lundi 30 juillet 2018

L'affaire Benalla, l'agitation politicienne et les intérêts des travailleurs

Le feuilleton de l’été, « l’affaire Benalla », continue, et il risque de durer. Pas parce que l’affaire est exceptionnelle – les coulisses du pouvoir présidentiel sont remplies d’histoires de ce genre d’hommes de main et de leurs dérapages – mais parce qu’elle permet à toute l’opposition parlementaire de se faire mousser pour dénoncer Macron sans avoir à dénoncer sa politique en faveur des plus riches.

Deux motions de censure ont été déposées contre le gouvernement, une de la droite et une autre commune au PS, au PCF et à la France Insoumise. Marine Le Pen a dit qu’elle voterait les deux. Jean-Luc Mélenchon a déclaré : « Quand il s’agit de protéger l’État et de faire respecter la norme républicaine, il y a une convergence avec la droite, je l’assume ». De l’extrême droite à la gauche en passant par la droite, tous se retrouvent à l’unisson. Mais plus ils jouent les indignés et plus tout cela sonne creux.

Macron a couvert Benalla quand celui-ci est allé casser du manifestant, gratuitement, simplement pour avoir sa dose d’adrénaline. Mais tout l’appareil d’État est rempli de Benallas. Qu’ils sortent des quartiers populaires ou de l’ENA, chacun dans sa spécialité est un serviteur de l’État, c’est-à-dire un serviteur de l’ordre capitaliste.

Macron le premier est un homme dévoué aux intérêts de la haute bourgeoisie, hier haut cadre d’une grande banque, comme aujourd’hui à l’Élysée. Et c’est la classe capitaliste qui lui dicte sa politique et lui demande d’être une machine de guerre contre les travailleurs et les classes populaires. C’est pour la servir qu’il a facilité les procédures de licenciement, allongé les durées légales du temps de travail, démoli le Code du travail, augmenté la CSG, baissé les APL... Et c’est pour la servir que, à la rentrée, il prévoit de s’attaquer aux retraites des travailleurs et d’accentuer la chasse aux chômeurs.

En réalité, c’est l’État dans son ensemble qui est au service du grand patronat et doit l’aider à avoir les coudées franches dans la lutte de classe. Avec son arrogance et sa politique en faveur des très riches, Macron est bien leur homme. Mais il n’est, au bout du compte, qu’un simple exécutant. Et il n’y a aucune illusion à avoir sur ce que ferait à sa place tel ou tel leader de l’opposition. Les travailleurs n’ont que faire d’un nouveau bonimenteur qui dira, comme Hollande à la veille de son élection, « mon ennemi c’est la finance » pour, une fois élu, s’agenouiller devant elle.

Le PDG du groupe automobile PSA a annoncé, pour les six premiers mois de 2018, une « rentabilité record », avec des bénéfices de 1,7 milliard d’euros, en hausse de 48 %. D’autres grands groupes ont annoncé des résultats équivalents, encore meilleurs que l’année passée. Toute cette richesse ne tombe pas du ciel. Au nom de la compétitivité des entreprises dans la guerre commerciale internationale, le grand patronat cherche en permanence à faire baisser les salaires, gagner des minutes de production ou pousser dehors des travailleurs afin de faire faire le même travail avec moins de bras.

Bernard Arnault, l’actionnaire principal du groupe de luxe LVMH, qui a vu sa richesse augmenter de 56 % en un an pour atteindre 73 milliards d’euros, a déclaré qu’il s’attendait à un effondrement économique « dans les années qui viennent, qui touchera tous les secteurs de l’économie ». En réalité, la crise économique dont il parle est déjà là, depuis des années. Mais elle s’aggrave et menace d’entraîner toute la société vers la catastrophe.

Le grand patronat ne sait pas comment mettre fin à la crise, mais il sait comment accroître ses profits immédiats en menant l’offensive contre les travailleurs.

Alors, loin de cette agitation parlementaire dérisoire, ce qu’il faut au monde du travail, c’est un programme qui mette en avant ses revendications vitales, ses revendications de classe : l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous, un niveau de salaire et de pension qui permette à chacun de vivre dignement, et aussi le contrôle des comptes des entreprises capitalistes afin de savoir où est et où va l’argent produit par l’exploitation.

Il faut un programme de lutte des exploités contre ce système capitaliste. C’est la seule perspective pour les travailleurs et pour la société dans son ensemble.
 
Le 30 juillet 2018

lundi 23 juillet 2018

L'affaire Benalla, aussi pourrie que la politique de Macron

Lorsqu’il s’est agi de fêter la victoire des Bleus au Mondial et de commenter leurs exploits, Macron était omniprésent. Aujourd'hui, pour rendre des comptes sur les méthodes de barbouze de son Monsieur Sécurité, il est aux abonnés absents et laisse ses fidèles se dépêtrer d’une situation qu’il a lui-même créée.

Car Macron a bel et bien couvert son protégé alors que celui-ci, déguisé en policier, s’amusait à casser du manifestant le 1er mai. Si Benalla est aujourd'hui licencié et si le gouvernement clame sur tous les tons qu’il n’y a pas d’impunité, c’est que Le Monde a rendu l’affaire publique, deux mois et demi après les faits.

Les porte-parole de l’Élysée prétendent avoir immédiatement réagi en sanctionnant Benalla de quinze jours de mise à pied. Vous parlez d’une sanction ! Pour une erreur de caisse à Carrefour ou Auchan, c’est parfois la porte. Pour la chemise arrachée du DRH d’Air France, cinq salariés ont été aussitôt arrêtés, licenciés et condamnés à de la prison avec sursis comme de vulgaires voyous.

Plus les jours passent, plus on en apprend sur la toute-puissance des petites frappes du pouvoir, sur les arrangements entre amis, sur la gangrène du clientélisme et de la dissimulation.

Malgré sa réputation de chien fou, Benalla faisait partie du clan macronien. Il avait droit à un logement luxueux et une voiture de fonction et émargeait à plus de 7000 euros mensuels. Par la grâce de l’Élysée, Benalla avait aussi été élevé au grade de lieutenant-colonel de la réserve opérationnelle, et il donnait des ordres au gratin de la police et de la gendarmerie.

S’il y en avait qui croyaient encore à la promesse de Macron d’une gouvernance transparente et exemplaire, les voilà servis ! Oui, la pratique du pouvoir sous Macron est dans la continuité de ses prédécesseurs, favoritisme et scandales politiques compris.

Mais le plus pourri dans la présidence de Macron, c’est sa politique qui fait reculer la condition ouvrière des années en arrière. Ce sont toutes les mesures qu’il a prises contre le monde du travail : les ordonnances pour que le patronat puisse licencier plus vite et moins cher ; la hausse de la CSG qui frappe les retraités ; la baisse des APL ; l’attaque contre la SNCF et les cheminots ; les restrictions sur les finances des collectivités locales comme des hôpitaux, déjà asphyxiés ; la sélection dans les universités ; le contrôle accru des chômeurs…

Le plus mensonger dans la présidence Macron, c’est son cinéma sur la prétendue reprise de l’emploi, alors que les licenciements se poursuivent. En témoigne l’annonce du groupe Mulliez, qui prévoit la fermeture de 88 magasins Bizbee, Jules et Brice et la suppression de 466 emplois, alors qu’il s’agit d’un groupe familial à la tête d'un empire de la grande distribution (Auchan, Leroy-Merlin, Decathlon, etc.) et d'une fortune qui se chiffre en dizaines de milliards d'euros !

Mais cette politique anti-ouvrière n’est pas le monopole de Macron. Sarkozy, déjà surnommé le président des riches, et Hollande, le faux ennemi de la finance, menaient la même. Tous les politiciens sont en effet formés et sélectionnés pour leur fidélité à la bourgeoisie et au système capitaliste. Leur priorité, ce sont les affaires de la bourgeoisie, ses profits, sa compétitivité.

Leur travail, au Parlement, à la présidence et au gouvernement est de perpétuer ce système et de faire prospérer les affaires du grand capital. C’est d’expliquer qu’il n’y a pas d’argent pour embaucher, pas d’argent pour augmenter les salaires ou payer les retraites, le RSA et les aides sociales et qu’il faut encore économiser sur les services publics et les hôpitaux.

Cela, alors que la grande bourgeoisie est prospère comme jamais et qu’un Bernard Arnault, propriétaire de LVMH, a vu sa fortune gonfler de 1300 euros toutes les deux secondes l’année dernière !

Pour cette caste politique, comme pour le grand patronat, les travailleurs ne sont que les soutiers de l’économie, sommés de s’adapter et d’accepter leur sort d’exploités. Voilà ce qui est fondamentalement pourri dans la politique menée aux sommets de l’État.

Alors bien sûr, cette politique s’accompagne de passe-droits et de scandales d’État. Cela donne l’occasion, pour les partis d’opposition, de jouer les vertus indignées, alors qu’ils traînent leurs propres casseroles judiciaires. Mais rien de tout cela ne changera si les travailleurs n’ont pas la volonté de contester la domination et le parasitisme de la bourgeoisie qui mène la société à la catastrophe. 
Le 23 juillet 2018

lundi 16 juillet 2018

Le Mondial et le piège de l'unité nationale

Il aura été difficile d’échapper au battage médiatique autour de la victoire des Bleus en Russie. Ces joueurs ont certes du talent, et la composition de l’équipe de France, avec ses Mbappé, Pogba et Umtiti, ses enfants d’immigrés camerounais, algériens, guinéens, maliens ou haïtiens, devrait rabattre leur caquet à tous ceux qui nous expliquent que les migrants sont un danger. Plus de la moitié des 23 joueurs français sont d’origine africaine. Et encore, nous ne saurons jamais combien de talents potentiels sont morts en Méditerranée, se heurtant aux murailles érigées par les pays riches comme la France.

Sans avoir joué une seule minute, de nombreux politiciens aimeraient bien tirer profiter de ce succès. Macron s’est placé au centre de la photo, espérant ainsi regagner quelques points de popularité, alors que ce président des riches est de plus en plus rejeté par le monde du travail. Et tant d’autres, qui ne retiennent pas leurs coups quand il s’agit d’attaquer les travailleurs, tentent de faire vibrer la corde patriotique.

Certes, le football est un jeu et une occasion de faire la fête. Mais les symboles comme le drapeau tricolore et la Marseillaise ne sont pas neutres. Aujourd'hui utilisés pour célébrer une victoire sportive, ils l’ont été jadis pour les guerres coloniales et tant d’autres exactions. Le patriotisme a toujours été un piège utilisé par les pires ennemis des travailleurs et il servira encore, demain, pour tenter de nous unir derrière les capitalistes français, contre les travailleurs d’autres pays.

À partir du succès d’une équipe de foot, Macron, les politiciens et les grands médias voudraient nous convaincre que tous les Français sont dans le même bateau. Ils aimeraient faire disparaître les oppositions sociales et politiques. Tous unis, vraiment ? Unis, les smicards et les milliardaires, dont les fortunes ont encore atteint des records ? Unis, les cheminots et le gouvernement, qui démantèle leur statut pour s’attaquer à tous les travailleurs ? Unis, les personnels des hôpitaux et ceux qui les soumettent à de terribles restrictions ? Unis, les capitalistes comme Carrefour, sponsor de l’équipe de France, et les 2000 salariés qu’il veut licencier ?

Le foot est un business dans lequel on dépense « un pognon de dingue ». On critique les sommes exorbitantes empochées par certains joueurs. Mais si certains d’entre eux gagnent des millions, c’est en partie grâce à leur travail et à leur talent. En revanche, les sponsors, les grands médias, les équipementiers touchent le jackpot sans marquer le moindre but. Dimanche soir, à 360 000 euros la demi-minute de publicité, TF1 pouvait être heureux de la victoire… du Dieu pognon.

En Italie, un syndicat d’une usine de Fiat a dénoncé le fait que la Juventus de Turin, qui appartient à la famille Agnelli, propriétaire de la firme automobile, venait de débourser 100 millions d’euros pour acheter Cristiano Ronaldo. Le décalage entre les sommes disponibles pour un transfert et les menaces de licenciement qui pèsent sur les ouvriers de Fiat est en effet révoltant.

Les politiciens utilisent le football pour faire passer leurs coups bas. En Russie, Poutine a profité du Mondial pour augmenter la TVA et retarder l’âge de départ à la retraite de huit années pour les femmes et de cinq années pour les hommes, interdisant les manifestations dans les villes où se tenaient les matchs, sans pouvoir totalement les empêcher.

Ici, après avoir célébré la victoire des Bleus, Macron et son gouvernement vont poursuivre leur sale besogne. Ils veulent s’attaquer aux régimes de retraite et aux aides sociales et, entre autres, prélever un milliard d’euros sur les aides personnalisées au logement. Même les handicapés sont ponctionnés. Le gouvernement veut supprimer 100 000 emplois aidés cette année, et 120 000 emplois publics d’ici 2022. Quant aux capitalistes qui affichent leur logo dans les stades et sur les écrans, ils vont continuer à produire plus avec toujours moins de salariés, toujours plus exploités, pour gaver des actionnaires toujours plus riches.

Comme en 1998, après la fête, les réalités sociales nous rattrapent. Le Mondial terminé, les problèmes des travailleurs, des chômeurs, des jeunes condamnés à la précarité et des retraités sont intacts. La guerre sociale continue et nous impose de nous battre pour défendre nos intérêts de travailleurs. Il faut mener cette lutte contre les capitalistes, contre les Macron et contre tous ceux qui parlent d’unité nationale pour mieux gouverner au profit des plus riches. 
Le 16 juillet 2018

mardi 10 juillet 2018

Les militants de Lutte ouvrière à votre rencontre

Depuis le 2 juillet les militants de Lutte ouvrière ont repris leurs périples d’été pour, jusqu’à la fin du mois d’août, aller à la rencontre des travailleurs.

Toute la société va mal et craque de partout.

Ici, dans un des pays les plus riches de la planète, d’un côté les profits distribués aux actionnaires explosent alors que, de l’autre côté, le nombre de chômeurs augmente, la précarité de ceux qui travaillent s’accroît et l’inquiétude augmente.

En Méditerranée, chaque semaine, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants meurent engloutis, noyés pour avoir tenté de fuir la misère et espéré parvenir en Europe pour y survivre.

C’est le résultat du capitalisme, c’est-à-dire de cette organisation économique uniquement établie sur la recherche du profit de la minorité qui possède les capitaux, et donc totalement sourde aux besoins de l’humanité tout entière.

 
C’est de cela dont nous viendrons discuter :
à Vierzon
Samedi 14 juillet de 9h à 12 h30
  
Sur le marché 

et devant le Centre commercial-Forum république

lundi 9 juillet 2018

Carton rouge pour le capitalisme

Entre matchs du Mondial et Tour de France, il paraît que l’heure est à la détente. On a pu voir Macron en bras de chemise exulter après un but de l’équipe de France, histoire de jouer les messieurs tout le monde. Et c’est l’occasion pour les politiciens de tout bord d’entonner le refrain de l’unité nationale. Par la grâce du ballon rond, toutes les inégalités seraient censées disparaître derrière une grande fraternité tricolore.

Les grandes compétitions sportives sont à l’image de la société capitaliste et le chauvinisme le dispute aux affaires de gros sous. Comme le Tour de France, le Mondial est une machine à faire de l’argent. Derrière les prouesses des joueurs ballon au pied, des centaines de millions sont en jeu, qui finissent dans les poches des chaînes de télévision, des grands groupes de médias, des équipementiers sportifs et autres sponsors officiels, prêts à débourser des millions pour transformer les joueurs en panneaux publicitaires ambulants.

Tant que l’équipe de France gagne, le Mondial est une bonne affaire pour Macron, qui espère surfer sur l’enthousiasme collectif. Il a justifié le report du plan anti-pauvreté – en réalité un plan anti-pauvres – en expliquant que c’était pour mieux s’en occuper plus tard, lorsque les têtes ne seraient plus au foot ou aux vacances… des vacances dont un adulte sur deux et un enfant sur trois ne voient pas la couleur, le plus souvent faute de moyens. La progression de la pauvreté ne fait pas de pause l’été. L’explosion du prix du gaz s’ajoute à toute une politique du grand patronat qui conduit à l’effondrement du niveau de vie des plus modestes, au chômage qui n’en finit pas, aux bas salaires.

Macron a reporté le plan anti-pauvreté, mais pas son show à Versailles devant les parlementaires. Il s’y accorde une heure d’autoglorification et fait son discours sur les vertus de « l’émancipation individuelle ». Mais de quelle émancipation parle-t-il ? De celle des livreurs à domicile au statut d’auto-entrepreneur ? Ils viennent d’entamer une grève contre l’arnaque d’une pseudo liberté les condamnant aux semaines à rallonge et aux payes minables. De celle des ouvriers de PSA Vesoul ? Ils viennent de voir leur temps de travail rallongé sans que la paie suive. De celle des travailleurs de Carrefour ou de la Grande Récré, de Whirpool ou de Ford dont les emplois sont perdus ou sur la sellette ?

Les spectacles sportifs ou politiciens font la Une de l’actualité, mais ils ne peuvent pas masquer éternellement la réalité : celle des mille difficultés du quotidien des travailleurs, tandis que la richesse se concentre toujours plus à l’autre bout de la société. D’après un classement publié la semaine dernière, les 500 plus gros capitalistes du pays ont multiplié leur fortune par deux en dix ans ! 2018 est ainsi une année record pour eux, dont les fortunes culminent à 650 milliards d’euros, soit une fois et demi le budget de l’État. Combien de millions d’emplois utiles pourraient être créés avec cet argent, au moment où le gouvernement serre la ceinture aux collectivités locales, aux hôpitaux et à tout ce qui est indispensable à la population ?

Luxe et engins de morts se côtoient aux premières places du classement. Les magots des Arnault, Dassault, Hermès, Mulliez et autres Pinault battent tous les records. Voilà qui en dit long sur les perspectives que cette économie offre à l’humanité !

La bourgeoisie aux commandes mène la guerre aux travailleurs et elle en encaisse tous les bénéfices. Dans leur économie à bout de souffle, les marchés saturés n’offrent pas de débouchés suffisamment rentables aux capitalistes à la recherche des profits les plus élevés. Et au lieu d’investir leurs capitaux dans la production, ceux-ci préfèrent les placer dans la spéculation, les coups de poker financiers, les rachats d’entreprises, qui représentent autant de risques d’une nouvelle crise financière. Leur système n’est pas seulement révoltant, il est irresponsable et dangereux !

À l’échelle du monde, c’est une poignée de multimilliardaires qui contrôle l’économie et qui prospère, sans faire progresser d’un pouce l’ensemble de la société. Ils nous mènent au contraire à la catastrophe. L’intérêt privé des capitalistes domine l’économie : cela se traduit par le recul des conditions de vie et de travail dans les pays riches et par le maintien dans le sous-développement d’une grande majorité de la planète.

Pour rendre les coups et imposer notre droit à une existence digne, il faudra une explosion sociale qui remette en cause la domination capitaliste sur l’économie. Car la seule émancipation, la seule liberté que les travailleurs peuvent espérer, c’est celle qu’ils réussiront à imposer collectivement, contre la classe riche et les politiciens à son service. 
Le 9 juillet 2018

lundi 2 juillet 2018

L'Europe forteresse condamne les migrants et tous les travailleurs

Les dirigeants de l’Union européenne ont laborieusement accouché d’un accord sur ce qu’ils appellent la crise migratoire. Il confirme tous les dispositifs qui font la honte de cette Europe des riches. L’accord veut continuer à confiner les migrants dans les pays les plus pauvres du globe et criminalise toujours plus les femmes, les enfants et les hommes fuyant la misère et la guerre.

Les gouvernements européens auxquels l’extrême-droite participe sortent triomphants de ce sommet. Quant à ceux qui, comme Macron, se prétendent gardiens d’un idéal européen, ils sont méprisables à force d’hypocrisie. Ils ne sont pas avares de grandes phrases sur les dangers du nationalisme et de la xénophobie mais empruntent le discours de l’extrême droite pour justifier le même rejet des migrants.

Macron refuse ainsi d’ouvrir les ports français aux navires transportant des migrants sauvés par les ONG, qu’il accuse de faire le jeu des passeurs en prenant en charge les rescapés. Mais ce qui fait le jeu des trafiquants de vies humaines, c’est la politique des grandes puissances qui cadenassent leurs frontières et transforment en crime le fait de fuir la misère !

La crise des migrants est une crise politique. Ce n’est pas par manque de moyens que la riche Europe se refuse à offrir un accueil digne aux migrants, dont le nombre d’arrivées a diminué depuis 2015. Les mesures antimigrants sont le seul argument politique de nombreux gouvernements. Salvini, nouveau ministre de l’Intérieur italien et dirigeant d’un parti d’extrême droite, en est l’illustration. Il présente sa politique toujours plus dure contre les migrants comme le moyen d’assurer une vie meilleure aux Italiens. Dans le même temps, il explique que la lutte contre la précarité, dont son gouvernement prétendait faire une priorité, ne doit pas être une menace pour les entrepreneurs. Un message que les patrons italiens reçoivent cinq sur cinq et dont les travailleurs ont eux aussi intérêt à tirer les leçons !

Car c’est au nom du chômage et du recul des conditions de vie et de travail dans les pays d’Europe que les politiciens de tout bord justifient la chasse aux migrants. C’est au nom des intérêts des pauvres d’ici qu’ils justifient le rejet de plus pauvres venus d’ailleurs. Les politiciens responsables des mesures qui appauvrissent depuis des décennies les travailleurs prétendent ainsi les protéger avec ces mesures abjectes !

Mais transformer l’Europe en forteresse interdite aux migrants ne protègera aucun travailleur du chômage et de la précarité. Le rejet des migrants ne mettra aucune famille populaire à l’abri des fins de mois impossibles à boucler. Cette aggravation de nos conditions de vie, ici, dans les pays les plus riches de la planète, est le résultat de la guerre sociale que les gouvernements successifs nous mènent, pour que la bourgeoisie maintienne et augmente ses profits.

Les profits sont mirobolants et les chiffres d’affaires des grands groupes du CAC 40 repartent à la hausse. Oui, les actionnaires des grands groupes, les propriétaires des capitaux, se gavent comme jamais. Mais leur économie reste en crise et les investissements productifs n’ont même pas retrouvé le niveau précédant l’effondrement de 2008. Les conséquences, ce sont les travailleurs qui les paient, par la suppression des quelques droits acquis auparavant dans les pays les plus riches et par l’aggravation de l’exploitation partout.

Le capitalisme en crise plonge toute la société dans le chaos. La guerre économique que se livrent les grands groupes capitalistes dans l’arène mondiale condamne les trois quarts de l’humanité à la misère. Même ici, dans la cinquième puissance économique mondiale, les travailleurs font face à l’écroulement de leur niveau de vie.

Dans plusieurs régions du monde, la guerre économique se transforme en guerre tout court. Les grandes puissances interviennent directement ou par bandes armées interposées, pour maintenir leur domination et protéger les intérêts de leurs capitalistes.

Oui, toute la société va mal. L’odyssée des migrants est un aspect dramatique de la catastrophe sociale qui menace tous les travailleurs.

Alors, ne nous trompons pas d’ennemis, refusons de nous laisser diviser entre pauvres ! Exploités confrontés aux bombes et à la misère et poussés sur les routes de l’exil, ou exploités nés ou installés depuis longtemps dans les pays riches, nous avons les mêmes intérêts. Nous avons une même lutte à engager contre la domination de la minorité capitaliste qui pousse toute la société vers l’abîme. 
 
Le 2 juillet 2018