Les marchands d’armes se frottent les mains en pensant aux bénéfices qu’ils vont en tirer. La semaine du début de l’offensive russe, l’action de Thalès, ce groupe d’armement qui fournit l’électronique des avions Rafale de Dassault, a bondi de 30 %. Le PDG de ce groupe, qui devait annoncer au même moment les résultats historiques de son entreprise pour l’année 2021, a pu ajouter que les résultats à venir seraient encore plus impressionnants. Car « les budgets de défense sont en hausse dans tous les pays développés où nous sommes présents », a-t-il expliqué. Même en France, où il n’y a pas d’affrontement, on voit déjà les profiteurs de guerre.
Les médias et le gouvernement ont expliqué que les prix des carburants allaient augmenter parce que l’approvisionnement du pétrole en provenance de Russie allait être bloqué. Mais, alors qu’il n’y a même pas encore eu le moindre blocage, les prix de l’essence, du gaz et du fioul se sont envolés ! En réalité, les trusts du pétrole comme Total, BP ou Esso se sont entendus pour pousser les prix à la hausse. Et ensuite la spéculation financière a fait le reste.
La spéculation touche tous les secteurs. L’Ukraine étant un important producteur de blé, le prix de cette céréale a battu son record absolu. Partout, les denrées alimentaires vont être encore plus chères. Mais dans les pays pauvres, cela signifie des famines programmées. Et comme au Moyen Âge, c’est quand la pénurie est la plus aiguë que les accapareurs font les affaires les plus juteuses.
La guerre est une gigantesque affaire commerciale. Les industriels du textile vont récupérer les marchés de fournitures aux armées. Ceux de l’agroalimentaire vont se charger de les nourrir. Ils feront comme les trusts du pétrole ont fait avec l’essence : profitant de leur position dominante, ils fixeront leurs prix. Les banques en profiteront aussi pour endetter les États qui vont augmenter leurs dépenses d’armement. Et les États feront payer les populations.
Les sanctions mises en place par les pays occidentaux contre la Russie vont aussi attiser les rivalités économiques au sein du camp occidental. Les États-Unis, qui viennent de déclarer l’embargo sur le gaz russe, veulent que les pays européens fassent de même. Les groupes pétroliers américains espèrent bien récupérer les marchés des entreprises russes en Europe. Peut-être que cela fera les affaires d’EDF qui augmentera alors ses exportations d’électricité produite par ses centrales nucléaires. Mais cela s’oppose directement aux intérêts des industriels allemands pour qui le gaz russe est une des sources énergétiques principales. Les combats militaires ne mettent pas fin à la guerre économique. Ils en sont le prolongement.
Les prolétaires ukrainiens paient déjà les rivalités entre les grandes puissances occidentales et la Russie par du sang et des larmes. Les prolétaires russes le paient aussi par le renforcement de la dictature de Poutine et vont le payer plus encore avec le blocus que veulent mettre en place les Occidentaux et qui risque de leur faire revivre l’effondrement économique catastrophique qu’ils ont vécu il y a trente ans au moment où Eltsine a organisé l’éclatement de l’URSS.
Mais nous, prolétaires ici en France, sommes aussi dans le même bateau. Le gouvernement français prétend que désormais, à cause du conflit en Ukraine, tout le monde va devoir se serrer la ceinture et que, riches et pauvres, nous serions tous concernés. C’est de la propagande pour nous mettre à la remorque des intérêts des trusts français.
Si nous ne voulons pas être soumis à l’aggravation de l’exploitation aujourd’hui et devenir de la chair à canon demain, nous devrons nous organiser pour défendre nos intérêts de classe. Et tant que notre classe sociale n’est pas capable de renverser ce système pourri, il faut au moins que la colère contre celui-ci s’exprime. Le vote pour ma candidature à l’élection présidentielle en donnera l’occasion.
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