Lors de son interview du 14 juillet, Macron a retrouvé sa morgue pour présenter sa feuille de route : un plan d'action pour les capitalistes ; des sacrifices et de nouvelles attaques contre les travailleurs.
Affirmant que la guerre en Ukraine "va durer", que l'armée française doit participer au déploiement de troupes face à la Russie tout en poursuivant ses interventions en Afrique ou au Moyen-Orient, Macron a promis d'augmenter le budget militaire de 3 milliards par an d'ici 2025. Il va aider les industriels de l'armement à fabriquer plus vite les chars, les canons ou les drones qui font fureur en Ukraine. Cet argent manquera aux hôpitaux, à la rénovation des lignes de trains ou aux pompiers qui luttent contre les incendies géants.
Agitant la menace que Poutine ne ferme le gazoduc Nordstream 1, avec le risque d'une pénurie de gaz et d'électricité cet hiver, Macron a annoncé un plan de sobriété qui devra concerner « les particuliers comme les entreprises ». Mais il est évident que la sobriété ne sera pas la même pour tout le monde.
Les entreprises, surtout les grosses, seront grassement indemnisées si elles acceptent de mettre à l'arrêt leurs installations les plus énergivores lors des pics de consommation. Elles bénéficieront de nouvelles aides si elles généralisent le télétravail ou réduisent le chauffage ou la climatisation. Les salariés, eux, n'auront aucun choix, ni celui de télétravailler ni celui de crever de chaud ou de froid sur leur poste de travail.
Quant aux particuliers, c'est le porte-monnaie qui décidera qui est sobre ou pas. Pour les classes populaires, la sobriété est déjà imposée à coups de trique, à travers les prix du gaz, de l'électricité et de l'essence. Des millions de ménages sont contraints de baisser le chauffage en hiver, de réduire leurs déplacements ou de se rabattre sur des transports publics défaillants. Ce ne sont pas les leçons de morale du gouvernement qui les y obligent, mais la faiblesse de leurs salaires et pensions !
On le voit aujourd'hui avec la canicule, comme hier avec les confinements : si la température est la même pour tout le monde, ses effets dépendent de la classe sociale à laquelle on appartient. Il y a ceux dont le logement est climatisé ou qui peuvent aller se mettre au frais dans leur maison secondaire et ceux qui suffoquent dans un appartement exigu.
Comme la "chasse au Gaspi" des années 1970, la « sobriété » des années 2020 est un rideau de fumée pour justifier la hausse des prix et camoufler l'enrichissement éhonté des grands groupes de l'énergie. L'envolée du prix du gaz et du pétrole a des causes bien plus profondes que la guerre en Ukraine. Après avoir occulté pendant des décennies la réalité du réchauffement climatique, les multinationales veulent faire payer à toute la société les investissements imposés par la transition énergétique qu'elles n'ont pas faits plus tôt.
Non seulement Macron et ses homologues européens refusent de taxer ces richissimes profiteurs de crise, mais ils mettent les moyens de leurs États à la disposition de leurs producteurs nationaux respectifs. Les capitalistes commandent, les chefs de gouvernement et les ministres s'exécutent.
Engagés dans une guerre économique de plus en plus dure, les capitalistes exigent que l'argent de l’État leur soit réservé et que les travailleurs leur soient soumis. C'est pourquoi Macron veut repousser l'âge de départ à la retraite. C'est pourquoi il prépare une nouvelle loi travail pour obliger les chômeurs à accepter n'importe quel poste, sous peine de perdre tout ou partie de leurs indemnités.
Les patrons, en particulier dans la restauration, se plaignent de ne pas trouver de personnel assez corvéable à leur goût malgré le chômage persistant ? Pas question pour Macron d'imposer une augmentation massive des salaires ! Il reprend les pires calomnies contre « ceux qui abusent de la solidarité nationale »" en n'acceptant pas n'importe quel emploi à n'importe quel salaire. Comme si les indemnités chômage n'étaient pas financées par les travailleurs eux-mêmes ! Dans la même veine, il veut conditionner le versement du RSA à la reprise d'une activité. Aucun travailleur ne doit tomber dans le piège : attaquer les chômeurs, c'est tirer tous les salaires vers le bas et obliger tout le monde à accepter les postes les plus durs et mal payés.
Avec ou sans majorité absolue, Macron s'apprête à poursuivre la politique exigée par la classe capitaliste. Pour défendre leurs intérêts, les travailleurs n'ont d'autres choix que de se mobiliser collectivement.
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