lundi 12 juin 2017

Macron rafle la mise au Parlement, les travailleurs se défendront avec leurs armes de classe

À en juger par les résultats du premier tour de ces élections législatives, Macron s’achemine vers une écrasante majorité à l’Assemblée nationale. Le système électoral est ainsi fait qu’il aura une majorité parlementaire à sa botte avec seulement, au premier tour de la présidentielle, 24 % des votants et 18 % des inscrits et avec une abstention record à ce premier tour des législatives !

Macron aura donc réussi à créer une nouvelle configuration politique qui remplace les grands partis déconsidérés de l’alternance gauche-droite, en recyclant au passage un certain nombre de politiciens blanchis sous le harnais parlementaire. Il aura réussi à procurer à la bourgeoisie une équipe rafraîchie pour gérer ses affaires politiques.

Sa personne comme son gouvernement incarnent avec arrogance les intérêts de la France possédante. Ils sont des ennemis déclarés des travailleurs et applaudis comme tels par les bien-pensants. Leur plan de « réforme du travail » est une déclaration de guerre aux salariés.

Le nouveau gouvernement reprend l’offensive là où le précédent l’avait arrêtée, en poursuivant la légalisation de ce que les patrons imposent déjà de fait bien souvent.

La loi El Khomri permet au patronat, à l’échelle de l’entreprise, d’abaisser la majoration des heures supplémentaires et d’augmenter le temps de travail au-delà de ce qu’autorisent les accords de branche. À en croire ce qu’a révélé la presse, les ordonnances du gouvernement permettront au patronat, toujours sous couvert de la comédie de la négociation par entreprise, d’établir les contrats de travail qui lui plaisent et de licencier selon les critères qu’il aura décidés. Il pourra fixer la durée des CDD et le nombre de leurs renouvellements avec encore moins de contraintes.

Ces ordonnances, qui seront publiées dès septembre et prendront force de loi immédiatement, plafonneront aussi les indemnités prud’homales auxquelles un employeur est condamné en cas de licenciement abusif et elles attaqueront la représentation des syndicats dans les entreprises.

Macron a prévu d’exaucer tous les vœux du grand patronat. La semaine dernière, aux travailleurs de GM&S à La Souterraine dans la Creuse qui se battent pour sauver leurs emplois, il a dit « je ne suis pas le Père Noël ». Les ouvriers de ce sous-traitant de Renault et de PSA ont sué du profit pendant des décennies pour une ribambelle de repreneurs différents et pour les capitalistes de l’automobile. Alors que l’État est actionnaire de Renault et de PSA, la déclaration de Macron est claire et elle vaut pour l’ensemble du monde du travail : les travailleurs n’ont rien à attendre du gouvernement et le trouveront contre eux à chaque fois qu’ils se battront pour défendre leurs intérêts.

Quelques voix parmi les politiciens de la bourgeoisie les plus lucides commencent à s’inquiéter de l’ampleur annoncée de la victoire macroniste aux législatives. Une opposition parlementaire trop minoritaire ou trop jugulée n’est pas à même d’entretenir l’illusion d’un contrepoids sur l’exécutif et, par là même, de canaliser et d’atténuer les mécontentements en les transformant en palabres parlementaires.

Les classes populaires frappées par les mesures prises en faveur de la grande bourgeoisie, les travailleurs en premier lieu, en tireront plus facilement la conclusion qu’il n’y a rien à espérer du côté de ce moulin à paroles qu’est l’Assemblée, si manifestement sans pouvoir. Il y a là le risque pour la bourgeoisie que l’opposition s’exprime ailleurs : dans la rue, dans les quartiers populaires, dans les entreprises.

C’est dans cette perspective que les 159 500 voix obtenues par les candidats de Lutte ouvrière « Faire entendre le camp des travailleurs » représentent un espoir, même si cela correspond à un faible pourcentage. Et ceux qui, en votant Lutte ouvrière ont affirmé leur appartenance au camp des travailleurs, doivent continuer à exprimer leurs convictions, les affermir et les propager. Car la conscience de faire partie de la classe des exploités, aux intérêts fondamentalement opposés à ceux des exploiteurs, est essentielle pour les luttes à venir.

Il est vital que ces luttes se situent sur le terrain des intérêts de classe des travailleurs. Et il ne faut pas qu’elles soient dévoyées par la démagogie de ceux qui cherchent à dresser les travailleurs les uns contre les autres. Ce n’est qu’en ayant clairement conscience de qui sont ses véritables ennemis que la classe ouvrière pourra déployer sa force collective.
 
Le 12 juin  2017

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