L’élection de dimanche prochain est une comédie. La guerre en Ukraine est venue ébranler l’économie mondiale déjà plongée dans une crise profonde. Ce sont encore les travailleurs qui paieront cette aggravation de la situation. Alors, la question n’est pas de savoir lequel des candidats susceptibles d’être élus nous portera les coups, mais de nous préparer à nous défendre.
Quel que soit le président de la République, il sera du côté du grand patronat et des financiers. Le candidat le plus cynique, et par là même le plus sincère, c’est celui qui nous promet du sang et des larmes. C’est Emmanuel Macron. Parce que lui l’a dit et redit, demain il y aura moins de croissance, plus d’inflation. Et il annonce la couleur : travail des bénéficiaires du RSA pour 7 euros de l’heure et report de l’âge de la retraite à 65 ans. C’est la grande marche arrière !
Dans ce nouveau contexte, quand on entend les candidats de gauche égrener leurs belles promesses et même parler de « jours heureux », sans alerter le monde du travail, quand on entend certains affirmer qu’en votant pour eux, nous sauverons nos retraites sans avoir à manifester et à nous battre, il y a de quoi être en colère, car ils désarment ceux qui les écoutent. Les travailleurs n’ont pas besoin de marchands d’illusions, ils ont besoin de lucidité.
La perspective que je défends est celle de l’organisation des travailleurs. Ma candidature est un appel à la conscience et à la mobilisation ! Je ne me présente pas pour dire qu’au pouvoir je ferai mieux que Macron, mais pour dire que les travailleurs peuvent se défendre eux-mêmes au travers de leurs luttes collectives.
Quand on discute entre nous de ce qu’il faut pour vivre, tout le monde convient qu’il faudrait 300, 400, 500 euros d’augmentation, et que 2 000 € de salaire net est un minimum. Et puis, face au retour de l’inflation, il faut remettre en avant une revendication forte du mouvement ouvrier : l’échelle mobile des salaires. Il faut indexer les salaires, les pensions et les allocations sur les prix, mois après mois, semaine après semaine si nécessaire.
Le maintien de plusieurs millions de travailleurs en dehors de l'emploi est une aubaine pour les capitalistes. Cela leur permet de tirer tous les salaires vers le bas et d'exercer un chantage permanent sur les travailleurs.
Si nous avions, collectivement, le pouvoir de diriger les entreprises, il faudrait commencer par répartir le travail entre nous tous. Parce que du travail, nous sommes nombreux à en avoir par-dessus la tête. Bien des travailleurs se retrouvent obligés de faire des heures supplémentaires, de travailler des samedis, des jours fériés, de faire le travail de deux parce que tel collègue, parti à la retraite, n’a jamais été remplacé… cette charge de travail là, il faut la répartir entre tous en imposant des embauches.
Si nous demandions au personnel des hôpitaux, des Ehpad, de l’éducation, des transports publics d’établir une liste d’embauches dont ils auraient besoin, on arriverait à des centaines de milliers d’emplois utiles et indispensables à créer tout de suite !
Et je dis à tous ceux qui estiment que ces objectifs sont souhaitables mais pas réalistes ou à tous ceux qui se demandent si la société est suffisamment riche pour cela : reprenez à votre compte la revendication de l’abolition du secret des affaires et du contrôle des travailleurs.
Lorsqu’on est conscient que la force des travailleurs ne se trouve pas dans les urnes, il faut faire un vote de combativité, un vote pour montrer son camp, sa politique, ses perspectives aux autres travailleurs. Alors, certes, ce vote sera minoritaire et à contre-courant. Mais à contre-courant de quoi ? De l’individualisme ? Du culte de l’argent ? Du nationalisme ? De la guerre ? De cette société capitaliste ? Eh bien oui, mille fois oui, parce que l’avenir de la société n’est pas de ce côté-là !
Ces idées ne peuvent devenir fortes que lorsqu’elles seront portées par des millions de travailleurs. Mais il est vital de préparer l’avenir, en les défendant contre vents et marées et en étant capables de les exprimer en toutes circonstances, y compris lors d’une élection comme celle-ci.
Et ceux qui partagent ce point de vue mais s’apprêtent à s’abstenir ne devraient pas rester silencieux. En votant pour ma candidature, ils peuvent montrer qu’il y a des centaines de milliers de travailleurs qui pensent ainsi. Alors, le 10 avril prochain, faites entendre le camp des travailleurs !
Nathalie Arthaud
Le 4 avril 2022
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