Les précédentes réformes avaient taillé dans le montant de l’indemnisation chômage, celle qui vient d’être adoptée réduit sa durée. Au travers d’un système de modulation, la durée d’indemnisation diminuera quand le niveau officiel de chômage baissera. Concrètement, au 1er février, la durée des droits sera amputée d’un quart. Le chômeur qui avait, par exemple, droit à 12 mois d’indemnité n’en aura plus que 9.
Cette nouvelle attaque est l’aboutissement d’une campagne insistante sur les emplois non pourvus et les chômeurs accusés de ne pas vouloir travailler.
Il faut les « inciter » à retourner à l’emploi, explique le ministre du Travail. Même les mots utilisés sont révoltants. Car en guise d’incitation, le gouvernement met le couteau sous la gorge des chômeurs, en supprimant des mois d’indemnisation. Dans un pays où près de cinq millions de personnes sont à la recherche d’un emploi, cette attaque ne peut conduire qu’à plus de pauvreté et de drames.
Et qui faut-il punir de ne pas vouloir travailler ? Les femmes et les hommes qui viennent d’être licenciés de l’enseigne de vêtements Camaïeu ? Les millions de travailleurs qui alternent périodes de chômage et petits boulots, CDD, missions d’intérim et formations, sans trouver un emploi stable ?
Des millions de femmes et d’hommes jonglent avec des petits boulots pour concilier problèmes de santé et charges de famille, sans réussir à gagner leur vie. Et des millions d’autres, conducteurs de bus, aide-soignants, vendeurs ou serveurs, sont tellement mal payés qu’ils ne parviennent plus à faire face aux dépenses pour se loger et faire vivre leur famille.
Les responsables sont à chercher du côté des capitalistes, à commencer par le grand patronat toujours prêt à encaisser mais jamais à débourser, embaucher ou payer de meilleurs salaires.
Il arrive au gouvernement de faire semblant de hausser le ton contre le patronat. Mais quand il veut l’inciter à embaucher des apprentis par exemple, il ne le menace pas de lui couper les vivres. Au contraire, il lui donne l’assurance que l’argent va couler à flots.
Les coups de bâton sont réservés aux classes populaires. Et cette réforme en est un, contre tous les travailleurs, car son but est de mettre la pression sur l’ensemble du monde du travail.
La loi vise même directement les salariés au travail, car elle comporte une mesure sur la « présomption de démission ». Ainsi, un salarié déclaré en abandon de poste serait exclu des droits au chômage, de même que celui ayant décliné deux propositions de CDI.
Le message est clair : les travailleurs n’ont pas à exprimer d’exigences. Ils doivent tout accepter, être flexibles et corvéables, se laisser exploiter et licencier en silence.
Le gouvernement va donc précipiter des centaines de milliers de chômeurs dans la grande pauvreté au moment où les profits battent record sur record, où les dividendes flambent avec les rémunérations des PDG. Le summum est atteint avec 66 millions, cette année, par Carlos Tavares, le PDG de Stellantis.
Les montants qu’engrange la grande bourgeoisie sont tellement astronomiques qu’ils semblent appartenir à un monde parallèle. Mais il s’agit bel et bien de la même société ! Un PDG du CAC 40 encaisse, en moyenne, huit millions par an, soit 22 000 euros par jour.
C’est pour faire prospérer encore davantage cette grande bourgeoisie que le gouvernement s’en prend à la mère de famille ou au senior qui galèrent pour trouver un emploi vivable.
Comment faire confiance à des gens qui prennent ce genre de décisions et expriment un tel mépris pour la vie de la population laborieuse ?
Le patronat, Macron et son gouvernement se moquent de nos problèmes. Ils se moquent des salaires qui ne suivent pas le coût de la vie. Ils se moquent des habitants qui ne peuvent plus se chauffer. Ils se moquent des municipalités qui ne peuvent plus faire face aux besoins des habitants. Ils parlent toujours des intérêts du pays et du peuple, alors qu’ils sont corps et âme dévoués à la seule bourgeoisie. Avec de telles attaques, ils révèlent leur vrai visage.
Ces gens-là sont nos pires ennemis. Au cas où la guerre viendrait jusqu’à nos portes, ils se serviraient de nous comme de la chair à canon pour faire perdurer cet ordre révoltant.
Nathalie Arthaud
Le 28 novembre 2022
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