Ce conflit s’est aggravé depuis l’organisation par le gouvernement régional catalan d’un référendum le 1er octobre dernier, consultation qui a été suivie de la proclamation d’une république indépendante catalane.
En face, le Premier ministre espagnol de droite Rajoy, qui avait interdit le référendum et envoyé en Catalogne des policiers et des gardes anti-émeutes, avait placé les institutions locales de Catalogne sous la tutelle de l’État central. Les élections organisées cette semaine doivent renouveler le parlement catalan qui a été dissous.
Mais quel que soit le résultat, la classe ouvrière, celle de Catalogne comme celle des autres régions, ne pourra compter que sur ses propres luttes pour défendre ses intérêts contre les classes possédantes qui exercent la réalité du pouvoir dans toute l’Espagne.
La lutte entre les nationalistes catalans et le gouvernement espagnol pour le contrôle d’une partie des institutions de l’État oppose des politiciens et des partis aussi réactionnaires et aussi anti-ouvriers les uns que les autres.
Tous les gouvernements espagnols, étiquetés socialistes ou de droite, n’ont cessé de s’attaquer aux droits et aux conditions de vie des travailleurs et des classes populaires pour permettre aux grandes banques et aux grandes entreprises d’augmenter leurs profits. Partout en Espagne, depuis la crise de 2008, les travailleurs subissent les licenciements, la précarité, et des millions d’entre eux sont condamnés au chômage et aux emplois à temps partiel sous-payés.
Pour tenter d’obtenir le soutien de la population face au gouvernement espagnol, les nationalistes prétendent qu’une Catalogne indépendante se montrerait plus soucieuse des intérêts de sa population. C’est un mensonge ! À la tête du gouvernement régional, les dirigeants indépendantistes ont eux aussi mené une politique d’austérité visant à faire payer la crise aux travailleurs.
En réalité, ces mouvements cherchent à se hisser au pouvoir en s’appuyant sur une couche de notables et de possédants qui, en Catalogne, aspirent à profiter des ressources locales sans avoir à les partager avec les classes dirigeantes du reste du pays.
Pour les travailleurs, le nationalisme constitue une impasse et un piège. Il divise une classe ouvrière qui, dans cette région, est constituée de femmes et d’hommes originaires depuis des décennies de Catalogne et d’autres régions d’Espagne, et plus récemment du Maghreb et d’Afrique. Il dresse les uns contre les autres des travailleurs qui vivent dans les mêmes villes et les mêmes quartiers et travaillent dans les mêmes entreprises.
Le nationalisme catalan alimente en réaction le nationalisme espagnol et permet ainsi aux courants les plus à droite d’élargir leur audience dans le reste du pays. Le gouvernement Rajoy qui s’était déconsidéré trouve une occasion de regagner un soutien en apparaissant comme le défenseur de l’unité nationale face au séparatisme catalan.
Des deux côtés, le nationalisme est utilisé par les politiciens pour se servir des populations comme d’une masse de manœuvres dans leur lutte pour le pouvoir.
Il y a bien des raisons de se sentir concerné, ici en France, par ce que vivent en ce moment les travailleurs d’Espagne, et pas seulement du fait de la proximité géographique et des liens étroits créés par l’immigration.
Ici aussi, en France, depuis des années, nous subissons la crise, les licenciements, le chômage, la montée de la pauvreté et le recul des droits sociaux. Et, comme en Espagne, il ne manque pas de partis et de démagogues utilisant le nationalisme afin de nous diviser et nous détourner de la lutte contre les vrais responsables de la crise, les capitalistes et les gouvernements à leur service.
La classe ouvrière est internationale. Ici même, en France, elle est constituée de femmes et d’hommes originaires des quatre coins du monde. Les travailleurs ne peuvent défendre leur droit à vivre dignement face à leurs exploiteurs qu’en étant unis et solidaires. Quelles que soient leurs origines et leur nationalité, ils ont partout les mêmes intérêts et une lutte commune à mener pour parvenir à bâtir un monde débarrassé des frontières et de l’exploitation.
Le 18 décembre 2017
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