Avec ses présidents de région reconduits, la droite crie victoire, tout comme le Parti socialiste qui utilise la réélection de ses sortants pour expliquer, avec 34 % de participation, que le clivage gauche-droite est de retour et pour briguer le leadership à gauche. Heureusement que le ridicule ne tue pas !
Sans pouvoir se targuer d’aucune victoire, les prétendants à la présidentielle d’EELV se poussent du col en expliquant que l’écologie s’est imposée dans tous les programmes. Et c’est tout juste si La France insoumise ne voit pas dans l’abstention massive un plébiscite pour sa Sixième République. Ils prennent tous leurs désirs pour des réalités ! Quant aux grands perdants que sont LREM et le Rassemblement national de Le Pen, ils préfèrent parler des sondages pour la présidentielle.
Tant que le monde du travail ne fait pas entendre ses intérêts sans ambiguïté, en intervenant directement dans les manifestations, les grèves et les occupations d’usine, la politique se résumera à cet entre-soi politicien, à des années-lumière des préoccupations quotidiennes. Et on aura droit à ce genre de mascarade électorale, avec des partis qui nous jouent du pipeau sur la sécurité, quand tout le monde sait qu’elle ne fait pas partie des compétences régionales, et avec des candidats qui, comme Bertrand, Pécresse et Wauquiez, jurent leur amour et leur dévouement pour leur région, quand ils lorgnent sur la présidence de la République.
Dans ces Régionales, les serviteurs patronaux ont encore fait la démonstration qu’ils se moquent éperdument des besoins vitaux de la population.
Pourquoi les ouvriers de la fonderie MBF qui vient d’être liquidée à Saint-Claude dans le Jura et qui vont se retrouver sur le carreau auraient-ils choisi entre des politiciens de la bourgeoisie tous à genoux devant le grand patronat ? Pourquoi les territoriaux menacés de perdre des jours de congés iraient-ils voter pour ceux-là même qui les attaquent ? Nous sortons d’une pandémie qui a fait plus de 110 000 morts et laisse des millions de familles dans l’angoisse du lendemain, et nous devrions faire comme s’il ne se passait rien ?
Tous ceux qui ont été encensés par Macron lors des confinements, le personnel hospitalier, les aides à domicile, les éboueurs, les caissières ou encore les ouvriers de l’agroalimentaire, continuent d’être sous-payés, surexploités et méprisés. Pourquoi se seraient-ils déplacés pour élire des politiciens qui n’ont même pas eu un mot pour eux ?
Tout ce qu’il y a à souhaiter, c’est que l’indifférence, le rejet et l’écœurement du monde du travail face aux politiciens bourgeois se transforment en colère. Il y a à œuvrer pour que le dégoût des exploités se transforme en combativité.
Aucun sauveur suprême ne surgira des urnes pour assurer les conditions d’existence des travailleurs, à commencer par avoir un emploi et un salaire dignes. Ces deux exigences vitales devront être arrachées au grand patronat. Et pour cela, il faudra une lutte massive et déterminée rassemblant l’ensemble du monde du travail.
Nous avons tous besoin de gagner notre vie. Alors, contre le chômage, il faut nous battre contre les suppressions d’emplois et les fermetures de sites en défendant la répartition du travail entre tous avec maintien intégral des salaires. Contre la diminution du pouvoir d’achat, il faut revendiquer l’augmentation des salaires de base, des pensions et des allocations et leur indexation sur les prix.
En plus des attaques patronales, Macron s’en prend aux chômeurs en baissant leurs allocations et il ne cache pas sa volonté de reculer l’âge de la retraite à 64 ans à brève échéance. Alors, il va falloir que le monde du travail trouve la force de se défendre. Ce n’est qu’en se faisant craindre par nos mobilisations que nous forcerons grand patronat et gouvernement à prendre sur les revenus du grand capital, sur les dividendes des actionnaires, sur l’argent dilapidé en spéculation financière.
L’explosion sociale n’entre pas dans les plans des politiciens bourgeois. Elle doit être la perspective de tous ceux qui ne se résignent pas à la situation et qui ne supportent plus la démagogie politicienne. Et elle devra être orientée non pas contre les laquais politiques mais contre ceux qui détiennent le véritable pouvoir : les détenteurs des capitaux, les propriétaires des usines et des banques.
C’est à la classe privilégiée, sans utilité pour la société et pourtant riche, qu’il faudra demander des comptes !
Le 28 juin 2021