lundi 11 septembre 2023

Maroc : une catastrophe naturelle aggravée par l'incurie et la misère

 


 

En dix secondes, le tremblement de terre qui a secoué le Haut-Atlas a plongé des dizaines de milliers de Marocains dans le drame et changé leur vie à jamais. Avec plus de 2100 morts, des milliers de maisons écroulées et des dizaines de villages entièrement détruits, beaucoup ont tout perdu et se retrouvent littéralement sans rien. 

La plupart des victimes comptent parmi les pauvres, parce que ce ne sont pas les palais de la monarchie ni les paradis pour touristes qui se sont effondrés. Ce sont les maisons et les villages construits en pisé, parfois accrochés à flanc de montagne. Et eux n’avaient aucune chance de résister au séisme !

Même à Marrakech, ce ne sont pas les quartiers riches qui ont connu les destructions importantes. Les riads de Strauss-Kahn ou de Bernard-Henri Levy n’ont pas été touchés, ce sont les immeubles les plus vétustes de la Médina qui se sont écroulés.

Et comme toujours, les plus pauvres, surtout dans les régions les plus reculées, se sont retrouvés abandonnés avec leurs morts et leurs parents ensevelis. Deux jours durant, ils étaient bien souvent seuls à déblayer les gravats à mains nues pour retrouver des survivants. Encore aujourd’hui, beaucoup restent dans une détresse absolue, à dormir à même le sol avec une couverture pour seule protection, sans eau, sans nourriture et sans interlocuteur officiel.

Et le destin, invoqué par certains, a bon dos ! Le risque sismique et la fragilité des maisons étaient connus. Le tremblement de terre d’Al Hoceima en 2004 avait déjà fait 600 morts dans la région du Rif. Il y a 60 ans, celui d’Agadir en avait fait 12 000…

Mais le roi, qui possède un splendide hôtel particulier de 1 600 mètres carrés sur le Champ-de-Mars, au pied de la tour Eiffel, est sans doute plus intéressé par l’évolution de l’immobilier parisien que par un plan de prévention et de sécurisation des villages, des maisons et des infrastructures… 

Exactement comme lors du séisme qui a frappé la Turquie, en février 2023, causant plus de 50 000 morts et celui de janvier 2010 en Haïti - 250 000 morts -, la population est non seulement victime d’une catastrophe naturelle, mais aussi et surtout de la misère et du sous-développement.

Aujourd'hui, tous les chefs de gouvernement font assaut de bons sentiments pour venir en aide aux Marocains : la France, les États-Unis, le Qatar, le Royaume-Uni, l’Espagne, Israël… jusqu’à l’Algérie voisine, opposée au Maroc sur la question du Sahara occidental. Cet œcuménisme humanitaire est d’une hypocrisie sans nom !

Hier, le président algérien et Mohamed VI s’invectivaient et brandissaient un nationalisme agressif visant à creuser un sentiment de haine entre Algériens et Marocains. Et aujourd'hui, Tebboune s’intéresserait au sort des paysans marocains !

Il y a la même hypocrisie du côté de Macron. Il ne veut pas rater l’occasion de se montrer généreux, mais il refuse toujours d’accorder plus de visas pour les Marocains qui veulent venir ici ! La France fait partie des grandes puissances qui maintiennent les travailleurs marocains dans la misère.

Même s’il y a de la friture sur la ligne entre Macron et le roi du Maroc parce que ce dernier a ordonné le piratage du téléphone de son homologue, la France est, depuis l’indépendance, un soutien de la monarchie. Et le grand patronat français s’accommode parfaitement de la dictature et de la répression politique et syndicale féroce que fait régner Mohamed VI pour exploiter les travailleurs au maximum.

Alors, il faut prendre tout le tapage fait autour de l’aide internationale pour ce qu’il est : du cinéma !

L’exemple d’Haïti ou de la Turquie montre d’ailleurs qu’il y a un fossé entre les promesses d’aide et ce qui parvient réellement sur le terrain. La seule aide qui n’échappera pas aux victimes et qui répondra réellement à leurs besoins viendra de la solidarité entre travailleurs.

Celle-ci s’est mise spontanément en place, au Maroc, au travers des réseaux familiaux ou associatifs, où elle a souvent devancé la présence gouvernementale. Elle s’organise aussi, ici, à l’initiative des travailleurs d’origine marocaine, et c’est tant mieux, parce qu’elle donnera du courage aux sinistrés pour surmonter cette catastrophe et reconstruire.

Mais pour reconstruire sur du solide, il faudra bâtir une société dans laquelle les exploités puissent jouir des richesses qu’ils créent. Dans ce but, il faudra s’unir pour renverser tous les régimes au service exclusif de la grande bourgeoisie, les monarchies répressives comme les soi-disant démocraties occidentales !             

Nathalie Arthaud

Le 11 septembre

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire