expulsions et rendre la vie des migrants infernale, il ne les fera pas renoncer. Les pays riches attirent tous ceux qui n’ont pas d’avenir dans leurs pays pillés par les groupes capitalistes occidentaux.

Cette politique de plus en plus dure concerne tous les travailleurs car elle remet en cause un droit vital qui nous est commun : celui de circuler et de s’installer librement.

Pour les plus riches, circuler est une simple formalité administrative. Pour les plus pauvres, pour les travailleurs, c’est un droit essentiel, car aucun ne peut être assuré de trouver un travail dans sa région ou son pays d’origine et de pouvoir y faire vivre sa famille. Et il nous revient à tous de le défendre.

Collomb, le ministre de l’Intérieur, répète à l’envi qu’il est impossible d’accueillir les 100 000 demandeurs d’asile et les 85 000 personnes refoulées aux frontières. Mais 185 000 femmes et hommes, cela représente moins de 0,3 % de la population. Où est le problème de les accueillir ?

De Macron à Le Pen en passant par Collomb et Wauquiez, tous présentent les migrants comme un fardeau. Mais le vrai fardeau qui pèse sur les travailleurs est le parasitisme de la bourgeoisie.

S’il y a des assistés dans notre société, ce sont ces grandes familles bourgeoises qui sont entretenues, au premier sens du terme, par des armées de travailleurs. L’ONG Oxfam vient même d’annoncer que, l’an dernier, 82 % des richesses créées dans le monde ont été accaparées par 1 % des plus riches. Si la majorité du monde du travail, qui inclut les migrants d’hier et d’aujourd'hui, est maintenue dans les bas salaires, les petits boulots et le chômage, c’est parce que cette frange ultrariche de parasites dirige l’économie à son profit exclusif.

C’est pour servir cette classe sociale, faire diversion et diviser les exploités que tous les politiciens font des migrants « un problème ».

Alors, ne tombons pas dans le piège. Reconnaître les migrants comme des frères de classe et de combat, imposer la liberté de circuler et de s'installer, c'est l'intérêt commun de tous les travailleurs.

Le 22 janvier 2018

mardi 16 janvier 2018

  
Les militants de Lutte ouvrière 
seront présents 
sur le marché du centre ville

Samedi 20 janvier

de 9h30 à 12h

lundi 15 janvier 2018

Lactalis, irresponsable, à l'image du capitalisme

Après avoir contaminé des dizaines de bébés en France et dans le monde avec du lait à la salmonelle, le PDG de Lactalis s’est excusé, a promis des indemnisations aux victimes et a juré qu’il n’y avait eu « aucun manquement » dans son entreprise. Et nous sommes censés être rassurés ?

Lactalis connaissait la présence de salmonelles dans son usine de Craon depuis août et l’a cachée aux autorités. Alors que les cas de bébés malades se multipliaient, elle a traîné les pieds pour rappeler ses produits. Ce ne sont pas des manquements ?

Gouvernement et médias insistent sur le culte du secret de Lactalis. Autrement dit, le scandale résulterait d’une situation exceptionnelle causée par un dirigeant très spécial.

Il est vrai qu’à la différence de beaucoup d’autres, le PDG de Lactalis ne faisait même pas semblant de jouer la transparence. Il a toujours refusé de publier les comptes de son groupe, préférant payer une amende. Et qui connaissait, il y a une semaine, Emmanuel Besnier, 8ème fortune de France, héritier et dirigeant de Lactalis ?

L’empereur qui domine le monde laitier avec 17 milliards de chiffre d’affaires, 246 sites de production dans 47 pays et 75 000 salariés, propriétaire de marques comme Lactel, Bridel, Salakis, La laitière, Président… appliquait la devise bien connue de certains milliardaires : « pour vivre heureux, vivons cachés ».

Mais ce n’est pas parce que les autres groupes capitalistes se plient aux obligations légales de la publication des comptes et qu’ils ont des PDG stars de la communication publique que la transparence règne et qu’ils sont plus responsables.

Ce nouveau scandale n’est pas le dérapage d’un groupe capitaliste isolé. Mais il met aussi en cause les enseignes de la grande distribution qui ont continué de vendre des lots devant être retirés de la vente, plus préoccupées qu’elles étaient de leur chiffre d’affaires de fin d’année que de la santé des nourrissons. Et surtout, il est le dernier en date de toute une série de scandales, de la vache folle aux moteurs truqués de Volkswagen, Renault et PSA en passant par le Médiator et les prothèses PIP.

C’est tout le système capitaliste qui est irresponsable car il a érigé le profit en dieu tout puissant. La rentabilité est la seule religion des dirigeants des grandes firmes et pour cacher cela, ils imposent le secret à tous les étages.

Tous les groupes capitalistes ont le culte du secret. Il y a les secrets de fabrication, les secrets comptables, le secret des affaires. Les représentants syndicaux sont tenus au secret quand ils participent ne serait-ce qu’au comité d’entreprise. Quant aux travailleurs qui constatent des manquements sanitaires dans leurs usines, ils sont menacés de licenciement s'ils les révèlent.

Les dirigeants justifient ce secret par le fait de devoir se protéger de la concurrence. Il sert surtout à cacher aux salariés ce que rapporte l’exploitation. Il sert à cacher aux fournisseurs les marges que les plus grosses entreprises et les banques font sur leur dos. Il sert à tromper le fisc. Il sert à tromper les consommateurs sur la marchandise.

Oui, ce secret va à l’encontre des intérêts de toute la collectivité. Et que fait l’État ? Il nous berce de belles paroles sur la transparence et diminue les contrôles. Car, on le vérifie au travers de ce scandale, l’État n’augmente pas ses contrôles sanitaires dans les entreprises, il les réduit, laissant les industriels procéder à des « auto-contrôles » !

Le président et les ministres pérorent sur leur action aux quatre coins de la planète en prenant l’air de ceux qui peuvent changer le monde alors qu’ils ne sont même pas capables de contrôler ce qui se passe dans un fleuron français de l’agroalimentaire et d’assurer la sécurité alimentaire.

Ils ne sont pas capables de le faire, car ils n’en ont pas la volonté. Réduction du nombre des inspecteurs de la répression des fraudes, de contrôleurs fiscaux, d’inspecteurs du travail : le gouvernement veut laisser les mains libres au patronat.

La seule façon d’empêcher de nuire les dirigeants de ce système irresponsable, ce sera de les soumettre au contrôle des salariés, des consommateurs et de la population.

Comme l’ont montré les lanceurs d’alerte, les salariés sont les mieux placés pour surveiller et dénoncer les agissements des dirigeants. Et qui d’autre qu’eux connait la façon de bien faire le travail ?

Oui, pour la société tout entière, pour les intérêts des travailleurs, il est nécessaire de contester le sacro-saint respect de la propriété privée et de faire voler en éclats le secret dans les entreprises. 
Le 15 janvier 2018

lundi 8 janvier 2018

2018 - Nous organiser et mener la lutte de classe

« La France est en marche », « la croissance est de retour », « les créations d’emploi ont redémarré », « soyez optimistes et faites-nous confiance » : voilà ce que nous chantent Macron et ses acolytes en cette nouvelle année.

Quand on appartient au monde de la bourgeoisie, des affairistes et des boursicoteurs, il y a de quoi voir l’avenir en rose. L’envolée des bourses en 2017 a fait gagner la bagatelle de 1000 milliards de dollars aux 500 plus grandes fortunes mondiales. Le patron de LVMH, Bernard Arnault, 6ème au classement, a vu son patrimoine s’accroître de 20 milliards d’euros l’année dernière. L’immobilier, le secteur bancaire et l’automobile battent record sur record, et leurs actionnaires sont comblés. Oui, aux sommets de la société, l’argent coule à flots et cela ouvre des perspectives à nombre de bourgeois, petits et moyens.

Et tout ce monde sait pouvoir compter sur Macron et ses délicatesses à l’égard des plus riches. Rien qu’avec la suppression de l’impôt sur la fortune, beaucoup ont encaissé des dizaines de milliers d’euros. Pénicaud, la ministre du Travail, a ainsi économisé 62 000 €, mais pour certains, c’est bien plus. Cela aide à avoir confiance dans l’avenir !

Mais quand on est ouvrier, employé, aide-soignante, cheminot ou encore retraité, il n’y a pas de quoi se réjouir.

Il y a ceux qui, salariés à Tupperware, Vallourec ou Gemalto, sont menacés dans leur emploi, car même prospères, tous les groupes continuent leur saignée en matière d’emploi. Les banques suppriment des milliers de postes en fermant des agences, au prétexte qu’elles sont moins fréquentées. Plusieurs groupes, dont Pimkie et PSA - qui dépassera deux milliards de bénéfices en 2017 -, ont annoncé vouloir recourir aux ruptures conventionnelles collectives pour faire partir plus vite et à moindre coût des milliers de travailleurs.

Et qui peut croire que demain, le patronat relâchera la pression sur les travailleurs et reviendra sur les sacrifices qu’il a imposés ces dernières années ? Le patronat ne renoncera pas, de son plein gré, à l’allongement du temps de travail, à l’augmentation de la charge de travail ou au blocage des salaires. Partout l’exploitation se renforce, et c’est précisément parce qu’elle se renforce que les groupes ont fait bondir leur taux de profit.

Le gouvernement brandit les créations nettes d’emplois de 2017 pour preuve que la situation s’améliore pour les travailleurs. 269 000 emplois ont été créés pour cinq millions de femmes et d’hommes au chômage, et il faudrait s’en réjouir !

Évidemment, ici ou là, le grand patronat peut avoir besoin d’embaucher. Le profit ne peut pas se produire sans travailleurs, et à force de supprimer des emplois et de pousser les anciens dehors, il faut bien que le patronat recrute un peu. Mais il le fera aux conditions qui se généralisent désormais, des emplois précaires et de plus en plus mal payés.

Et ce n’est pas le gouvernement qui demandera au patronat d’augmenter les salaires. Lui-même étudie une remise en cause de l’indexation du smic car le coût du travail serait encore trop élevé.

Mais, grand seigneur, le gouvernement a concocté un ersatz d’augmentation de salaire. En augmentant la CSG d’une main et en baissant de l’autre les cotisations salariales en proportion supérieure, le gouvernement va augmenter de quelques euros le salaire net.

Comment réalise-t-il ce tour de magie ? En faisant payer les retraités, car eux subiront l’augmentation de la CSG sans compensation et paieront pour le manque à gagner dans les caisses de l’État. Autrement dit, Macron a inventé un nouveau type d’augmentation de salaire : l’augmentation payée par les retraités, c’est-à-dire par nos grands-parents ou nos parents !

Même en supposant qu’un krach financier n’éclate pas dans les prochains mois et que la reprise économique se confirme, les travailleurs ne seront pas plus invités aux réjouissances demain qu’ils ne l’ont été hier.

Tant que la bourgeoisie et ses valets politiques mènent la danse, ils poursuivront leur offensive anti-ouvrière et s’arrogeront les fruits du travail collectif. Pour que les choses changent, il faudra que les travailleurs s’attaquent au grand patronat.

Il y a bientôt 50 ans, en mai-juin 1968, c’est la grève générale qui fit lâcher à De Gaulle une augmentation du smic de 35 %. En 1936, c’est la grève générale qui imposa la semaine de cinq jours, les congés payés et les conventions collectives à un patronat tremblant devant les occupations d’usines. Lutter collectivement, nous organiser : il n’existe pas d’autres moyens de changer notre sort. 
Le 8 janvier 2018

lundi 1 janvier 2018

Pour que 2018 soit l'année de la riposte ouvrière !

En guise de vœux, Macron s’est livré à un exercice aussi hypocrite que convenu. Comme il l’avait déjà fait il y a six mois, et comme Sarkozy et Hollande avant lui, il a promis qu’il n’y aurait plus de sans-abri. Mais il n’y en a jamais eu autant, et les associations expliquent que l’hébergement d’urgence est saturé ! Quant au droit d’asile, c’est un mot creux quand les réfugiés sont ainsi pourchassés par la police. Pour gagner la France, ils sont amenés à prendre des risques toujours plus grands, comme le franchissement de cols des Alpes en plein hiver. Et le gouvernement veut encore durcir la législation à leur encontre. Alors, placer sa politique sous le sceau de la « fraternité » et de l’« humanisme », quelle fumisterie !

Les premières étrennes sont pour le patronat, avec les effets concrets des ordonnances Macron-Pénicaud sur le Code du travail, dont des décrets viennent d’être publiés.

Par exemple, la rupture conventionnelle collective permet maintenant à des entreprises en parfaite santé de se débarrasser de nombreux salariés sans même recourir à un plan social, ni proposer de reclassements. PSA Peugeot-Citroën, qui a déjà supprimé près de 25 000 emplois en cinq ans, en produisant plus de voitures et en gagnant des milliards, veut y avoir recours. Pimkie, propriété du groupe Mulliez, l’un des plus riches du pays (Auchan…), veut aussi supprimer 200 emplois avec cette facilité offerte par Macron aux patrons. Comme l’expliquait une syndicaliste, alors que les salariés licenciés en 2010 par cette chaine de prêt-à-porter avaient pu recevoir 30 000 à 50 000 euros d’indemnités, une vendeuse licenciée en 2018 ne recevra que l’indemnité légale, soit moins de 5 000 euros pour 15 ans d’ancienneté. D’autres firmes préparent leurs sales coups.

Et encore n’est-ce que le début de la mise en œuvre d’une réforme entièrement dictée par le patronat.

Le gouvernement veut maintenant attaquer les demandeurs d’emploi. Ceux-ci sont trop bien indemnisés au goût du patronat. Le projet est donc de couper rapidement les allocations aux chômeurs qui refusent plus d’une offre. Le gouvernement fustige la « fraude sociale ». En réalité, même d’après les chiffres officiels, celle-ci est dérisoire par rapport à la fraude fiscale, pratiquée par les grandes entreprises et par les riches. Mais pour ceux-ci, le gouvernement déroule le tapis rouge : suppression de l’impôt sur la fortune, plafonnement de l’impôt sur les revenus du capital, baisse de l’impôt sur les sociétés : il n’est plus nécessaire d’aller dans un paradis fiscal, la France en devient un !

Macron comble les vœux des riches. Publié la semaine dernière, le palmarès Bloomberg montrait que les 500 plus grandes fortunes mondiales avaient vu leur patrimoine augmenter de 23 % en un an. Quels salariés pourraient en dire autant ? La fortune de Bernard Arnault, patron de LVMH et 6e patrimoine mondial, a augmenté de 20 milliards d’euros en un an, soit de 38 000 euros à chaque minute !

Pour les classes populaires, c’est l’inverse. Au 1er janvier, le gaz (+ 7%), les taxes sur les carburants, les timbres ou les assurances augmentent. La hausse de la CSG de 1,7 point va frapper les retraités, d’autres aussi. Le gouvernement se vante d’un « budget de pouvoir d’achat » pour 2018. C’était un conte de Noël pour les petits enfants ! L’Insee elle-même explique que la facture fiscale s’alourdira de 4,5 milliards. Et seuls les naïfs apprécieront le cinéma autour de la suppression de la taxe d’habitation : on tentera de nous la faire payer, d’une façon ou d’une autre.

« Macron a fait les quelques réformes que nous attendions depuis des années », s’est réjoui Pierre Gattaz, le président du Medef. En effet. Et en cette période de bilan, la presse complaisante se joint aux milieux patronaux pour féliciter Macron d’avoir réussi à faire passer ses mesures, sans déclencher de contestation sociale. S’ils sont soulagés, c’est qu’en fait, ils ont peur des travailleurs. Peur que les salariés relèvent la tête et s’opposent à ces attaques en règle. Eh bien, leurs craintes sont fondées !

Alors, nos vœux sont aux antipodes de ceux de Macron. Nous souhaitons que 2018 soit l’année de la riposte ouvrière. Que les travailleurs, qui font fonctionner toute la société, rejettent tout fatalisme. Qu’ils rendent les coups que leur portent le patronat et ses pantins du gouvernement. Nous souhaitons qu’en 2018, le monde du travail ne subisse plus les attaques, mais défende ses intérêts et impose ses revendications.
Le 1er janvier 2018