lundi 30 mai 2016

Pour le retrait de la loi Travail, le combat continue

« Minoritaires irresponsables », « chienlit », « terrorisme social » pour Le Figaro, « voyous » pour Gattaz … Le gouvernement, la droite et la grande majorité des médias n’ont pas lésiné pour fustiger les actions de blocage et les grèves dans les raffineries. Leur but était d’isoler ceux qui continuent de se battre contre la loi El Khomri du reste de la population. Ils ont échoué.
Comme l’a démontré la journée de mobilisation de jeudi dernier, il y a eu, en effet, plus de monde dans la rue, plus de grèves et plus de débrayages dans les entreprises. Quant à la population, elle reste majoritairement solidaire des grévistes, même quand elle doit faire la queue pour avoir de l’essence ou devant un blocage.
Hollande et Valls disent ne vouloir rien lâcher ? Eh bien, les opposants non plus ne lâcheront rien ! Cela fait près de trois mois qu’ils se battent. Certains en sont à leur huitième manifestation. D’autres en sont à dix ou quinze jours de grève. Ils n’ont plus à prouver leur détermination.
Cette semaine, avec les appels à la grève reconductible à la SNCF et à la RATP et avec les journées prévues dans les Ports et docks et dans l’aérien, le camp de la contestation va s’élargir.
Le gouvernement parle d’objectifs catégoriels comme si leurs luttes n’avaient pas de rapport avec la loi El Khomri. Mais l’allongement de l’amplitude de travail et la réduction de leur temps de pause dénoncés, par exemple, par les cheminots sont inspirés par le même esprit que la loi : utiliser le chantage à la compétitivité pour imposer des reculs des conditions de travail et de salaire.
Alors, la lutte dans les transports et la lutte contre la loi El Khomri ne doivent faire qu’un, et le succès de l’une aidera au succès de l’autre.
Quant à tous ceux qui agissent, même de façon minoritaire, ils ont raison de se battre et d’aller jusqu’au bout de ce qui leur est possible de faire, parce que tant qu’il y a du monde dans la rue et en grève, tout est possible.
La pression sur le gouvernement est de plus en plus grande, et il cherche une porte de sortie. Des tractations avec les confédérations syndicales sont d’ailleurs prévues dans la semaine. Pour que ces dernières ne signent pas des accords dans le dos des manifestants et pour qu’elles s’en tiennent au retrait pur et simple de ce projet de loi pro-patronal, il faut rester mobilisés.
Oui, tous ceux qui se battent ont de quoi être fiers. Ils ne sont peut-être qu’une fraction du monde du travail, mais ils représentent les intérêts de tous. Et à l’inverse du gouvernement, ils peuvent se prévaloir du soutien de la majorité de la population et, même, de la quasi-unanimité du monde du travail.
Ce soutien doit continuer de s’exprimer de toutes les façons possibles. En affichant sa solidarité en toute occasion et en se joignant aux débrayages et aux manifestations qui se présentent.
Mardi 14 juin aura lieu, à Paris, une manifestation nationale appelée par toutes les confédérations syndicales opposées au projet de loi. Cette journée marquera une étape importante.
Elle doit se préparer dans les ateliers, les bureaux et les entreprises de sorte que le maximum de salariés rajoutent leur poids dans l’épreuve de force qui se joue contre le gouvernement et le patronat.
L’enjeu dépasse le seul avenir de la loi El Khomri. Car au-delà de cette bataille précise, il est nécessaire que les travailleurs reconstruisent ensemble une force capable d’organiser la défense de leurs intérêts contre le patronat.
Il y a, dans toutes les entreprises, des mini-lois El Khomri imposées au quotidien. En changeant le rapport de force avec le patronat, la mobilisation actuelle ne peut que renforcer les travailleurs qui, dans leur entreprise, veulent réagir et riposter collectivement.
La mobilisation actuelle et surtout les grèves, avec leurs conséquences sur la machine à profits et la vie économique, montrent la force détenue par les travailleurs.
Les CRS peuvent en effet déloger quelques centaines de manifestants qui bloquent une raffinerie ou une voie de chemin de fer. Mais ils ne peuvent pas remplacer les salariés de ces raffineries en grève, ni s’improviser conducteurs de trains, aiguilleurs ou pilotes d’avions.
Ils ne peuvent pas, non plus, remplacer les ouvriers sur les chaînes de montage, les employés, les techniciens ou les ingénieurs, qui sont tous des maillons indispensables pour faire tourner les entreprises.
Alors oui, les travailleurs représentent une force. Ils ne sont pas voués à subir les lois du patronat et des gouvernements à son service !

Le 30 mai 2016

 JEUDI 2 JUIN
RASSEMBLEMENT A VIERZON 
10h30  FORUM REPUBLIQUE

lundi 23 mai 2016

Tous dans la rue le 26 mai contre la loi Travail !

La mobilisation se poursuit contre la loi El Khomri. Une loi qui entend ramener le monde du travail en arrière, en faisant passer les accords d'entreprise avant les conventions collectives, ce qui ouvrira la porte à de nouveaux abus du patronat.
La mobilisation doit s'amplifier et obliger le gouvernement à remballer son projet. Une nouvelle manifestation est appelée jeudi 26 mai, un peu partout en France. Soyons nombreux à dire : « à la poubelle, la loi Travail ! »

JEUDI 26 MAI
RASSEMBLEMENT A VIERZON 
10h30  FORUM REPUBLIQUE

Une épreuve de force qui va au-delà de la loi El Khomri

Malgré le recours à l’article 49-3, le gouvernement n’en a pas fini avec la contestation contre la loi El Khomri. Aux grèves et aux manifestations qui rassemblent toujours plusieurs centaines de milliers de personnes, se sont ajoutées différentes actions, en particulier dans les raffineries. Cela va des grèves qui conduisent à l’arrêt total de certaines raffineries au blocage des zones industrielles et des dépôts de pétrole.
Les routiers, en pointe dans ces blocages, ont d’ailleurs remporté une petite victoire sur le gouvernement puisqu’ils ont obtenu l’assurance que la loi El Khomri n’entraînerait pas une baisse de la rémunération de leurs heures supplémentaires.
Hollande et Valls multiplient peut-être les coups de menton, mais cette concession montre qu’ils peuvent reculer face à la mobilisation car ils la craignent.
Ils savent que l’opposition à leur politique est massive et dépasse de loin les rangs de ceux qui agissent. Alors, tant qu’il y aura de nouvelles actions et l’entrée dans le mouvement de nouveaux secteurs avec du monde en grève et dans la rue, rien ne sera joué.
À la SNCF, les cheminots se sont lancés depuis mercredi dernier dans un mouvement de grève contre un accord d’entreprise qui augmentera l’amplitude des journées de travail, supprimera des temps de repos et des jours de congés. Parallèlement à la loi El Khomri et dans le même esprit, le gouvernement a en effet pris un décret pour dérèglementer l’organisation du travail dans le ferroviaire. Comme tous les salariés, les cheminots subissent désormais le chantage à la concurrence et à la compétitivité.
C’est tous azimuts que le gouvernement et le patronat attaquent. « Non à l’allongement du temps de travail », « non aux accords d’entreprise qui sacrifient les conditions de travail ! », disent tous ceux qui se battent, et ils ont raison.
La mobilisation s’est cristallisée contre la loi El Khomri, avec l’objectif concret du retrait de cette énième attaque anti-ouvrière. Mais cette loi ne représente qu’une étape de plus dans l’offensive générale du patronat contre les droits des travailleurs. C’est pourquoi la contestation exprime un mécontentement bien plus large.
Derrière l’épreuve de force entre les opposants à la loi El Khomri et le gouvernement, il y a l’épreuve de force entre les travailleurs et le patronat. Il y a la lutte de classe.
Mais, désormais, une fraction des travailleurs ne veut plus subir les coups patronaux et a décidé de riposter et de se défendre.
Des travailleurs dénoncent, s’opposent aux attaques, ils s’organisent et se rassemblent pour défendre leurs intérêts, c’est, d’ores et déjà, un des acquis importants de ce mouvement. Et cela change l’état d’esprit de bien des travailleurs au-delà de ceux qui  se mobilisent.
Il apparaît désormais évident que le monde ouvrier doit se battre tout autant sous un gouvernement de gauche que sous un gouvernement de droite. Car loin de protéger les travailleurs, le gouvernement socialiste travaille pour le patronat. Et quand bien même le PS camoufle sa politique anti-ouvrière en parlant de justice sociale ou de dialogue social, il est l’un de ses serviteurs les plus zélés et les plus résolus.
Il est clair qu’en matière de politique anti-ouvrière, le gouvernement de gauche n’a rien à envier à la droite. Avec son coup de force pour faire passer la loi El Khomri et le recours au 49-3 on voit qu’Hollande et Valls valent aussi Sarkozy et Fillon en matière d’arrogance et d’autoritarisme.
Le grand patronat ne s’arrêtera pas, que la loi El Khomri passe ou pas. Il profitera du chômage, de la précarité, des divisions qu’il attise dans le monde du travail et qui lui donnent une position de force, pour faire reculer les travailleurs. Si les travailleurs le laissent faire, il ira toujours plus loin dans l’intensification de l’exploitation.
Alors, tous ceux qui continuent de se battre pour faire valoir les intérêts des travailleurs ont raison. La durée même de la mobilisation, près de trois mois, montre leur détermination. Elle montre des travailleurs décidés à ne plus se taire et à se défendre collectivement, par eux-mêmes.
Leur lutte est juste, et ils peuvent être fiers d’exprimer la colère du monde du travail. Ils peuvent être fiers de renforcer la conscience du monde ouvrier et de montrer la seule voie pour inverser le rapport de force avec le patronat et améliorer le sort des classes populaires.

Le 23 mai 2016


 

jeudi 19 mai 2016

Les militants de Lutte ouvrière à votre rencontre



Les militants de Lutte ouvrière 
seront présents 
sur le marché du Centre-ville de Vierzon,
 samedi 21 mai, de 9h à 12h.

lundi 16 mai 2016

Il faut faire entendre la colère du monde du travail

L’écrasante majorité du monde du travail est hostile à la loi El Khomri. Depuis plus de deux mois, des centaines de milliers de travailleurs le disent en faisant grève et en manifestant. À l’Assemblée nationale, le gouvernement n’a pas trouvé de majorité pour la voter. Qu’à cela ne tienne, Hollande et Valls ont dégainé l’article 49-3. Cette loi sera donc adoptée sans vote du Parlement.
« Le peuple a le pouvoir », nous dit-on. Il l’exercerait en élisant le président de la République et les députés censés voter les lois.
Mais Hollande a-t-il été élu pour démolir le code du travail ? A-t-il été élu pour augmenter la TVA, pour généraliser le chantage à la compétitivité ? A-t-il été élu pour faire un cadeau de 41 milliards au patronat, avec le pacte de responsabilité ? Non, cela, c’était le programme de Sarkozy !
Et s’il y avait eu un vote majoritaire à l’Assemblée pour la loi Travail, cela n’aurait pas été plus démocratique. Parce que ceux qui se targuent d’être les représentants de la nation ne représentent qu’eux-mêmes. Une fois élus pour cinq ans, ils veulent préserver leur poste et leurs privilèges et se moquent bien de ce que pense la majorité de la population.
Nous, Lutte ouvrière, sommes de ceux qui n’avons jamais placé notre confiance dans Hollande, les rares à avoir refusé d’appeler à voter pour lui au second tour en 2012, car nous voulions avertir les travailleurs qu’il trahirait le peu qu’il avait promis.
Mais, comme ses électeurs, nous sommes révoltés par tant d’arrogance et de cynisme.
Au-delà de cette loi, nous avons là un exemple du mode de fonctionnement de l’État et de la classe politique. Les lois ne naissent pas dans la tête des ministres ou des députés, elles sont conçues au Medef, dans les réunions de famille et les conseils d’administration des Peugeot, Dassault, Bolloré, Arnault et autres Mulliez.
Et tous les gouvernements exécutent, qu’ils soient de droite ou de gauche, parce que, pour tous, gérer les affaires de l’État, c’est gérer les affaires des plus riches. Et Hollande aura été un bon serviteur de la bourgeoisie !
Pour lanterner les classes populaires, le gouvernement répète que la crise est derrière nous.
Dans le marasme généralisé, 1 % ou 1,5 % de croissance peuvent être présentés comme une reprise. Mais le capitalisme est en crise, une crise dont on ne sortira pas parce que le système est à bout de souffle. Il a atteint ses limites. Les capitalistes ne peuvent pas développer leurs affaires, sauf à voler des parts de marché à leurs concurrents, à se racheter les uns les autres et à spéculer.
Ils ne peuvent accroître leurs profits qu’au travers d’une féroce guerre de classe qui fait de plus en plus de victimes du côté du monde du travail.
Le chômage qui pourrit la vie de millions de femmes et d’hommes, la précarité à laquelle une grande partie de la jeunesse est condamnée, les bas salaires qui frappent des millions de salariés ne sont pas conjoncturels. Ils résultent de la domination de la bourgeoisie.
C’est pourquoi la colère qui a éclaté avec la loi El Khomri est salutaire. Depuis des années, les travailleurs subissent attaque sur attaque : report de l’âge de la retraite ; flexibilité des horaires de travail ; plans de licenciement ; augmentation des cadences ; baisse du pouvoir d’achat… La bourgeoisie n’a cessé de mener la lutte de classe et le monde du travail a subi. C’est ce qu’il faut inverser.
La loi El Khomri a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, mais la colère qui s’exprime est bien plus générale. Et elle doit continuer à s’exprimer.
Le recours au 49-3 est une provocation. C’est une raison supplémentaire de poursuivre la mobilisation.
À partir de mercredi, malgré les tergiversations et le corporatisme de leurs organisations syndicales, une partie des cheminots devraient se mettre en grève contre la dégradation de leurs conditions de travail.
Les routiers, quant à eux, feront grève à partir de mardi. Cela s’ajoute aux journées de grèves et de manifestations de mardi 17 et jeudi 19, appelées par les confédérations syndicales.
Autant dire que le gouvernement n’en a pas fini avec la contestation. Valls et Hollande ont pu clore d’autorité le débat parlementaire en espérant ainsi imposer la loi El Khomri. Mais ils ne peuvent pas étouffer la colère qui s’est accumulée. Et celle-ci doit se faire entendre !

Le 16 mai 2016



JEUDI 19 MAI

RASSEMBLEMENT A VIERZON 

10h30  FORUM REPUBLIQUE
 

lundi 9 mai 2016

Loi El Khomri : le gouvernement veut passer en force

L’écrasante majorité du monde du travail est hostile à la loi El Khomri. Depuis plus de deux mois, des centaines de milliers de travailleurs ont fait grève et manifesté pour dénoncer cette loi. Les jeunes, les salariés des petites comme des grandes entreprises, les salariés du public comme du privé l’ont dit et redit : ils ne veulent pas de cette démolition du code du travail.
Et, comme si de rien n’était, il revient à quelques centaines de parlementaires, toutes étiquettes confondues, de décider si cette loi s’appliquera ou pas. C’est grossier.
Et ça l’est d’autant plus que le débat parlementaire n’est là que pour amuser la galerie. Le gouvernement se plaint des 5000 amendements déposés et dénonce une obstruction des députés. Mais il a le pouvoir d’imposer ce qu’il veut.
Hollande et Valls se sont donné quelques jours pour convaincre la quarantaine de députés socialistes récalcitrants. Si tant est que l’on peut parler d’arguments et de conviction quand il s’agit de pressions de l’appareil du PS et de chantage à l’investiture pour la députation de 2017 !
Les frondeurs faisant le pari que le navire Hollande est en train de couler et cherchant un plan B continueront de s’opposer. Quant aux autres, ils marchanderont quelques réécritures à la marge et rentreront dans le rang. Alors, les travailleurs auraient tort de compter sur ce genre de girouettes.
Par ailleurs, le gouvernement ne le cache pas. S’il ne parvient pas à rassembler une majorité, il usera de l’article 49.3, comme il l’a déjà fait pour la loi Macron. Cette loi serait alors adoptée sans vote du Parlement.
Elle est belle, leur démocratie ! On nous dit que le peuple a le pouvoir et qu’il l’exerce en élisant le président de la République et les députés. On voit ce qu’il en est avec des députés qui sont pieds et poings liés au système. On voit ce qu’il en est, avec Hollande qui a mené une politique contraire de celle promise.
Et les mêmes s’apprêtent à nous faire un cinéma identique en 2017 !
Et faut-il rappeler que Hollande avait fait du « dialogue social » sa marque de fabrique ? Eh bien voilà sa conception du dialogue social : passer en force, imposer une loi honnie par la grande majorité des travailleurs qui sont les premiers concernés.
On a là un avant-goût du dialogue social que cette loi est censée instaurer. Une loi qui donnera la possibilité au patronat, sous couvert d’accords d’entreprise, d’allonger le temps de travail, de réglementer l’organisation des temps de repos ou de baisser la majoration des heures supplémentaires.
Et le patronat n’aura pas besoin de vote, ni même de 49.3 : il lui suffira d’exercer son chantage à l’emploi et à la compétitivité. Il lui suffira d’exercer tout simplement le pouvoir qu’il a déjà sur les travailleurs.
Le patron du Medef regrette la première mouture de la loi qui le comblait davantage. Comme un enfant gâté, il pleurniche parce qu’il n’en a jamais assez. Jusqu’au bout, il usera de tous les moyens à sa disposition pour que le gouvernement obtempère à ses ordres.
Il faut qu’en face, les travailleurs fassent preuve de la même ténacité et qu’ils usent du seul moyen de pression qu’ils ont : la mobilisation collective.
Les quelques reculs que le patronat déplore, par exemple sur le plafonnement des indemnités prud’homales ou sur les conditions de travail des apprentis, ont été obtenus grâce aux mobilisations.
Depuis le 9 mars, des dizaines, des centaines de milliers de travailleurs, de jeunes et de moins jeunes ont exprimé leur colère et montré leur volonté de se battre contre cette loi au travers de manifestations, de rassemblements, de débrayages, de grèves qui ont touché tout le pays.
Jeudi 12 mai, de nouvelles manifestations sont prévues. Ce sera l’occasion de maintenir la pression sur le gouvernement, et il le faut, car le seul langage que comprend le pouvoir, c’est le rapport de force.
Hollande et ses ministres nous répètent que « ça va mieux ». Mais ça va mieux pour qui ? La minorité capitaliste n’a jamais été à plaindre. Et si cela va encore mieux pour les marchands de canon et ces PDG qui se payent des rémunérations équivalentes à 200, 300 Smic, cela empire pour le monde du travail.
Alors, les travailleurs ont toutes les raisons de refuser que le gouvernement leur impose des reculs et des sacrifices supplémentaires. La colère du monde ouvrier s’accumule depuis quatre ans. Il est plus que temps de l’exprimer.

Le 9 mai 2016

lundi 2 mai 2016

La seule voie

L’Assemblée nationale est appelée à se prononcer sur la loi Travail de Hollande-Valls-El Khomri.
Depuis près de deux mois, des centaines de milliers de personnes se sont mobilisées contre ce projet de loi dans une succession de manifestations, de débrayages, de grèves à travers tout le pays. Le rejet de ce projet était encore au centre des manifestations du 1er Mai. Il est partagé par la grande majorité de la population et par la quasi-totalité de ceux, salariés d’aujourd’hui et de demain, qui en seront les victimes. Et pour cause : il officialise plusieurs années de régression sociale.
Le grand patronat n’a pas attendu la loi El Khomri pour licencier, pour imposer la flexibilité, pour n’embaucher pratiquement qu’en intérim ou en CDD. Il veut maintenant une loi qui bénisse une pratique déjà répandue. La législation du travail serait désormais vidée du peu de substance qu’elle avait pour être remplacée par la loi privée décidée par le patron dans chaque entreprise.
Alors, oui, pour les salariés, il y avait de quoi réagir ! Nous n’avons que trop tardé car ce projet de loi n’est que le couronnement ou, plus exactement, la dernière en date de toutes les mesures anti-ouvrières que le gouvernement a imposées au fil des ans, tout en servant la soupe au grand patronat.
Eh bien, malgré l’hostilité évidente du monde du travail sur cette question, il appartiendra à 577 députés, toutes étiquettes confondues, de décider si cette loi s’appliquera ou pas.
On nous dit que c’est cela, la démocratie. On nous dit que les députés représentent le pays tout simplement parce qu’ils ont été élus il y a quatre ans. Peu importe que ces prétendus représentants, du président de la République aux députés de la majorité qui vont décider, aient été élus en disant une chose et en faisant l’inverse. Ils peuvent se renier, promettre pour se faire élire d’attaquer la finance et passer leurs cinq ans de mandat à frapper uniquement les salariés en se mettant à plat ventre devant le grand patronat, c’est quand même la démocratie. Quelle impudence !
Ce ne sont même pas les députés élus qui décident, en réalité. Il n’y a qu’à voir toutes les pressions, toutes les manipulations pour faire rentrer dans le rang même ceux des députés de la majorité qui semblent un tant soit peu récalcitrants. Il faut dire qu’il n’est pas difficile de les amener à l’obéissance : leur carrière politique, leurs petits privilèges en dépendent.
Non, le véritable pouvoir ne leur appartient pas. Il appartient à ceux qui ne sont pas obligés d’en passer par le Parlement pour avoir l’oreille du sommet de l’État et du gouvernement. Ceux qui décident, ce sont ceux de la grande bourgeoisie, qui ont assez de capitaux pour faire directement la loi dans leurs entreprises et pour contraindre le pouvoir à exécuter la politique qu’ils veulent. Et ces gens-là, les Peugeot, Dassault, Bolloré, Arnault, Pinault, ne tiennent pas leur pouvoir des élections.
Voilà pourquoi tous ceux du monde politique nous mentent qui nous répètent que, pour avoir un gouvernement qui mène une politique correspondant aux intérêts de la majorité, il faut bien voter. C’est une contre-vérité flagrante. Et tous ceux qui prétendent changer les choses s’ils sont élus occultent leurs trahisons passées ou préparent leurs trahisons futures.
Le mouvement de protestation qui est engagé depuis deux mois contre la loi Travail est certes encore limité. Mais il va dans le bon sens. La seule façon de contrecarrer le pouvoir du grand capital est de lui opposer la force du monde du travail.
Cette force est immense. Ce sont les travailleurs qui font marcher toute l’économie, jusques y compris la pompe à profits qui permet aux actionnaires des grandes entreprises de s’enrichir sans rien faire de leurs dix doigts.
Du fait de leur nombre et de leur place irremplaçable dans l’économie, les travailleurs ont le pouvoir d’arrêter le fonctionnement de cette économie capitaliste, où une petite minorité, la bourgeoisie, peut s’approprier ce que le travail de millions de personnes fabrique, crée ou rend utile.
Les travailleurs, en réalité, peuvent même faire mieux : écarter la bourgeoisie du pouvoir politique, l’exproprier et prendre en main la direction de l’économie.
Alors, il faut que le mouvement perdure et que de plus en plus de salariés prennent conscience que l’exploitation, les inégalités sociales ne sont pas des lois de la nature. Il faut qu’ils prennent conscience de leur force collective. C’est la seule voie pour pouvoir contrecarrer la toute-puissance de l’argent.

Le 2 mai 2016