mercredi 26 juin 2019

Contre le plan de General Electric, contre le chômage, il faut interdire les licenciements !

Samedi dernier, 8 000 personnes sont descendues dans les rues de Belfort contre les 1 000 suppressions d’emploi prévues à General Electric (GE). Ceux qui se battent pour sauver leur emploi en ont entraîné des milliers d’autres qui savent qu’ils sont tout autant concernés. « Eux, nous, c’est le même combat »,disait une ouvrière d’une entreprise sous-traitante.

Les gilets jaunes se sont mobilisés, ainsi que des artisans qui avaient une banderole « artisans en colère ». Des magasins avaient baissé le rideau en signe de solidarité. Comme a dit un boucher-charcutier installé à Belfort depuis 20 ans, « l’impact sera énorme sur les commerçants ».

C’était une manifestation ouvrière massive, comme il y en a eu dans de nombreuses villes du pays à chaque fois qu’une grosse usine a fermé ses portes, menaçant de ruiner toute une région. À chaque fois, les ouvriers ont entraîné dans leur combat le reste de la population.

GE est un des plus grands groupes industriels de la planète dont les bénéfices pour les seuls trois premiers mois de l’année atteignent 954 millions de dollars. Maintenir 1 000 emplois ne représenterait qu’une goutte d’eau pour une telle multinationale. Mais la vie de travailleurs et l’avenir d’une région n’entrent pas en ligne de compte. C’est la dictature du grand capital qui s’impose. Et l’État ne s’y oppose pas, il l’accompagne.

En 2015, au moment du rachat d’un des sites d’Alstom de Belfort par GE, le groupe s’était engagé à créer 1 000 emplois sur quatre ans. Il n’en a créé aucun et a juste payé une amende de 50 millions d’euros. Le gouvernement n’a rien fait pour l’obliger à tenir sa promesse. Aujourd’hui, devant l’émotion et la mobilisation, Macron et ses ministres ont fait mine de se préoccuper du sort des travailleurs. Mais c’est pour mieux les lanterner et les attaquer.

Au moment où les plans de licenciements s’accumulent, comme celui de GE ou encore celui des magasins New Look qui vient d’être annoncé et va mettre 400 personnes à la porte, le gouvernement s’en prend aux chômeurs. Il réduit le droit aux indemnités de chômage en imposant d’avoir travaillé 6 mois sur 24 au lieu de 4 sur 28 pour y avoir accès. Et il diminue leur montant par une nouvelle méthode de calcul.

Les millions de travailleurs qui alternent les contrats de quelques semaines ou de quelques jours et les périodes de chômage sont les premiers visés. Mais c’est en réalité une attaque contre tous les travailleurs. Le message au monde du travail est clair : vous devrez encore plus accepter n’importe quel travail, à n’importe quelle condition et à n’importe quel salaire !

Lutter contre le chômage, ce serait d’abord s’opposer aux licencieurs et interdire les licenciements. Ce serait créer des emplois dans les services publics, par exemple dans les services d’urgence des hôpitaux où les aides-soignants et les infirmiers qui sont en grève depuis des mois réclament 10 000 embauches. Mais pour cela, il faudrait s’opposer aux intérêts du grand patronat et prendre sur ses profits.

L’an dernier, les 40 plus grosses entreprises françaises cotées en bourse ont distribué 51 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires, un record historique. Avec cette somme, 1,5 million d’emplois payés 1800 euros net pourraient être créés, cotisations sociales acquittées.

Le grand patronat et le gouvernement sont des alliés qui mènent ensemble une véritable guerre de classe contre les travailleurs. Elle est implacable parce que la crise économique s’aggrave et les rivalités commerciales s’exacerbent. Alors, les capitalistes, pour accroître leurs marges, s’en prennent aux travailleurs. Pendant ce temps, le gouvernement les ligote et leur assène ses propres coups. D’un côté, la grande bourgeoisie s’enrichit comme jamais, de l’autre, la condition ouvrière recule et la société pourrit sur pied.

Les travailleurs peuvent remettre en cause le pouvoir du grand patronat car, dans les entreprises, c’est leur travail qui est à l’origine de tous les profits et de tout le capital.

Comme le montre la manifestation de Belfort, ils peuvent entraîner le reste de la société dans leur combat. Pour cela, il faut qu’ils osent parler de leur propre voix et mettre en avant leurs propres revendications de classe, à commencer par celle d’un emploi et d’un salaire digne pour tous, sans se laisser arrêter par ceux qui disent que ce n’est pas réaliste. C’est aux travailleurs de dire et d’imposer ce qui est nécessaire. 
 
Le 24 juin 2019

lundi 17 juin 2019

La grève dans les urgences hospitalières nous concerne tous

La grève dans les services d’urgence prend de l’ampleur. Partie il y a trois mois d’un hôpital à Paris, elle touche maintenant une centaine d’établissements dans toute la France.

La situation y est désastreuse parce que le manque de personnel et de moyens est criant et parce que, comme dans tout le reste de la société, c’est la course à la rentabilité qui dicte sa loi.

Travailler en permanence en sous-effectif, tous les travailleurs connaissent ça : sur les chaines de montage, dans les ateliers de production, dans les bureaux, dans la grande distribution… C’est aberrant car il y a des millions de chômeurs. Mais dans les hôpitaux, c’est criminel. C’est le symbole du pourrissement de la société que d’avoir introduit la concurrence, en clair la recherche du profit, dans le domaine de la prise en charge des malades et des personnes âgées.

Depuis plusieurs dizaines d’années, les gouvernements ont démoli le service public de la Santé en y imposant des critères financiers. Ils ont ouvert les hôpitaux aux intérêts privés. Ceux-ci se sont jetés sur ce qui pouvait leur rapporter, et le reste, l’État l’a laissé dépérir. Alors, les hôpitaux publics se sont endettés et leur dette, qui a atteint 30 milliards d’euros, est désormais une des causes de la pression à la rentabilité.

À cela s’est ajouté le fait que les services d’urgence sont devenus de véritables asiles des temps modernes qui croulent sous le poids de la misère croissante de la société.

Aujourd’hui, ils accueillent deux ou trois fois plus de monde que ce que leur capacité permet. Alors, on met deux malades dans un même box, séparés par un simple paravent, ou bien sur des brancards qui s’accumulent dans les couloirs où ils doivent attendre parfois 5 heures ou plus.

En décembre dernier, dans un service d’urgence d’un hôpital parisien, une femme de 55 ans a été retrouvée morte au petit matin après avoir été amenée la veille en fin d’après-midi par les pompiers. Le personnel ne l’avait pas prise en charge parce que, ayant perdu connaissance, elle n’avait pas répondu à l’appel. À cause de la surcharge de travail, les soignants n’avaient pas pu faire le tour de tous les malades présents et ils avaient cru qu’elle avait quitté les urgences.

Les gouvernements ont prétendu que la privatisation des services publics améliorerait les choses car elle ferait baisser les prix. Au bout du compte, dans la Santé, à la SNCF, à EDF ou à la Poste, des industriels et des financiers s’en sont mis plein les poches et les services publics se sont décomposés.

Après trois mois d’une contestation qui n’a fait que s’élargir, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, en bonne politicienne arrogante, reste droite dans ses bottes. Elle propose une enveloppe de 15 millions d’euros pour renforcer les effectifs uniquement durant l’été. Selon les grévistes, qui affrontent jour et nuit les drames des urgences, il faudrait embaucher au moins 10 000 personnes.

Les grévistes revendiquent aussi une augmentation de salaire de 300 euros pour tous. À l’hôpital comme dans toutes les entreprises, les salaires n’ont pas suivi l’augmentation du coût de la vie. Les aides-soignants sont embauchés à peine au dessus du SMIC. Et une infirmière parisienne, militante du mouvement, expliquait à la presse, qu’avec presque 10 ans d’ancienneté, son salaire hors primes était de 1 589 euros brut.

Buzyn a concédé une prime de 100 euros par mois. Elle l’a justifiée en donnant pour raison que le personnel des urgences avait à faire face à des « citoyens agressifs » et à des « incivilités ». Elle cherche évidemment un prétexte pour circonscrire cette prime aux seuls personnels des urgences alors que les salaires sont tout aussi bas dans les autres services hospitaliers. Mais au passage, elle fait aussi la leçon aux malades.

Car pour les responsables politiques comme Buzyn, si la situation est devenue catastrophique, ce serait la faute des malades qui se comporteraient mal ou viendraient trop souvent se faire soigner, ou celle du personnel hospitalier qui n’aurait pas assez le « sens des responsabilités », comme l’a sous-entendu le premier ministre Édouard Philippe.

Le sens des responsabilités, les aides-soignants et les infirmiers l’ont justement, eux qui font face malgré la désorganisation due à la course à la rentabilité orchestrée par des gouvernements irresponsables. Ils en ont assez et leur combat est le nôtre.

Le 17 juin 2019

mardi 11 juin 2019

Pour empêcher la classe capitaliste d’étouffer la société, il faut l’exproprier !

La mobilisation des travailleurs des urgences hospitalières dure et se renforce. Désormais, plus de 80 services sont concernés à travers toute la France. Et pour cause, la situation y est catastrophique.
Avec les fermetures de lits et les suppressions de postes qui se sont enchaînées depuis des dizaines d’années, les services d’urgence ont été noyés sous l’afflux des patients dont le nombre est passé de 10 millions en 1996 à 21 millions en 2016.

Les grévistes réclament des moyens. Et ils savent qu’ils peuvent compter sur le soutien des couches populaires dans leur combat car ces services de santé sont vitaux au sens propre du terme. Ils réclament aussi des augmentations de salaire car, comme tous les travailleurs, leurs salaires ne leur permettent pas de vivre dignement. Mardi 11 juin, tous les travailleurs de Santé sont appelés à se mobiliser par plusieurs syndicats et un collectif des services d’urgence.

L’état de ces services est le symbole de la complète décomposition des hôpitaux publics et plus globalement de celle de tous les services publics. Car, pour financer les cadeaux au grand patronat, les subventions aux grandes entreprises, les suppressions de cotisations patronales… l’État coupe en permanence dans les budgets nécessaires à la population comme la Santé, l’Éducation, les transports ou encore la Poste.

Tout cela est la conséquence de la crise du capitalisme. Le grand patronat s’enrichit en accroissant son parasitisme et il ne se donne même plus la peine de jouer son rôle de développer la production.

L’actualité des plans de suppressions d’emplois, avec l’ex-site Whirpool à Amiens, celui d’Ascoval à Saint-Saulve dans les Hauts-de-France, tous deux menacés de fermeture, ou encore de General Electric qui a décidé de supprimer 1000 emplois à Belfort, montre qu’investir dans la production n’intéresse que très peu les capitalistes. À moins de profits rapides et assurés, ils ne le veulent pas.

Ce ne sont même plus des investisseurs, ce sont des aventuriers de la finance appâtés par les millions d’aides des pouvoirs publics. Pourquoi investiraient-ils dans la production alors que les marchés sont saturés, que la guerre commerciale est féroce et qu’investir dans la finance, spéculer, est bien plus lucratif ?

Même l’aide aux plus pauvres est un marché pour ces financiers. Dans l’affaire des steaks hachés sans viande vendus aux associations caritatives, une des deux entreprises ayant remporté le contrat de ces denrées alimentaires pour les plus démunis pour un montant de 5,2 millions d’euros, était une société-écran. Un montage financier a permis à un spécialiste français des paradis fiscaux, Valéry Le Helloco, de faire venir ces steaks hachés de l’autre bout de l’Europe sans même avoir une entreprise.

Le parasitisme de classe capitaliste étrangle toute la vie sociale, menant tout droit l’humanité vers le précipice. La classe ouvrière est la seule classe sociale capable de s’y opposer.

Cela peut paraître utopique. Car ces dernières années, si on a vu beaucoup de catégories sociales se battre, il n’y a pas eu de mobilisations massives dans les grandes entreprises. Alors que les travailleurs auraient des moyens autrement plus efficaces que n’importe quelle autre catégorie sociale d’affronter la bourgeoisie et de la faire payer.

Quand les travailleurs n’ont pas confiance dans leur force collective, ce sont les valeurs de la société bourgeoise, relayées par les médias et les intellectuels au service de cet ordre social, qui s’imposent et font accepter leur sort aux exploités. Mais il n’empêche que la classe ouvrière est la seule classe qui peut renverser la bourgeoisie.

Le capitalisme a créé des moyens de production collectifs en y concentrant des milliers de travailleurs. Et au sein des multinationales, des centaines de milliers de salariés sont intégrés dans un même processus de production. Aujourd’hui, tout est organisé pour le compte de quelques grandes familles bourgeoises mais pour l’organiser dans l’intérêt collectif, il serait nécessaire d’exproprier la classe capitaliste.

Seuls les travailleurs pourront mener ce combat jusqu’au bout. Car, comme disait Karl Marx, ils n’ont rien d’autre à perdre que leurs chaînes.
Le 10 juin 2019

jeudi 6 juin 2019

8-9-10 juin 2019 : la fête de Lutte ouvrière


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Fête de Presles : départ en car depuis Vierzon (Cher)

Vierzon : 6 H 30 Rond-point entrée des Forges

Réservez votre place à l’avance : cher@lutte-ouvriere-centre.org ou par téléphone : 02 48 65 60 77






lundi 3 juin 2019

Les élections passent, la guerre de classe ne s’arrête jamais

Mardi 28 mai, deux jours après les élections européennes, le géant industriel américain General Electric (GE) a annoncé 1044 suppressions d’emploi en France. Le même jour la société WN, l’ex-site Whirlpool d’Amiens avec ses 200 salariés, était mise en redressement judiciaire.

Ces deux annonces sont venues s’ajouter à celle de la mise en faillite de British Steel. Cette entreprise possédée par deux vautours de la finance, les frères Meyohas, 258èmefortune française, était présentée par le gouvernement comme la solution de salut pour les 270 travailleurs d’Ascoval. Aujourd’hui, ils ne savent même pas s’ils seront encore payés dans quelques mois.

Les urnes à peine rangées, le grand patronat lâche ses coups.

En 2015, quand GE avait racheté le pôle énergie d’Alstom, il s’était engagé à créer 1000 emplois. Non seulement aucun emploi supplémentaire n’a été créé, mais aujourd’hui, GE France en supprime 792 sur le site de Belfort dans le secteur des turbines à gaz et 252 sur plusieurs sites dans les fonctions de support.

Son PDG, Hugh Bailey, assure que l’usine de Belfort qui regroupe 4300 travailleurs « ne fermera pas ». Mais cette promesse de patron ne vaut pas plus que celle de créer 1000 emplois. Et ce PDG fera ce qui ira dans le sens des intérêts de ses actionnaires.

« Le marché mondial du gaz est structurellement en forte baisse »et « nous ne sommes plus assez compétitifs »ajoute-t-il pour justifier les licenciements. GE est un des plus gros groupes industriels de la planète. Garder ces 1044 emplois ne le mettrait pas sur la paille. Mais ce sont les actionnaires qui dirigent. Et ils mènent leurs guerres commerciales avec la peau de leurs travailleurs.

Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, veut jouer les intermédiaires en prétendant se soucier du sort des travailleurs. Il ne se prépare qu’à brasser de l’air. Son rôle est de faire passer la pilule. À chaque fois, les gouvernements, le sien comme ceux qui l’ont précédé, ont été complices des licencieurs. Ils ont toujours agité des promesses bidon pour endormir les travailleurs.

L’État lui-même en tant que patron mène cette même politique de suppressions de postes. Le jour où GE faisait son annonce, le gouvernement faisait passer à l’Assemblée une loi contre les fonctionnaires, ceux de l’État, des collectivités territoriales et des hôpitaux. Il veut y imposer un recours accru au travail précaire, aux mobilités forcées et simplifier les ruptures de contrats de travail.

Et puis, en bons serviteurs du capital, Macron et son Premier ministre ont annoncé la couleur. Dès cet été, ils s’attaqueront à l’Assurance chômage pour faire baisser les indemnités, puis ils s’en prendront aux retraites ouvrières.

L’économie capitaliste est en crise et cela rend le grand patronat encore plus âpre au gain. La guerre sociale qu’il nous mène n’aura pas de limite. Et le gouvernement sera là pour lui faciliter la tâche. Dans cette guerre les travailleurs n’ont à attendre ni compréhension, ni pitié.

Ils ne sont pourtant pas désarmés. Des millions de travailleurs représenteraient une force considérable s’ils avaient la conscience d’appartenir à la même classe sociale. Une classe qui a la capacité de repousser les attaques du grand patronat aujourd’hui et de remettre en cause demain le pouvoir de celui-ci.

C’est cette conscience qui manque. Le résultat des élections l’a montré. L’ancienne opposition entre la droite et la gauche a laissé la place à celle entre Le Pen et Macron. Mais c’est toujours une tromperie qui enferme les travailleurs dans une fausse alternative, où on les pousse à choisir entre des politiciens qui sont tous dans le camp de la bourgeoisie.

De cette loterie électorale, où tout est fait pour empêcher que les travailleurs raisonnent du point de vue de leurs intérêts d’exploités, ils sortent désorientés et divisés.

L’offensive patronale et gouvernementale est générale. Pour y faire face, les explosions de colère et de combativité comme celles des Gilets jaunes ne suffiront pas. Les travailleurs doivent retrouver le chemin de l’organisation et de la lutte pour leurs intérêts communs, le chemin de la conscience de classe. 
Le 3 juin  2019