La Bourse de Paris a fêté la semaine dernière l’envolée du CAC 40. Cet indice boursier, basé sur les 40 plus grandes entreprises françaises, a dépassé son précédent record historique, qui datait de l’an 2000. Et les commentateurs de s’extasier sur cette nouvelle preuve de la bonne santé de l’économie, tandis que le gouvernement explique que sa politique a permis une reprise sur les chapeaux de roues.
Le monde capitaliste a en effet de quoi se réjouir. Au grand casino de la Bourse, les milliards continuent à faire des petits. Les financiers salivent devant les profits record annoncés par les grandes entreprises, notamment celles du luxe, comme LVMH, mais aussi celles de l’énergie. Alors que chaque passage à la pompe assomme ceux qui doivent prendre la voiture, Total a engrangé 4,6 milliards au troisième trimestre 2021, multipliant ainsi ses bénéfices par 23, par rapport au même trimestre de 2020. Pour le géant du pétrole, c’est la flambée des profits !
Les travailleurs paient plein pot pour que les profits s’accumulent. Le patronat mène la lutte de classe férocement, et cela se traduit en bas salaires, précarité, chômage et conditions de travail aggravées. L’envolée des prix est un coup de massue supplémentaire. Après l’augmentation galopante des prix de l’énergie et des carburants, la valse des étiquettes au supermarché commence. Le prix du blé a bondi de 30 % et celui du pain commence à le refléter. Et les professionnels du secteur alimentaire veulent augmenter de 5 à 10 % les prix de denrées comme le sucre ou le lait.
Interrogé sur l’éventualité d’augmenter les bas salaires, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a osé dire que « quand on est payé au niveau du smic, on approche quasiment 1 500 euros net par mois ». Pour le gouvernement, la question est réglée : il en a fait suffisamment. Quel mépris ! Le smic est à 1 260 euros et le « quasiment » du ministre représente 240 euros de plus. C’est de l’argent de poche pour les capitalistes. Pour le monde du travail en revanche, ce serait une partie, et une partie seulement, de l’augmentation nécessaire.
Car même 1 500 euros ne permettent pas d’aller au bout du mois. Avec la flambée des prix du carburant, se rendre au travail devient un casse-tête insoluble pour une partie des travailleurs.
Pas une semaine ne passe sans qu’on entende patronat et gouvernement gémir à l’unisson sur le manque de main-d’œuvre. Derniers en date, les professionnels de la montagne déplorent le manque de saisonniers… tout en reconnaissant que les salaires et les conditions de travail ne sont pas « attractifs ». Un euphémisme, quand on sait qu’ils n’arrivent même pas à se loger !
À l’hôpital aussi, cette politique de bas salaires conduit à l’impasse, avec des lits fermés dans les services, des urgences forcées de restreindre leurs horaires d’accueil faute de soignants ! Même dans ces métiers, que beaucoup de travailleurs choisissent par vocation, comment supporter de ne pas pouvoir soigner correctement et, en prime, de ne pas pouvoir vivre dignement de son travail ?
Ni le patronat ni le gouvernement ne feront de cadeaux au monde du travail. Pour répartir la charge de travail entre tous et augmenter les salaires, pour répondre aux besoins de la population et mettre les moyens dans la santé, l’éducation, les transports, il faudra s’affronter à la classe capitaliste et au gouvernement à son service. Les augmentations conséquentes et nécessaires des salaires, des retraites et des allocations, les travailleurs devront les arracher. Il faudra aussi imposer leur indexation sur le coût réel de la vie, afin que leur augmentation ne soit pas réduite à néant par l’inflation. Ces objectifs ne peuvent être atteints qu’en engageant une lutte déterminée de l’ensemble du monde du travail.
Une organisation sociale incapable de payer correctement sa classe productive est condamnée. Les travailleurs doivent en avoir conscience. Non seulement pour défendre leurs intérêts matériels immédiats, mais pour que la société toute entière ait un avenir. L’euphorie actuelle de la Bourse démontre, s’il en était besoin, que les profits sont là. Mais elle est aussi un signal d’alarme : les centaines de milliards de liquidités disponibles grâce aux faibles taux des banques centrales et à la générosité des États envers les capitalistes, nourrissent la spéculation et préparent le prochain krach. Il est urgent que les travailleurs, qui font tourner toute la société, contestent la direction de l’économie à cette classe capitaliste irresponsable et nuisible.
Nathalie Arthaud
Le 8 novembre 2021
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