Cette décision a déclenché l'indignation surjouée des dirigeants occidentaux. Quels hypocrites ! Depuis des semaines ils accusent Poutine de préparer l'invasion de l'Ukraine. Depuis des semaines ils font monter la pression en renforçant les troupes américaines déployées en Roumanie et en Pologne et en multipliant les envois d'armes à l'Ukraine.
Biden et l'administration américaine se posent en défenseurs de la paix. Mais depuis trente ans ils ont ceinturé la Russie avec des bases de l'Otan, cette organisation militaire bâtie pendant la guerre froide pour isoler l'Union soviétique. Depuis 2015, des soldats américains sont déployés dans les trois pays Baltes, en Géorgie et dans certains pays d'Asie centrale, aux frontières de la Russie. C'est pour desserrer cet étau que Poutine a déployé ses troupes.
Poutine n'agit évidemment pas pour défendre la population russe, qu'elle vive au Donbass, en Ukraine ou dans n'importe quelle région de l'ex-Union soviétique. Poutine est un dictateur qui défend, à la tête d'un appareil d’État répressif, les intérêts de la bureaucratie et des milliardaires qui pillent les ressources du pays. Il veut renforcer la puissance russe pour défendre le pré carré de ces oligarques qu'il représente.
Dans son intervention télévisée, Poutine est revenu sur la longue histoire commune des Russes et des Ukrainiens. Il a accusé Lénine et les Bolcheviks d'avoir créé, en 1922, une libre fédération, l'Union des républiques socialistes et soviétiques et non pas un État centralisé dominé par les Russes comme l'était l'empire tsariste ou comme l'est redevenu l'Urss de la bureaucratie sous Staline. Au fond, Poutine, lointain successeur de Staline, rend un vibrant hommage à la politique des Bolcheviks !
Après avoir brisé la prison des peuples qu'était le tsarisme, après avoir gagné une terrible guerre civile ourdie par les grandes puissances coalisées, les Bolcheviks ont montré qu'il était possible de bâtir une association libre et consciente de tous les peuples de l'ancienne Russie. Malgré les privations, ils ont encouragé toutes les langues et les cultures. Ils ont fait en sorte que les différents peuples, Russes, Ukrainiens, Géorgiens, Azéris, Kazakhs et tant d'autres, se développent ensemble au sein d'une vaste économie planifiée.
Malgré la féroce dictature stalinienne qui a anéanti la plupart des réalisations de la révolution bolchevique, ce développement commun s'est maintenu jusqu'en 1991. Ce ne sont pas les peuples de l'Union soviétique qui ont voulu se séparer. Ce sont les bureaucrates de Moscou, Minsk ou Kiev, qui ont proclamé l'indépendance de leur république. Comme dans l'ex-Yougoslavie, pour disposer chacun de leur fief et piller le maximum de richesse, les politiciens ont exacerbé le nationalisme, déclenchant guerres civiles, purifications ethniques et exodes.
Entre l'Ukraine et la Russie, des frontières sont venues séparer des familles et entraver les déplacements. La population a subi un terrible effondrement économique, le pillage des entreprises publiques et des ressources par les mafieux. En Ukraine en 2014, la rivalité entre les cliques d'ultranationalistes pro-occidentaux ou d'oligarques pro-russes, s'est transformée en guerre civile. L'Ukraine est devenue une arène sanglante de la rivalité entre les dirigeants impérialistes et le Kremlin.
La population ukrainienne en est la première victime. Elle subit les bombardements et s'enfonce dans la pauvreté. Les dirigeants occidentaux se prétendent ses protecteurs mais n'ont que du sang et des larmes à lui proposer. Ils lui ont refusé l'entrée dans l'Union européenne et les quelques avantages qu'elle aurait pu y gagner. En guise de soutien économique, les banquiers exigent de l'Ukraine des taux d'intérêts usuraires.
Le sort des Ukrainiens est celui qui attend tous les peuples si on laisse les Biden, Macron et autres dirigeants impérialistes parler en notre nom. L'un des buts de leur poker menteur avec Poutine est de nous mettre en condition pour nous faire accepter leur future guerre. Ces prétendus démocrates ne valent pas mieux que le dictateur Poutine. Il faut se souvenir qu'ils n'ont pas bronché quand celui-ci a envoyé ses parachutistes aider le dictateur du Kazakhstan à réprimer la révolte populaire de janvier.
Pour mater des travailleurs soulevés, dirigeants impérialistes et chefs des oligarques sont bons amis !
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