Le capitalisme, la concurrence, la propriété privée ont l’art de gâcher les plus belles découvertes, et c’est encore ce qui se passe aujourd'hui avec la vaccination.
Les scientifiques ont fait leur travail. En trouvant des vaccins efficaces, en dix mois, ils ont réalisé un exploit que beaucoup estimaient impossible. L’enjeu est maintenant de fabriquer vite et en masse pour sauver des vies et pour ne pas être rattrapé par des variants qui échapperaient aux vaccins.
Cela nécessiterait une mobilisation générale des industriels de la pharmacie, un partage de leurs connaissances, une mise en commun de leurs chaînes de fabrication et de leurs efforts pour en installer de nouvelles. Cela exigerait de mobiliser ouvriers, techniciens et ingénieurs, dont certains sont aujourd’hui condamnés au chômage.
Au lieu de cela, les labos se mènent une concurrence féroce et protègent jalousement leurs brevets. S’ils acceptent de sous-traiter une phase de leur production, c’est toujours en gardant le contrôle de leurs secrets de fabrication parce qu’il n’est pas question, pour eux, de partager la poule aux œufs d’or. Et tant pis si l’on perd un temps précieux !
D’immense espoir, la vaccination est devenue l’objet de toutes les tensions et de toutes les bassesses : labos qui encaissent l’argent mais ne fournissent pas ; mesquineries comme celle de Pfizer qui fait payer la sixième dose trouvée au fond des flacons ; surenchères autour des commandes qui les rendent inaccessibles aux pays pauvres. Du côté des États, c’est le déchaînement des égoïsmes nationaux, les chamailleries pour être servi en priorité et les stupides trompettes nationalistes.
L’organisation capitaliste de la société, avec la concurrence et la recherche du profit, est vantée pour son efficacité et sa capacité d’innovation. En fait, elle freine, dénature et gâche les immenses possibilités de la société. Avec le nucléaire et la bombe atomique, on a vu qu’elle est capable de retourner de formidables progrès contre l’humanité elle-même !
Une illustration du gâchis capitaliste est la condamnation au chômage de millions de femmes et d’hommes. Ce sont des bonnes volontés, des dévouements, des compétences que la société capitaliste gaspille pour des raisons de rentabilité, de concurrence et par rapacité.
Les défenseurs invétérés du capitalisme expliquent que l’appât du gain et la concurrence ont accéléré les découvertes de vaccins. Ils confondent tout. Les profits promis par la vaccination anti-covid ont donné à la recherche l’allure d’une ruée vers l’or, mais ce n’est pas ce qui a motivé les chercheurs à travailler nuit et jour !
Si les épidémiologistes, les biologistes ou les généticiens passent leur vie à étudier, sans garantie que leurs travaux aboutiront un jour, ce n’est certainement pas pour s’enrichir personnellement et encore moins pour grossir les fortunes d’une poignée de parasites. Et pour eux, la concurrence et le secret ne sont pas des avantages : ils freinent l’avancée des connaissances et entravent la réflexion collective.
Les dirigeants de la société, ses politiciens et ses intellectuels ne sont pas aveugles. Ils sont forcés de reconnaître qu’une telle pandémie impose d’unir toutes les forces disponibles à l’échelle mondiale. C’est pourquoi même les plus respectueux des intérêts de la bourgeoisie expriment la nécessité de faire tomber les brevets dans le domaine public ou de réquisitionner certaines chaînes de fabrication.
Poussé par l’urgence de la situation, Macron lui-même avait promis de « sortir les vaccins des lois du marché ». Il n’en est pas capable. Ni lui, ni aucun gouvernement futur, car les politiciens qui candidatent pour gérer le système sont trop liés et soumis aux intérêts du grand capital pour être capables de lui imposer quoi que ce soit.
Pour faire du vaccin un bien commun, il faudrait démolir le monopole des trusts pharmaceutiques. Il faudrait réquisitionner ces sociétés, mettre leurs moyens de recherche et de production en commun et les faire fonctionner avec l’objectif de répondre aux besoins de toute la population.
Appeler à la réquisition, la collectivisation et la planification sera une déclaration de guerre contre les capitalistes, car ils ne sont pas prêts à abandonner ne serait-ce que la moitié de leurs profits ou de leur pouvoir. Partout où il y a des actionnaires, ils en veulent pour leur argent, a fortiori quand ils ont misé sur le bon cheval.
Seuls les travailleurs, les exploités qui n’ont que leurs chaines à perdre ont intérêt au fonctionnement collectif de la société. C’est utopique ? La pandémie montre que c’est, pour des millions de femmes et d’hommes, une question de vie ou de mort.
Le 8 février 2021
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