mardi 25 septembre 2018

Interview de Nathalie Arthaud à Lyon

Une interview de Nathalie Arthaud dans le Lyon Bondy Blog à l'occasion de sa présence à la fête locale

Nathalie Arthaud : «Les travailleurs sont dans un grand désarroi»

Hugo Dervissoglou - 24 septembre 2018
L’ancienne candidate à la présidentielle Nathalie Arthaud était à Saint-Priest ce week-end pour la fête de Lutte Ouvrière. Le Lyon Bondy Blog a pu s’entretenir avec la dirigeante trotskiste.




 « A l’approche des Européennes et des municipales, quelles sont les forces en présence chez Lutte Ouvrière ?
Je tiens à dire que la politique et l’essentiel de ce qui serait nécessaire de faire ne se passe pas au niveau des élections. Nous pensons que cette société capitaliste nous mène de catastrophe en catastrophe. Le monde ouvrier qui en est la base, qui subit l’exploitation au quotidien, peut et doit se lever pour combattre cette situation . Nous croyons en leur capacité à dire "ça suffit" et c’est indépendant des élections européennes ou municipales.

Pourquoi la gauche de la gauche ne parvient pas à peser plus ?

La question qui se pose c’est comment faire pour que les travailleurs qui subissent le chômage de masse, des conditions de travail de plus en plus insupportables puissent exprimer leur colère. Et surtout comment la transformer en révolte consciente. Des travailleurs qui ont été très attachés aux partis de gauche comme le parti communiste ou le parti socialiste se sont sentis déçus, voire trahis. A chaque fois qu’ils ont accédé au pouvoir ils ont gouverné au profit des plus riches. Politiquement les travailleurs sont dans un grand désarroi. Nous, nous pensons que les travailleurs constituent la seule force sociale capable de fournir une issue à la société. Ils sont confrontés au combat contre la bourgeoisie dominante et sont en mesure de la combattre. Notre combat militant, c’est de faire en sorte que les travailleurs se battent avec cette conscience qu’ils peuvent renverser ce système.
Dans une interview à Libération en mai vous estimiez que "le gouvernement Hollande a complètement décrédibilisé l’idée qu’il puisse y avoir une gauche qui gouverne différemment de la droite ", l’idée d’une gauche de gouvernement n’est plus possible selon-vous ?

Pas seulement Hollande, ça a commencé avec Mitterrand. Mitterrand a peut-être encore plus de responsabilités tout comme Marchais qui a cautionné cette escroquerie. Après l’élection de 1981 il y a eu beaucoup d’attentes. Pendant deux ans il y a une politique attentiste puis dès 1983 il expliquait qu’il fallait aller vers des privatisations. Le sentiment de trahison vient de là et a grandi avec Jospin puis Hollande et toute cette gauche qui a prétendu changer le sort des travailleurs en accédant au pouvoir. Les travailleurs comprennent que c’est le patronat qui prospère sur leur dos.

Le Parti Socialiste tente doucement de se remettre sur pied avec Olivier Faure à sa tête, le parti socialiste a-t-il encore un avenir ?
Nous nous moquons totalement de l’avenir de M.Faure et du PS. Ce sont des dirigeants qui ne sont pas dans notre camp. Ils ont fait leur preuve du côté du patronat. Les travailleurs n’ont pas à se sentir liés à l’avenir de cette écurie politicienne comme il y en a tant à gauche. La politique qui prétend changer le capitalisme de l’intérieur est illusoire ; lorsque un travailleur marche dedans, il en ressort encore plus démoralisé. Notre combat c’est d'expliquer aux travailleurs qu’il n’y aura pas d’issue. Répartir le travail entre tous nécessite une lutte sociale d’envergure qui impose la remise en cause de la propriété privée.

Depuis plusieurs années on observe un basculement de l ‘électorat populaire vers l’extrême droite, Comment faire pour les rassembler autour de votre discours ?
Ca fait des décennies que ces partis-là qui se disent favorables aux travailleurs se définissaient par une étiquette de gauche. Une étiquette qui n’avait aucune signification. Socialement, ils s’inscrivaient totalement dans l’ordre bourgeois. Nous pensons que ce qu’il manque aux travailleurs c’est la conscience de leurs intérêts de classe qui sont à l’opposé de ceux de la bourgeoisie et des capitalistes. Ces idées-là qui ont été abandonnées, nous devons les revivifier. Beaucoup de travailleurs sont prêts à l’entendre car ils sont confrontés au pouvoir patronal. S’ils prennent conscience que les responsables c’est la bourgeoisie et le patronnat ils arrêteront de se chercher des boucs-émissaires comme les migrants, l’Union Européenne ou je ne sais quoi. Le sentiment de trahison nourrit des démagogues comme Le Pen qui prône la guerre entre les pauvres.

Le communisme en France a-t-il encore un avenir ?
Je vous renvoie la question dans l’autre sens. Le capitalisme a t-il un avenir en France et dans le monde ? Il nous mène de catastrophe économique en catastrophe économique ; on massacre la planète. Il est incapable de répondre à la question de la faim dans le monde. Il ne fonctionne pas autrement qu’en développant une minorité qui parasite le travail de la grande majorité. Même dans les pays riches comme en France : 9 millions de pauvres, 6 millions de chômeurs, des gens qui s’épuisent au travail et en perdent leur santé. A l’échelle du monde la catastrophe est à un autre niveau. Le capitalisme c’est aussi tout ces foyers de guerre qui menacent à tout instant de se généraliser car les grandes puissances attisent le feu derrière. C’est le capitalisme qui n’a plus d’avenir. Il a fait progresser la société mais aujourd’hui il la fait reculer. Ce sont les idées d’extrême-droite, la fermeture des frontières… Tout ce qui va dans le sens contraire de l’avenir de l’humanité. C’est une impasse.

Ce qui se passe au Vénézuela aujourd’hui ou ce qui s’est passé après la chute de l’URSS n’est pas un signe inquiétant ?

Le Vénézuela a été victime des lois du capitalisme. Il est victime de sa dépendance au pétrole, des prix du marché. Il est victime d’être un pays pauvre dans le cadre de grandes puissances impérialistes. L’échec de l’Union Soviétique c’est d’abord celui de la politique stalinienne. Ce n’est pas celui des travailleurs. Les travailleurs en 1917 avaient trouvé le moyen de se sortir de la boucherie qu’était la première guerre mondiale. Boucherie, dans laquelle le capitalisme les avait plongés. Aujourd’hui le capitalisme domine le monde. Pas un pays n’échappe à sa loi. Si aujourd’hui il y a des catastrophes dans le monde, il faut l’imputer totalement au capitalisme et à la classe sociale dominante : la bourgeoisie. Sûrement pas à ceux qui ont essayé de s’en libérer ou de s’en émanciper.

Une alliance LO – FI – PCF est-elle envisageable ?

Le mouvement ouvrier a toujours été divisé en deux courants. Le premier pense qu’il est possible de changer le sort des travailleurs dans le cadre du capitalisme, à l’intérieur des institutions, du gouvernement et à travers les élections. L’autre pense qu’il n’est possible de trouver une issue aux exploités qu’en renversant la société. Il ne faut pas simplement chercher à gagner des réformes mais à s’émanciper. Nous sommes dans ce courant révolutionnaire. Nous pensons que le courant réformiste dans le mouvement ouvrier a prouvé qu’il était une impasse. Tout les gouvernements, même les plus proches des travailleurs, étaient pieds et poings liés par le pouvoir patronal. Le but c’est de faire du fric, du profit et ce, peu importe le moyen. Nous ne chercherons pas d’alliance, nous ne changerons pas nos convictions. Le sort des travailleurs est lié aux idées du courant communiste révolutionnaire. Nos alliés en Europe ce sont les travailleurs et les forces révolutionnaires. »

lundi 24 septembre 2018

Hôpitaux, Ehpad, éducation... la société malade du capitalisme

Tout le week-end, le monde du sport s’est mobilisé contre la volonté du gouvernement de réduire de 6 % le budget du ministère des Sports. Une telle baisse aura de nombreuses conséquences : 1 600 postes, soit la moitié des effectifs du ministère, sont menacés ; des équipements ne seront pas rénovés, certaines installations sportives seront ouvertes moins longtemps faute de personnel ; le fonctionnement de nombreux clubs amateurs sera rendu plus difficile. « On met de l'argent uniquement là où on pourra avoir des médailles. On arrête le financement du sport pour tous », ont dénoncé à juste titre de nombreux sportifs.

Brutale et néfaste, la politique du gouvernement l’est dans les domaines les plus essentiels de la vie sociale. Dans l’éducation, le gouvernement se prépare à réduire les effectifs. Ce sont finalement 3 600 postes qui doivent être supprimés, toutes catégories confondues.

Ces suppressions toucheront les collèges et les lycées, alors que 40 000 élèves supplémentaires sont attendus chaque année jusqu’en 2021, d’après les chiffres officiels du ministère. Le gouvernement sacrifie sciemment l’éducation des générations à venir et cela frappera d’abord les enfants des classes populaires.

En présentant le plan Santé, il y a quelques jours, Macron a osé déclarer : « Notre système ne souffre pas d’un manque de moyens ». Dans les Ehpad, les hôpitaux publics et dans le secteur de la psychiatrie, la situation est dramatique, dénoncée ces derniers mois par de nombreuses mobilisations du personnel. Dans les hôpitaux, des patients doivent attendre sur des brancards dans des couloirs, faute de lits disponibles. Partout, les effectifs et les moyens matériels sont insuffisants. Dans les Ehpad, le personnel n’a pas le temps de s’occuper comme il faudrait des anciens, pendant que les maisons de retraite privées engrangent des bénéfices par millions.

Depuis des années, les gouvernements successifs n’ont cessé de soumettre les établissements de santé à la diète budgétaire. En obligeant les hôpitaux à s’endetter, ils les ont livrés aux banquiers qui peuvent ainsi détourner à leur profit des sommes qui devraient être consacrées à soigner les patients.

Avec un plan Santé qui prévoit des réorganisations sans accroître les moyens financiers, le gouvernement actuel poursuit la même politique que ses prédécesseurs, avec les mêmes conséquences désastreuses.

L’accès aux soins et à l’éducation devrait constituer une priorité car il s’agit de besoins parmi les plus élémentaires. C’est non seulement essentiel mais l’avenir de la société en dépend. Le fait que ces besoins soient de plus en plus négligés montre à quel point le système capitaliste est devenu parasitaire et destructeur.

Dans cette période de crise où les marchés stagnent du fait du chômage de masse et de la montée de la pauvreté, les capitalistes se tournent de plus en plus vers la finance pour continuer de réaliser des gains élevés. Ce parasitisme de la finance s’exerce sur toute l’économie et, par là même, sur toute la société, imposant sa logique du profit le plus rapide possible. Elle pèse aussi sur les États qui consacrent une part croissante de leur budget au remboursement de la dette, au détriment des services publics les plus utiles à la population.

Ici, en France, après Sarkozy et Hollande, c’est au tour de Macron de servir les intérêts des magnats de l’industrie et de la finance, des Arnault, Bouygues, Dassault, Peugeot, etc. Pour satisfaire leurs appétits, Macron ne mégote pas et leur accorde des milliards en cadeaux fiscaux et subventions de toutes sortes. Comme ses prédécesseurs, Macron applique la politique antiouvrière que le grand capital exige des gouvernements dans tous les pays.

Pour que la bourgeoisie puisse afficher une prospérité insolente, des millions de travailleurs subissent l’aggravation de l’exploitation, le chômage et des conditions de vie de plus en plus précaires. Mais c’est toute la société qui en paye le prix par une dégradation générale de la vie sociale… en attendant la prochaine catastrophe financière qui menace d’une crise pire qu’en 2008.

Empêcher ce système irrationnel et incontrôlable d’entraîner toute la société dans sa faillite est une nécessité. La seule classe sociale qui a la force de renverser le pouvoir de la bourgeoisie et d’exproprier le grand capital est la classe des exploités. Il n’y a pas d’autres remèdes pour sauver la société malade du capitalisme. 
Le 24 septembre 2018

lundi 17 septembre 2018

Crise du capitalisme : vers une nouvelle catastrophe ?

« Je traverse la rue et je vous trouve un emploi », voilà ce que Macron a osé répondre à un jeune chômeur qui l’interpellait en se plaignant de ne pas trouver d’emploi malgré ses démarches. Comme s’il n’y avait pas six millions de chômeurs dans ce pays et comme si la crise n’existait pas !

Dix ans après la faillite de la grande banque américaine Lehman Brothers qui a marqué une aggravation de la crise du capitalisme, la société vit toujours sous la menace permanente d’une nouvelle crise qui pourrait provoquer un effondrement catastrophique de l’économie. Les dirigeants du monde capitaliste ont beau déclarer que les leçons de la crise ont été tirées, en réalité, comme il y a dix ans, ils sont bien incapables de contrôler leur économie au fonctionnement anarchique.

En 2008, leur seule action a consisté à tout faire pour rassurer ces mêmes marchés financiers qui avaient conduit l’économie au bord du gouffre. Les dirigeants des grandes puissances ont fourni aux banquiers le soutien financier inconditionnel des États. Ils leur ont ouvert en grand les vannes du crédit. En prétendant sauver l’économie, ils ont sauvé la finance et ont permis ainsi que la spéculation reparte de plus belle avec les centaines de milliards que les États mettaient à sa disposition.

Aujourd’hui comme il y a dix ans, la spéculation bat son plein. Dans le monde des actionnaires, c’est l’euphorie. Le montant des dividendes - plus de 500 milliards de dollars distribués dans le monde - atteint un niveau record.

Mais les capitalistes eux-mêmes ne croient pas aux possibilités de développement de leur économie. Ils consacrent des sommes de plus en plus en plus folles à la finance parce qu’ils savent que les marchés sont de plus en plus saturés du fait de l’appauvrissement d’une grande partie de la population et ils ne veulent pas prendre le risque d’investir dans les secteurs productifs.

La bonne santé de la finance montre que le capitalisme est plus que jamais parasitaire. Cette montagne de capitaux spéculatifs rapporte gros à une minorité, mais elle aggrave encore davantage la crise et ses conséquences. En quête du profit le plus rapide possible, ces capitaux passent d’un pays à un autre sans contribuer à développer véritablement leur économie et en provoquant même leur ruine, comme en Turquie et en Argentine ces dernières semaines, quand ils s’en détournent du jour au lendemain pour aller chercher ailleurs d’autres sources de profit. Plus encore qu’en 2008, tout le système capitaliste repose sur un château de cartes qui menace à tout moment de s’effondrer.

Ce sont les travailleurs et les populations du monde entier qui payent très chèrement la crise du capitalisme. Les centaines de milliards dépensés pour sauver les financiers et les profits record d’aujourd’hui viennent de l’aggravation de l’exploitation du monde du travail avec l’augmentation du chômage, la précarisation des emplois, le blocage des salaires. Pour augmenter ses profits, le patronat mène une guerre sans répit à l’ensemble des travailleurs, faisant reculer leurs conditions d’existence et cherchant à revenir sur tous les droits qu’il avait été obligé de concéder dans le passé.

Depuis 2008, ici en France, les gouvernements qui se sont succédé ont mené la même politique, appuyant l’offensive patronale, consacrant une partie de plus en plus importante des dépenses publiques à alimenter la finance au détriment de la santé, de l’éducation, de la protection sociale.

Après Sarkozy et Hollande, c’est au tour de Macron de servir fidèlement les intérêts de la classe capitaliste. Il le fait d’une façon encore plus provocante que ses prédécesseurs, revendiquant sa politique en faveur des plus riches, affichant ouvertement son mépris à l’égard des travailleurs, comme il vient encore de le faire ce week-end en traitant quasiment de fainéant un jeune chômeur.

Mais tout autant que ses prédécesseurs, Macron n’est qu’une marionnette dont le rôle se limite à obéir aux exigences de la classe capitaliste. Et il en sera ainsi, quel que soit le gouvernement en place, tant que le grand capital dominera l’économie.

Mettre fin à cette domination en expropriant la classe capitaliste est une nécessité vitale pour les travailleurs qui subissent l’exploitation, mais aussi pour l’ensemble de la société que le capitalisme conduit de catastrophe en catastrophe. Seule la classe ouvrière qui n’est en rien liée à la propriété privée des moyens de production a un intérêt fondamental à renverser ce système. Elle en a la force et il faudra qu’elle en ait la conscience. e 17 septembre
Le 17 septembre 2018

lundi 10 septembre 2018

L'extrême droite xénophobe : un danger pour tous les travailleurs

Ces dernières semaines à Chemnitz, à la suite d’une rixe ayant entrainé la mort d’un Allemand, des manifestations avec salut nazi et des chasses à l’homme ont eu lieu. Des étrangers, un restaurateur juif et des militants de gauche ont été agressés. Le tout avec la complaisance de la police et du ministre de l’Intérieur, qui a expliqué qu’il « serait descendu dans la rue » s’il n’avait pas été ministre. La percée électorale de l’extrême droite allemande, ces dernières années, pèse sur toute la vie politique et sociale dans un sens réactionnaire.

Dimanche, en Suède, un parti d’extrême droite a également progressé aux élections, obtenant près de 18 % des voix. Composé d’anciens néo-nazis, ce parti a fait campagne contre les réfugiés, envers lesquels l’ensemble des partis durcissent maintenant le ton.

Pour l’instant, en Europe, l’extrême droite s’affirme surtout sur le plan électoral. En Autriche, un parti fondé par un ancien officier SS partage le pouvoir avec la droite. En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orban, xénophobe sans complexe, refuse l’accueil des réfugiés. En Italie, la Ligue, d’extrême droite, est aussi au gouvernement.

Ces succès électoraux ont déjà des conséquences concrètes. Cet été, le gouvernement italien dont Matteo Salvini est ministre de l’Intérieur a fermé les ports italiens aux bateaux de migrants recueillis en Méditerranée et a attaqué les organisations humanitaires qui tentent de les secourir. Les réfugiés sont maintenant sommés de retourner dans l’enfer libyen. Au fil des mois, pour celles et ceux qui fuient des guerres, des dictatures ou simplement la misère, l’Europe se transforme en une forteresse de plus en plus inaccessible.

Ces partis xénophobes ont trouvé dans les campagnes contre les migrants non seulement un procédé pour avoir des voix en spéculant sur les peurs et les préjugés, mais ils utilisent la question des migrants pour faire oublier les autres. Une fois aux affaires, ils ne résolvent aucun des problèmes auxquels le monde du travail est confronté, bien au contraire. En Autriche, le gouvernement a allongé le temps de travail, au bonheur des patrons : la journée de 12 heures (au lieu de 10) et la semaine de 60 heures (au lieu de 50) sont maintenant légales. En Italie, les partis au pouvoir avaient promis de s’attaquer à la précarité, ils s’étaient engagés à avancer l’âge de départ à la retraite, à augmenter les pensions et à créer un revenu minimum. Ces promesses sont en train de s’éloigner. L’extrême droite défend en réalité les intérêts de la classe capitaliste. Son modèle, c’est Donald Trump, ce multimilliardaire qui tonne contre les élites et… a fait adopter la réforme fiscale la plus favorable aux riches que les États-Unis aient connue. Pour les travailleurs, l’extrême droite ne représente pas une solution, elle fait partie du problème.

Car en désignant les migrants comme boucs émissaires, Le Pen et ses amis voudraient dresser des travailleurs contre d’autres, souvent encore plus pauvres. Cette division serait lourde de danger. À l’inverse, les xénophobes dédouanent les capitalistes. Ce sont pourtant eux, et non les migrants, qui licencient, ferment des usines et ruinent des villes entières. C’est le capitalisme qui provoque cette crise sans fin.

L’extrême droite pousse sur le fumier de cette crise et s’appuie sur la dégradation des conditions de vie des classes populaires, pour engranger des voix d’abord. Mais des succès électoraux peuvent préparer des coups de poing et de matraque, comme à Chemnitz, ou pire encore. Les événements des derniers jours sont un avertissement. Si des migrants, des musulmans ou des juifs sont les premiers visés par des nervis d’extrême droite, ceux-ci s’en prendront ensuite, comme les fascistes le firent par le passé, à tous les travailleurs qui veulent se défendre. Et au-delà, c’est toute la société qui est menacée.

Il s’agit pour la classe ouvrière de sa survie. Cela ne peut passer par des combines électorales : seule la lutte de classe permet aux travailleurs, quelles que soient leur nationalité, leur religion ou leur couleur de peau, de lutter pour leurs intérêts. Par le passé, c’est ainsi que le monde du travail a pu se défendre et améliorer sa condition.

Mais il faut aussi nous débarrasser pour de bon des menaces que le capitalisme fait peser, y compris des menaces représentées par cette extrême droite xénophobe. Pour cela, il nous faudra pousser cette lutte de classe jusqu’au bout, jusqu’à l’expropriation de cette bourgeoisie parasitaire qui ruine toute la société. 
Le 10 septembre 2018

lundi 3 septembre 2018

Face aux attaques gouvernementales, le monde du travail doit riposter !

Macron et son gouvernement, d’ordinaire si arrogants, font leur rentrée dans une certaine fébrilité. Avec l’affaire Benalla, la croissance en berne et une impopularité record, ils avaient déjà fort à faire. Et voilà que Nicolas Hulot démissionne, forçant Macron à remanier dans l’urgence. À l’heure où nous écrivons, nous ne connaissons pas la composition du nouveau gouvernement. Mais qu’est-ce que cela peut changer ?

Hulot a servi de caution verte à un gouvernement pour qui l’écologie n’est qu’un affichage. Sa démission est un aveu : dans le système capitaliste, les intérêts des entreprises et les profits privés priment sur l’environnement et la santé publique. Son remplaçant sera tout aussi impuissant et complice de cette logique sinistre.

Autre sujet de fébrilité : Macron ne savait plus trop ce qu’il voulait concernant le prélèvement de l’impôt à la source. Cela fait longtemps que l’État voudrait, comme dans d’autres pays, disposer directement de l’impôt, sans aller le réclamer aux salariés l’année suivante.

Mais du coup, à partir de la mise en place de la réforme le 1er janvier prochain, le salaire net ou la pension de retraite versés chaque mois aux travailleurs imposables seraient réduits de 50, 100 ou 200 euros. Ce n’est certes pas ce qui dérange Macron ! Mais il est embarrassé par le fait que les salariés constateront, en temps réel, la faiblesse de leur salaire net. Dure tâche, que de tenter de faire prendre les vessies pour des lanternes… Macron peut d’autant plus reculer sur cette réforme que les patrons ne souhaitent pas que leurs salariés constatent la faiblesse de leur salaire réel, voire veuillent du coup réclamer des augmentations.

Les salariés n’ont aucun intérêt au prélèvement à la source : leur situation financière serait encore mieux connue de leur patron, alors qu’à l’inverse ils ne savent rien des revenus de leur employeur. Et prélèvement à la source ou pas, l’impôt sur le revenu continuera d’être payé par les salariés, alors que l’impôt sur la fortune a été supprimé.

Le gouvernement va continuer à servir les intérêts des plus riches, même si cela doit le rendre encore plus impopulaire. L’inflation repart de plus belle, mais il vient d’annoncer que les allocations familiales, les allocations logement et les pensions de retraite ne seraient plus indexées sur les prix. Tandis qu’en un an, ceux-ci ont augmenté de 2,3 %, les allocations et les pensions n’augmenteront que de 0,3 %. Les retraités, déjà frappés par la hausse de la CSG, perdront encore plusieurs centaines d’euros de pouvoir d’achat.

Le gouvernement a aussi annoncé des dizaines de milliers de suppressions d’emplois de fonctionnaires. Par ailleurs, 260 000 emplois aidés ont déjà été supprimés en deux ans, et le gouvernement veut encore tailler dans leurs effectifs. Toutes ces suppressions se traduiront par autant de chômeurs supplémentaires, et elles dégraderont encore plus des services utiles à la population.

Quant à l’assurance-chômage, le Medef veut diminuer les indemnités et leur durée, et la ministre du Travail Muriel Pénicaud a expliqué hier que le gouvernement « n’avait aucun tabou », façon hypocrite de dire qu’il voudrait les réduire. Et le Premier ministre Edouard Philippe, lui, s’en est pris aux arrêts maladie, trop nombreux à ses yeux.

Enfin, le gouvernement prépare une réforme des retraites, qui augmenterait la durée de cotisation et réduirait le montant des pensions.

C’est l’austérité pour les salariés et les retraités, mais pour les entreprises françaises, l’argent coule à flot. En 2017, elles ont versé 44 milliards d’euros à leurs actionnaires, un record en Europe, et 24 % de plus qu’en 2016 ! Peu de salaires ont connu une telle augmentation. Et pour cause : ces sommes sont directement volées sur notre travail, pour enrichir ceux qui détiennent le capital.

Le 9 octobre, la CGT, FO, Solidaires, les organisations de retraités, d’étudiants et de lycéens appellent à faire grève et à manifester contre la politique du gouvernement. Tout en sachant qu’une seule journée ne pourrait suffire à faire reculer le gouvernement et le patronat, il nous faut bien sûr y participer.

Les travailleurs ne doivent pas accepter la baisse des salaires et des pensions et la dégradation de leurs conditions d’existence. Alors, à l’heure des bonnes résolutions de rentrée, face aux attaques du patronat et du gouvernement, préparons-nous à rendre enfin les coups ! 
 
Le 3 septembre 2018