Le premier tour des législatives a lieu dimanche prochain. Même si le cirque des promesses électorales ne fait plus rêver grand monde, le petit monde politicien continue de s’activer.
En s’engageant à convoquer un Conseil national de la refondation, Macron a ressorti sa poudre de perlimpinpin. Il veut, dit-il, changer de méthode, pour nous faire avaler la même politique antiouvrière, dont l’attaque sur les retraites.
La gauche chaperonnée par Mélenchon est en compétition avec le Rassemblement national pour le titre de premier opposant. En s’alliant, La France insoumise, le PS, EELV et le PCF ont toutes les chances de se renforcer à l’Assemblée nationale. Cela promet de faire tourner le moulin à paroles, mais ce n’est pas là-dessus que les travailleurs doivent compter.
À cause de la flambée des prix, les travailleurs s’appauvrissent de mois en mois. La seule mesure qui peut l’empêcher est l’indexation des salaires, des retraites et des allocations sur les prix. Eh bien, il n’y a pas un politicien pour la défendre !
Macron ne veut pas contraindre le grand patronat, mais Mélenchon ou Le Pen s’y refusent aussi. Tous les deux ont le verbe haut pour dénoncer le Président des riches, mais pas pour s’affronter au grand patronat, même en paroles.
Oh, il est de tradition, à gauche, de s’offusquer des fortunes ahurissantes accumulées dans les coffres forts de la bourgeoisie et de promettre de plus taxer les riches ! Mais s’opposer à la classe capitaliste, contester son pouvoir sur les travailleurs et sa liberté de spéculer, ils ne le veulent pas !
Quant à Le Pen, elle n’a jamais un mot contre les capitalistes. Ce sont les immigrés, c’est-à-dire les travailleurs exploités dans le bâtiment, le nettoyage ou le gardiennage, qu’elle accable en permanence.
Qu’ils soient d’extrême droite, de droite ou de gauche, les principaux politiciens rivalisent pour gérer le capitalisme alors que ce système nous condamne, nous travailleurs, à l’exploitation, au diktat patronal, à la précarité permanente. Alors qu’il condamne les travailleurs indépendants, les artisans et les paysans à la loi du plus fort.
Alors que ce système condamne en réalité toute la société, parce qu’il fabrique les inégalités, les injustices et les guerres. Parce qu’il engendre crise sur crise et met en péril l’avenir de la planète et la survie de l’humanité.
Le changement ne viendra pas de l’intérieur des institutions ni des notables qui font tourner le système et en retirent nombre de privilèges. Il viendra des travailleurs, conscients de leurs intérêts et de leur force collective.
Quand les travailleurs se battront pour défendre leurs conditions d’existence et que, conscients de leur force, ils contesteront à ceux qui ne font rien de leurs dix doigts le pouvoir de diriger la société, là, oui, nous pourrons parler d’un tournant historique ! Et celui-ci dépend de chacun d’entre nous, de notre volonté de nous organiser avec cette perspective.
C’est un combat difficile ? Sans doute, car la grande bourgeoisie domine le monde. Elle s’appuie sur des États et sur des institutions internationales, sur des armées et des médias qui propagent ses valeurs et son idéologie, le culte de l’argent et la réussite individuelle. Mais les travailleurs ont la force du nombre et celle que leur donne leur place dans l’économie. Il n’y a pas un euro de profit qui ne dépende de l’existence d’ouvriers, d’employés, mais aussi de soignants pour assurer la santé des travailleurs, d’enseignants pour les éduquer, de conducteurs de bus ou de métro pour les transporter. C’est un combat que les travailleurs peuvent gagner s’ils ont conscience, comme disait Marx, qu’ils n’ont rien à perdre que leurs chaînes.
Dans le passé, les travailleurs ont su exercer une pression sur la vie politique. Ils l’ont fait au travers des luttes collectives, des grèves, des occupations d’usines. Et en l’absence de lutte, ils puisaient leur force et leur fierté dans l’idéal d’une société sans exploitation, sans la loi du profit et la concurrence. Une société égalitaire et organisée collectivement, une société communiste.
Pour peser à nouveau sur la vie politique, il faut construire un parti totalement indépendant des partis bourgeois. Un parti composé et dirigé par des travailleurs et présent dans les entreprises et les quartiers populaires pour aider aux luttes nécessaires. Un parti qui propage la conscience que les travailleurs sont capables de diriger la société bien mieux que la grande bourgeoisie.
La présence de candidats de Lutte ouvrière dans toutes les circonscriptions montre qu’il existe un courant pour cela. En votant pour eux, vous le renforcerez et vous affirmerez la nécessité de reconstituer une force politique qui lève le drapeau de l’émancipation sociale.
Nathalie Arthaud
Le 6 juin 2022
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