Oh, ces dirigeants savent faire de beaux discours et nous demander des sacrifices quand les crises surviennent, mais ils sont incapables de les empêcher ! Tous les gouvernements sont dépassés par la situation : non seulement les factures de gaz, d’essence et d’électricité ont explosé entraînant une envolée de tous les prix, mais en plus, il faut craindre des pénuries.
Nous sommes au 21ème siècle. La France et l’Europe font partie des régions les plus riches du globe, possèdent les infrastructures et les appareils productifs les plus développés. Et voilà qu’il faut se préparer à se chauffer au minimum et à moins se déplacer, sans quoi le gouvernement nous promet des coupures d’électricité !
Les entreprises sont incitées à réduire leur chauffage et à relancer le télétravail. De nombreuses administrations ont annoncé qu’elles limiteraient le chauffage à 19° cet hiver. Des collectivités locales planifient des jours de fermeture des équipements publics, piscines, bibliothèques, gymnases... Après le confinement sanitaire, nous passons donc au confinement énergétique !
Par manque de gaz, l’Allemagne craint de devoir arrêter des complexes industriels, faisant planer la menace d’une récession sur toute l’Europe. En France, invoquant leurs factures de gaz et d’électricité astronomiques, des entreprises, comme la verrerie Duralex, Arc International ou encore Ascometal, sont en train de mettre une partie de leurs installations à l’arrêt. Pour leurs salariés, ce sera le chômage partiel et des pertes de salaires. Pour les intérimaires et les salariés de la sous-traitance, ce sera la porte.
La guerre en Ukraine n’explique pas tout. Certes, Poutine a fermé le robinet du gaz, mais les pénuries d’énergie ont débuté bien avant l’éclatement de cette guerre. Et comment la France, pays historiquement exportateur d’électricité, doit-elle aujourd'hui en importer et risque-t-elle d’en manquer cet hiver ?
Il n’y a qu’une explication à cela : le manque d’investissements. Il n’y a pas eu de plans d’investissements dans les énergies renouvelables, ni même dans le secteur sensible qu’est le nucléaire. Tous les gouvernements qui se succèdent depuis des décennies ont laissé les capitalistes du secteur se conduire en parasites. Ces derniers ont pu exploiter les installations et faire des profits sans se soucier d’investir, ne serait-ce que pour préserver l’avenir.
EDF, comme toutes les entreprises capitalistes, a été sommée de prouver sa rentabilité et de faire de la place à la concurrence. Après des réductions d'effectifs, le recours massif à la sous-traitance, la vente de certains secteurs à la découpe, la filière nucléaire, vantée comme « l’excellence française », manque aujourd'hui des compétences nécessaires. En attestent les problèmes de corrosion dans certaines centrales et le fiasco à 13 milliards d'euros de l’EPR de Flamanville.
Les capitalistes sont affolés devant les aberrations de leur propre système. Ils en sont même à demander que l’État reprenne les choses en mains. Oui, ceux qui ont toujours fait l’éloge du marché, de l’initiative privée et de la concurrence, y compris dans le secteur énergétique, demandent que le gouvernement réglemente et planifie. Et c’est à ces dirigeants-là qu’il faudrait faire confiance !
Nous faisons déjà beaucoup de sacrifices du simple fait que tous les prix augmentent alors que les salaires ne suivent pas. Mois après mois, nous nous appauvrissons, alors que les profiteurs de crise encaissent des milliards. Et en plus de cela, il faudrait accepter d’avoir froid cet hiver, après avoir crevé de chaud cet été ?
Si encore les dirigeants économiques et politiques avaient un plan pour réparer les dégâts qu’ils ont eux-mêmes causés, mais ils n’en ont pas ! Leur politique consiste à aller là où il y a du profit à prendre, quitte à faire tout et n’importe quoi, y compris alimenter le chaos.
La société capitaliste marche sur la tête. Seuls les travailleurs peuvent remettre de l’ordre dans ce chaos : en se battant pour imposer que l’économie et la société soient organisées pour répondre aux besoins de la population. Cela commence par défendre pied à pied nos intérêts de travailleurs.
Nathalie Arthaud
Le 5 septembre 2022
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