Trois ministres et de fidèles lieutenants battus ; des dizaines de députés sortants renvoyés dans leurs cordes ; une entrée massive de La France insoumise et un bond en avant du Rassemblement national à l’Assemblée nationale… la séquence électorale se termine en cauchemar pour Macron.
Avec seulement 245 députés acquis à sa cause, Macron est pris en tenaille entre les députés de la Nupes et ceux du Rassemblement national. Si le parti des Républicains refuse de jouer les roues de secours, il n’aura pas de majorité pour gouverner et risque la paralysie, ce qui contraindrait Macron à dissoudre l’Assemblée infernale.
Ce cuisant revers réjouira tous les travailleurs qui exècrent ce président si dévoué à la grande bourgeoisie et si méprisant vis-à-vis des classes populaires. Mais ce n’est qu’une maigre et vaine satisfaction car nos problèmes restent entiers. Et ils le resteront tant que les travailleurs se borneront à compter les points dans la compétition entre partis politiciens.
Le vote des classes populaires se répartit entre La France insoumise d’un côté et le Rassemblement national de l’autre, deux politiques qui, bien que différentes, ne représentent ni l’une ni l’autre nos intérêts fondamentaux. Les deux reflètent l’illusion que les solutions peuvent venir d’en haut.
À l’Assemblée, les oppositions se battront pour le titre d’opposants numéro 1 et leurs députés assureront le spectacle à la tribune et dans l’hémicycle. Mais une telle guérilla parlementaire n’a rien à voir avec la lutte que les travailleurs doivent mener au jour le jour contre le grand patronat.
Tout ce que feront les députés du RN, ce sera de diviser le monde ouvrier en flattant les préjugés racistes et en s’attaquant aux travailleurs immigrés. Quant à la coalition entre La France insoumise, le PS, EELV et le PCF, elle continuera de faire croire que l’essentiel se joue dans les institutions et que les prochaines élections seront les bonnes.
Tant que le tapage est cantonné à l’Assemblée nationale, tant qu’il s’agit de combinaisons politiciennes et institutionnelles, les intérêts de la grande bourgeoisie resteront bien gardés et, dans cette période où les crises succèdent aux crises, les sacrifices seront pour les travailleurs.
Pour l’heure, Macron et son clan sont en difficulté pour gouverner. Mais ils conservent une bonne longueur d’avance sur les travailleurs, car ils savent, eux, où ils veulent aller. En dignes serviteurs de la grande bourgeoisie, ils savent ce qu’ils ont à faire dans cette période de crise. Ils savent qu’ils doivent trouver le moyen de faire payer la crise aux classes populaires.
Il n’y a rien de tel du côté du monde du travail. Ce que celui-ci exprime politiquement, c’est d’abord et avant tout le rejet de Macron. Ce rejet a conduit beaucoup des nôtres à mêler leurs voix à des réactionnaires bien bourgeois, c’est-à-dire à renforcer nos pires ennemis. Autant dire que le rejet seul n’est pas un programme politique pour les exploités !
Les travailleurs sauront où ils veulent aller quand, loin des polémistes et des démagogues, ils se concentreront derrière deux ou trois revendications essentielles pour faire face aux maux que sont la précarité de l’emploi et la cherté de la vie.
Contre la hausse des prix qui ruine les classes populaires, une revendication est largement approuvée par de nombreux salariés : l’augmentation massive des salaires et leur indexation sur les prix. Elle est à inscrire en tête de notre programme.
Contre le chômage pour les uns et le surmenage pour les autres, il est nécessaire d’embaucher et de répartir le travail entre tous sans perte de salaire. Il ne faut pas travailler plus, il faut travailler moins pour travailler tous !
Contre la spéculation, le parasitisme, les profits record des multinationales capitalistes, il faut revendiquer le contrôle des travailleurs sur l’industrie, les banques et l’énergie.
Ces objectifs, communs à l’ensemble des femmes et des hommes des classes populaires peuvent fixer un cap et un programme d’action pour notre camp. Quand les travailleurs auront à cœur de les défendre, ils se regrouperont derrière leurs véritables intérêts de classe et retrouveront une boussole politique fiable.
Le gouvernement brandit son programme d’action pour réunir les politiciens responsables devant la bourgeoisie. À nous travailleurs, de formuler le nôtre et de rassembler ceux qui sont prêts à le défendre en agissant par eux-mêmes.
Nathalie Arthaud
Le 20 juin 2022
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