En effet, celui-ci a demandé au gouvernement de remettre sur la table la réforme des retraites. Ils semblent encore hésiter sur le contenu et la forme : recul de l’âge de départ à 64 ou 65 ans, augmentation des annuités de cotisation, un mélange des deux ? Est-ce que ce sera une attaque commando en octobre ou une guerre d’usure au printemps ? Quoi qu’il en soit, c’est inacceptable.
Gouvernement et grand patronat nous font déjà les poches en refusant d’augmenter les salaires alors que toutes les factures s’alourdissent : au supermarché, à la pompe à essence, à la boulangerie, pour les charges locatives...
En 2023, le gaz et l’électricité augmenteront encore de 15 %. Et c’est presque avec fierté que la première ministre, Elisabeth Borne, l’a annoncé, en insistant sur le fait qu’il ne s’agissait que d’une petite hausse en comparaison des autres pays. Quel mépris !
Bien sûr, nous nous enfonçons dans une nouvelle crise. Mais la crise ne signifie pas qu’il n’y a pas d’argent. Il y a de l’argent dans la société, beaucoup d’argent même. Au dernier semestre, les 40 plus grosses entreprises françaises ont réalisé 73 milliards d’euros de bénéfices. La dernière moisson des dividendes versés aux actionnaires a augmenté de 33 % pour atteindre 44 milliards. Quel salarié a connu une telle hausse ?
La situation actuelle donne aux producteurs d’énergie l’opportunité de s’enrichir comme jamais. Sans investir, sans rien changer à leur façon de produire et sans aucun coût supplémentaire, ils vendent leurs produits dix fois plus cher. C’est le jackpot pour les capitalistes de l’énergie et le coup de bambou pour les consommateurs.
On peut en dire autant pour l’automobile. Les constructeurs se sont sortis des difficultés d’approvisionnement en décidant de produire moins de véhicules et de les vendre plus cher. Montée en gamme, voiture électrique… ils ont trouvé de quoi augmenter leurs marges pour le plus grand bonheur des actionnaires de PSA Stellantis, de Renault et de Toyota. Pour les ouvriers de l’automobile, c’est le régime sec, et c’est tant pis pour tous ceux qui doivent changer leur voiture et qui n’en auront pas les moyens.
On peut en dire autant des capitalistes de la pharmacie, de l’armement, de l’assurance ou de la banque. Tous ceux qui sont du bon côté du manche peuvent répercuter les hausses de prix sur leurs propres produits. Et si cela ne suffit pas, ils peuvent toujours intensifier l’exploitation et imposer de nouveaux sacrifices aux travailleurs.
Tant que nous ne revendiquerons pas notre dû, cette machine infernale continuera. Ceux qui ne font rien de leurs dix doigts continueront d’amonceler des fortunes ahurissantes, quand des millions d’entre nous vivront la boule au ventre parce qu’ils ont du mal à se loger, parce qu’ils n’ont pas assez d’argent pour payer la crèche ou parce que le ticket de caisse grossit désespérément.
Pour ne pas augmenter les salaires de base, certains patrons versent des primes. Et les plus grandes entreprises ont largement de quoi faire ! Mais que ce soient les primes ou les aumônes gouvernementales, elles fondent comme neige au soleil parce qu’elles ne remplaceront jamais les 300 ou 400 € de plus qu’il nous faut tous les mois sur les payes. Sans oublier que lorsque l’on tombe malade ou que l’on part à la retraite, c’est le salaire de base qui compte. Alors, il faut des augmentations du salaire de base correspondant aux hausses réelles des prix.
Que ce soit pour les salaires ou pour nos droits à la retraite et au chômage, nous devons nous faire respecter. Nous y réussirons en nous rassemblant et en nous organisant. Retrouver notre force collective à l’échelle de l’entreprise et de la société, voilà ce qui nous permettra de nous en sortir.
Le 29 septembre, plusieurs syndicats, la CGT, la FSU et Solidaires, appellent à faire grève et à manifester pour les salaires. Certains travailleurs s’empareront de cette date pour rejoindre les autres professions. D’autres décideront d’agir dans leur entreprise, dans leur atelier, et d’en profiter pour discuter collectivement. Déjà, des grèves éclatent ici et là. Souhaitons qu’elles se renforcent et se multiplient.
Une chose est sûre : si nous laissons le gouvernement et le patronat décider à notre place de ce qu’il nous faut pour vivre, nous n’aurons droit qu’à l’aumône. À nous de discuter, de fixer nos revendications et de nous mettre, partout, en ordre de marche pour les arracher.
Nathalie Arthaud
Le 19 septembre 2022
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