Profitons-en, aussi, pour affirmer que nous ne nous résignons pas à voir nos conditions de vie se dégrader, que nous n’acceptons pas les bas salaires et la flambée des prix, ce racket imposé par les grands groupes capitalistes.
Pour diviser le monde du travail, uni dans l’opposition aux 64 ans, le gouvernement ressort les vieilles ficelles : un projet de loi contre les bénéficiaires du RSA, un autre sur l’immigration. Cela aussi doit être dénoncé !
Faire passer les allocataires du RSA pour des gens qui ne veulent pas travailler est répugnant. Combien sont des ouvriers devenus invalides, combien d’autres ont été licenciés ou vivent dans des régions ravagées par le chômage ? Combien de femmes n’ont pas d’autre possibilité que de vivre avec cette aumône de 600 € parce qu’elles s’occupent 24h/24 d’un enfant handicapé ou d’un parent malade ? Ce sont ces travailleurs-là, rejetés ou blessés par la course au profit et abandonnés par l’État, que le gouvernement insulte et menace d’une suspension de leur allocation !
Le mépris gouvernemental est doublé d’une bonne dose d’hypocrisie quand Darmanin menace de durcir les conditions de régularisation des sans-papiers, de limiter les visas et, même, de supprimer le droit au regroupement familial. Aucune entreprise, aucune usine, aucun chantier, aucun hôpital ou Ehpad ne fonctionnerait sans le travail quotidien de millions de travailleurs étrangers. Sans nos camarades de travail immigrés, le grand patronat manquerait de bras à exploiter.
Alors, ne laissons pas le champ libre au gouvernement, à ses mensonges et à sa démagogie anti-ouvrière ! Ne nous divisons pas ! Les seuls parasites, les plus grands voleurs et les plus grands assistés dans cette société sont du côté de la grande bourgeoisie ! Reprenons la parole pour affirmer, ensemble, nos intérêts de travailleurs.
Même si les dirigeants des confédérations syndicales ont choisi d’appeler à la grève la veille d’une énième péripétie parlementaire, il n’y a rien à attendre de tout ce cirque. On le constate depuis janvier, les lois, les institutions et la Constitution sont taillées sur mesure pour que les gouvernements puissent faire adopter les mesures anti-ouvrières réclamées par le grand patronat. Aucun miracle ne viendra du Parlement.
Pour les confédérations syndicales, ce calendrier était sans doute un moyen de tourner la page en faisant passer la mobilisation au second plan. C’était aussi une façon de prouver à Macron leur respect des institutions et leur sens des responsabilités.
Quels que soient les calculs des dirigeants syndicaux, saisissons-nous de l’occasion et soyons nombreux à manifester et faire grève le 6 juin pour affirmer les intérêts de notre classe sociale. Montrons que nous nous fions à nos propres forces pour inverser le cours des choses !
La mobilisation de ces derniers mois a fait ressortir une des richesses du monde du travail : la solidarité. Plus encore, les manifestations où nous nous sommes retrouvés à des centaines de milliers à travers le pays, tous secteurs et toutes professions confondues, public et privé, jeunes et moins jeunes, ont fait renaître la conscience de former un camp, une classe sociale, une force collective qui aspire à se faire respecter.
C’est un premier pas essentiel car les progrès de la société ne peuvent venir que de là. C’est ce qu’il faut entretenir en nous donnant les moyens de nous retrouver, de discuter, de prolonger la lutte.
C’est dans ces moments-là, aussi, que nous pouvons réfléchir en dehors des sentiers tracés par la bourgeoisie et réaliser l’ampleur du combat qui est devant nous. Car s’il n’y a aucune raison de se résigner à la retraite à 64 ans, aux bas salaires, à l’inflation, au recul de nos conditions de travail, il n’y a pas plus de raison de se résigner à l’exploitation et au capitalisme.
L’exploitation de l’homme par l’homme n’est pas une loi de la nature. Qu’il y ait des femmes et des hommes forcés de vendre leur force de travail et de se soumettre à un patron, à ses humeurs ou à ses carnets de commandes, n’est pas naturel. Que l’humanité soit divisée en exploités et en exploiteurs, en pays riches et pays pauvres, est le produit de l’histoire, l’histoire de la lutte des classes.
Cette lutte de classe est à mener aujourd'hui avec la conscience qu’il faudra, un jour, aller jusqu’au bout, jusqu’à notre émancipation totale, c’est-à-dire la fin de l’exploitation, le renversement de la domination de la bourgeoisie et de son système capitaliste.
Nathalie Arthaud
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